Panthéon égyptien/9

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Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 21-22).

AMON-GÉNÉRATEUR, MENDÈS.

(pan, priape.)
Planche 4

L’image du dieu figuré dans cette planche, est très-multipliée sur les édifices religieux de Thèbes et du reste de l’Égypte. Elle occupe le sanctuaire de Karnac, le plus magnifique des monuments de l’ancienne capitale ; les hommages et les adorations dont cette image est l’objet, prouvent qu’elle représente une des plus grandes divinités Égyptiennes.

Ses chairs sont de couleur bleue, et sa coiffure est surmontée de deux longues plumes peintes de diverses couleurs, comme celle du dieu Amon-Ré (pl. 1.) ; une longue bandelette[1] s’échappe de cette même coiffure et pend jusques aux pieds de l’une et de l’autre divinité ; et ces similitudes se trouvent complétées par la ressemblance de leurs légendes hiéroglyphiques ; celle (no 1) du dieu qui fait le sujet de cet article, signifie, le dieu Amon (Ⲁⲙⲛ ⲛⲟⲩⲧⲉ) seigneur des régions du monde, et ne diffère de celle du Démiurge Amon-Râ ou Amon-Ré (pl. 1.), que par l’absence de la dernière syllabe RA.

Les planches numérotées 1 et 4, offrent donc la représentation d’une seule et même divinité, Amon, Amen, Amoun ou Ammon, considérée sous deux points de vue différents. Le Démiurge, la Lumière éternelle, l’Être premier qui mit en lumière la force des causes cachées, se nomma Amon-Ra ou Amon-Ré (Amon-Soleil.), (pl. 1, 2, et 5.) ; et ce créateur premier, l’esprit démiurgique, procédant à la génération des êtres, s’appela Amon, et plus particulièrement Mendès : cette planche représente le Démiurge générateur, caractérisé d’une manière spéciale, et qui ne permet aucune incertitude.

Étienne de Byzance[2] parle en ces termes de la statue du dieu qu’on adorait à Panopolis : « Là, existe, dit-il, un grand simulacre du dieu, habens veretrum erectum. Il tient de la main droite un fouet pour stimuler la Lune ; on dit que cette image est celle de Pan. » C’est là une description exacte et très-détaillée de l’Ammon-Générateur, figuré sur notre planche.

On voit donc ici l’image de la grande divinité que les Grecs confondirent avec leur Pan, parce que les Égyptiens avaient choisi pour son emblême le bouc[3], animal qui, d’après Horapollon[4], était le symbole de la génération et de la fécondité. Ce bouc sacré, nourri dans une des principales villes de la Basse-Égypte, portait le nom de Mendès, qu’on a attribué également au dieu lui-même[5].

Amon-Mendès, ou l’esprit générateur de l’Univers, était censé stimuler la Lune avec le fouet placé dans sa main, parce que, d’après la doctrine égyptienne, le Dieu-Lune répandait et disséminait dans les airs les germes de la génération des êtres[6], et présidait aux ames qui devaient successivement leur communiquer le mouvement et la vie. Des chapelles d’Amon-Générateur, le Pan égyptien, existaient dans toutes les parties de l’Égypte, et les membres de la caste sacerdotale étaient d’abord initiés à ses mystères[7].

Les grands monuments de l’Égypte offrent de très-nombreux bas-reliefs dans lesquels les rois, de toutes les époques, sont figurés présentant leurs vœux et leurs offrandes à Amon-Générateur ; à Médinet-Abou, par exemple, on voit successivement le pharaon Ramsès-Mei-Amoun se rendre en palanquin au temple du dieu, accompagner à pied sa statue portée par vingt-quatre prêtres, et, la ramenant dans le temple, lui faire hommage des prémices de la moisson.

La légende marquée (no 2) sur la planche est le nom du dieu exprimé en caractères symboliques. Le no 3 est la forme hiératique de la légende no 1.


Notes
  1. Consulter, sur l’usage de ce cordon ou bandelette, Hérodote, liv. II, §. 48, et la planche 11 de la Description de l’Égypte, Ant., vol. II.
  2. De Urbibus, au mot Πανὸς πόλις.
  3. Hérodote, II, §. 46.
  4. Horapollon, liv. II, no 48.
  5. Hérodote, Id.Suidas, au mot Μένδης.
  6. Plutarch., de Iside et Osiride.
  7. Diodore, liv. I.

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