Par nos champs et nos rives/07

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Imprimé au Devoir (p. 15-16).

LE SENTIER


Les bluets sont fleuris et les fraises sont mûres.
Pour nous charmer, la terre a repris sa beauté.
La plaine a tressailli de sa fécondité,
Et les bois sont pleins de murmures…


Le sentier que nos pas ont foulé tant de fois,
Celui que nous avons choisi, parmi tant d’autres,
Et dont tous les secrets semblent devenus nôtres.
Est reverdi, comme autrefois…



Les mêmes fleurs y font balancer leurs corolles,
Les parfums d’autrefois et les vieilles chansons
Renaissent dans ces lieux, et le lys des buissons
Pousse parmi les herbes folles.


J’ai senti refleurir mon âme, ô bien-aimé,
Au souvenir ancien de nos heures joyeuses,
Parce que l’air est doux et que les fleurs nombreuses
Jonchent le sentier parfumé !…


Et j’ai compris combien l’heure nous sera douce
Lorsque nous reviendrons, tous deux, dans le sentier,
Derrière les troupeaux marquant, d’un pas altier,
Leurs larges sabots dans la mousse !…


Maintenant que la brise a des airs attiédis,
Que les petits oiseaux chantent dans les ramures,
Que le vent est léger, que les fraises sont mûres,
Et que les bluets sont fleuris !…