Par nos champs et nos rives/31

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Imprimé au Devoir (p. 87-88).

LOUIS HÉBERT


C’est pour continuer ton œuvre humanitaire,
Pour semer, après toi dans les mêmes sillons,
C’est pour glorifier, Hébert, tes jours féconds
Que je voue, à jamais, ma pensée à la terre !


Tes ans sont au passé, les miens à l’avenir.
Mais de ton saint labeur, ma jeunesse est éprise.
De mon âme, ton âme héroïque est comprise,
Et nos rêves, de loin, peuvent se réunir…



Sur ta moisson en fleurs, mon œil brûlant s’arrête.
Dans l’ombre de tes pas, je cherche la beauté.
Ô maître, mon printemps jalouse ton été,
Et le doux laboureur fait envie au poète !…


Car, en ce Canada français — notre univers —
Tu créas le plus pur et le plus beau poème :
Ô preux, tu fis des champs que, chaque été, l’on sème,
Et tes épis nouveaux valent mieux que des vers !…


Tu fus grand ! Mais puisque tout azur a sa tache,
Puisque, dans tout concert, une voix sonne faux,
Permets que ma chanson soit fille de ta faux,
Et que ma plume soit une sœur de ta hache !…