Par nos champs et nos rives/33

La bibliothèque libre.
Imprimé au Devoir (p. 91-92).

LES HABITANTS


Ne raillons pas leurs habitudes,
Leur dehors simple et sans atours,
Leurs manières, leurs gestes rudes.
Et leurs pittoresques discours.


Ne rions pas de leur costume,
Fait de « l’étoffe du pays, »
Et, tissé, selon la coutume,
De la laine de leurs brebis…



Car, dessous cette rude écorce,
Ils cachent tous un noble cœur.
Et, sous ce dehors plein de force,
Une âme pleine de douceur !…


Ils venaient de la Picardie
Leurs ancêtres, et de l’Anjou,
De la paisible Normandie,
De la Bretagne et du Poitou ;


Ils venaient de la belle France,
— Le sol des divines moissons —
Ces hommes de toute endurance
Qui firent ce que nous voyons !


Ils ont, sur nos forêts sereines,
Abattu leurs bras acharnés,
Ils ont fait nos champs et nos plaines,
Et c’est d’eux que nous sommes nés !…


Gloire à ces hommes qui demeurent
Près de la charrue et des bœufs !
Ils sauvent les gloires qui meurent,
Dans le passé de nos aïeux !…