Par nos champs et nos rives/55

La bibliothèque libre.
Imprimé au Devoir (p. 143-144).

LES JOURS DE NOTRE ENFANCE


Ô jours pleins de soleil, qu’êtes-vous devenus ?
Jours de paix où, parmi les sapins et les saules,
Dans l’herbe des buissons, nous errions, les pieds nus,
En laissant nos cheveux flotter sur nos épaules ?…

Dans l’ombre des forêts où les lacs sommeillants
Font, sous les longs rameaux, des taches de lumière,
Nous rôdions, tout le jour, et de ces lacs brillants
Nos petits pieds troublaient la beauté coutumière…


Oh ! les jours merveilleux où tout sait nous charmer !
Jours de candeur, et jours de douce nonchalance,
Où, n’ayant pas encor souffert le mal d’aimer,
Notre âme est comme un puits qui dort dans le silence !…

Seigneur, vous qui régnez sur terre et dans les cieux,
Ô Maître tout-puissant des êtres et des choses,
Vous qui faites, par un pouvoir mystérieux,
Renaître les épis et refleurir les roses ;

Vous qui créez toujours, dans un souffle divin,
Les printemps radieux pleins de magnificence,
Où la vie, à grands flots, fermente comme un vin,
Seigneur, nous rendrez-vous les jours de notre enfance ?…