Par un beau Dimanche/04

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Albin Michel (p. 65-76).


CHAPITRE iv


Sitôt le repas terminé, le café pris, notre quatuor se remit en chemin. M. Hougnot, à peine sorti de l’auberge, mais assez loin tout de même pour qu’Eudore ne pût plus l’entendre, déclara avec un grand air de dignité offensée :

— Ce cabaretier est d’une insolence inadmissible !… S’il se permet encore d’élever la voix en ma présence, il recevra une correction exemplaire… Au surplus, j’ai très mal mangé. Je ne comprends pas qu’un médecin, un homme responsable de la santé d’autrui, ose traîner en semblable gargote des invités dont il connaît la délicatesse d’estomac, quand rien ne s’oppose à ce qu’il les reçoive chez lui, en homme bien élevé, puisque sa maison se trouve à une demi-lieue à peine… Vous manquez de tact et de savoir-vivre, mon cher beau-frère !

Tout confus, tout contrit, l’oncle bredouilla des excuses :

— J’ai des habitudes fort frugales, avoua-t-il, et la vieille Célina, ma servante, est un cordon-bleu bien plus novice encore que madame Pocinet. Elle s’obstine, quant au degré de cuisson qu’il convient d’accorder aux viandes rouges ou blanches, à appliquer des idées très personnelles, très originales, mais en contradiction flagrante avec les principes généralement reçus. Cela n’a pas grande importance pour un vieillard qui vit surtout d’œufs et de laitage, mais je ne vous vois pas, mon cher Walthère, mangeant la cuisine de Célina, et je viens de vous offrir, croyez-le bien, le moins mauvais repas qui se pût trouver dans le pays.

— Fichu pays ! gronda M. Hougnot. Manger est le premier des besoins, que diable ! Et je ne comprends pas les gens qui se nourrissent mal.

— Croyez-vous réellement que beaucoup de personnes se nourrissent bien ? demanda le docteur. Je vois les gens de la ville, à moins que le manque d’argent ne les en empêche, se gorger de viandes, de mets épicés, de sucre et d’alcool bien au delà de leurs besoins, traiter leur corps comme un poêle qu’on surchauffe avec du goudron, du pétrole, au risque de le faire éclater. Je vois nos paysans ardennais, à peu près végétariens encore, s’empiffrer de pommes de terre et de pain, sans discrétion, sans mesure, et se vouer ainsi à l’inéluctable dilatation d’estomac, la maladie que j’ai le plus souvent à traiter ici, et toujours, du reste, quand il est beaucoup trop tard. Tous, au surplus, citadins et villageois, mastiquent insuffisamment et avalent beaucoup trop vite… Non, il n’y a guère de personnes qui se nourrissent bien… Pour en revenir à ma vieille servante, je dois vous avouer encore que je n’ai pas cru pouvoir l’obliger à rester chez moi aujourd’hui, malgré votre visité : une de ses nièces, qu’elle aime beaucoup, est assez gravement malade, à deux lieues d’ici, et a demandé à la voir. J’estime qu’en pareille circonstance ses devoirs familiaux doivent primer ses devoirs ancillaires.

— En d’autres termes, railla M. Hougnot, votre servante porte la culotte et consent à vous servir quand elle n’a rien de mieux à faire ailleurs. Vous ne savez pas vous faire obéir, mon cher Pascal.

— Il est très difficile, avoua le docteur, de se faire obéir et de se faire aimer en même temps. Il ne faut pas trop demander.

Mais la conversation des deux beaux-frères fut soudain interrompue par les cris extasiés de la grande Joséphine, toujours prête à se pâmer devant ce qu’elle s’imaginait être poétique. Et ils la virent plantée en face d’une vieille maison abandonnée, noire et crasseuse, lézardée et ventrue, sombre et revêche au delà de toute expression, mais dont la porte cintrée montrait, sculpté sur sa clef de voûte, le millésime bien visible encore de 1736.

La grande haridelle déclamait, sa mitaine droite collée près de son aisselle gauche, où elle croyait le cœur situé :

— Comme c’est ravissant, ces vieilles demeures ! Cela fait rêver à tant de générations qui se sont succédées dans ce modeste asile, aux jolis bergers en culottes courtes et en bas chinés, aux gentilles bergères en robe Watteau, qui menaient paitre sous la feuillée leurs moutons tout blancs, tout frisés…

— Entrons dans la demeure des gentils bergers, interrompit le docteur, en ouvrant d’un coup de pied la porte vermoulue, dont la serrure et le loquet avaient disparu depuis longtemps.

Tous quatre pénétrèrent dans la vieille masure, puis, serrés les uns contre les autres, regardèrent autour d’eux, en silence, avec l’étrange impression de malaise et de froid soudain que l’on ressent quand on visite une prison.

Ils se trouvaient dans une pièce étroite et basse, lugubrement éclairée par une seule fenêtre, toute petite, vraie lucarne de cachot, protégée par d’énormes barreaux de fer. Le sol était de terre battue, les cloisons de branches d’arbres entrelacées, revêtues d’un enduit grisâtre qui se détachait par larges plaques et que nul badigeon n’avait jamais égayé. On pouvait toucher de la main les solives supportant à cru le plancher de l’unique étage, amorcé par une trappe sans couvercle à l’escalier sans rampe, étroit et raide, dont les marches trop hautes se profilaient dans un coin de la pièce même. Une couche épaisse et poisseuse de noir de fumée s’étalait partout, rabattue à chaque rafale de vent d’Ouest, pendant tant d’années, de la grande cheminée à manteau qui couvrait presque tout un pan de muraille. Dans la paroi du fond, un trou rectangulaire, qui ne paraissait pas avoir encadré jamais la moindre porte, laissait voir la seconde pièce, plus étroite, plus noire et plus lugubre encore que la première. Une autre ouverture, par où l’on ne pouvait passer qu’en se baissant, et fermée d’un volet vermoulu, communiquait avec l’obscur réduit, bauge plutôt qu’étable, où chèvres et cochons n’avaient jamais pu entrer qu’en traversant l’habitation des humains. C’était froid comme une cave, sinistre comme une geôle, couleur de cendre et de boue. Et, comme tout l’attestait, cela n’avait jamais eu d’autres couleurs que celles de la boue et de la cendre.

— Voilà, dit le docteur, le poétique asile où vivaient les vraies bergères, au temps de Boucher et de Watteau.

— Mais c’est un trou, un taudis infâme ! s’exclama M. Hougnot.

— Ce fut jadis une des plus belles maisons du village, affirma son beau-frère, car sa façade est tout entière en pierres de taille, ses autres murailles en moellons et son toit couvert d’ardoises. À l’époque où elle fut construite, c’était là un véritable luxe, puisque la plupart des paysans devaient se contenter de simples chaumines, closes de toutes parts des branches entrelacées dont les seules cloisons intérieures sont faites ici. En outre, le logement des hommes y est séparé de celui des bêtes, ce qui constituait alors une violation de l’usage presque encore général, et dut donc être blâmé par certains comme une innovation insolite, attentatoire au respect de la coutume et des bonnes mœurs. Somme toute, telle à peu près que nous la voyons, cette habitation a dû être considérée, pendant longtemps, avec admiration et envie, comme un gîte confortable et luxueux, réservé aux seuls privilégiés de la fortune.

— Les chambres de l’étage sont peut-être mieux aménagées, hasarda Marie.

— Il n’y eut jamais là-haut qu’un grenier à fourrages, déclara le docteur, car les nécessités du travail primaient, à cette époque plus encore qu’aujourd’hui, tous les désirs de luxe et de confort. La chambre à coucher du père, de la mère et des nombreux enfants était là derrière, dans cette espèce de caveau étroit et sombre.

— Mais pourquoi les gens d’alors faisaient-ils de si petites fenêtres ? demanda Joséphine. Ils n’aimaient donc pas la belle lueur du soleil ?

— Ils l’aimaient sans doute autant que nous, répondit le vieil oncle. Mais la nécessité les contraignait à s’en passer chez eux, parce qu’une petite fenêtre est plus facile à griller et moins facile à forcer qu’une grande. Or, en ces époques souvent troublées, les vols étaient fréquents, les meurtres n’étaient pas rares. La sûreté s’imposait donc comme la première des lois ; et le jour ne pouvait passer par les fenêtres que dans la mesure qui interdisait à un homme d’en faire autant.

À ce moment, Marie, restée près de la porte entr’ouverte, la ferma brusquement, poussa Joséphine du coude en passant près d’elle, et s’engagea, avec des allures prudentes de chatte dégoûtée, sur l’escalier branlant et poussiéreux, où sa sœur la suivit aussitôt. Puis les deux hommes les entendirent trotter au-dessus de leur tête, pousser de petites exclamations de surprise et de répugnance, et tripoter on ne sait quelles ferrailles qui grinçaient comme de vieux verrous mangés de rouille. Cependant, le docteur continuait à pérorer avec le chaleureux enthousiasme qu’il apportait en toutes les questions d’ordre général ou abstrait, d’où nul profit direct ne pouvait découler pour lui.

— Il faut bien reconnaître, disait-il, que nos données les plus précises, sur les époques révolues, consistent généralement en de fort vagues souvenirs de théâtre ou de carnaval. Faute d’autres documents, les choristes d’opérette et les cascadeuses de bal masqué sont les seules images un peu précises qui puissent ressusciter en notre mémoire, lorsque nous prétendons évoquer les paysans d’autrefois. Nous les voyons évoluer dans de vastes salles pittoresques à souhait, vastes pour cette bonne raison qu’elles ont toujours les dimensions d’une scène de théâtre, pittoresques parce qu’elles sont créées de toutes pièces par des artistes dont le métier et le premier devoir est de les rendre telles. Nous acceptons ces images sans les contrôler, comme les neuf dixièmes des idées toutes faites qui constituent ce que nous appelons notre mentalité personnelle. L’homme étant un animal inductif, toujours porté à boucher les trous de la réalité avec les produits de son imagination, nous complétons ces données radicalement fausses par quelques hypothèses tout à fait inexactes, puisque tirées des coutumes actuelles et d’une façon toute moderne de vivre et de sentir, les seules que nous connaissions. Somme toute, il n’y a presque pas un atome de vérité dans l’idée que la plupart d’entre nous se font de ceux qui ne sont plus. Et voilà pourquoi vos filles ont été si choquées par le contraste qui s’est révélé entre cette demeure et l’image qu’elles se faisaient de ses habitants, toutes déconcertées par cette constatation assez simple : que l’art de se loger a fait, en près de deux siècles, de très réels progrès.

— Bien entendu ! Mes filles sont des idiotes, et vous seul êtes malin ! gronda M. Hougnot, fort enclin à voir en toutes choses des questions de dignité personnelle. Moi, j’affirme que les gens du bon vieux temps étaient plus heureux que nous !

— Vous consentiriez à habiter cette demeure ? demanda l’autre.

— Moi ?… Pour qui me prenez-vous ?… Je veux dire que les gens d’autrefois n’avaient pas nos soucis, nos tracas perpétuels.

— Ils en avaient d’autres, bien plus graves, bien plus urgents… Somme toute, pour évoquer les paysans de jadis, il faut toujours en revenir au tableau que traça La Bruyère : « On voit dans les champs des espèces d’animaux… »

— Espèce d’animal vous-même ! interrompit M. Hougnot. J’ai entendu dire que mon arrière-grand-père était fermier, et je ne permettrai à personne de l’insulter devant moi… Quant à cette baraque, elle constitue sans doute un cas isolé, une exception… C’est une étable, une porcherie, tout ce que vous voudrez… Mais on ne me fera jamais croire qu’une famille entière se soit logée là-dedans !

— C’est pourtant ce que j’ai vu de mes yeux, affirma le docteur. Il n’y a pas quinze ans que j’ai soigné, ici même, le père Faustin, qui fut le dernier habitant de cette demeure, où sa femme et lui élevèrent sept enfants. L’aîné de ses fils, installé dans une grosse ferme très confortable, offrit vainement au vieux, à vingt reprises, de l’héberger chez lui. Le père Faustin serait mort d’ennui, déclarait-il, dans toute autre demeure que la sienne. Il soutenait, du reste, avec une violence et un entêtement fort remarquables, que toutes les maladies de la vue sont causées par les fenêtres trop vastes, qu’une atmosphère enfumée préserve des maladies de poitrine, et que l’habitude de marcher sur des parquets amène inévitablement la goutte et l’hydropisie. Il est mort, dans cette chambre du fond, d’une fièvre assez bénigne en elle-même, mais qu’il s’obstinait à traiter par des cataplasmes de cloportes écrasés sur le sternum, jetant au feu toutes les potions que je lui apportais.

— S’il en est mort, il ne l’a pas volé ! opina M. Hougnot. Votre père Faustin était un imbécile !

— Il faut reconnaître, avoua le docteur, que la bêtise est une maladie dont on meurt beaucoup. Du reste, à un certain point de vue, c’est une maladie physique comme toutes les autres, et si les médecins ne l’ont pas soignée jusqu’à présent, c’est que leur ignorance est encore trop grande pour cela.

— Leur ignorance !… Hahahaha !… Je ne te le fais pas dire, docteur, ricana M. Hougnot.

Soudain, comme l’autre allait répliquer, il posa un doigt sur sa bouche, se glissa jusqu’à la porte que Marie avait fermée, y colla un instant son oreille, l’ouvrit d’une violente secousse et vit une paire de superbes bottines jaunes qui se balançaient gracieusement en l’air, à hauteur de son nez.

L’oncle Brusy, qui se trouvait près de l’escalier, entendit à l’étage un bruit sec, mais ténu, comme celui d’un volet qu’on referme avec précaution, répondre coup pour coup au bruit de la porte qui s’ouvrait.

Passant prestement sous les bottines jaunes, M. Hougnot bondit dehors et vit un jeune homme, coiffé d’un superbe feutre gris, qui se tenait assis, fort mal à l’aise, sur la saillie formée par la clef de voûte datée de 1736. Sa main gauche se cramponnait à la fenêtre du premier étage, sa main droite serrait quelques fleurs champêtres, et sa figure écarlate portait les marques les plus vives du désappointement et de la confusion. Un vieux tonneau à l’eau de pluie, qui gisait tout défoncé auprès de la porte, montrait par quel chemin il était parvenu à se hisser là-haut.

— Que faites-vous là, monsieur ? demanda le père Hougnot d’une voix furibonde.

— Monsieur, je vous… je vous demande mille pardons, bredouilla le jeune homme avec une politesse infinie et fort peu de sang-froid.

— Je ne vous demande pas de me demander pardon ! Je vous demande ce que vous faites là !

Le jeune homme contempla longuement ses belles bottines jaunes, sans mot dire, comme s’il n’était pas du tout pressé de répondre, puis répondit soudain, avec une hâte extraordinaire :

— Monsieur, je fais des recherches archéologiques… Cette chose… cette date, sur cette chose… sur cette pierre… est très intéressante, monsieur, infiniment intéressante…

— Et c’est pour la regarder que vous vous asseyez dessus ? gronda M. Hougnot. Il faut croire que vous n’avez pas les yeux placés comme tout le monde !

Cependant, l’oncle Brusy s’était glissé derrière son beau-frère et, d’une main énergique, multipliait ses petits gestes à hauteur de la hanche. Sans hésiter, le jeune homme se laissa choir sur le sol, rebondit avec la prestesse d’un chat, puis, à peine debout, enleva fort poliment son superbe feutre gris, en affirmant d’une voix humble et soumise :

— C’était pour l’archéologie, monsieur… Rien que pour l’archéologie, je vous assure !

M. Hougnot regardait d’un œil soupçonneux le vieux volet qui fermait, fort hermétiquement, l’unique fenêtre du premier étage.

— Vous cherchiez à atteindre cette fenêtre, dit-il enfin.

— Monsieur, je vous demande mille pardons… Je n’avais même pas vu la fenêtre… C’est pour la date, monsieur, rien que pour la date… Vous voyez : 1736… C’est curieux, très curieux…

— Qu’il s’agisse de dattes ou de figues, un honnête homme ne se promène pas sur les façades, comme un colimaçon, entendez-vous, monsieur ?

Derrière son beau-frère, l’oncle Brusy continuait à multiplier ses petits signes de main. Le jeune homme fit deux pas en arrière, un profond salut, et répondit avec une politesse de plus en plus grande :

— Monsieur, je vous demande mille pardons… Je ne croyais pas vous importuner.

— Un honnête homme respecte la propriété d’autrui, entendez-vous, monsieur ! clama l’autre, qui était entré dans la maison sans se soucier le moins du monde de ce que pouvait en penser le propriétaire.

De plus en plus vite, le docteur répétait ses petits signes de main. Le jeune homme fit deux autres pas en arrière, un autre salut.

— Monsieur, insista-t-il, je ne croyais faire de tort à personne, et je… et je vous demande mille et mille pardons.

— Vous êtes un malappris, un grossier personnage ! cria Hougnot, encouragé par ces allures prudentes.

— Monsieur, je regrette bien de vous avoir mécontenté… et je vous demande mille pardons ! dit encore le jeune homme en faisant quatre pas en arrière et deux grands saluts.

— Si je voyais passer le garde-champêtre, je vous ferais empoigner, entendez-vous, monsieur ! Le jeune homme fit six pas en arrière, trois grands saluts, et bredouilla une phrase dont on ne put comprendre que la fin : mille et mille pardons.

— Si je vous y reprends, je vous tirerai les oreilles, entendez-vous, monsieur !

En faisant toute une série de profonds saluts, le jeune homme, toujours à reculons, gagna le tournant de la route, salua une dernière fois jusqu’à terre, puis disparut.

Non sans grommeler quelques injures supplémentaires, M. Hougnot courut à l’intérieur de la maison, où il trouva Marie et Joséphine qui descendaient l’escalier de l’air le plus innocent du monde.

— Connaissez-vous ce jeune homme ? demanda-t-il.

— Quel jeune homme ?… Il n’y a pas de jeune homme dans le grenier, papa… Il n’y a qu’un vieux rouet tout démantibulé… Veux-tu venir le voir, papa ?… Il est très curieux, le vieux rouet.

— Je me fiche de votre rouet !… Avez-vous ouvert le volet pendant que vous étiez là-haut ?

— Ouvrir le volet ?… Ah ! mais non !… Dans cette maison, tout est bien trop sale pour qu’on touche à rien !

Et Marie, sans affectation, croisa ses mains pour qu’on ne pût voir la paume de ses gants.

Les sourcils froncés, le père regarda longuement ses deux filles, qui soutinrent d’un air candide ses regards furibonds.

— Sortons ! dit-il enfin.

Et, sans ajouter un seul mot, il gagna la route, sombre et maussade comme un pauvre bûcheron qui voit branler dans le manche sa fidèle cognée, son unique gagne-pain.

Sitôt dehors, il intima aux deux jeunes filles l’ordre de marcher devant, et suivit en serre-file avec son beau-frère. Absorbés par leurs pensées, tous quatre marchèrent sans mot dire. À chaque instant, M. Hougnot se retournait afin d’inspecter la route, qui restait immuablement déserte. Pour plus de sûreté, M. Brusy esquissait de temps à autre, à hauteur de sa hanche, le petit geste qu’on fait pour congédier les gamins qui vous suivent en mendiant un sou.