Parcs et Boudoirs/7
Le Clavecin.
Si la pauvre reine Antoinette
Revoyait ce clavecin vieux
Duquel sa main gracile et nette
Tirait des sons mystérieux,
Sa tête séparée, exsangue,
Penserait : « La chanson ne va
» Plus de mon cœur jusqu’à ma langue,
» Moi qui fus reine et fus diva !
» Ces touches d’un ivoire pâle
» S’usèrent sous mes doigts royaux ;
» Elles se rappellent l’opale
» De mes bagues, rares joyaux.
» Mes yeux bleus sont devenus ternes,
» Mes fines oreilles, jamais
» N’entendront vos chansons modernes,
» Ni les vieux refrains que j’aimais !
» Ne m’évoquez pas amants mièvres !
» Pour qui ce temps enseveli
» — Un sujet de rêve joli —
» Est un excitant à vos fièvres !
» Ne m’évoquez pas, amants mièvres
» Car vos baisers je les entends,
» Eux, vont de vos cœurs à vos lèvres,
» Et moi je n’ai ni cœur, ni dents. »