Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde moitié du XIXe siècle/T4 PJ

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PIÈCES JUSTIFICATIVES


NUMÉRO 1


Lettre de Louis XVI à Amelot.


Versailles, le 8 juin 1777.

Les dernières fois que je me suis promener à pied, j’ai été vivement affligé, Monsieur, de la grande quantité de mendiants dont les rues de Paris et de Versailles sont remplies, nonobstant les mesures que j’ai ordonnées depuis plusieurs années à l’effet de faire cesser cette plaie. Demandez au lieutenant général de police et à l’intendant de Paris des mémoires tant sur l’établissement des ateliers de charité ouverts pour occuper les pauvres valides que sur les secours à fournir aux paroisses et aux hôpitaux pour les faire travailler et pour faciliter en même temps l’admission des infirmes. — Je veux savoir comment il est pourvu à l’entretien de ces établissements. La création de nouveaux impôts me répugne : où serait le bienfait pour le peuple s’il y trouvait une charge nouvelle ? Il y aurait des mesures tout à la fois d’humanité et de rigueur à prendre pour, d’un côté, secourir la misère réelle, et détruire de l’autre la mendicité effrontée et paresseuse, source de crimes et de scandales. — La base de tout règlement devrait estre que tout mendiant se retirast dans le lieu de sa naissance, à moins qu’il ne prist un état qui pût le faire vivre sans aumosnes, la surveillance serait bien plus efficace et la répression plus sûre Il ne faut pas non plus souffrir que les mendiants aillent quester et mendier dans l’intérieur des églises, ni aux portes des maisons, cela trouble le service divin, nuit au recueillement des fidels et amène des vols. Ce point est très important, n’y aïant rien qui fist plus d’honneur à une administration que l’extirpation de la mendicité. Aux valides le travail, aux invalides les hôpitaux, et les maisons de force à tous ceux qui résistent aux bienfaits de la loy. Tenez la main à l’exécution des reglements qui existent et recommandez à Lenoir la sévérité. Si ces reglements sont insuffisants, il faut que mon conseil y pourvoit et completter ce service par une ordonnance[1].

LOUIS.



NUMÉRO 2


Note sur le service du Bureau central.


Le Bureau central est chargé d’ouvrir aux malades qui s’adressent à lui la porte de l’hôpital. Une double situation des lits disponibles lui est envoyée quotidiennement par chacun des établissements, et lorsque le médecin ou le chirurgien de service a reconnu la nécessité d’une admission, il est remis au malade un bulletin indiquant l’hôpital où il doit se rendre. Telles sont, avec les consultations données aux personnes dont l’entrée à l’hôpital n’est pas jugée indispensable, les principales attributions du Bureau central.

On passera sous silence la délivrance gratuite des bandages qui a lieu deux fois par semaine, la visite des indigents qui sollicitent leur placement dans les hospices et quelques autres détails de service de peu d’importance, pour ne s’occuper que de l’admission des malades dans les hôpitaux, but fondamental auquel doit répondre l’institution du Bureau central, mais dans des conditions nouvelles d’assistance qui peuvent être facilement réalisées et constituent encore une lacune à combler dans son mode de fonctionnement.

Lorsque, en effet, la distribution des lits mis à sa disposition a été opérée, lorsque les consultations ont été données aux malades ajournés ou refusés, la mission du Bureau central, dans l’état actuel des choses, est terminée. Soit que le manque de lits dans les hôpitaux, soit que la nature des affections soumises à l’examen du médecin, s’oppose à l’admission de certains malades, un grand nombre d’entre eux se retirent sans avoir reçu aucun soulagement. Pour les uns c’est un ajournement, pour les autres c’est un renvoi au traitement médical à domicile, et cela lorsque leur situation ne leur permet pas toujours de recourir à ce dernier genre de traitement. Il paraît évident que l’action du Bureau central ainsi limitée lui fait perdre ce caractère charitable dont il devrait être revêtu : il serait à désirer, en effet, qu’il cessât d’être simplement un bureau de distribution de lits hospitaliers et qu’il participât à son tour aux heureuses améliorations introduites dans le service intérieur de nos établissements.

Si, grâce aux efforts constants de l’administration pour assurer le bien-être du malade admis dans l’hôpital, un progrès notable s’est accompli, il en reste un à obtenir, non moins important : c’est celui qui doit présider à l’arrivée du malade, celui qui doit marquer le premier pas de la charité publique vers le malheureux qui l’invoque. Il appartient au Bureau central de réaliser ce nouveau progrès, en offrant au malade qu’il ne peut placer immédiatement à l’hôpital un adoucissement immédiat à ses souffrances, soit par l’application d’un pansement ou la délivrance de médicaments, soit par l’allocation d’un secours minime en argent, lorsque la misère ou l’absence de soutiens naturels rendent si pénible pour lui un ajournement ou un refus.

Avec ses ressources et son organisation étroite, le Bureau central est souvent impuissant ; il faut étudier s’il ne serait pas possible d’introduire dans le fonctionnement journalier de son service quelques modifications tendant à en augmenter les attributions charitables.

Le premier point à examiner, celui qui prime tous les autres, est relatif à l’admission d’urgence et hors tour de quelques malades gravement atteints qui, faute de lits, ne pourraient trouver place dans un hôpital. Dans ce cas, on pense qu’il y aurait lieu d’imposer aux établissements, en raison toutefois de leur importance, la réception d’un, de deux ou même de trois malades, qui seront installés au besoin sur des brancards. Ce mode de procéder permettrait au Bureau central d’assurer des admissions d’une nécessité absolue.

En second lieu et au point de vue des malades dont l’entrée à l’hôpital n’est pas considérée comme indispensable, on proposerait d’organiser un traitement externe qui impliquerait : 1° la délivrance d’un certain nombre de médicaments simples dont la nomenclature sera déterminée par qui de droit et dont la distribution et le transport seront faciles ; 2° l’exécution sur place de pansements pour les plaies, ulcères, contusions, etc., faits soit par un infirmier expérimenté, soit par des externes désignés spécialement pour ce service ; 3° l’application de bandages pour certaines affections herniaires qu’il importe de traiter immédiatement ; 4° la délivrance de cartes de bains destinées à des malades dont l’état de malpropreté aggrave la situation, et, dans ce cas, la possibilité même pour ces malades de recevoir quelques effets sans valeur provenant des successions hospitalières en échange de guenilles sordides et malsaines ; enfin, l’obligation pour le personnel du Bureau central de s’enquérir de la position pécuniaire des malades et surtout des infirmes, de les désigner, séance tenante, à l’administration centrale, comme manquant d’asile, renvoyés de leur garni, dénués de toute assistance, et de solliciter pour eux un faible secours (ne fût-il que de deux francs) qui leur permette de se procurer des aliments et un gîte le soir même et en attendant qu’une enquête régulière faite par les soins du Bureau des secours ait éclairé sur leur véritable situation et provoqué, s’il y a lieu, un secours plus efficace et plus important.

Tel est, en résumé, l’ensemble des mesures nouvelles dont on croit pouvoir proposer l’application dans le service du Bureau central.

Il reste à chercher les voies et moyens de nature à en assurer l’exécution et susceptibles d’une réalisation facile et peu coûteuse.

Admissions d’urgence et hors tour. — Il paraît inutile d’insister sur l’installation provisoire des brancards dans les hôpitaux où seront dirigés des malades dont l’admission sera déclarée urgente. Ces admissions ne devront être prononcées qu’à la suite d’un examen attentif et en faveur seulement de ceux dont la position réclamerait impérieusement le secours de l’hôpital. Le médecin, au point de vue médical, le sous-chef du bureau au point de vue charitable, se rendront compte avec le plus grand soin de la situation individuelle de chacun des postulants. Satisfaction devra être obligatoirement donnée à tous ceux dont l’état réclamera un envoi dans un établissement hospitalier et la réception devra en être faite d’office.

Médicaments. — Pansements. — En ce qui concerne la création d’un traitement externe au Bureau central, l’annexion de ce service à l’Hôtel-Dieu offre les plus grandes facilités. L’hôpital fournira les médicaments et le personnel.

Une liste de médicaments simples sera dressée par une commission de médecins et de chirurgiens. Ces médicaments seront préparés par un des internes en pharmacie de l’Hôtel-Dieu sous la surveillance de M. le pharmacien en chef. Cet interne sera désigné par lui ; il recevra pour ces fonctions une indemnité supplémentaire.

Une religieuse, aidée d’un serviteur de première classe, sera chargée de la garde et de la délivrance des médicaments, de leur distribution sur ordonnances du médecin, ainsi que de la surveillance des pansements et de l’application des ventouses et des cataplasmes : cette dernière partie des prescriptions d’urgence sera faite par l’infirmier attaché au traitement externe, d’après les indications et sous les yeux mêmes du médecin ou chirurgien de service.

Cette religieuse et cet infirmier seront en permanence au Bureau central ; ils resteront à la disposition du personnel médical tout le temps des consultations ; il importe de répondre immédiatement et sans cesse aux besoins des malades qui ne peuvent trouver place dans un hôpital.

L’administration verra plus tard, lorsque l’expérience aura parlé, s’il est utile d’adjoindre à ce nouveau service quelques élèves externes.

Une ou deux armoires pour le dépôt des médicaments et des objets de pansement, un petit fourneau mobile pour tenir toujours chauds les cataplasmes et les tisanes seront facilement disposés dans une des pièces du Bureau central et compléteront à peu de frais cette installation provisoire.

Bains. — Pendant deux heures de la journée, de onze heures à midi et de trois heures et demie à quatre heures et demie, des bains seront donnés à l’Hôtel-Dieu aux personnes munies de cartes. Les vêtements que cette catégorie de malades ne pourra remettre à cause de leur saleté seront échangés contre des effets propres provenant des successions hospitalières. Il sera établi à l’Hôtel-Dieu un dépôt spécial d’un petit nombre d’articles d’habillement et ce dépôt sera alimenté par l’hôpital même et par les autres établissements au moyen de versements réguliers.

Bandages. — Les bandages à délivrer par le traitement externe seront peu nombreux et appliqués dans le cas de hernies simples, d’une réduction facile et pouvant être contenues par une application immédiate d’appareil. Cette délivrance n’aura jamais lieu que pour un accident récent et dans le but d’éviter une admission qui, sans cette mesure, deviendrait nécessaire. Il y aura très-peu de chose à faire pour que ce service, qui fonctionne déjà au Bureau central, soit rendu, pour les cas exceptionnels, quotidien et permanent.

Secours en argent. — L’allocation de secours minimes en argent pourra être demandée au bureau des secours en faveur d’une certaine classe de malades que la misère et surtout les infirmités amènent au Bureau central. Cette catégorie d’indigents cherche dans le séjour à l’hôpital un abri contre le besoin plutôt qu’une guérison dont ils connaissent bien l’impossibilité.

Il est regrettable, sous bien des rapports, d’éconduire ces malheureux, qui vont s’adresser au dépôt de la préfecture en dernier ressort et basent leur demande sur un refus réitéré d’admission à l’hôpital.

Des bulletins dressés dans une forme spéciale seront remis à ces personnes sans asile et sans pain qui iront les présenter à l’administration centrale : une enquête sommaire sera faite, séance tenante, un secours leur sera immédiatement délivré pour leur assurer le gîte et la nourriture. La visite réglementaire sera remise au lendemain et des secours extraordinaires leur seront continués, s’il y a lieu, selon le mode et les formalités en usage.

Il parait inutile d’entrer dans de plus grands détails sur les moyens de donner un développement charitable plus étendu au service du Bureau central. Il est à propos cependant de rappeler que les distributions exceptionnelles de soupe et de bouillon ont eu lieu déjà, à des époques où le chômage, le froid, la cherté des céréales réclamaient en faveur de la classe nécessiteuse la multiplication des secours de toute nature. Ces distributions exceptionnelles seraient continuées aux époques les plus difficiles de l’année. Elles n’occasionneront qu’une dépense insignifiante et ajouteront encore au sens et à la portée charitables de l’ensemble des améliorations à introduire.

Le Bureau central deviendra, de fait, un utile auxiliaire des fourneaux établis dans Paris sous le patronage de l’administration et il fera plus encore, puisqu’il aura pour mission de soulager à la fois le malade et l’indigent. Les services nouveaux qu’il est appelé à rendre, par la création d’un traitement externe permanent, attesteront une fois de plus le labeur de l’administration dans cette recherche persévérante des ressources les plus propres à alléger les douleurs et les misères publiques, et cela sans grever sensiblement la caisse des pauvres ; ils prouveront à tous que, dans cette lutte de la charité contre la pauvreté et la maladie, l’Assistance publique ne s’arrête que devant les obstacles réellement invincibles[2].

Janvier 1870.



NUMÉRO 3


Projet d’agrandissement de l’Hôtel-Dieu, au seizième siècle.


Extrait du Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier, p. 84.


L’an 1520, le samedy deuxième juing, veille de Pentecouste, fut mise la première pierre pour faire l’hostel Dieu de Paris, sur la rivière de Seyne, près l’abbaye Sainct-Germain-des-Prez ; et fut la dicte pierre mise par l’abbé de Sainct-Germain, nommé Briçonnet. Après que le Roy eust donné permission et congé faire le dict hostel Dieu (et estoit le dict hostel Dieu faict pour soulager l’autre ancien et pour y loger et mettre les griefs mallades de peste) plus de demy an y eut grande contrariété par l’abbé de la dicte abbaye de Sainct-Germain-des-Prez et les religieux de la dicte abbaye, pour empescher le dict édifice. Mais néantmoins le Roy permit qu’il y fust faict : et y donna le Roy pour commencer le dict édifice, la somme de dix mille livres, prises sur quinze mille livres d’un emprunt par lui faict en la ville de Paris, l’année mesme.


NUMÉRO 4


Le nouvel Hôtel-Dieu.


Extrait du Journal des Débats, 13 janvier 1872.

On sait que le nouvel Hôtel-Dieu a été construit dans des conditions considérées par la majorité des médecins comme absolument contraires au but qui devait être poursuivi. Il a déjà coûté bien des millions et en coûterait beaucoup encore si on prenait le parti de le terminer.

C’est pour éclairer cette question qu’une commission de médecins et de chirurgiens des hôpitaux l’a visité dimanche dernier. La conclusion du rapport de M. Lorrain, adoptée à l’unanimité en séance générale de la Société des médecins et chirurgiens des hôpitaux, est que « l’Hôtel-Dieu, tel qu’il est construit, ne répond pas aux conditions exigées pour un hôpital par l’état actuel de la science et de l’hygiène. »

Si l’on ne prend pas la mesure radicale proposée par MM. Marjolin, Giraldès, Lallier et Vidal de démolir le bâtiment, on ne pourra l’utiliser qu’en le réduisant considérablement, et en n’y installant, comme le proposent MM. Hérard et Hardy, que des services spéciaux, maladies de la peau, maladies des yeux, c’est-à-dire en en écartant le plus possible les vrais malades.

Extrait du Journal des Débats, 17 janvier 1872.

Dans notre numéro du 15 janvier, nous avons donné le résultat de l’enquête faite par plusieurs membres de la commission chargée par la Société médico-chirurgicale d’examiner les nouveaux bâtiments de l’Hôtel-Dieu.

Nous fiant sur ce point aux renseignements de la Gazette des hôpitaux, nous avons, à ce qu’il parait, attribué à MM. Hardy et Marjolin des opinions qui ne sont pas tout à fait les leurs. Nous nous empressons de publier les rectifications que ces messieurs croient devoir nous adresser, en faisant remarquer toutefois que ces rectifications auraient dû être adressées d’abord à la Gazette des hôpitaux.

Voici la lettre de M. Hardy :

Paris, le 13 janvier 1872.

Dans un article du Journal des Débats de ce matin 13 janvier, vous mentionnez les discussions qui ont eu lieu parmi les médecins et les chirurgiens des hôpitaux de Paris, relativement au nouvel Hôtel-Dieu, et vous rapportez une opinion qui aurait été exprimée par M. le docteur Hérard et par moi.

Après avoir indiqué que les médecins et les chirurgiens des hôpitaux de Paris ont émis et adopté la proposition que « le nouvel Hôtel-Dieu, tel qu’il est construit, ne répond pas aux conditions exigées pour un hôpital par l’état actuel de la science et de l’hygiène, » vous ajoutez que si l’on ne prend pas la mesure radicale de démolir le bâtiment, on ne pourra l’utiliser qu’en le réduisant considérablement, et en n’y installant, comme le proposent MM. Hérard et Hardy, que des services spéciaux : maladies des yeux, maladies de la peau, c’est-à-dire en écartant le plus possible les vrais malades. C’est cette opinion qui nous est prêtée, à M. Hérard et à moi, que je vous demande la permission de rétablir telle qu’elle a été exprimée.

« Tout en ne contestant pas les défectuosités du plan de l’Hôtel-Dieu nouveau, bâti sur un espace trop étroit, avec des bâtiments trop élevés, et autour desquels l’air ne circule pas assez librement, M. Hérard et moi nous n’admettons pas qu’on puisse conclure à l’insalubrité absolue de cet édifice employé comme hôpital. À côté des inconvénients réels relatifs à la trop grande hauteur et au trop grand nombre de bâtiments, il existe dans la disposition intérieure des salles et de leurs accessoires des avantages qu’on retrouve rarement dans les hôpitaux anciens ; et nous pensons qu’il y aurait avantage à utiliser le nouvel Hôtel-Dieu pour ce but primitif, à la condition de diminuer assez le nombre des lits pour ne pas produire l’encombrement toujours à craindre dans les grands hôpitaux, c’est-à-dire en ne les portant pas au delà de 400 ou 450. Pour diminuer encore les chances d’infection qui résultent de la réunion d’un grand nombre de malades atteints de plaies ou d’affections fébriles, j’ai ajouté qu’on pourrait affecter un certain nombre de lits (100 ou 150) au traitement de maladies n’entraînant pas la production de miasmes nuisibles, c’est-à-dire au traitement des maladies chroniques de la peau, des maladies des yeux, etc. Dans mon opinion, ces malades spéciaux, loin de constituer la totalité de la population du nouvel hôpital, ainsi qu’on me le fait dire, ne seraient qu’en minorité, et les vrais malades occuperaient la plus grande partie des salles.

« En résumé, dans notre opinion, commune à M. Hérard et à moi, nous pensons qu’il est utile, aussi bien aux intérêts de la population pauvre de Paris qu’à l’instruction médicale, qu’il existe au centre de Paris un hôpital destiné à remplacer le vieil Hôtel-Dieu, qui tombe en ruines et qui présente actuellement les plus grands inconvénients sous le rapport de l’hygiène. Et nous persistons à croire qu’en limitant le nombre des lits de manière à éviter l’encombrement, qu’en variant la nature des maladies, qu’en apportant quelques modifications de détail au plan primitif, on peut utiliser l’Hôtel-Dieu nouveau pour y placer des malades, et qu’on peut en faire un hôpital aussi convenable et peut-être meilleur que la plupart des établissements hospitaliers de Paris et des autres grandes villes.

Veuillez, monsieur le directeur, agréer mes remercîments pour l’hospitalité que vous voudrez bien donner à cette lettre et l’expression de ma considération la plus distinguée.

« A. Hardy
Professeur à la Faculté de médecine de Paris. »

Voici encore les explications de M. Marjolin, qui a demandé non point la « démolition » du nouvel Hôtel-Dieu, mais l’appropriation des constructions existantes à une autre destination :

« Dimanche, le 14 janvier 1872.

« Lorsqu’il a été question, il y a quelques années, de la reconstruction de l’Hôtel-Dieu, tout le corps médical s’est élevé contre l’idée d’un hôpital central dépassant plus de 350 lits ; et lorsque, par respect pour la légende, par considération pour les besoins de l’enseignement, on n’a fait aucune objection à l’installation du nouvel Hôtel-Dieu dans le voisinage de Notre-Dame, c’est que l’on s’attendait à ce que ces constructions seraient un vrai modèle de perfection dans le genre, réunissant toutes les conditions hygiéniques si bien étudiées dans ces derniers temps par les sociétés scientifiques compétentes.

« Au lieu de cela qu’a-t-on fait ? Sans consulter aucune de ces sociétés, malgré les avis formels d’une commission, on a élevé un monument destiné à plus de 700 malades, monument qui, malgré le talent incontestable déployé par M. Diet, l’architecte, obligé d’accepter des plans imposés, n’est en définitive, après bien des millions dépensés, qu’un édifice splendide, impropre à jamais servir d’hôpital, quelque changement et quelque mutilation qu’on lui fasse subir.

« C’est en s’appuyant sur ces considérations que quatre des membres de la commission ont cru devoir déclarer que les bâtiments du nouvel Hôtel-Dieu, étant construits contre toutes les données les plus élémentaires de l’hygiène, ne pouvaient pas, même après des changements considérables, être affectés à un établissement hospitalier, et ils persistent d’autant plus dans leur opinion, qu’il s’agit d’un édifice d’utilité publique que notre époque léguera aux siècles futurs.

« Les autres membres de la commission, tout en reconnaissant ce que ces constructions présentent de défectueux, ont pensé qu’on pourrait cependant les utiliser, à la condition expresse de ne pas élever le nombre des malades au delà de 400 à 450. Ils demandent en outre de chercher à diminuer les mauvaises dispositions actuelles de l’hôpital. Pour cela, ils proposent de raser un étage et de démolir jusqu’à la hauteur du premier les galeries pleines qui relient entre eux les divers pavillons et font du nouvel hôpital un bâtiment unique dans lequel la circulation de l’air est impossible.

« Que coûteront ces changements ? Lorsque cet édifice sera mutilé, déshonoré au point de vue architectural, quel sera le résultat de ce surcroît de dépenses ? Peut-être quelques défauts de moins. Et alors à combien montera le prix d’une journée de malade ? On nous a parlé de 12 francs ; or pour la même somme on peut avoir maintenant à la Maison municipale de Santé une chambre et un salon, ce qui a sur la salle d’hôpital l’immense avantage de l’isolement.

« Aujourd’hui, l’insalubrité des grands hôpitaux ne fait plus question pour personne, ils ont fait leur temps ; de plus, la population ouvrière ayant dû quitter le centre de la ville pour se porter à sa périphérie, c’est là qu’il faut disséminer les petits hôpitaux. Ces petits hôpitaux auraient de plus l’avantage de ne pas éloigner les malades de leurs familles ; de cette manière, les intérêts moraux, comme les intérêts hygiéniques, seraient également sauvegardés.

« Mais alors que faire de ces constructions si dispendieuses ? Un édifice quelconque, mais jamais un hôpital.

« En vous priant, monsieur, d’insérer cette lettre dans votre plus prochain numéro, je crois être l’interprète fidèle des opinions émises par mes trois collègues MM. Giraldès, Laillier, Vidal et moi devant la commission.

« Agréez, je vous prie, monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée.

« Marjolin,
Chirurgien de l’hôpital Sainte-Eugénie. »



NUMÉRO 5


Lettre de Napoléon III au maréchal Vaillant, ministre des Beaux-Arts et de la Maison de l’Empereur.


Vichy, le 31 juillet 1864.
Mon cher maréchal,

Je viens vous faire part d’une réflexion qui m’est survenue pendant le repos dont je jouis ici. Deux grands établissements doivent être reconstruits à Paris, avec une destination bien différente : l’Opéra et l’Hôtel-Dieu. Le premier est déjà commencé ; le second ne l’est pas encore. Quoique exécutés, l’Opéra, aux frais de l’État, l’Hôtel-Dieu, aux frais des hospices et de la Ville de Paris, tous deux ne seront pas moins, pour la capitale, des monuments remarquables ; mais, comme ils répondent à des intérêts très-différents, je ne voudrais pas que l’un surtout parût plus protégé que l’autre.

Les dépenses de l’Académie impériale de musique dépasseront malheureusement les prévisions, et il faut éviter le reproche d’avoir employé des millions pour un théâtre, quand la première pierre de l’hôpital le plus populaire de Paris n’a pas encore été posée.

Engagez donc, je vous prie, le préfet de la Seine à commencer bientôt les travaux de l’Hôtel-Dieu, et veuillez faire diriger ceux de l’Opéra de manière à ne les terminer qu’en même temps. Cette combinaison, je le reconnais, n’a aucun avantage pratique ; mais, au point de vue moral, j’attache un grand prix à ce que le monument consacré au plaisir ne s’élève pas avant l’asile de la souffrance.

Recevez, mon cher maréchal, l’assurance de ma sincère amitié.

NAPOLÉON.

NUMÉRO 6


État de Bicêtre en 1789.


Si l’on a pu dire que la publicité fait la sauvegarde du peuple, c’est surtout lorsqu’on fait connaître l’état des lieux où la misère et la vieillesse le forcent de chercher du secours ; c’est lorsqu’on rend compte des moyens destinés à le soulager, que l’on publie le nombre et l’état des malheureux à la charge de la bienfaisance sociale. Ces notions deviennent pour lui une source de nouveaux secours, par les combinaisons qu’elles donnent lieu de faire, et par la réforme des abus qu’elles facilitent et accélèrent.

C’est donc sous ce point de vue que nous devons envisager l’état que nous donnons de la maison de Bicêtre ; le public y verra et l’étendue des besoins, et la multitude d’abus qui doivent nécessairement accompagner une aussi grande administration.

Quant aux abus, je remarquerai qu’ils tiennent bien plutôt à l’ignorance populaire, aux préjugés des familles et du public, qui se sont tous habitués à regarder cet asile comme un moyen facile de contenir et corriger la jeunesse.

Chaque jour des pères insensibles ou des parents cruels, dans un temps où l’homme ne doit compte de sa conduite qu’à la loi, sollicitent des réclusions à Bicêtre ; et les nouveaux administrateurs que le vœu public et leurs lumières ont appelés à leur place mettent avec raison au nombre des fatigues et des désagréments attachés à leurs fonctions les refus multipliés qu’ils sont obligés de faire tous les jours à de pareilles demandes.

Les hommes sont incorrigibles dans leurs vieilles habitudes, et il faut toute la force des lois positives pour les contenir ; la raison seule ne le peut pas.

C’est dans cette habitude qu’existent encore tous les abus de la maison de Bicêtre, parce qu’on veut toujours que ce soit un lieu de correction, et que ceux qui le gouvernent, habitués peut être aux mêmes idées, sont obligés d’ailleurs de suivre en aveugles les règles qu’on leur prescrit ; règles que leur humanité les force quelquefois d’enfreindre, en adoucissant fréquemment le régime auquel les ordres qu’ils ont reçus les obligent d’astreindre les prisonniers.

Bicêtre renferme encore des hommes d’une espèce différente ; il renferme des pauvres, il renferme des vénériens, il renferme des coupables flétris par la loi, et que la société rejette de son sein ; enfin des officiers préposés au soin des uns et des autres. Nous allons en présenter le tableau au public, d’après celui que nous nous sommes procuré le 12 de ce mois, et dont nous pouvons garantir l’exactitude et la vérité à cette époque.

Sept ecclésiastiques, un économe, un sous-économe, un capitaine de la compagnie des gardes, un lieutenant, un premier commis de bureau, un chirurgien gagnant maîtrise, une supérieure et dix sœurs officières ; en tout vingt-quatre personnes.

Quatre commis de bureau, un commis à la vente du vin, un commis-inspecteur de la porte d’entrée, un commis à la vente de l’eau-de-vie et du tabac, deux garçons chirurgiens, un garçon apothicaire en chef et un en second, un sommelier, un maître des enfants de chœur, un fournier, un fourrier, huit élèves en chirurgie, trois officiers ou officières vétérans ; en tout vingt-six personnes.

Ces cinquante personnes sont nourries dans le château, et forment ce qu’on y appelle la première table ; la seconde table nourrit deux cent quatre-vingt-neuf personnes employées en sous-ordre.

On a formé six divisions principales sous la dénomination d’emplois qui ont aussi leurs sous-divisions, dans lesquelles sont classés les malheureux qui habitent Bicêtre.

La cuisine. — Premier emploi.

Comprend : 1° les cabanons qui renferment trente-cinq prisonniers pensionnaires, et quatre-vingt-neuf sans pension ; 2° le fort Mahon, dix-neuf prisonniers ; 3° la Force, seize ; 4° le Poli-des-Glaces, soixante-dix-huit ; 5° le grand Puits, soixante-douze ; 6° l’Infirmerie, sept pensionnaires, et cent quatre-vingt-neuf non pensionnés.

Pour le service de cet emploi, il y a deux garçons panetiers, cinq garçons au magasin de linge des prisonniers, et soixante domestiques. Total des individus du premier emploi : cinq cent soixante-douze.

Saint-Joseph. — Deuxième emploi.

Contient, outre six pensionnaires : 1° dans le dortoir Saint-Joseph, cent quatre-vingt-quatorze pauvres infirmes, cinquante-huit grands paralytiques, quarante-deux petits paralytiques ; 2° dans le dortoir Saint-Paul, quarante-huit pauvres valides.

Pour le service de cet emploi, il y a vingt-cinq personnes, dont trois filles. Total des habitants du deuxième emploi ; trois cent soixante-seize.

Saint-Mayeul. — Troisième emploi.

Quatre pensionnaires. 1° dortoir Saint-Mayeul, cent quarante-quatre pauvres valides ; 2° l’Ange-Gardien, cent cinq ; 3° Saint-René, trente-deux ; 4° Saint-André, cent trente-trois ; 5° Saint-Philippe, cinquante-trois, plus six ravaudeurs ; 6° Saint-Denis, quatorze maçons, manœuvres ou terrassiers ; 7° infirmerie des gouvernantes ou filles de service, deux. Cet emploi occupe vingt-huit personnes de service, dont cinq filles. Total des habitants du troisième emploi : cinq cent soixante-onze.

Bâtiment neuf. — Quatrième emploi.

Quarante-cinq pensionnaires. 1° La Visitation, cent quatorze enfants infirmes ; 2° Saint-François, soixante-douze pauvres imbéciles ; 3° Saint-Jean, soixante et un pauvres épileptiques ; 4° Saint-Fiacre, quarante et un pauvres teigneux et scrofuleux ; 5° Saint-Prix, cent quatre-vingt-sept fous, et vidangeurs et apprentis des boutiques. Cet emploi occupe quarante-deux gens de service, dont quatre filles. Total des habitants du quatrième emploi : cinq cent quatre vingt-quatre.

Saint-Charles. — Cinquième emploi.

Huit pensionnaires. 1° Dortoir Saint-Charles, quarante-huit pauvres valides, et soixante et un bons pauvres ; 2° Saint-Martin ou la Correction, trente-cinq prisonniers, et vingt-trois enfants de chœur ; 3° dortoir au-dessus du grand Puits, trente-quatre pauvres valides ; 4° Saint-Louis, soixante-dix-huit galeux ; 5° Saint-Eustache, cent cinquante-cinq hommes gâtés ; 6° la Miséricorde, deux cent soixante-quatre femmes gâtées ; 7° la Buanderie, trente personnes et dix-neuf jardiniers. Cet emploi occupe quarante-sept personnes, dont trois filles. Total des habitants du cinquième emploi : huit cent deux.

saint-guillaume. — Sixième emploi.

Quatre pensionnaires. 1° Dortoir de Saint-Guillaume, quatre vingt-treize pauvres valides ; 2° Sainte-Marie, quatre-vingt-dix-sept ; 3° Sainte-Marguerite, trente-huit ; 4° Saint-Marcel, trente-six ; 5° Saint-Médard, cent cinquante-quatre ; 6° Saint-Étienne, vingt-deux. Cet emploi occupe quinze personnes, dont trois filles. Total des habitants du sixième emploi : quatre cent cinquante neuf.

Total des personnes de la maison de Bicêtre, tant officiers, pauvres, prisonniers que pensionnaires, quatre mille quatre-vingt quatorze.

(Extrait de la Gazette nationale ou Moniteur universel, N° 121. Lundi 21 décembre 1789.)



NUMÉRO 7


SECTION DU FINISTÈRE

comité civil.


Procès-verbal du massacre des détenues de la Salpêtrière, en septembre 1792.

L’an mil sept cent quatre-vingt-douze, quatrième de la liberté et premier de l’égalité, le quatre septembre, quatre heures de relevée, sur l’avis donné au comité de la section du Finistère, par le citoyen Dommey, économe de la maison de la Salpêtrière, qu’une affluence d’hommes armés, qui, le « deux et trois courant, s’étaient portés dans les prisons de la capitale et en avaient tué quelques prisonniers, se rendaient dans ladite maison, nous, Mathurin-François Brunet et Charles-Gombert Bertrand, commissaires, députés du comité de ladite section, nous sommes transportés à l’instant en la susdite maison, où étant, avons trouvé dans la cour de la maison de force une quantité d’hommes armés de sabres, d’instruments tranchants et de gourdins, qui, après avoir forcé ledit citoyen Dommey à leur donner communication des registres concernant les prisonnières et avoir forcé l’entrée des locaux où elles étaient enfermées, les en sortaient, et après examen par eux fait sur lesdits registres de celles flétries, les assommaient et les perçaient de coups de sabres et autres instruments, au point qu’il en a résulté la mort de plusieurs d’elles, et la sortie de la maison de force d’autres, desquelles, tant celles assommées que celles sorties, il a été au fur et à mesure fait mention sur les registres, tant de leur mort que de leur sortie, dont les noms suivent, savoir :

femmes assommées.

1. Marie-Elisabeth Massey, âgée présentement de 71 ans, native de Liège, paroisse Notre-Dame-aux-Fonds, femme de Cristophe Méringer, flétrie d’un (V.). Entrée le 21 juin 1771, par arrêt de la Cour. — À perpétuité,

2. Marguerite Leroux, âgée présentement de 50 ans, native de Mons-sur-Seine près Mantes, diocèse de Chartres, veuve de Jean Barbançon, flétrie d’un (V.). Entrée le 18 mars 1774, par sentence criminelle du Châtelet. — À perpétuité.

3. Anne-Françoise Assaut, fille, âgée présentement de 43 ans, native de Paris, paroisse Saint-Laurent, flétrie. Entrée le 5 octobre 1775, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

4. Françoise Garnier, fille, âgée présentement de 36 ans, native de Chaalons en Champagne, paroisse Saint-Sulpice, flétrie d’un (V.). Entrée le 10 septembre 1778, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

5. Marie-Louise Nicolais, âgée présentement de 47 ans, native de Melun, paroisse Saint-Aspais, diocèse de Sens, veuve d’Antoine-François Desrues, flétrie d’un (V.) sur les deux épaules. Entrée le 13 mars 1779, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

6. Barbe Resonville, âgée présentement de 52 ans, native de la paroisse de Pressy-sous-Pagny, à deux lieues de Pont-à-Mousson, diocèse de ……, femme de Claude Renaud dit Granton, flétrie d’un (V.). Entrée le 15 février 1781, par ordre du procureur général confirmatif du jugement prévôtal de Melun qui la condamne à être enfermée à perpétuité.

7. Marie-Anne Bouquet, âgée présentement de 32 ans, native de Versailles, paroisse Saint-Louis, fille, flétrie d’un (W.). Entrée le 12 décembre 1782, par ordre du procureur général confirmatif d’une sentence prévôtale, de l’Orléannais, qui la condamne à être renfermée à perpétuité.

8. Anne Cosson, âgée présentement de 50 ans, native de la Ferté-Bernard, diocèse du Mans, femme de Jean-Pierre Brice, flétrie d’un (V.). Entrée le 9 août 1784, par arrêt de la Cour. — Pour neuf ans.

9. Marie-Thérèse Ubiez, âgée présentement de 43 ans, native de Luxembourg, paroisse de Bioux, fille, flétrie d’un (V.). Entrée le 9 novembre 1784, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

10. Françoise Durier, fille, âgée présentement de 42 ans, native de Villeneuve-la-Guyard, diocèse de Sens, flétrie d’un (V.). Entrée le 30 novembre 1784, par sentence criminelle — À perpétuité.

11. Françoise Robineau, âgée présentement de 35 ans, native de la paroisse de Chousé en Anjou, diocèse de ……, fille. Entrée le 14 décembre 1784, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

12. Claudine Contant, âgée présentement de 42 ans, native de la paroisse de Pain en Champagne, diocèse de Troyes, femme de Jean Barrois, flétrie d’un (V.). Entrée le 2 août 1785, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

15. Agathe Pécrotin, âgée présentement de 37 ans, native de Sens, paroisse Saint-Savinien, femme de Nicolas Curin, flétrie d’un (V.). Entrée le 2 août 1775, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

14. Marie Cointet, âgée présentement de 37 ans, native de la paroisse Saint-Loup en Bourgogne, diocèse de……, fille, flétrie d’un (W.). Entrée le 20 août 1785, par ordre du procureur général confirmatif du jugement prévôtal de la maréchaussée du Lyonnais, qui la condamne à être enfermée à perpétuité.

15. Jeanne Laval, âgée présentement de 42 ans, native de la paroisse de Cheppe-sur-Marne, diocèse de Châlons, femme de Nicolas-André Loret, flétrie d’un (V.). Entrée le 7 septembre 1785, par arrêt de la Cour. — À perpétuité.

16. Anne-Nicole Chenaut, âgée présentement de 56 ans, native de Paris, paroisse Saint-Séverin, veuve de Pierre Bonnet, flétrie d’un (V.). Entrée le 24 octobre 1786, par arrêt de la Cour, pour rester à perpétuité.

17. Marie Moufflet, se disant Amable Corbin, fille, âgée présentement de 29 ans, native de Blory, paroisse Saint-Martin, diocèse de Chartres, flétrie d’un (V.). Entrée le 17 janvier 1787, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

18. Marguerite Piot, fille, âgée présentement de 41 ans, native de Sommeboire en Champagne, diocèse de Troyes, flétrie d’un (V.) sur les deux épaules. Entrée le 5 février 1787, par arrêt de la Cour, pour rester à perpétuité.

19. Marie-Anne Viriot, fille, âgée présentement de 29 ans, native de la paroisse de Rozières en Lorraine, diocèse de Toul, flétrie d’un (V.). Entrée le 25 novembre 1787, par arrêt de la Cour, pour rester à perpétuité.

20. Marie Coron, âgée présentement de 47 ans, native de la paroisse Sainte-Agathe-de-Chavanay en Forest, diocèse de Vienne, femme d’Henry Dervieu. Entrée le 23 octobre 1788, par ordre du procureur général en conséquence d’un jugement prévôtal de Lyon, pour rester à perpétuité.

21. Toinette ou Antoinette Goret, âgée présentement de 52 ans, native d’Arbonnière en Picardie, diocèse d’Amiens, femme de Nicolas Pezé, flétrie d’un (V). Entrée le 10 mai 1790, par arrêt de la Cour, pour être détenue pour neuf ans.

22. Marie-Josèphe Vatinelle, fille, âgée présentement de 29 ans, native de Paris, paroisse Saint-Martin, cloître Saint-Marcel, flétrie d’un (V.). Entrée le 31 octobre 1783, par arrêt de la Cour. — Pour neuf ans.

23. Marie-Jeanne Prilieux, âgée présentement de 29 ans, native de Vieux en Champagne, diocèse de Reims, femme de Jean Regnier, flétrie d’un (V.). Entrée le 30 avril 1788, par arrêt de la Cour. — Pour cinq ans.

24. Françoise ou Rose Leduc, âgée présentement de 48 ans, native d’Angers, paroisse Saint-Michel-du-Tartre, veuve de Pierre Bernard, flétrie d’un (V.). Entrée le 28 juillet 1784, par arrêt de la Cour. — Pour neuf ans.

25. Marie-Joseph Tardif, fille, âgée présentement de 37 ans, native d’Orléans, paroisse Saint-Pierre, flétrie d’un (V.). Entrée le 15 avril 1785, par arrêt de la Cour, pour être détenue. — Pendant neuf ans.

26. Marie Foucaud, femme de Pierre Brun, âgée présentement de 40 ans, native de Lebourq en Saintonge, près et diocèse de la Rochelle. Entrée le 8 février 1790, par arrêt de la Cour. — Pour trois ans, flétrie d’un (V.).

27. Anne Lefèvre, âgée présentement de 37 ans, native de Pont-de-l’Arche, diocèse de Rouen, femme d’Antoine-Étienne Le Beau, flétrie d’un (V.). Entrée le 11 octobre 1787, par arrêt de la Cour. — Pour neuf ans.

28. Marguerite Autezat, âgée présentement de 34 ans, native de Riom en Auvergne, paroisse Saint-Amable, diocèse de Clermont, femme de ……, La Croix, flétrie d’un (V.). Entrée le 30 novembre 1789, par arrêt de la Cour. — Pour cinq ans.

29. Jeanne Bernard, âgée présentement de 61 ans, native de la paroisse de Javerlbat en Périgord, diocèse de Périgueux, veuve de Jean Morisson, flétrie d’un (V.). Entrée le 28 juin 1781, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

30. Marie-Anne Choquenet, âgée présentement de 42 ans, native de Frémont en Picardie, près et diocèse de Laon, femme de Joseph Lerecouvreur, flétrie d’un double (V.). Entrée le 24 octobre 1784, par ordre du procureur général, pour être détenue à perpétuité.

31. Marie Piot, âgée présentement de 44 ans, native de Cholet, paroisse Saint-Pierre, diocèse de la Rochelle, femme de René Aubron, flétrie d’un (V.). Entrée le 18 juillet 1784, par arrêt de la Cour, pour être détenue pendant neuf années.

32. Rose Duval, âgée présentement de 39 ans, native de Gravières en Berry, diocèse de Bourges, flétrie d’un (V.). Entrée le 2 avril 1788, par ordre du procureur général, confirmatif du jugement prévôtal rendu au siège de la maréchaussée de Gien, qui la condamne à être renfermée à perpétuité.

55. Reine Loison, fille, âgée présentement de 26 ans, native de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Cussy-les-Forges en Bourgogne, diocèse d’Autun, fille, flétrie d’un (V.). Entrée le 10 septembre 1791, par jugement du quatrième Tribunal criminel qui la condamne à être renfermée à perpétuité.

34. Marie Bertrand, âgée présentement de 17 ans et demi, native d’Arrouet en Bourgogne, paroisse Saint-Martin, diocèse de Dijon, Entrée le 31 mairs 1792, par jugement du premier Tribunal criminel pour être détenue pendant six ans. Pour vol de hardes, bijoux et effets, pendant la nuit dans une maison habitée, rue Mirabeau.

35. Antoinette Ducruset, âgée présentement de 37 ans, native de Long-le-Saulnier, diocèse de Besançon, femme d’André Germain, flétrie d’un(V.). Entrée le 16 octobre 1782, par ordre du substitut du procureur général, pour être enfermée à perpétuité.

femmes sorties.

1. Marie-Louise Wabe, âgée présentement de 58 ans, native de la paroisse Saint-Martin de la Fère en Picardie, diocèse de Laon, femme de Louis Hubert. Entrée le 9 septembre 1772, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

2. Catherine Roslet, âgée présentement de 55 ans, native de la paroisse de Vandœuvres, près Bar-sur-Aube, diocèse de Troyes, veuve de Joseph Bazin. Entrée le 18 novembre 1781, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

5. Jeanne Chatou, âgée présentement de 33 ans, native de la paroisse de Genat, diocèse d’Angoulème, fille. Entrée le 14 mai 1765, par lettres de commutation de peines, pour être détenue à perpétuité.

4. Elisabeth Descieux, âgée présentement de 71 ans, native de Valdajou, diocèse de Bezançon, veuve de Michel Vilt, flétrie d’une fleur de lys. Entrée le 17 mars 1787, par arrêt de la Cour, pour être détenue pendant neuf ans.

5. Antoinette Thevenet, âgée présentement de 41 ans, native de Lyon, femme de Joseph-Gabriel Besson. Entrée le 12 décembre 1787, par lettres de commutation de peines, pour être détenue à perpétuité.

6. Elisabeth Varin ou Vérin, âgée présentement de 48 ans, native de Marseille, paroisse des Écoules, femme de Jean-Baptiste Lajeunesse. Entrée le 14 novembre 1766, par ordre du procureur général, pour être détenue à perpétuité.

7. Catherine Littière, âgée présentement de 36 ans, native de Richaumont, diocèse de Laon, veuve d’Albert-Joseph Dumaine. Entrée le 27 février 1786, par ordre du procureur général, confirmatif d’un jugement prévôtal de la maréchaussée de Laon, pour être détenue pendant neuf ans.

8. Marie-Marguerite Dieu, âgée présentement de 34 ans, native de Roquemont près Crépy, diocèse de Soissons, femme de Louis Galois. Entrée le 21 août 1787, par ordre du procureur général, pour être détenue pendant six ans.

9. Marie Gracia, âgée présentement de 53 ans, native de Corneil de la Rivière en Roussillon, veuve de …… Tolligail. Entrée le 1er  octobre 1783, par sentence de la prévôté de l’hôtel du ci-devant roy, pour être détenue comme insensée.

10. Françoise Lépreux, âgée présentement de 16 ans, native de Paris, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, fille. Entrée le 27 janvier 1792, par jugement du cinquième Tribunal criminel, pour être détenue pendant un an.

11. Marie Laureau, âgée présentement de 35 ans, native de la paroisse de Floilly en Bourgogne, veuve de Claude Creuse. Entrée le 20 mars 1792, en vertu d’un jugement du quatrième Tribunal criminel, pour être détenue pendant deux ans.

12. Adélaïde Desplante, fille, âgée présentement de 22 ans et demi, native de Paris, paroisse Saint-Laurent. Entrée le 29 mars 1792, par ordre du deuxième Tribunal criminel, pour être traitée de la maladie vénérienne, et après guérison être réintégrée au cy-devant Châtelet.

15. Marie-Anne Thirel, âgée présentement de 16 ans, native d’Orléans, paroisse Saint-Laurent, fille. Entrée le 12 may 1792, par ordre du département de police de la municipalité de Paris, pour rester jusqu’à 20 ans.

14. Marie-Elisabeth Laureau, âgée présentement de 38 ans et demi, native de Paris, paroisse Saint-Paul, femme de Charles Terzuolo. Entrée le 19 may 1792, par jugement du Tribunal criminel du département de Paris. — Pour quatre ans.

15. Marie-Josèphe Boulogne, âgée présentement de 27 ans, native de Paris, paroisse Saint-Germain l’Auxerrois, fille. Entrée le 25 mai 1792, par jugement du premier Tribunal criminel, pour être détenue pendant deux ans.

16. Madeleine Doyen, âgée présentement de 34 ans, native de Provins en Brie, diocèse de Sens, femme de Jacques Romier. Entrée le 13 juillet 1792, par jugement du sixième Tribunal criminel, pour être détenue pendant trois mois.

17. Marie-Thérèse Poulain, fille, âgée présentement de 17 ans, native de Paris, paroisse Sainte-Marguerite. Entrée le 24 juillet 1792, par jugement du Tribunal criminel de Paris. — Pour huit ans.

18. Angélique Moreau, âgée présentement de 45 ans, native de la Flèche en Anjou, paroisse Saint-Thomas, fille. Entrée le 7 août 1792, par jugement du cinquième Tribunal criminel, pour être détenue pendant trois mois.

19. Marguerite Leclair, âgée présentement de 24 ans, native de Versailles, paroisse ……, département de Seine-et-Oise, fille. Entrée le 27 août 1792, par jugement du Tribunal criminel du département de Paris. — Pour huit ans.

20. Marie-François dite Binon, veuve de Joseph Lefèvre, âgée présentement de 45 ans, native de Paris, paroisse Saint-Eustache. Entrée le 3 septembre 1792, matin, amenée par le sieur Bader, maréchal de logis de la gendarmerie nationale de l’ordre verbal de deux de messieurs les officiers municipaux, séant alors à la Conciergerie.

21. Marie-Françoise Dorlet, dite Sophie Dufour, fille, âgée présentement de 19 ans, native de Paris, paroisse Sainte-Marguerite. Entrée le 25 avril 1792, par jugement du Tribunal de police correctionnelle, pour rester jusqu’au 19 septembre 1793.

22. Catherine Malance, âgée présentement de 25 ans et demi, de Compiègne, diocèse de Senlis, femme d’Ambroise Mouillée. Entrée le 23 avril 1792, par jugement du Tribunal de police correctionnelle, pour rester jusqu’au 23 septembre 1792.

25. Marguerite Charpentier, fille, âgée présentement de 19 ans et demi, native de Paris, paroisse Saint-Benoît. Entrée le 23 mai 1792, par jugement du Tribunal de police correctionnelle, pour rester pendant un an.

24. Emile Desaint, fille, âgée présentement de 28 ans et demi, native de Douay en Flandres, paroisse Saint-Pierre. Entrée le 23 juin 1792, par jugement de police correctionnelle. — Pour trois mois.

25. Françoise Boinet, âgée présentement de 28 ans et demi, native d’Abbeville en Picardie, paroisse Saint-Georges, fille. Entrée le 23 juin 1782, par jugement du Tribunal de police correctionnelle. — Pour un an.

26. Marie-Louise-Antoinette Turpin, fille, âgée présentement de 23 ans quatre mois, native de la Chapelle en Servat, diocèse de Senlis. Entrée le 23 juin 1792, par jugement du Tribunal de police correctionnelle. — Pour trois mois.

27. Bastienne Crocoy, âgée présentement de 53 ans, native de la paroisse Saint-Nicolas en Lorraine, prés Nancy, fille. Entrée le 31 août 1792, par ordre du département de police de la municipalité de Paris, pour rester jusqu’à nouvel ordre.

28. Jacquette-Perrine Hervé, âgée actuellement de 36 ans, native de Rennes, paroisse de Toussaint, fille. Entrée le 24 avril 1788, par arrêt de la Cour. — Pour cinq ans.

29. Marie Liger, âgée présentement de 51 ans, native de Saint-Paris en Vizi, diocèse de Nevers, veuve de François Lambert. Entrée le 30 septembre 1789, par arrêt de la Cour. — Pour trois ans.

30. Jeanne Geneaudeau, âgée présentement de 32 ans, native de la paroisse de Saint-Étienne du Bois en Bas-Poitou, diocèse de Luçon, fille. Entrée le 3 avril 1790, par lettres de commutation de peines. — À perpétuité.

31. Marie-Jeanne Mauger, âgée présentement de 77 ans, native de Senlis, femme de Jean-Baptiste Lesaint. Entrée le 22 avril 1752, par ordre du Roy, pour rester jusqu’à nouvel ordre.

32. Françoise Hubert, fille, âgée présentement de 54 ans et demi native de Chartres en Beauce. Entrée le 15 mars 1758, par ordre du Roy, pour être détenue jusqu’à nouvel ordre.

33. Marie-Charlotte Lagrogne, àgée présentement de 58 ans et demi, native de Prouvais en Champagne, diocèse de Reims, fille. Entrée le 14 avril 1770, par ordre du Roy, pour rester jusqu’à nouvel ordre.

34. Marie-Anne Adam, âgée présentement de 68 ans, native de la paroisse Saint-Remy d’Amiens en Picardie, veuve d’Étienne de Savoye. Entrée le 5 août 1781, par ordre du Roy, pour rester jusqu’à nouvel ordre.

35. Catherine Derrue, âgée présentement de 66 ans, native de Valenciennes, paroisse Saint-Nicolas, diocèse de Cambray, fille. Entrée le 14 août 1780, par ordre du Roy, pour rester jusqu’à nouvel ordre.

36. Catherine Foulet, âgée présentement de 79 ans et demi, native de Paris, paroisse ……, femme de Benoit Heliu. Entrée le 22 janvier 1748, par sentence criminelle, pour être détenue à perpétuité.

37. Geneviève Paillet, âgée présentement de 44 ans et demi, native de Fontainebleau, paroisse Saint-Louis, fille insensée. Entrée le 11 août 1708, par arrêt de la Cour, pour être détenue, nourrie et traitée le reste de ses jours comme les autres insensées.

38. Agathe-Marie Gossot ou Gosserot, âgée présentement de 62 ans et demi, native d’Auxerre en Bourgogne, diocèse d’Autun, veuve de Million Nollié. Entrée le 20 août 1770, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

39. Marie-Madeleine-Felice Contey dite Madeleine, âgée présentement de 33 ans et demi, native de Fontainebleau, diocèse de Sens, fille. Entrée le 19 mars 1778, par lettres de commutation de la peine de mort. Fixée à 10 ans seulement lors de la naissance du cy-devant Dauphin, par le cy-devant prince Louis.

40. Françoise Ristau, âgée présentement de 68 ans et demi, native de Vidaye en Limousin, veuve de François Sardat. Entrée le 30 juin 1778, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

41. Marie-Nicole Arnoud, âgée présentement de 41 ans et demi, native de la paroisse de Vaux-les-Mourons, diocèse de Reims, femme de Pierre Lampson. Entrée le 8 août 1781, par lettres de commutation de la peine de mort.

42. Marie-Anne Rolignaire, âgée présentement de 37 ans et demi, native de l’Allemagne, femme en deuxième noce de Blaise Labare. Entrée le 22 octobre 1783, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

43. Marie-Catherine Pillot, âgée présentement de 56 ans et demi, native de Ferrière en Picardie, diocèse d’Amiens, femme de Jean-Baptiste Nunc. Entrée le 17 février 1781, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

44. Anne Simon, âgée présentement de 49 ans et demi, native d’Heseray en Bourgogne, près et diocèse de Dijon, femme de Jacques Pochard, flétrie d’une fleur de lys. Entrée le 9 novembre 1776, en vertu d’un jugement prévotal de l’Ile-de-France, pour être détenue à perpétuité.

45. Claudine Fayette, âgée présentement de 35 ans et demi, native de Moulins en Bourbonnais, diocèse de Clermont, fille. Entrée le 1er  février 1782, par ordre du procureur général, pour être renfermée en exécution de l’arrêté de la Cour, du 30 janvier 1781, n’est point taxée.

40. Jeanne-Marie Poncet, âgée présentement de 31 ans et demi, native de Saint-Geny-de-Terre-Noire, diocèse de Lyon, fille. Entrée le 30 janvier 1788, par ordre du procureur général en conséquence d’un jugement prévotal. — À perpétuité.

47. Catherine Grapié, âgée présentement de 43 ans et demi, native de Pomac, paroisse de Bazancourt, près et diocèse de Reims, fille. Entrée le 29 avril 1792, pour être traitée du scorbut. Sortant de Bicêtre, où elle était depuis le 17 juillet 1782, en vertu d’un ordre du procureur général portant de la recevoir pour être traitée et guérie de la maladie scorbutique et, après sa guérison, être réintégrée dans les prisons de Saint-Éloy.

48. Marie-Jeanne d’Anjou, âgée présentement de 31 ans et demi, native de la paroisse de Belon en Normandie, diocèse de Coutances, femme de Jacques Belsin. Entrée le 26 mai 1792, par jugement du deuxième Tribunal criminel. — Pour huit ans.

49. Louise Jonquin, âgée présentement de 36 ans et demi, native de Paris, paroisse Sainte-Marguerite, fille. Entrée le 31 mai 1792, par jugement du sixième Tribunal criminel. — Pour quatre ans.

50. Marie-Anne Fixon, âgée présentement de 69 ans, native de Rosière en Picardie, diocèse d’Amiens, femme de Didier Frimaille. Entrée le 20 janvier 1792, par jugement du Tribunal de police correctionnelle, pour être détenue pendant un an.

51. Antoinette Debonnaire, fille, âgée présentement de 29 ans, native du Grand-Grisy, près Brie-Comte-Robert, diocèse de Paris. Entrée le 18 mai 1788, par lettres de commutation de peines. — À perpétuité.

52. Marie-Jeanne Prault, âgée présentement de 37 ans, native de Joigny en Bourgogne, paroisse Saint-Jean, diocèse de Sens, veuve de Jean-Baptiste Masselin, flétrie d’une fleur de lys. Entrée le 28 octobre 1788, par arrêt de la Cour, pour être détenue à perpétuité.

Ces hommes retirés, nous Commissaires avons fait faire en notre présence, sur les vêtements des cadavres, la recherche des effets qui étaient sur eux et dans leurs poches, et il s’est trouvé trente et une pièces tant en anneaux que boucles d’oreilles, croix en or et en argent. Et une somme de huit cent trente-sept livres treize sols, tant en deniers comptant qu’en papier monnoye, dont du tout nous nous sommes chargés pour et par nous être remis à la ditte section du Finistère.

Ce fait, nous Commissaires susdits, avons fait inhumer au cimetière de la ditte maison de la Salpêtrière les cadavres desdites trente-cinq prisonnières dénommées des autres parts. Dont et de quoi avons fait et dressé le présent procès-verbal pour constater leur décès et inhumation, en présence des citoyens Jean-François Dommey, économe, Nicolas-François Le Courtois, commis des bureaux, Charles-François Denis, aussi commis, et Pierre Piat, fossoyeur, tous demeurant en la susditte maison.

Approuvé, deux mots rayés comme nuls

Signé : Bertrand, commissaire de section ; Le Courtois,
Piat, Denis, Dommey.



NUMÉRO 8


la croyance aux sorciers au dix-neuvième siècle.


TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE BORDEAUX
Audience du 23 juillet 1872.


moyens de ramener un époux infidèle. — sortilège. — escroqueries montant à 60 000 francs.

L’accusée est une femme d’une cinquantaine d’années. Si elle n’a pas d’antécédents judiciaires, du moins sa conduite passée est loin d’être honorable au point de vue des mœurs. Séparée de son mari, elle est obligée d’avouer qu’elle a eu de nombreux amants.

Quant à la plaignante, elle a trente-six ans. Mariée à un important négociant de chiffons, elle croyait à l’infidélité de son mari.

Voici comment elle raconte les moyens employés par elle pour ramener à ses devoirs son époux.

Elle dépose ainsi, après avoir déclaré s’appeler madame P. aîné :

Une femme de journée que j’avais, accoucha, et elle prétendit partout que le père de son enfant était mon mari ; cela m’affligea beaucoup. J’avais fait la connaissance de la femme Aurausan, qui passait pour avoir une moralité déplorable ; elle vint presque tous les jours chez moi.

Au bout d’un certain temps, je lui racontai mes chagrins ; elle me dit de ne pas quitter mon mari, qu’il n’y avait qu’un temps pour cela. Elle me déclara que c’était une sorcière qui avait vendu l’âme de mon mari ; elle me proposa de racheter cette âme moyennant 1 000 fr., me disant qu’elle allait acheter du drap rouge pour le porter au diable. Ma mère me prêta les 1 000 fr., lui ayant dit que j’avais perdu un billet de banque, et que c’était pour que mon mari ne s’aperçût de rien que je lui faisais cet emprunt.

La femme Aurausan me dit un jour : « Lorsque je porte de l’argent au démon, il est toujours en blouse ; il a les pieds fourchus et les mains en feu. »

Il y a deux ans, elle vint me chercher 40 fr. pour acheter un bouc, et elle chercha à me faire comprendre que ce bouc était une pauvre fille, ainsi enchaînée pour sept ans, et qu’en l’achetant elle délivrerait cette malheureuse, qui aurait de la reconnaissance pour elle.

Un jour, elle me dit que les gâteaux et les bouquets pour la fête de mon mari étaient empoisonnés ; le soir, elle vint faire des prières pour extraire le poison.

Pendant la construction de la rue du Peugue, elle disait qu’on voulait nous enlever. Nous entendîmes du bruit pendant une nuit ; je lui donnai 6 fr. tous les soirs pour empêcher que mon sommeil fût troublé.

Un de mes enfants tomba malade ; la femme Aurausan me dit que Marc, qui était un démon caché sous la forme d’un chat noir, lui avait recommandé, pour le salut de mes enfants, de faire des neuvaines. Je lui répondis d’aller en faire à Saint-Fort-Sainte-Germaine ; je lui donnai l’argent nécessaire ; je lui en donnai aussi pour acheter des chandelles et les faire brûler. On devait en brûler douze et la treizième était marquée par moi de treize coups d’ongle. D’après elle, ces treize coups devaient faire beaucoup souffrir le démon. Elle me faisait payer chaque chandelle 5 fr.

J’agissais ainsi parce que je voulais délivrer mes enfants du démon. L’un d’eux, d’après ce qu’elle disait, avait des griffes au lieu d’ongles, avec des coups de lance au cou ; c’est elle qui lui avait donné des coups de lance ; elle frottait les cicatrices avec de l’onguent qu’elle faisait payer 30 fr. Elle disait qu’il y avait 10 fr. pour le démon, nommé « Coup de Lance », et 10 fr. pour la maison qui avait fourni l’onguent. Elle disait qu’elle endurait beaucoup de tortures pour ma famille et pour moi. Elle montrait sa chemise, qui était très-sale et me disait qu’elle avait porté le démon à l’endroit où un de mes enfants avait été nourri.

Un jour, elle me montra son épaule, et j’y ai vu deux énormes pattes rouges. Elle faisait de la magie chez moi et profitait de l’absence de mon mari pour donner ses représentations. Un jour, je reçus un fort coup de poing sans voir personne.

Je prenais de l’argent à la caisse de mon mari, à son insu. La femme Aurausan me disait de ne pas parler de cela à mon mari, parce que, autrement, j’aurais été immédiatement couverte d’une peau de bête. Elle avait au doigt une bague pour appeler les esprits, et une autre sur laquelle étaient ces mots : « Dieu garde, » qui avait pour effet de la délivrer lorsqu’elle luttait avec les esprits.

Au commencent de la république, le démon Marc l’a emportée dans les airs. Ils sont allés à Paris. Marc a enfoncé la porte des Tuileries. Ensuite, revenue à Bordeaux, elle nous a apporté les deux premières médailles de la république qu’on ait vues à Bordeaux.

Pendant un an, je remis à cette femme, deux fois par semaine, mercredi et samedi, 85 fr., soit 170 fr. par semaine. Pendant quatre ans, deux fois par semaine, mercredi et samedi, 65 fr., soit 130 fr. Plus 2 fr. par jour pour cierges, pendant cinq ans ; 28 fr. chaque dimanche, jusqu’au 30 avril 1871. Total, 60 000 fr. environ.

Après cette déposition, sont entendus plusieurs témoins qui parlent de l’extrême misère de la femme Aurausan avant d’avoir fait la connaissance de la dame P., son opulence après qu’elle devint son inséparable ; elle avait voitures, biens de campagne, domestiques, etc.

La femme Aurausan essaye d’expliquer tout cela ; elle nie tous les faits reprochés par la femme P. ; au lieu d’être riche, elle est aussi pauvre qu’avant de l’avoir connue, etc.

Le tribunal rend un jugement qui condamne la femme Aurausan à trois ans de prison et 1 000 fr. d’amende.

(Extrait de la Gazette des Tribunaux.)

NUMÉRO 9


FEUILLE HEBDOMADAIRE D’ILLENAU
8e année

49e numéro.                     SAMEDI, 21 NOVEMBRE.                    1874.

De la législation des aliénés, de la loi française des aliénés, par le D’Pelman, directeur de l’asile de Stefausfeld[3].

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Croquis de voyage (suite).
voyage en angleterre.

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Prêts de livres.

La bibliothèque récréative d’Illenau fera dorénavant ses prêts les mercredis et jeudis de 1 heure à 2 heures aux habitants d’Achern (la bibliothèque est toujours ouverte aux pensionnaires).


Chronique locale.

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Le 5 ont commencé dans le grand salon les bals de dames, qui sont suivis par beaucoup de pensionnaires de cette section. Celles auxquelles la danse est interdite, y assistent comme spectatrices.

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Dans le mois de novembre les admissions augmentent ; le 17 nous avions déjà reçu 21 pensionnaires. Dans tout le mois de novembre 1873, il n’y avait eu que 24 entrées.


Boîte aux lettres.

12, envoi reçu. — 38, s’occupe peu. — 40, reste tranquille. — 43, encore de même. — 47, de même. — 71, plus ou moins obsédé par ses impressions. — 105, tranquille. — 212, dessine beaucoup. — 214, voudrait quitter. — 229, malade physiquement. — 245, de même. — 270, se réjouit du changement. — 329, attend une visite. — 335, très-troublé. — 416, bonne disposition d’esprit. — 446, insiste pour quitter. — 451, sans changement. — 488, content, pas encore d’amélioration. — 117, passable, se tient tranquille. — 141, s’occupe beaucoup de ses projets de retour. — 222, envoi reçu, de nouveau plus gai. — 232, aucun changement. — 298, toujours inabordable aux médecins et aux pensionnaires. — 332 se tient souvent au lit. — 342, parfois impérieux, mais pas désobligeant, envoi reçu. — 384, mange moins ; crie plus. — 339, troublé et excité. — 401, dominé par des sensations pénibles. — 410, tricote parfois un peu. — 419, mange un peu mieux. — 427, inquiétude et trouble modérés. — 450, satisfait et inoccupé — 459, travaille plus ou moins. — 482, heureux de l’envoi, n’est pas triste. — 15, satisfaisant. — 21, toujours très-laborieux et soumis. — 33, très-bonne tenue, s’occupe toujours. — 46, un peu plus doux, mais se trouble aisément. — 63, se plaint davantage. — 278, état d’esprit passable. — 305, la situation très-améliorée se maintient de la manière la plus satisfaisante. — 355, actuellement très-satisfaisant. — 370, même état. — 375, attend la visite promise. — 379, sans changement. — 402, la démence et l’agitation augmentent. — 433, se conduit bien, désire retourner chez lui. — 454, amélioration très-satisfaisante. — 457, fait de nouveaux progrès. — 460, un peu plus tranquille, quelquefois peu raisonnable. — 475, un peu plus libre ; s’occupe. — 476, ne veut pas écrire ; état sans changement — 480, de nouveau plus agité. — 481, grande faiblesse d’esprit, mais obéissant et affable. — 484, très-satisfaisant ; sociable ; fait de la musique. — 485, assez nerveux dans ces derniers jours ; maintenant un peu mieux. — 487, est plus tranquille ; l’esprit toujours obsédé. — 1, sans changement. — 11, plus agité. — 87, amélioration, mais le sens de l’ouïe toujours très-troublé. — 32, bonne disposition d’esprit se maintient ; envoi reçu avec joie. — 57, se fortifie. — 65, parfois un peu indisposé. — 78, mécontent de certaines choses. — 121, parfois accablé. — 131, encore légère agitation. — 256, le plus souvent calme ; situation d’esprit variable ; remerciements pour la lettre et son contenu. — 317, encore souvent des cris d’angoisse. — 343, demande souvent à s’en aller. — 347, ce ne serait pas obtenir un bon résultat ; encore de la patience. — 373, encore un progrès. — 377, sans changement. — 389, prend part avec bienveillance. — 392, un peu moins intimidé. — 394, meilleure mine. — 396, très-aimable, mais a encore certaines idées étranges. — 397, se maintient bien. — 409, de mieux en mieux. — 411, attend qu’on l’emmène. — 414, variable ; envoi reçu. — 429, heureux de l’envoi. — 430, sans changement. — 434, encore quelque fatigue. — 435, l’amélioration fait des progrès. — 439, se maintient. — 440, vœux amicaux. — 441, démence. — 449, un peu mieux. — 452, pas encore tout à fait bien. — 453, encore quelque fatigue. — 458, conduite plus régulière. — 464, encore capricieux. — 467, calme, meilleure mine. — 469, beaucoup plus tranquille. — 477, mélancolique. — 479, ne mange pas encore bien.

Rédigé sous la responsabilité du conseiller intime le docteur C. Hergt, à Illenau. — Imprimé chez Ch. Fr. Müller, imprimerie de la cour, à Carlsruhe.


  1. Louis XVI et sa cour, par Amédée Renée, p. 255-256. 1 vol. in-8. Paris, Firmin Didot, 1858. 2e édition.
  2. C’est à la suite de cette note, due à un chef de service, que l’organisation du Bureau central a été complétée.
  3. Je ne donne traduction que de ce qui a strictement rapport aux aliénés et à l’asile d’Illenau : le journal contient différents articles dont je n’ai fait qu’indiquer le titre ; le document important et que je voudrais voir imité dans nos asiles, c’est la boite aux lettres.