Paris en l’an 2000/Écoles supérieures

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Chez l’Auteur et la Librairie de la Renaissance (p. 103-105).

§ 4.

Écoles supérieures.

Les écoles supérieures ressemblent exactement aux secondaires, sauf qu’on y reçoit des élèves plus âgés et déjà plus instruits et qu’on y pousse plus avant l’enseignement de la littérature, des sciences naturelles et exactes et des arts d’agrément.

On y passe de même des examens mensuels et de fin d’année qui servent à classer les enfants, à connaître leurs aptitudes diverses et à diriger leurs études en conséquence.

Ainsi, suivant que les élèves montrent plus de dispositions pour les sciences, pour les lettres ou pour les beaux-arts, on les pousse dans l’une de ces trois directions et on leur permet de consacrer plus de temps à leurs travaux favoris. Cette méthode a l’avantage de ne pas fatiguer les pensionnaires par des leçons inutiles en même temps qu’elle leur fait faire des progrès plus rapides dans les connaissances pour lesquelles ils ont de la vocation, les élèves travaillant alors avec une ardeur extraordinaire que leurs maîtres sont obligés de modérer, car elle pourrait nuire à leur santé. Après deux ou trois années passées dans ces écoles supérieures, les jeunes gens ont achevé leur éducation, et, ayant atteint l’âge de choisir un état, ils embrassent telle ou telle profession selon le genre d’études qu’ils ont suivi.


En résumé, dans la République sociale, le système général de l’Instruction publique se trouve composé de classes et d’écoles progressives dans lesquelles les enfants ne peuvent être admis qu’en subissant des examens de plus en plus difficiles.

L’élève studieux et intelligent, qui répond toujours bien à tous ses examens, peut donc faire toutes ses classes et arriver jusque dans les écoles supérieures.

Les enfants moins bien doués ou moins laborieux ne font, eux, que des classes plus ou moins incomplètes. Ils restent dans les écoles secondaires ou même dans les écoles primaires, et, lorsque arrive pour eux l’âge de choisir un métier, ils en prennent un en harmonie avec la dose d’instruction qu’ils ont acquise.

Sans doute, il en résulte une grande inégalité entre les citoyens dont les uns sont assez ignorants et voués aux arts manuels, tandis que les autres, parfaitement instruits, exercent des professions libérales. Mais, la faute en est aux seuls enfants qui n’ont pas su ou voulu profiter des leçons qu’on leur prodiguait et personne n’a le droit de se plaindre, parce que tout le monde a été mis à même de s’instruire et de recevoir une éducation complète.

C’est tout l’opposé de ce qui avait lieu sous l’ancien régime : en ce temps-là, les enfants des pauvres était obligés de quitter l’école pour l’atelier et il leur fallait rester ignorants alors même qu’ils avaient les dispositions les plus merveilleuses pour l’étude, tandis que les fils de famille passaient toute leur jeunesse dans des collèges où ils n’apprenaient absolument rien et ne s’étudiaient qu’à faire enrager les honorables professeurs chargés d’instruire tous ces petits fainéants.