Pausanias, Attique-1, chapitre V

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Description de la Grèce de Pausanias, tome 1
Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (1p. 31-36).
chapitre V.

Le Tholus. Les Héros Eponymes. Adrien.
L’Édifice nommé le Tholus est auprès du sénat des cinq cents. Les Prytanes y offrent des sacrifices et on y voit quelques petites statues d’argent. Un peu plus haut sont les statues des héros dont les tribus d’Athènes ont dans la suite pris les noms. Hérodote nous fait connoître ce lui qui porta de quatre à dix le nombre des tribus, et changea leurs anciens noms. Les Eponymes ( c’est le nom qu’on donne à ces héros,) sont Hippothoon, fils de Neptune et d’Alopé, fille de Cercyon ; Antiochus, fils d’Hercules et de Midée, fille de Phylas, et Ajax, fils de Télamon. Les héros Athéniens sont, Léos, qui, d’après un oracle, livra sa fille pour le salut de l’état ; Erechthée, qui défit les Eleusiniens et tua leur général Immaradus, fils d’Eumolpe ; Ægée, Enée, fils naturel de Pandion, et Acamas l’un des fils de Thésée.

Quant à Cecrops et à Pandion dont on voit aussi les statues parmi celles des Eponymes, je ne sais pas quels sont les personnages honorés sous ces noms-là ; deux Cécrops, en effet, ont été rois, le premier est celui qui avoit épousé la fille de Cranaus ; un autre Cécrops, fils d’Erechthée, petit-fils de Pandion, arrière petit-fils d’Erichtonius, régna dans la suite et finit par aller s’établir dans l’Eubée. On connoît aussi deux Pandions qui ont régné ; le premier, fils d’Erichthonius, et l’autre, fils du second Cécrops. Ce dernier ayant été détrôné par les Métionides se réfugia avec ses enfants chez Pylas, roi de Mégare, dont il avoit épousé la fille ; il y mourut de maladie,

dit-on, et son tombeau se voit dans la Mégaride sur le rocher de Minerve Æthyia, près de la mer. Ses fils étant revenus de Mégare, chassèrent les Métionides, et Ægée leur aîné monta sur le trône d’Athènes. Ce Pandion fut malheureux en filles, et elles ne laissèrent point de fils pour le venger. Il avoit cependant, pour sa sureté, contracté une alliance avec un roi Thrace, mais il est impossible aux humains de prévenir ce qui a été résolu par les dieux. On raconte que Térée, qui avoit épousé Progné, déshonora Philomèle, action contraire à toutes les lois reçues dans la Grèce, et que de plus, il la mutila, ce qui mit ces deux femmes dans la nécessité de se venger de lui. Il y a dans la citadelle une statue de Pandion qui mérite d’être vue. Ce sont là les anciens héros Eponymes. Quelques tribus, depuis, ont pris les noms d’Attale, roi de Mysie ; de Ptolémée, roi d’Egypte, et de mon temps, celui de l’empereur Adrien, prince qui a donné le plus grand lustre au culte des dieux et qui a tout fait pour le bonheur de chacun des peuples soumis à son empire. Il n’a jamais entrepris aucune guerre sans у être forcé, il a dompté les Hébreux, peuple des pays au-dessus de la Syrie, qui s’étoient révoltés : les temples qu’il a fait bâtir en entier, ceux qu’il a enrichis de ses offrandes ou agrandis par de nouvelles constructions, les dons qu’il a faits à des villes Grecques et même à des villes barbares qui ont eu recours à lui, tout cela se trouve écrit à Athènes dans le temple consacré à tous les Dieux.