Pauvres fleurs/J’avais froid

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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 77-78).



J’AVAIS FROID.


Je l’ai rêvé ! ç’eût été beau
De s’appeler ta bien-aimée ;
D’entrer sous ton aile enflammée,
Où l’on monte par le tombeau :
Il résume une vie entière,
Ce rêve lu dans un regard :
Je sais pourtant que ta paupière
En troubla mes jours par hasard.


Non, tu ne cherchais pas mes yeux,
Quand tu leur appris la tendresse ;
Ton cœur s’essayait sans ivresse,
Il avait froid, sevré des cieux :
Seule aussi dans ma paix profonde,
Vois-tu, j’avais froid comme toi,
Et ta vie en s’ouvrant au monde,
Laissa tomber du feu sur moi.

Je t’aime comme un pauvre enfant,
Soumis au ciel quand le ciel change ;
Je veux ce que tu veux, mon ange,
Je rends les fleurs qu’on me défend.
Couvre de larmes et de cendre,
Tout le ciel de mon avenir :
Tu m’élevas ; fais-moi descendre ;
Dieu n’ôte pas le souvenir !