Pauvres fleurs/Je l’ai promis

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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 75-76).



JE L’AI PROMIS.


Et quoique je ne me sente coupable de rien, encore ne puis-je me justifier pour cela,

— J.-Christ. —


Tu me reprends ton amitié ;
Je n’ai donc plus rien dans le monde,
Rien que ma tristesse profonde :
N’en souffris-tu que la moitié,
Toi, dans ta mobile amitié,
Va ! je plaindrai ta vie amère :
Que Dieu pour l’amour de sa mère,
Ou pour moi, te prenne en pitié.


On ne commande pas l’amour,
Il n’obéit pas, il se donne ;
Voilà pourquoi je te pardonne :
Mais tu m’as tant aimée un jour,
Que j’en demeurai tout amour.
Pour une autre as-tu fait de même ;
Aime donc long-temps, si l’on t’aime ;
C’est mortel quand ce n’est qu’un jour.

Et ma part de bonheur promis,
Comme aux plus humbles de la terre,
Bonheur qu’avec un saint mystère,
Entre tes mains j’avais remis,
Dans l’abandon d’un cœur soumis ;
Si j’en résigne le partage,
C’est pour l’en laisser davantage ;
Rien pour moi, rien. Je l’ai promis !