Pelham/16

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Pelham, ou les Aventures d’un gentleman (1828)
Hachette (Tome Ip. 60-69).


CHAPITRE XVI


En arrivant à Paris j’avais pris un maître de français pour me perfectionner dans la prononciation parisienne. Ce brocanteur de pronoms s’appelait Margot. C’était un homme grand, solennel, d’une gravité imperturbable. Il n’aurait pas eu son pareil pour être croque-mort. Ses cheveux étaient d’un jaune pâle, et semblaient avoir emprunté quelque chose à la couleur bilieuse de son teint. Ce teint était d’un jaune de safran si foncé qu’on eût dit qu’il avait à sa disposition non pas un foie, mais dix pour lui fournir une jaunisse si riche en couleur. Il avait le front haut, étroit, et chauve. Ses pommettes étaient extrêmement proéminentes et ses joues si maigres que plus heureuses en cela que Pyrame et Thisbé séparés à jamais, elles pouvaient s’unir et s’embrasser en dedans sans obstacle. Sa face longue et pointue ressemblait à une pyramide renversée, et elle était garnie, de chaque côté, d’une paire de favoris misérables et mal nourris qui semblaient avoir peine à se soutenir au milieu de ces symptômes généraux d’atrophie et de décadence. Cette charmante physionomie servait de couronnement à un personnage si long, si droit, si ténébreux, qu’on eût dit un obélisque poitrinaire.

Mais le caractère distinctif de l’homme c’était cette gravité merveilleuse dont j’ai parlé. Il était impossible d’arracher à sa figure un sourire : autant aurait valu s’adresser aux pincettes. Il ne faudrait pas croire pour cela, que M. Margot fût le moins du monde un homme mélancolique. Il aimait la plaisanterie, le vin et les bons dîners, absolument comme aurait fait un homme gras ; on croyait voir une antithèse vivante quand on entendait une bonne histoire, ou un mot plaisant s’échapper gaillardement de cette grande bouche tordue ; c’était à la fois du pathos et du paradoxe, quelque chose comme la souris sortant de son trou dans la cathédrale d’Ely.

J’ai dit que cette gravité était le caractère principal de la physionomie de M. Margot ; je me trompais ; il avait deux autres traits tout aussi caractéristiques : l’un était une admiration ardente pour les actions chevaleresques, l’autre une admiration ardente pour lui-même. Ce sont là des traits assez communs du caractère français ; mais en les poussant à l’extrême M. Margot sortait du commun. C’était le plus parfait modèle du chevalier amoureux, un mélange de Don Quichotte et de Lauzun. Quand il parlait du temps présent, il jetait toujours un regard sur le passé et racontait une anecdote sur Bayard. Quand il conjuguait un verbe, il s’arrêtait pour me dire que le verbe favori de ses élèves du sexe féminin était je t’aime.

Enfin il racontait, sur ses bonnes fortunes et sur les exploits de quelques autres personnes, des histoires qui, sans aucune exagération, étaient aussi longues et aussi peu substantielles que lui-même. Ses bonnes fortunes étaient du reste son thème favori. À l’entendre, on aurait pu croire que son visage en empruntant la finesse d’une aiguille à boussole, en avait emprunté aussi la vertu magnétique ! telle était la gentillesse et la modestie de M. Margot !

« C’est fort extraordinaire, me disait-il, fort extraordinaire ! car je n’ai guère le temps de m’occuper de ces sortes d’affaires ; ce n’est pas, monsieur, comme si j’avais des loisirs à consacrer à tous les petits préliminaires par lesquels on fait naître une belle passion. Non, Monsieur, je ne puix pas aller à l’église, au théâtre, aux Tuileries, pour goûter un instant de repos, que je ne sois partout accablé par ma bonne fortune. Je ne suis pas beau, Monsieur, du moins, pas très-beau ; il est vrai que j’ai de l’expression, un certain air noble (mon cousin germain, Monsieur, est le chevalier de Margot) et surtout de l’âme dans la physionomie. Les femmes aiment l’âme, Monsieur ; quand on a quelque chose d’intelligent et de spirituel, il n’en faut pas davantage pour leur plaire ; mais c’est égal, mes succès ont quelque chose de singulier !

Dame aussi, monsieur, lui répondis-je, avec de la dignité, de l’expression et de l’âme, comment voulez-vous trouver une seule Française dont le cœur vous résiste ! Non, vous ne vous rendez pas justice. On a dit de César qu’il était grand sans effort ; à plus forte raison, M. Margot doit-il être heureux sans se donner de mal.

— Ah ! Monsieur, reprit le Français, de qui l’on pouvait dire :


Aussi faible, aussi grave et sérieux sans doute
Que le vieux Lanesbro dansant avec la goutte,


ah ! monsieur, il y a dans vos remarques une profondeur et une vérité dignes de Montaigne. Comme il est impossible de se rendre compte des caprices d’une femme, il est conséquemment impossible d’analyser le mérite qu’elles trouvent en nous. Mais, Monsieur, tenez, dans la maison que j’habite, il y a une dame anglaise, en pension ; eh bien, Monsieur, vous devinez le reste ! elle a pris un caprice pour moi, et cette nuit même elle doit m’introduire dans son appartement. Elle est très-jolie. — Ah ! qu’elle est belle ! une jolie petite bouche, une denture éblouissante, un nez tout à fait grec, enfin un vrai bouton de rose ! »

Je témoignai à M. Margot combien j’étais jaloux de sa bonne fortune ; il s’étendit longuement sur ce sujet et s’en alla. Un instant après Vincent entra : « J’ai une invitation à dîner pour nous deux, aujourd’hui, me dit-il, voulez, vous venir ?

— Très-volontiers, lui répondis-je, mais quelle est la personne qui nous fait cet honneur ?

— Madame Laurent, répondit Vincent, une de ces dames qu’on ne trouve qu’à Paris, et qui vivent de tout autre chose que de leurs revenus. Elle tient une table passable, fréquentée par des Russes, des Polonais, des Autrichiens et des Français désœuvrés :


Peregrinæ gentis amœnum hospitium.


Jusqu’ici elle n’a pas eu le bonheur de faire la connaissance d’un seul Anglais (cependant elle a en pension une de nos compatriotes) et (comme elle a le désir de faire fortune le plus vite possible) elle est très-jalouse d’avoir l’honneur de faire notre connaissance. On lui a parlé fort avantageusement de notre fortune et de notre sagesse, et elle se flatte de voir en nous les Grandes-Indes en personne. À dire le vrai, une Française pense qu’elle ne doit jamais renoncer à faire fortune, tant qu’il y a quelque riche imbécile dans le monde,


Stultitiam patiuntur opes ;


voilà son espoir ; et


Ut tu fortunam, sic nos te, Celse, feremus,


voilà sa devise.

— Madame Laurent, répétai-je, mais c’est le nom de l’hôtesse de M. Margot, j’en suis sûr.

— J’espère que non, s’écria Vincent, dans l’intérêt de notre dîner. Car la mine de ce Monsieur ne fait guère honneur à la cuisine de son hôtesse :


En faisant bonne chère on devrait être gras.


— Après tout, dis-je, nous pouvons toujours essayer de la bonne dame pour une fois. Je suis curieux de voir une compatriote à nous, celle probablement dont vous parliez, et que M. Margot m’a peinte sous les plus brillantes couleurs. De plus, elle s’est prise d’un violent caprice pour mon solennel précepteur. Que pensez-vous de cela, Vincent ?

— Il n’y a rien d’extraordinaire à cela, me dit-il, la dame n’a qu’à dire comme le moraliste :


Amour, vertu, valeur, amitié, dons charmants !
Tout cela pêle-mêle, avec ces ossements
Est enfoui. La tombe a des beautés étranges ! »


Je répondis par quelques calembours et nous allâmes faire un tour aux Tuileries pour gagner de l’appétit, avant de paraître au dîner de madame Laurent.

À cinq heures et demie, nous nous rendions à l’endroit indiqué. Madame Laurent nous reçut avec des marques non équivoques de satisfaction, et nous présenta immédiatement à la dame anglaise. C’était une jolie blonde à la mine éveillée, dont les yeux et la bouche annonçaient, à ne s’y pas tromper, plus de gaîté que d’honnêteté, et plus d’esprit que de sincérité.

Monsieur Margot ne tarda pas à faire son entrée. Quoiqu’il dût être très-surpris de me voir, il ne laissa paraître aucune jalousie de nos attentions pour son inamorata. Certes, le brave Monsieur était beaucoup trop satisfait de lui-même pour être tourmenté de ces soupçons auxquels sont sujets les amoureux peu favorisés. Je m’assis à table à côté de la jolie Anglaise qui s’appelait Green.

« Monsieur Margot, lui dis-je, m’a souvent parlé de vous avant que j’eusse le plaisir de me convaincre par moi-même qu’il n’y avait rien d’exagéré dans les sentiments que vous lui inspirez.

— Ah ! s’écria mistress Green avec un malin sourire, vous connaissez donc M. Margot ?

— J’ai cet honneur, lui dis-je, je reçois de lui tous les matins des leçons d’amour et de prononciation ; et il enseigne l’un et l’autre à merveille. »

Mistress Green se mit à éclater de rire.

« Ah ! le pauvre professeur, s’écria-t-elle, quel être ridicule !

— Il me raconte, dis-je gravement, qu’il est accablé de bonnes fortunes, peut-être même se flatte-t-il que vous n’êtes pas tout à fait insensible à ses hommages.

— Dites-moi, monsieur Pelham, me dit la blonde mistress Green, pouvez-vous passer ce soir par cette rue à minuit et demi ?

— Je m’arrangerai pour cela, lui répondis-je quelque peu surpris de cette question.

— Eh bien ! n’y manquez pas, me dit-elle, et maintenant parlons de la vieille Angleterre. »

En sortant je racontai à Vincent l’histoire de mon rendez-vous.

« Quoi ! dit-il, Monsieur Margot éclipsé ? c’est impossible !

— Vous avez raison, répliquai-je, aussi n’ai-je pas cet espoir ; il doit y avoir là-dessous quelque bonne plaisanterie dont nous pouvons bien nous donner le spectacle.

— J’y consens de tout mon cœur, répondit Vincent ; en attendant, allons chez la duchesse de G***. »

J’y consentis et nous nous fîmes conduire rue de…

La duchesse de G*** était un magnifique spécimen des personnages de l’ancien régime, grande, majestueuse, des cheveux gris crêpés qui étaient bien à elle, coiffée d’un bonnet haut de forme, en blonde du plus bel éclat. Elle avait été de la première émigration, et elle avait passé quelques mois chez ma mère qu’elle faisait profession de placer au rang de ses meilleures amies. La duchesse offrait au plus haut degré ce singulier mélange d’ostentation et d’ignorance si particulier aux anti-révolutionnaires. Elle était femme à parler de la dernière tragédie avec le ton emphatique d’un connaisseur, et immédiatement vous demandait, comme Marie-Antoinette, pourquoi le pauvre peuple demandait du pain à grands cris, quand il pouvait acheter de si jolies petites brioches à deux sous ?

« Pour vous donner une idée des Irlandais, disait-elle un jour à une marquise très-questionneuse, sachez que ce sont des gens qui aiment mieux les pommes de terre que le mouton ! »

Ses soirées étaient des plus agréables. Elle réunissait tout ce qu’il y avait d’hommes remarquables par leur nom ou leur talent dans le parti ultra, et elle avait la prétention d’être un Mécène en jupons ; mathématiciens, romanciers, poètes, naturalistes, tout le monde y trouvait la porte ouverte à deux battants, et elle causait avec chaque personne d’un ton d’aisance parfaite, sans jamais être prise au dépourvu.

On venait précisément de jouer une pièce nouvelle et la conversation après quelques oscillations préliminaires roula sur ce sujet.

« Vous voyez, nous dit la duchesse, que si vous avez des auteurs, nous avons des acteurs. À quoi cela vous sert-il de nous vanter votre Shakspeare, si votre Liseton, avec tout son mérite, ne peut être comparé à notre Talma ?

— Pourtant, dis-je, en conservant ma gravité avec un aplomb qui faillit faire éclater Vincent et quelques autres Anglais, madame avouera qu’il existe une ressemblance frappante entre ces deux personnes pour la figure, et pour la sublimité du jeu.

Pour ça, j’en conviens, répliqua cette excellente duchesse qui rappelait si bien quelque personnage de la Critique de l’École des femmes, mais cependant Liseton n’a pas la nature, l’âme, la grandeur de Talma.

— Voulez-vous dire cela que nous n’avons pas d’acteurs de talent ? dit Vincent.

— Mais non, dans le genre comique, par exemple, Kean votre bouffon met dix fois plus d’esprit et de drôlerie dans ses rôles que La Porte.

— L’impartialité et la profondeur du jugement de madame n’admettent pas de réplique sur ce point, lui dis-je ; mais que pense-t-elle de l’état actuel de notre littérature dramatique ?

— Ah ! répliqua la duchesse, vous avez de grands poètes ; mais quand ils veulent écrire pour la scène ils ne font rien de bon ; la pièce de Rob-Roy de votre Walter Scott est bien inférieure à son roman.

— C’est un grand malheur, dis-je, que Byron n’ait pas voulu mettre son Childe Harold en tragédie ; il a tant d’énergie, d’action, de variété !

— C’est bien vrai, reprit la duchesse avec un soupir, mais la tragédie, après tout, n’a été bien comprise qu’en France ; nous seuls l’avons poussée jusqu’à la perfection.

— Pourtant, dis-je, Goldoni a écrit quelques bonnes tragédies.

— C’est possible ! dit-elle, mais une rose ne fait pas un jardin. »

Et satisfaite de cette observation, la femme savante se tourna vers un voyageur célèbre et entama avec lui la question du passage du Pôle Nord.

Il y avait là un ou deux Anglais de mérite ; Vincent et moi nous allâmes les rejoindre.

« Vous êtes-vous trouvé avec le prince de Perse ? me dit sir George Lynton ; c’est un homme de beaucoup de talent et très-désireux de s’instruire. Il a l’intention de publier ses observations sur Paris ; je suppose que nous aurons là un admirable complément aux Lettres Persanes de Montesquieu !

— Je le voudrais bien, dit Vincent, il n’y a pas de meilleures satires des pays civilisés que les observations des visiteurs moins avancés. Au contraire les voyageurs civilisés, en nous décrivant les mœurs des sauvages, au lieu de nous faire concevoir du mépris pour les gens qu’ils visitent, font tomber la satire sur les visiteurs mêmes. Tacite n’aurait pas pu imaginer une satire plus belle et plus noble de la dépravation de Rome, que celle qu’il laisse entrevoir dans son traité de la simplicité des peuples Germains.

— Quel est, dit monsieur d’E. (un intelligent ci-devant), votre écrivain politique le plus estimé ?

— Cela est difficile à dire, répondit Vincent ; autant de partis différents, autant d’idoles ; mais je pense que je puis m’aventurer à nommer Bolingbroke comme l’un des plus populaires. On aurait peine à trouver un nom plus souvent cité et discuté que le sien. Cependant ce n’est pas par leur valeur politique que se recommandent surtout ses écrits politiques ; ils renferment des sentiments élevés, et des vérités de premier ordre semées çà et là. Mais il écrivait à une époque où la législation, fort débattue, était assez mal entendue, et considérée plutôt comme un admirable expédient du moment que comme une œuvre parfaite en elle-même. La vie de Bolingbroke est plus instructive que ses écrits ; et l’auteur qui nous donnera une biographie complète et impartiale de cet homme extraordinaire, comblera une des plus importantes lacunes de la littérature philosophique et politique de l’Angleterre.

— Il me semble, dit monsieur d’E., que ce qui manque surtout à votre littérature, ce sont les biographies ; n’êtes-vous pas de mon avis ?

— Sans aucun doute ! répondit Vincent, nous ne possédons pas un seul ouvrage qui puisse être considéré comme un modèle de biographie (si ce n’est peut-être la vie de Cicéron par Middleton). Ici se présente une remarque que j’ai souvent faite en comparant nos philosophes avec les vôtres. Vous excellez dans les biographies, les mémoires, la comédie, les observations satiriques sur certaines classes de la société, les aphorismes ingénieux ; mais vous êtes plutôt portés à considérer l’homme dans ses rapports avec la société, et à étudier les divers mouvements de l’activité humaine, qu’à vous plonger dans la contemplation des opérations abstraites et métaphysiques de l’esprit. Nos écrivains, au contraire, se complaisent davantage dans les spéculations abstraites ; ils aiment à considérer l’homme isolé, à le regarder penser quand il est seul dans sa chambre, tandis que vous, vous aimez mieux le voir agir dans le monde au milieu de la foule.

— Il faut avouer, dit M. d’E., que s’il en est ainsi, à supposer que vos philosophes soient plus profonds, les nôtres sont plus utiles. »

Vincent ne répondit pas.

« Mais, dit sir George Lynton, en ce sens même vos philosophes auraient le dessous car, comme leurs maximes sont moins généralement applicables, il en résulte qu’elles sont moins utiles. Les ouvrages qui traitent de l’homme dans ses relations avec la société ne peuvent être absolument applicables qu’autant que dure le genre de relations sociales dont ils traitent. Par exemple, le théâtre fait la satire d’une certaine classe d’individus : eh bien, quelle que soit la profondeur des réflexions, et l’exactitude des détails satiriques, cette critique devient nécessairement surannée quand la classe d’individus contre lesquels elle était dirigée devient surannée elle-même ; tel pamphlet politique qui convient parfaitement sous certain gouvernement, sera absurde sous un autre ; tel roman qui dépeint exactement l’époque actuelle, paraîtra étrange et bizarre à la génération suivante. De même les ouvrages qui traitent de l’homme dans sa vie de relation et non de l’homme en lui-même, ne sont populaires qu’à l’époque et même dans le pays où ils ont pris naissance. Tandis que, d’un autre côté, les ouvrages qui traitent de l’homme en lui-même, qui saisissent, dévoilent, analysent l’esprit humain, le montrent tel qu’il est, ceux-là, qu’ils parlent des anciens ou des modernes, des sauvages ou des Européens, seront évidemment applicables et par conséquent utiles, à toutes les natures et dans tous les temps. Celui qui découvre la circulation du sang, comme celui qui découvre l’origine des idées, sera un philosophe pour quiconque a des idées, ou des veines. Au contraire celui qui se contente de décrire minutieusement les mœurs d’un seul pays, ou les actions d’une seule personne, n’est que le philosophe d’un pays, d’une époque. Si vous voulez bien, Monsieur d’E., m’accorder cela, vous verrez peut-être, que les philosophes qui traitent de l’homme dans la vie de relation ne sont pas aussi utiles, parce que leurs œuvres sont plus passagères et plus variables. »

J’étais quelque peu fatigué de cette conversation, et quoiqu’il ne fût pas encore minuit je pris le prétexte de mon rendez-vous pour me retirer. Je me dirigeai donc vers la maison de madame Laurent.

« Je suppose, dis-je à Vincent, que vous ne voulez pas quitter cette discussion.

— Pardonnez-moi, dit-il, pour un homme de sens, le plaisir est presque aussi profitable que la métaphysique. Allons ! »