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Pelham/40

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Pelham, ou les Aventures d’un gentleman (1828)
Hachette (Tome Ip. 190-199).


CHAPITRE XL


En entrant, je vis plusieurs têtes qui marquaient la mesure de l’air de « Cherry ripe. » Toute une rangée de cols raides, ornés de cravates d’une longueur et d’une largeur irréprochables, se dressait devant moi. Un grand jeune homme maigre avec des cheveux noirs et rudes et la raie sur le côté, était occupé à mettre des gants blancs de Woodstock, et affectait de promener son regard tout autour de la salle, avec une suprême indifférence de bon ton.

« Ah ! Ritson, dit un autre jeune Cheltenhamois à l’homme aux gants de Woodstock, est-ce que vous n’avez pas encore dansé ?

— Non, Smith, sur mon honneur, répondit M. Ritson, il fait une chaleur si insupportable ! les gens comme il faut ne dansent pas. Cela ne se fait plus.

— Ah ! reprit M. Smith qui avait l’air d’un excellent garçon, et qui portait un habit bleu à boutons de cuivre, avec une épingle d’or à sa cravate : Ah ! est-ce qu’on ne danse pas à Almack ?

— Non, sur l’honneur, murmura M. Ritson, on peut encore se permettre de marcher un quadrille ou de tourner une valse, comme dit mon ami lord Bobadob, rien de plus, mais au diable la danse, il n’y a rien de si mal porté ! »

Un gros homme à la face rouge, d’une trentaine d’années, avec des cheveux d’un blond cendré, tout mouillés, un gilet éblouissant et un jabot mal repassé, vint rejoindre MM. Ritson et Smith.

« Ah ! sir Ralph, s’écria Smith, comment va ? Vous avez chassé toute la journée, je suppose.

— Oui, mon vieux, je bats le pays depuis que je suis levé ; quelle course ! Morbleu ! j’aurais voulu que vous vissiez ma jument grise ! Morbleu ! c’est une fameuse bête !

— Êtes-vous chasseur, Ritson ? demanda M. Smith.

— Oui, répondit M. Ritson, en jouant prétentieusement avec ses gants de Woodstock, mais je ne chasse que dans le Leicestershire, avec mon ami lord Bobadob ; on ne chasse que là. »

Sir Ralph regarda en silence ce monsieur, avec un air de mépris, pendant que M. Smith, comme un âne entre deux bottes de foin, se tenait indécis, hésitant à faire son choix entre les mérites du baronnet et ceux du beau Ritson. Pendant ce temps, une espèce de petite femme souriante et qui faisait des grâces, avec des tire-bouchons et des fleurs dans ses cheveux, vint folâtrer autour de ces trois Messieurs.

« Oh ! vraiment, M. Smith, dit-elle, vous devriez danser ; un jeune homme à la mode comme vous ! — Qu’est-ce que les jeunes filles diront de vous ? et la séduisante personne accompagna ces mots d’un rire enchanteur.

— Vous êtes trop bonne, mistress Dollimore, lui répondit M. Smith en rougissant et en s’inclinant, mais M. Ritson me dit que la mode est passée de danser.

— Oh ! s’écria mistress Dollimore, cela ne m’étonne pas de sa part : il est si désagréable, si imparfait. Vous auriez bien tort de suivre son exemple, M. Smith ; et la bonne dame se mit de nouveau à rire aux éclats.

— Oh ! mistress Dollimore, dit M. Ritson, en passant ses doigts dans ses horribles cheveux, vous êtes trop sévère ; mais dites-moi, mistress Dollimore, savez-vous si la comtesse viendra ce soir ?

— Par exemple, monsieur Ritson, vous le roi de la mode, vous devez savoir cela mieux que moi ; j’ai entendu dire qu’elle viendrait.

— Est-ce que vous connaissez la comtesse ? dit M. Smith à M. Ritson, avec un air de surprise respectueuse.

— Oh ! très-bien ! répondit le coryphée de Cheltenham, en jouant avec ses gants de Woodstock ; j’ai souvent dansé avec elle à Almack.

— Danse-t-elle bien ? demanda mistress Dollimore.

— Oh ! supérieurement, répondit M. Ritson, c’est une si charmante et si délicieuse petite personne. »

Sir Ralph, ennuyé visiblement de cette conversation fashionable, alla parader ailleurs.

« Quel est, s’il vous plaît, ce gentleman ? dit mistress Dollimore.

— Sir Ralph Rumford, répondit Smith vivement, un de mes amis intimes de Cambridge.

— Je serais curieuse de savoir s’il fera un long séjour ici, dit mistress Dollimore.

— Je l’espère, dit M. Smith, si toutefois nous lui plaisons.

— Il faut absolument que vous me le présentiez, dit mistress Dollimore.

— Ce sera avec le plus grand plaisir, dit cet excellent M. Smith.

— Sir Ralph est-il un homme du monde ? dit M. Ritson.

— C’est un baronnet, répondit emphatiquement M. Smith.

— Ah ! répliqua Ritson, mais ce pourrait être un homme d’un rang élevé, sans être pôur cela un homme du monde.

— C’est vrai, murmura mistress Dollimore.

— Je ne sais pas, répliqua M. Smith, d’un air ébahi et embarrassé, mais il a 7000 livres sterling[1] de rente.

— Ah ! vraiment, » s’écria mistress Dollimore, oubliant son rôle et reprenant le ton qui lui était habituel ; à ce moment une jeune fille portant, comme elle, des tire-bouchons et des fleurs dans les cheveux, vint la rejoindre, et l’appela du doux nom de maman.

« Avez-vous dansé, mon amour ? lui demanda mistress Dollimore.

— Oui, maman, avec le capitaine Johnson.

— Oh ! » dit la mère en remuant la tête, et en donnant à sa fille un petit coup de coude significatif, et elle l’emmena à l’autre bout du salon, pour aller parler de sir Ralph Rumford et de ses sept mille livres sterling de rentes.

« Bon, me dis-je ; voilà de drôles de gens, mais voyons ! pénétrons un peu plus avant dans cette contrée sauvage ; et je me dirigeai vers le milieu du salon.

— Qui est-ce ? dit M. Smith, à voix basse, en me voyant passer près de lui.

— Sur l’honneur ! lui répondit Ritson, je n’en sais rien, mais il a diablement bon air.

— Merci, monsieur Ritson, répondit ma vanité : vous n’êtes pas si désagréable, après tout. »

Je m’arrêtai pour voir danser ; un gentleman, d’un âge mûr, à l’air respectable, était près de moi. Les gens du commun, quand ils ont passé la quarantaine, deviennent fort sociables. Mon voisin toussa deux fois, et se prépara à me parler. Il faut que je l’encourage, me dis-je, et je me tournai vers lui de l’air le plus engageant du monde.

« Beau salon, monsieur, me dit-il aussitôt.

— C’est vrai, lui répondis-je en souriant, et il n’y manque pas de monde.

— Ah, monsieur, me répondit mon voisin, Cheltenham n’est plus ce qu’il était il y a quinze ans. J’ai vu jusqu’à douze cent cinquante personnes dans cet établissement. (Il y a des gens qui ont la manie terrible de toujours viser à l’exactitude des chiffres.) Oui, monsieur, poursuivit mon laudator temporis acti, et par-dessus le marché, la moitié au moins des Lords d’Angleterre était ici !

— Vraiment ! dis-je avec un air de surprise approprié à l’importance de cette communication, mais la société est encore très-bonne ici, n’est-ce pas ?

— Oh ! très-distinguée, mais ce n’est plus aussi brillant qu’autrefois.

— Quels sont, s’il vous plaît, ces deux gentlemen ? lui dis-je en regardant MM. Ritson et Smith.

— Des jeunes gens très-bien, me dit mon voisin, le grand est M. Ritson ; sa mère a une maison dans Baker-Street, et donne des soirées fort élégantes. C’est un jeune homme fort distingué ; mais un fat achevé !

— Et l’autre ? dis-je.

— Oh ! c’est un M. Smith ; son père était un brasseur très-connu, il est mort récemment, laissant à chacun de ses fils trente mille livres[2] ; le jeune Smith est un garçon de goût, et il ne demande qu’à dépenser son argent galamment. Il a une grande passion pour la vie élégante, et c’est pour cela qu’il s’attache à M. Ritson qui est tout à fait lancé.

— Il ne pouvait choisir un meilleur modèle.

— C’est vrai, reprit mon Asmodée, avec une naïve simplicité ; mais je lui souhaite d’imiter seulement son élégance, sans lui emprunter sa fatuité.

— Je meurs, me dis-je en moi-même, si je reste plus longtemps avec ce bonhomme, » et j’allais me glisser plus loin, quand une grande et majestueuse douairière entra dans le salon, accompagnée de deux filles décharnées ; je ne pus résister au désir de rester pour savoir qui c’était.

« Quelles sont ces dames ? » demandai-je à mon ami improvisé.

Mon ami me regarda d’un air de surprise assez peu respectueux. « Comment ! me dit-il, mais c’est la comtesse de Babbleton en personne, avec ses deux filles, l’honorable lady Jane Babel, et l’honorable lady Marie Babel. C’est le grand monde de Cheltenham, et n’est pas admis qui veut dans leur société ! »

Cependant lady Babbleton et ses deux filles s’avançaient dans le salon, saluant et faisant des signes de tête à droite et à gauche, pendant que tout le monde, s’écartant, se tenait sur deux rangs et s’inclinait respectueusement. Mes yeux expérimentés découvrirent en un instant que lady Babbleton, en dépit de son titre et de son air majestueux, n’était rien moins qu’une personne de bon ton. Ses filles (qui ressemblaient à des ombres de squelettes) avaient une apparence d’affabilité aigre, qui était aussi loin que possible des manières de la bonne société.

J’avais la plus grande envie d’en savoir plus long. Aux yeux des Cheltcnhamois, c’était la comtesse avec ses deux filles, toute autre explication était superflue. Pourtant, j’étais déterminé à en apprendre davantage, et je me promenais dans le salon, méditant profondément, ce qui est la meilleure méthode pour faire des découvertes, quand je fus subitement tiré de ma rêverie par la voix de sir Lionel Garrett ; je me retournai et, à ma grande joie, je me trouvai en face de cet excellent baronnet.

« Pardieu, Pelham, me dit-il, je suis enchanté de vous voir. Lady Henriette, voici votre ancien favori, M. Pelham. »

Lady Henriette ne se possédait pas de joie.

« Donnez-moi votre bras, me dit-elle, il faut que j’aille parler à lady Babbleton, l’odieuse femme !

— Chère lady Henriette, lui dis-je, expliquez-moi donc ce que lady Babbleton a été.

— Mais c’était une modiste qui a attrapé le feu Lord, un idiot, voilà tout !

— Voilà une réponse parfaitement satisfaisante, lui répondis-je.

— Oui, courte et bonne, comme dirait lady Babbleton, répondit lady Henriette en riant.

— Par opposition à ses filles qui sont longues et méchantes.

— Oh ! que vous êtes caustique ! me dit d’un air précieux lady Henriette (qui n’était guère, comme distinction, que de trois degrés au-dessus de la comtesse de Cheltenham) ; mais dites-moi, y a-t-il longtemps que vous êtes à Cheltenham ?

— D’aujourd’hui, à quatre heures et demie.

— Alors vous ne connaissez aucun des lions d’ici ?

— Non, et j’ajoutai en moi-même : excepté le lion que j’ai eu à dîner.

— Allons ! laissez-moi expédier lady Babbleton, et après cela je m’institue votre cicérone. »

Nous nous dirigeâmes vers lady Babbleton qui s’était débarrassée de ses filles, et se tenait assise dans un isolement plein de dignité, tout au bout du salon.

« Ma chère lady Babbleton, s’écria lady Henriette en prenant les deux mains de la douairière, je suis si heureuse de vous voir, et comment vous portez-vous ? et vos charmantes filles, comment vont-elles ? aimables filles ! et depuis combien de temps êtes-vous ici ?

— Nous arrivons, répliqua l’ancienne modiste en se levant à moitié et en agitant ses plumes d’un mouvement saccadé, comme un perroquet nerveux ; il faut bien que nous fassions comme les autres personnes de notre condition, lady Henriette, quoique, pour ma part, j’aime la vieille coutume de dîner tôt, et de finir les amusements de la soirée avant minuit, mais je tâche de suivre tant que je puis les personnes de notre rang. Nous nous devons à la société, lady Henriette, pour encourager la moralité publique par notre exemple ; nous ne sommes pas dans l’aristocratie pour autre chose ! » et après avoir ainsi parlé, la comtesse se redressa d’un air de dignité morale tout à fait édifiant.

Lady Henriette me regarda, et voyant que mes yeux disaient, « allez toujours, » aussi clairement que des yeux puissent parler, elle continua ainsi :

« Qui voyez-vous ici, lady Babbleton ?

— Tout le monde, répliqua la douairière, j’aime à encourager le pauvre monde ; je ne sais pas ce que c’est que d’être fière parce que l’on a un titre, lady Henriette.

— Non, répliqua la digne moitié de sir Lionel Garrett, tout le monde en effet parle de votre condescendance, lady Babbleton ; mais n’êtes-vous pas effrayée de la tâche que vous vous imposez d’aller ainsi partout.

— Oh, répondit la comtesse, j’admets très-peu de personnes dans mon intimité chez moi, mais je vais chez tout le monde comme cela se trouve. Alors me regardant, elle dit tout bas à lady Henriette :

— Quel est ce joli jeune homme ?

M. Pelham, répondit lady Henriette ; et se tournant vers moi, elle nous présenta dans les formes l’un à l’autre.

— Êtes-vous parent de lady Frances Pelham ? me demanda la douairière.

— Je suis tout simplement son fils, lui dis-je.

— Ah ! mon Dieu ! dit lady Babbleton, la drôle de chose ! quelle jolie femme et quelle élégance ! elle ne sort guère, n’est-ce pas ? Je ne l’ai rencontrée que rarement.

— Je ne pense pas non plus que Votre Seigneurie rencontre souvent ma mère, elle ne va pas partout comme cela se trouve.

— Chaque rang a ses devoirs, dit gravement lady Henriette ; votre mère, monsieur Pelham, peut rétrécir, autant qu’il lui plaît, le cercle de ses relations, mais le haut rang de lady Babbleton l’oblige à plus de condescendance pour les autres ; c’est comme les ducs de Sussex et de Gloucester qui vont en des endroits où ni vous ni moi ne voudrions aller.

— C’est très-vrai, dit l’innocente douairière, jamais vous n’avez fait de remarque plus sensée. Étiez-vous à Bath l’hiver dernier, monsieur Pelham ? continua la comtesse dont les idées flottaient d’un sujet à un autre comme un navire sans gouvernail.

— Non, lady Babbleton, j’étais pour mon malheur dans un lieu bien moins distingué.

— Où donc ?

— À Paris.

— Oh ! vraiment ! moi je ne suis jamais sortie de ce pays-ci. Je ne comprends pas que des personnes d’un certain rang consentent à quitter l’Angleterre ; à mon avis leur devoir est de rester chez elles pour encourager nos manufactures.

— Ah ! m’écriai-je en touchant le châle de lady Babbleton, que voilà un joli échantillon des chefs-d’œuvre de Manchester.

— Comment, de Manchester ! s’écria la pairesse stupéfaite ; mais c’est un vrai cachemire, vous imaginez-vous que je vais porter des étoffes anglaises, M. Pelham ?

— Je demande mille pardons à Votre Seigneurie. Je ne me connais pas en toilette, mais pour en revenir à ce que vous disiez, je suis tout à fait de votre avis : nous devons encourager nos manufactures et ne pas sortir du pays ; d’ailleurs on ne peut rester longtemps sur le continent, quand on a eu la faiblesse de s’y laisser prendre ; on soupire bientôt après son cher pays.

— Cette remarque est très-juste, dit lady Babbleton, voilà ce que j’appelle du patriotisme et de la moralité. Quel dommage que tous les jeunes gens d’aujourd’hui ne vous ressemblent pas ! Oh mais, voici l’un de mes meilleurs amis qui vient par ici, c’est M. Ritson, le connaissez-vous ? voulez-vous que je vous présente à lui ?

— Que le ciel m’en préserve ! m’écriai-je dans un état de frayeur qui me fit perdre ma présence d’esprit au mépris des convenances ; venez, lady Henriette, allons retrouver sir Lionel. » À ces mots lady Henriette s’empressa de reprendre mon bras, fit un signe d’adieu à lady Babbleton, et se retira avec moi dans le coin le plus obscur du salon.

Là, nous lâchâmes la bride à notre envie de rire, pendant quelque temps, puis : « Est-ce possible ! m’écriai-je en me levant brusquement, est-ce bien Tyrrell ?

— Que vous a fait cet homme ? » s’écria lady Henriette.

Je retrouvai bientôt mon sang-froid et me rassis : « Pardonnez-moi, je vous prie, lady Henriette, lui dis-je, mais je crois voir, ou plutôt je suis sûr de voir là une personne que j’ai rencontrée déjà dans des circonstances bien extraordinaires. Voyez-vous cet homme brun, en grand deuil, qui vient d’entrer dans le salon et qui cause en ce moment avec sir Ralph Rumford ?

— Oui, je le vois, c’est sir John Tyrrell, répondit lady Henriette, il n’est à Cheltenham que depuis hier. C’est toute une histoire.

— Dites-moi-la donc, m’écriai-je vivement.

— Eh bien ! il était fils unique d’un membre de la branche cadette des Tyrrell ; vieille famille, comme le nom l’indique. Il était fort lancé il y a quelques années dans un monde de roués, où il s’était rendu célèbre par ses aventures galantes. Sa fortune était loin de pouvoir suffire à ses dépenses, alors il s’est mis à jouer et a perdu le peu de bien qui lui restait. Il a quitté l’Angleterre, et a fréquenté les maisons de jeu de bas étage de Paris où il a mené une existence précaire et dégradée, jusqu’au moment où, il y a environ trois mois, deux personnes qui étaient héritières avant lui des biens et du titre de la famille vinrent à mourir ; il s’est trouvé ainsi investi d’un héritage auquel il ne s’attendait guère. On dit qu’on l’a trouvé dans le dernier degré de misère et de pénurie à Paris, au fond de quelque galetas. Quoi qu’il en soit, c’est aujourd’hui sir John Tyrrell, à la tête d’une belle fortune, et malgré une certaine rudesse de manières qu’il a probablement contractée dans la mauvaise compagnie, il est très-aimé et même admiré du petit nombre des gens comme il faut qui tiennent le haut du pavé à Cheltenham. »

À ce moment Tyrrell passa près de nous, il surprit mon regard, s’arrêta court, et rougit. Je le saluai, il sembla un moment indécis sur le parti qu’il devait prendre ; cette hésitation ne dura qu’un moment. Il me rendit mon salut avec une grande cordialité, et me donna une poignée de mains très-affectueuse, m’exprima le plaisir qu’il avait à me rencontrer, me demanda ou je demeurais et me dit qu’il me rendrait certainement visite. Là-dessus il me quitta et se perdit bientôt au milieu de la foule.

« Où l’avez-vous rencontré ? me dit lady Henriette.

— À Paris.

— Ah ! était-il là en bonne compagnie ?

— Je ne sais pas, lui dis-je. Bonne nuit, lady Henriette ; » et prenant mon chapeau d’un air d’extrême lassitude, je disparus de cette société mélangée, où s’étalaient une fashionabilité de bas étage et une distinction des plus vulgaires.



  1. 175,000 francs de rente.
  2. 750,000 fr.