Petit manuel de politesse et de savoir-vivre à l’usage de la jeunesse/Ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter lorsqu’on est en société chez soi, ou chez les autres

La bibliothèque libre.

Ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter lorsqu’on est en société chez soi, ou chez les autres.

Lorsque vous vous présentez à la porte d’un appartement, si elle est fermée, frappez doucement et attendez qu’on vous ait répondu de l’intérieur, avant de l’ouvrir. Quand vous serez entré, fermez la porte sur vous, si vous n’aviez pas cette attention, il faudrait qu’on l’eût pour vous, et vous donneriez une très mauvaise idée de votre éducation. N’ouvrez et ne fermez jamais une porte avec bruit, surtout s’il y a dans la chambre des personnes au-dessus de vous.

2. Quelque part et dans quelque occasion que vous vous trouviez, évitez avec le plus grand soin de vous
rendre ridicule, par des cérémonies multipliées hors de propos.

3. Si une personne qui vous est supérieure, passe près de vous, il faut vous retirer un peu pour lui faire place, si c’est à l’entrée d’une porte, arrêtez-vous pour la laisser passer la première, si vous vous trouvez sur un escalier, arrêtez-vous et cédez-lui le côté de la muraille.

4. Il ne faut jamais en société garder le chapeau sur la tête, ni passer devant une personne sans se tourner de son côté et lui faire une inclination. La civilité veut aussi qu’on ôte son gant pour présenter ou recevoir quelque chose et qu’on écoute en silence, sans se tourner à droite ou à gauche, ceux qui nous adressent la parole.

5. Un enfant ne doit jamais se permettre de présenter familièrement la main à une personne à qui il doit des égards ; il ne faut pas non plus qu’il donne ou qu’il reçoive quelque chose en passant la main devant ceux qui sont au-dessus de lui.

6. Quand vous entrez quelque part, vous devez d’abord saluer ; ensuite, quand les personnes de la compagnie se seront assises, vous devez en faire autant ; il ne convient pas de rester debout quand les autres sont assis, ou assis quand les autres sont debout.

7. Lorsque vous serez assis, ne vous étendez point sur votre siège, ne croisez pas les jambes, ne vous balancez pas ; mais tenez-vous droit les pieds posés à terre. Dans les visites, un garçon doit tenir son chapeau sur les genoux, sans en faire paraître l’intérieur ; une fille tient l’objet qu’elle porte également sur les genoux, ou bien elle met ses mains l’une sur l’autre.

8. Ne vous rendez pas incommode aux personnes de la compagnie, soit en courant ou tournant autour d’elles, en les approchant de trop près, en les regardant fixement, ou en vous appuyant sur leur chaise ou leur fauteuil.

9. Il n’appartient qu’aux enfants grossiers de pousser quelqu’un pour passer plus vite, de s’appuyer sur une personne, de lui faire sentir son haleine, de passer devant sa figure une lumière ou un objet quelconque, pour le donner à une autre personne.

10. Si vous remarquez quelque chose de malpropre, au lieu de le montrer aux autres, mettez tous vos soins à empêcher qu’ils l’aperçoivent. Ayez un soin pareil à éloigner du nez de ceux avec lesquels vous vous trouvez, tout ce qui aurait une odeur désagréable. Vous devez, par cette raison, éviter de souffler une chandelle devant quelqu’un, et ne jamais offrir à flairer quelque chose qui aurait une mauvaise odeur.

11. Il est extrêmement impoli, de tirer à l’improviste le mouchoir d’une personne qui se mouche, de retirer la chaise de quelqu’un qui est près de s’asseoir, pour le faire tomber ; de sortir (en badinant) de la poche de ceux qui sont auprès de soi, ou des papiers ou telle autre chose qui s’y trouverait. Dans quelque circonstance que ce soit, on ne doit point faire de niches ou d’espiègleries qui puissent faire mal ou faire peur à quelqu’un.

12. Si vous vous trouvez avec plusieurs enfants, dans la même pièce où sont réunis des personnes plus âgées qui causent entre elles, ayez attention de parler bas, et de vous amuser sans faire de bruit.

13. C’est grandement manquer d’éducation que de chercher à savoir ce que l’on nous cache ; de fixer les yeux sur l’adresse d’une lettre ; sur ce que l’on écrit, sur un livre ou un papier ouvert qui n’est pas à nous.

14. Si vous ramassez un écrit, ne le lisez pas, mais remettez-le, sans le regarder, sur la table, ou à la personne qui l’a laissé tomber. Si on jette une lettre ou quelqu’autre chose dans le feu, vous ne devez pas vous permettre de l’en retirer.

15. Il est de plus grande impolitesse, lorsqu’on est
hors de chez soi, d’ouvrir une armoire, une boîte, un tiroir, ou quelqu’autre meuble, pour voir ce qu’il renferme, un enfant bien élevé ne doit pas non plus ouvrir un livre sans en avoir demandé la permission ; il doit encore moins se permettre de cueillir des fruits ou des fleurs, dans le jardin des personnes auxquelles il va rendre visite ; en un mot, il ne doit toucher à rien.

Il est contre la bienséance de se gratter, ou de toucher à ses cheveux pour les boucler ou les arranger devant quelqu’un.

16. Rien n’est plus malpropre que de se fourrer les doigts dans le nez.

17. On doit se moucher aussi souvent que le besoin s’en fait sentir, et le faire avec toutes les précautions nécessaires, pour que ceux devant qui nous nous trouvons, n’aient pas lieu d’en être dégoutés. Il est ridicule de se moucher fort, ou d’imiter la trompette avec son nez, il est très incivil de renifler.

18. Lorsqu’on éternue il faut mettre la main ou un mouchoir devant la figure, afin d’éviter que la salive ne saute sur les personnes de la société ou sur nos habits. Il faut éviter aussi d’éternuer fort, comme le font ordinairement les gens qui n’ont reçu aucune éducation.

19. Si quelqu’un éternue en votre présence, gardez-vous bien de lui dire : Dieu vous bénisse, ou quelque chose de semblable, il suffit de faire une légère inclination en regardant modestement la personne.

20. Ne crachez point à terre, par la fenêtre, ou dans le feu, mais crachez dans votre mouchoir que vous n’ouvrirez pas ensuite pour regarder dedans. Un enfant bien élevé doit s’appliquer à cracher le moins fréquemment possible ; il est prouvé qu’on crache plus souvent par habitude que par besoin.

21. Ne rongez pas vos ongles par défaut de contenance, évitez de parler d’objets malpropres ; de vous servir de termes dégoûtants et grossiers.

22. Ne nettoyez point vos dents, ne coupez point vos ongles, ne vous lavez pas les pieds ou les mains, et abstenez-vous de réparer le désordre de votre toilette devant qui que ce soit.

23. Si vos mains sont malpropres, gardez-vous bien de les porter sur la figure, les mains ou les vêtements de quelqu’un ; outre que vous commettriez une grande impolitesse, vous indisposeriez encore la personne contre vous, en tachant ou salissant ses habits, ou une partie d’elle-même.

24. Il est des personnes mal élevées, qui rentrent dans le lieu où une compagnie se trouve rassemblée, en rajustant leurs habits, qu’ils ont dû déranger pour satisfaire à quelque besoin ; il ne faut pas les imiter, car rien n’est plus déplacé.

25. Gardez-vous bien de bâiller, de fredonner un air entre vos dents, et encore moins de siffler. Si, par indisposition, quelquefois même par imitation, vous ne pouvez vous abstenir de bâiller, mettez la main ou votre mouchoir devant la bouche, et faites en sorte que personne ne s’en aperçoive.

26. Il est encore très déplacé de s’endormir au milieu d’une société, ou de s’étendre les jambes et le corps ; car on laisse supposer que l’on ne s’amuse pas. Dans ce cas notre présence devient tellement insupportable aux autres, qu’il serait préférable que nous quittassions la compagnie.

27. Ne riez jamais aux éclats, en frappant du pied, ou en faisant des contorsions, ne ridez point votre front, ne regardez pas fixement une chose d’un air égaré, ne donnez point en un mot à votre figure une expression ridicule, ou contraire à ce qui vous anime dans le moment.

28. Évitez de porter sur qui que ce soit un regard dédaigneux ou méchant : un regard dédaigneux est condamnable chez les personnes de toutes les classes :
le regard sévère n’appartient qu’au supérieur qui réprimande un inférieur.

29. Ne vous approchez pas trop près du feu, et n’y touchez jamais, à moins que vous n’en ayez reçu l’ordre. Cédez votre place à ceux qui viennent de l’air et qui ont froid. N’imitez pas l’incivilité de certaines gens, qui tournent le dos au feu en retroussant leurs habits ; non-seulement ils manquent aux égards qu’ils doivent à la société, mais ils la privent de la chaleur du feu qui est allumé pour le besoin de tous.

30. La bienséance ne permet point de quitter la chaussure, pour se chauffer les pieds, surtout s’il existe dans la société où nous nous trouvons, des personnes auxquelles nous devons des égards ou du respect.

31. Ne mettez jamais dans la bouche, autre chose que ce que vous devez boire ou manger : cette action est contre la bienséance, et elle expose à plus d’un danger. Il arrive souvent qu’on avale des objets nuisibles mis dans la bouche, tels que des clous, de l’argent, des épingles ou des aiguilles, et qu’on devient victime de cette imprudence.