Petits Mémoires littéraires (Monselet)/Chapitre X

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CHAPITRE X

Suicides d’hommes de lettres. — Bourg Saint-Edme. — Léon Laya. — Prévost-Paradol père et fils.

Je pense quelquefois par les temps de pluie triste et de méchants nuages courants, à ceux de mes confrères qui sont morts de mort volontaire et raisonnée.

Je pense aux suicidés de la littérature, surtout à ceux que j’ai connus.

Je pense à Léon Laya, le plus incompréhensible de tous, l’homme correct par excellence, qui avait l’apparence d’un agent de change ou d’un avoué ; — à Léon Laya, l’auteur heureux du Duc Job, qu’on a trouvé, un matin, pendu dans sa chambre à coucher.

Je pense à François Beulé, une des gloires de l’École normale, historien remarquable, ministre ; — à Beulé, qui s’est planté un couteau dans le cœur.

Je pense à Charles Didier, l’auteur de Rome souterraine, l’ami de George Sand ; — à Charles Didier, aveugle délaissé, qui en a fini dans la nuit, sans révélations.

Je pense à Prévost-Paradol, encore un normalien, jeune, beau, brillant, mondain, ambitieux, plein d’avenir.

Je pense à Bourg Saint-Edme…

Ah ! celui-là, j’y pense peut-être plus qu’aux autres, parce que son suicide a été environné de circonstances exceptionnellement douloureuses.

Peu de personnes s’en souviennent aujourd’hui.

Le nom même de Bourg Saint-Edme est inconnu de la génération actuelle ; l’homme avait cependant joué un rôle dans ses vertes années ; il avait été commissaire des guerres, puis secrétaire du maréchal Berthier, puis… homme de lettres. Ce fut ce qui le perdit.

Homme de lettres sans vocation impérieuse ; homme de lettres pour faire des entreprises de librairie. Il a attaché son nom, avec celui de M. Germain Sarrut, à une grosse affaire en plusieurs volumes, la Biographie des hommes du jour, qui fit du bruit et suscita un grand nombre de réclamations. Ce succès épuisé, Bourg Saint-Edme ne trouva pas à le renouveler ; les journaux étaient moins nombreux qu’à présent ; ses ressources s’épuisèrent ; la famille était venue, et l’âge, qui vient avec la famille, le laissa face à face avec le besoin.

Il lutta, mais il n’avait pas un de ces talents qui s’imposent. Un jour de mars 1852, on apprit par les journaux que M. Bourg Saint-Edme (Edme-Théodore), membre de la Société des gens de lettres, venait de mettre fin à ses jours en se pendant.

Il s’était familiarisé depuis longtemps avec la pensée du suicide. Sur sa table, on trouva une sorte de journal où il avait consigné ses dernières impressions. heure par heure, puis quart d’heure par quart d’heure, et enfin minute par minute.

J’étais dans les bureaux de la rédaction de la Presse lorsque M. Eugène de Monglave y apporta en funèbre document. Je ne sais rien de plus émouvant au monde, en dehors de l’intérêt psychologique qu’il présente.

C’est pourquoi je le reproduis ici presque en entier, car une telle page appartient de droit à l’histoire littéraire du dix-neuvième siècle.

« 26 mars 1852, 10 heures dit soir.

» Je viens de rentrer. Du reste de charbon que j’avais acheté pour 19 sous, il y a six ou huit jours, je fais un peu de feu, la soirée ayant été froide et la nuit devant l’être.

» Je ne me coucherai plus.

» J’ai pris mes précautions ; ma barbe est faite, mon corps est bien lavé ; j’ai mis un caleçon propre ; j’ai remonté ma pendule ; j’ai balayé et épousseté partout ; j’ai brûlé beaucoup de papiers ; j’en ai rangé un grand nombre.

» J’ai vendu ce matin quelques livres, afin d’être à même de déjeuner, de diner et d’acheter des bougies, qui serviront à éclairer le corps, suivant l’usage.

» Depuis quatre heures j’étais en courses. J’ai été rue Richelieu, 110, puis j’ai diné. Quel diner ! Vingt-un sous, rue Fontaine-Molière.

» Rentré ensuite chez moi, j’ai mis un post-scriptum à ma lettre à mes enfants et à celle que j’adresse à Monglave, et je suis sorti de nouveau…

» J’ai été rue de la Paix. Mes enfants sont descendues et j’ai pu les embrasser une dernière fois ! Quelle douleur ! Elles n’ont eu aucun soupçon, ces chères petites, et elles pourront au moins passer une bonne nuit.

» J’ai fait le tour du Palais-Royal.

» À mon retour, j’ai mis toutes mes lettres à la petite poste de la rue de l’Ancienne-Comédie, près de la rue Saint-André-des-Arts.

» Minuit. — Je prépare les bas, la chemise et le drap qui doivent être mes derniers vêtements.

» Je sens que le moment approche. Je le sens à une émotion de l’âme dont je ne puis me défendre, malgré mon courage.

» Je fais une prière à Dieu pour le repos de l’âme de Maria, pour mes enfants, pour moi-même ; car il y a un cri intérieur qui appelle à lui les sentiments du cœur les plus doux, les meilleurs et, avec eux, la confiance et l’espérance.

» J’entretiens le feu. Il me semble qu’il y a auprès de moi quelque chose qui vit.

» Si je n’avais pas été trompé, délaissé, abandonné, je n’en serais certainement pas où j’en suis.

» Mais seul, entraîné, abîmé dans un chagrin cuisant depuis la mort de Maria, sans consolation, sans espoir, poursuivi par le besoin, par la misère, humilié, calomnié, outragé, je n’ai vu qu’un moyen de sortir de cette situation extrême, et ce moyen c’est le suicide.

» Deux heures. — Que le temps passe vite ! Deux heures sonnent. Le vent est fort et vif au dehors.

» Je viens de mettre ma clef dans ma serrure, du côté de l’escalier, et j’ai suspendu à la clef, par un fil rouge, ma lettre à Marie Lachaise, ma concierge, dans laquelle je la préviens de l’événement et lui donne quelques instructions. De sorte que la première personne qui viendra ce matin la verra, la prendra, la remettra.

» Deux heures et demie. — Il faut pourtant que je m’occupe des préparatifs. Je ne veux pas que le jour me retrouve là.

» Le genre de mort ne m’était pas indifférent. Je voulais me tirer un coup de pistolet dans le cœur c’était un mode facile et prompt. Je n’ai pas pu me procurer de pistolet.

» J’ai fait l’essai de la strangulation à la manière de Pichegru, et j’ai compris que cela était d’une exécution aisée.

» Je vais donc attacher ensemble plusieurs petits morceaux de bois. Je les ai rapportés l’année dernière de Montmorency, où j’étais allé avec mes enfants. Attachés ainsi, il auront plus de force. Je les passerai dans le nœud de mon mouchoir de cou et je tournerai tant que les forces me le permettront.

» Pour plus de certitude de réussite encore, j’attacherai fermement au haut de ma bibliothèque une cordelière que j’ai depuis longtemps ; j’y ferai un nœud coulant, que je me passerai au cou ; je chasserai la chaise qui sera sous mes pieds et je resterai enfin suspendu.

» La strangulation et la suspension doivent avoir infailliblement leur effet.

» Nous allons voir.

» Trois heures. — Le feu passe ; je suis contrarié.

» Je fais une remarque : c’est que les besoins de la nature sont plus fréquents depuis tantôt.

» J’entends le bruit des voitures des maraîchers qui vont à la Halle.

» Allons !

» Ô mes chères enfants ! vos douces figures sont devant moi et me troublent !

» Du courage !

» Trois heures et demie. — Je viens de fixer la cordelière.

» J’ai essayé les quatre petits morceaux de bois attachés ensemble ; mais je ne pouvais pas les faire manœuvrer.

» J’ai pris un petit morceau de bois.

» À quatre heures ou quatre heures un quart j’exécuterai, pourvu que tout marche à mon gré.

» Je ne crains pas la mort, puisque je la cherche, puisque je la veux ; mais la souffrance prolongée m’effraie.

» Je me promène ; les idées s’évanouissent.

» Je n’ai que la conscience de mes enfants.

» Le feu noircit.

» Quel silence m’environne !

» Quatre heures. — Quatre heures sonnent. Voilà bientôt le moment du sacrifice.

» Je mets ma tabatière dans le tiroir de mon petit bureau.

» Adieu, mes filles chéries.

» Dieu pardonnera à mes douleurs.

» Je mets mes lunettes dans mon tiroir.

» Adieu… encore une fois, adieu, mes enfants bien-aimées ! vous avez ma dernière pensée. À vous les derniers battements de mon cœur ! »

Eh bien !

Qu’en dites-vous ?

Je défie qui que ce soit de lire sans effroi ce sombre mémorial.

Toutes les inventions du naturalisme pâlissent devant ce récit à la fois touchant et terrible. Je n’ai voulu le couper par aucune réflexion ; quelles réflexions vaudraient cette éloquence farouche, cette phrase brève et sans adjectifs, ces détails familiers qui donnent le frisson ?

L’horreur dans la simplicité ne saurait être poussée plus loin. Il n’est pas d’agonie célèbre qui soit comparable à celle de ce pauvre homme dans sa chambre chauffée par le reste de dix-neuf sous de charbon, vaquant à ses lugubres préparatifs, écrivant à tout son monde, sortant, rentrant, essayant ses petits morceaux de bois, s’arrêtant quelquefois, mais n’hésitant jamais.

Ici, l’homme de lettres s’efface absolument pour faire place à l’homme. Pas la moindre trace de pose. Rien que le tableau d’un individu tragiquement acculé dans la mort par la fatalité. Un acte de soumission à la Divinité, un regret à la famille, — et puis, comme mot de la fin : « Je mets ma tabatière dans le tiroir de mon petit bureau. »

Je pense quelquefois à la tabatière de Bourg-Saint-Edme.


Léon Lava était un honnête homme et un honnête littérateur. Il aimait son art et le pratiquait avec conscience. Souvent il s’était senti attristé par les feuilletons de la jeune critique ; elle lui reprochait de n’être plus de son temps, d’employer une phraséologie surannée. En vain se savait-il le public pour lui ; ce qui peut contenter les auteurs vulgaires, accoutumés à voir dans le chiffre de la recette le niveau de l’intelligence humaine, ne le contentait pas, lui. Il aurait voulu pouvoir satisfaire tout le monde et son père.

C’est ce louable sentiment qui l’a fait sortir un jour de ses habitudes de discrétion pour m’écrire la lettre qu’on va lire.

Tout Léon Lava est là, avec ses pudeurs, ses fiertés, sa nature ombrageuse et essentiellement distinguée.

« Monsieur,

» La mesure est délicate entre les remerciements que nous devons à nos juges et la réserve qu’il convient d’observer dans leur propre intérêt, rien n’étant plus dangereux pour la liberté d’un galant homme qu’une main adroitement glissée dans la sienne, à un moment donné. J’avoue que je ne fuirais rien tant que l’apparence d’un aussi plat calcul.

» Toutefois, je ne voudrais pas paraître indifférent aux quelques mots obligeants publiés par vous, à plusieurs reprises, à propos du Duc Job et des Jeunes gens.

» Permettez donc, Monsieur, que je vous en adresse mes remerciements, toute réserve faite pour votre liberté passée et future, et même pour cette pointe de malice qui rehausse d’un sel aimable et courtois les efforts de votre bonne grâce.

» En accusant çà et là, dès votre point de départ, des doctrines littéraires en désaccord avec les miennes, votre critique donne plus de valeur à la sincérité avec laquelle vous recherchez et signalez ce qui, dans mes pièces, peut expliquer et légitimer à vos yeux, dans une certaine mesure, le succès obtenu par des procédés peu conformes aux vôtres. Il y a là, Monsieur, un fait fort à l’honneur de votre caractère et de votre bon sens, et auquel ne peuvent être insensibles ceux qu’en général la presse a peu habitués à de semblables délibérations.

» C’est ce qui m’a mis la main à la plume et m’a dicté ces quelques lignes, que votre esprit clairvoyant saura, je n’en doute pas, apprécier.

» Votre dévoué,

« Léon Laya. »

Les auteurs dramatiques n’écrivent pas assez de ces lettres-là.

Leur adresse-t-on quelques vérités, enveloppées poliment, ils se renfrognent, boudent, se hérissent…

Les étouffe-t-on sous l’éloge, ils se décident à envoyer à leur juge, par la poste, un petit bout de carton-porcelaine, avec leur nom imprimé et ces mots au crayon : Mille remerciements.

Encore, pour cela, faut-il que l’éloge soit sans mélange, bien net, bien enthousiaste !

Rarement ils poussent jusqu’à la lettre, comme Léon Lava.


Tout s’enchaîne, et quelquefois aussi tout s’explique, — à la longue.

Une des meilleures pages de Paradol père — car il y aura désormais, unis dans une funèbre légende, Paradol père et Paradol fils — est intitulée : De la Tristesse.

J’y relève des passages bien significatifs :

« La jeunesse et la santé sont deux remparts qui bravent les assauts de la tristesse, et, tant qu’ils nous protègent, elle ne peut guère remporter sur nous que de faibles et courts avantages. Mais ces murailles protectrices sont sans cesse minées par le temps, et les déceptions de la vie en détachent chaque jour quelque pierre, jusqu’à ce que, la brèche étant une fois ouverte et s’élargissant toujours, la tristesse passe et repasse à son aise, en attendant qu’elle s’établisse au cœur de la place et n’en sorte plus. »

Un peu plus loin, Prévost-Paradol arrive à la véritable éloquence :

« Le sort nous demande incessamment un sacrifice après un sacrifice. Comme l’impitoyable Romain qui, après avoir dit au peuple de Carthage : « Donne-moi tes vaisseaux, donne-moi tes éléphants, donne-moi tes armes ! » lui dit enfin : « Donne-moi ta cité, que je veux détruire, et va habiter plus loin ! » ainsi le sort nous presse ; et, après nous avoir dépouillés de cette illusion, il nous dit : « Quitte encore cette autre ; donne-moi enfin ce que tu as de plus sacré ou de plus cher, il faut que j’atteigne le fond de ton cœur ! »

Le sens de la fin de l’article est un peu plus obscur :

« Nos tristesses sont du même ordre que nos désirs, puisque nos désirs déçus les composent, et nos désirs, c’est nous-mêmes. Quelles sont donc les causes de notre tristesse ? Sont-elles nobles, élevées, avouables ou égoïstes, misérables, bonnes à cacher loin de toute lumière ?… Notre tristesse vient-elle seulement de l’inexécution de nos vœux injustes et de la soif inassouvie des plaisirs vulgaires ? »

Il est évident pour moi que Prévost-Paradol a vécu cet article.

C’était un inquiet. Après avoir été un écolier prodige, après avoir remporté toutes les palmes universitaires, après avoir trôné dans les salons et avoir joint, dit-on, plus d’un brin de myrte aux lauriers académiques ; après s’être vu proclamer le premier journaliste de son temps, dans un temps où il n’était pas aisé de faire du journalisme ; enfin, après avoir été heureux en tout, Prévost-Paradol s’était laissé gagner par la tristesse, ou pour mieux dire par l’inquiétude.

Je l’ai vu glisser des salons dans les coulisses des petits théâtres, venir s’asseoir sur une banquette du foyer des Variétés ou des Bouffes-Parisiens, conter non-chalamment fleurette à la première venue, en demandant, comme dans les Marrons du feu :

Est-ce la Monauteuil, ce soir, qui fait la reine ?

La vérité est que Prévost-Paradol était en train de tourner insensiblement à l’Alfred de Musset, — un Alfred de Musset encore un peu raide, un peu gauche, — lorsque le funeste caprice lui passa par la tête de traiter avec le gouvernement et d’en accepter une ambassade.

On sait le reste : à peine avait-il foulé le sol américain qu’il se faisait sauter la cervelle.

Le malheureux laissait un enfant en bas âge.

On est en droit de se montrer sévère pour Prévost-Paradol.

Et dire que, quelques années auparavant, il avait composé un mémoire intitulé : — Du Rôle de la famille dans l’éducation, mémoire couronné par l’Académie des sciences morales et politiques !

Du Rôle de la famille !

Devait-il donc oublier ce rôle si vite en un jour d’effrayant délire ?

Prévost-Paradol a été deux fois coupable, comme homme et comme père. On peut dire que c’est lui qui a tué son enfant.

Se représente-t-on, en effet, ce petit être grandissant, — en même temps que grandit à côté de lui, sans cesse présente, l’image de son père le suicidé ?

Combien de fois il a dû mettre ses mains sur ses yeux comme pour fuir cette obsession ! Que de cris il a dû pousser pour se débarrasser de ce cauchemar persistant.

Oublier, se consoler, cela lui eût été possible peut-être avec un père obscur, avec le premier pauvre homme venu.

Mais Prévost-Paradol ! Prévost-Paradol l’académicien ! Prévost-Paradol l’homme d’esprit ! (Voilà donc où conduit l’esprit !) — Impossible de ne pas rencontrer ce nom à chaque pas, à chaque détour de l’histoire contemporaine, dans chaque livre, dans chaque mémoire ! Toute la jeune génération connaissait Prévost-Paradol.

Aussi, lorsque ce pauvre jeune homme était forcé de se nommer, comprenez-vous ce supplice ? Voyez-vous les regards se fixer sur lui avec une étrange expression de curiosité et de compassion ? « Eh quoi ! semblait-on lui dire, vous seriez le fils de cet infortuné qui n’a pas eu de courage pour accomplir son devoir, pour vous consacrer sa vie, pour veiller sur voire berceau ? Ah ! comme nous vous plaignons, et quelle mélancolie vous devez traîner après vous ! »

C’était plus que de la mélancolie, hélas ! c’était une idée fixe. L’idée du suicide !

Le père l’avait déposée dans l’esprit de l’enfant, et l’enfant s’était insensiblement habitué à elle.

Il avait voulu comprendre la détermination de son père, et il avait fini par croire qu’il l’avait comprise. Il s’était dit : « Mon père était une haute intelligence, une pensée supérieure, de l’aveu de tous. S’il s’est tué, il a bien fait. Son exemple m’autorise à me tuer comme lui, lorsque je le voudrai, et lorsque je croirai mon heure venue. »

Le malheur est que le pauvre enfant a horriblement hâté son heure, et qu’il s’est tué à dix-huit ans.

C’est son père qui a chargé le pistolet.

C’est Paradol père qui a tué Paradol fils, par delà les mers et par delà les années.

L’orgueilleux écrivain, à qui je suppose une profonde hésitation au moment suprême, se sera peut-être dit : « L’enfant que je laisse après moi réagira contre mon mystérieux attentat et tentera de s’élever au-dessus de moi-même. »

Hélas ! il ignorait qu’il laissait un être aussi faible que lui, plus désarmé que lui, et qui, sans ressort, sans énergie native, sans grande pensée pour guide, sans but audacieux, au premier malheur, à la première déception, aveuglé, fou, devait se jeter du premier coup dans les bras de la mort, que lui avait entr’ouverts le fantôme paternel !