Peveril du Pic/Chapitre 37

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Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 18p. 459-466).


CHAPITRE XXXVII.

LES CONFIDENCES.


Désormais tout ira bien : la fortune et moi nous redevenons amis ; et je vivrai, car Buckingham l’ordonne.
Pope.


Le spacieux hôtel de Buckingham et la propriété qui en dépendait portaient originairement le nom d’York-House, et occupaient une grande partie du terrain adjacent au palais de Savoie.

Cette habitation avait été construite avec une rare magnificence par son père, favori de Charles Ier, et d’une manière assez splendide pour rivaliser avec White-Hall même. Mais grâce à la fureur toujours croissante d’ouvrir de nouvelles rues et presque de bâtir une nouvelle ville pour joindre Londres et Westminster, ce terrain était devenu d’une grande valeur ; et le second duc de Buckingham, qui était à la fois grand faiseur de projets et souvent à court d’argent, avait approuvé un plan proposé par quelque architecte hardi, pour convertir le vaste jardin qui entourait son hôtel en ces rues, ces passages et ces places, qui perpétuent encore aujourd’hui son nom et ses titres ; quoique les gens qui demeurent dans Buckingham-Street, Duke-Street, Williers-Street, Of-Alley (car une de ces rues portait même le nom de la particule aristocratique[1]) ne pensent guère sans doute à la mémoire du spirituel, du singulier et du licencieux Villiers, duc de Buckingham, dont les titres se sont conservés dans les noms de leur quartier ou dans ceux des endroits voisins.

Le duc avait accueilli ce plan de construction avec l’empressement que lui inspirait toujours la nouveauté. Ses jardins furent détruits, ses pavillons abattus, ses écuries splendides démolies : à toute la pompe de ce beau domaine qui s’étendait sur un faubourg avaient succédé les ruines et les décombres ; le bouleversement était complété par les fondations des nouveaux bâtiments et de leurs communs, ainsi que par les travaux de nivellement qu’on exécutait sur les différentes lignes des rues projetées. Mais l’entreprise, quoique par la suite elle dût être lucrative et avantageuse, rencontra d’abord de grands obstacles, partie faute des fonds nécessaires, partie à cause du caractère impatient et inquiet du duc, qui l’emporta bientôt vers de nouveaux projets : de sorte que, malgré les nombreuses démolitions déjà faites, peu de constructions nouvelles étaient commencées, et aucune n’était finie. Le corps principal de l’hôtel était demeuré intact, mais le domaine au milieu duquel il s’élevait offrait une singulière analogie avec l’esprit irrégulier du noble propriétaire. Là on voyait un beau groupe d’arbres et d’arbrisseaux exotiques, reste des jardins, dans un égout à moitié ouvert, et parmi des monceaux de gravois. Ici une vieille tour menaçait de s’écrouler sur les curieux, et plus loin ils couraient risque de tomber dans une cave que l’on creusait. Bref, il y avait dans cette entreprise une véritable grandeur de conception, mais presque partout elle avortait par la pénurie ou par la négligence qui présidait à son exécution. Enfin ce vaste terrain offrait l’emblème véritable du génie et des talents mal employés et devenus plus préjudiciables qu’avantageux à la société, faute de prévoyance ou de principes bien arrêtés.

Certaines gens supposaient que le duc avait des intentions bien différentes, en permettant ainsi que sa maison fût entourée, et que ses jardins fussent envahis par des constructions nouvelles qui ne s’achevaient pas, et par d’anciens bâtiments à moitié démolis. Ils prétendaient qu’engagé dans un si grand nombre d’affaires galantes et de machinations politiques, et jouissant de la réputation d’être le plus hardi et le plus dangereux intrigant de l’époque, le duc jugeait convenable de s’environner de tous ces décombres, où les officiers de justice ne pouvaient pénétrer sans difficulté ni sans risque, et qui pouvaient fournir, dans l’occasion, un asile sûr et secret aux agents qu’il employait à des entreprises désespérées, et un moyen d’arriver chez lui, sans être aperçus ni observés, à ceux qu’il avait des raisons particulières de ne recevoir que secrètement.

Laissant Peveril à la Tour, nous allons faire assister encore une fois nos lecteurs au lever du duc, qui, le matin de la translation de Julien dans cette forteresse, parlait ainsi à son premier ministre, à son confident intime : « Je suis tellement satisfait de votre conduite dans cette affaire, Jerningham, que, si le vieux Nick m’apparaissait en ce moment et me proposait le meilleur de ses diables pour agent à votre place, je ne lui aurais pas grande reconnaissance de la proposition. — Une légion de diables, » dit Jerningham en s’inclinant, « n’aurait pas pu être plus occupée que moi du service de Votre Grâce. Mais, si Votre Grâce veut bien me permettre de parler ainsi, peu s’en est fallu que tout votre plan n’échouât, parce que vous n’êtes revenu que cette nuit, ou plutôt ce matin. — Et pourquoi, je vous prie, sage maître Jerningham, serais-je revenu chez moi un instant plus tôt que ne l’exigeaient ma convenance et mon plaisir ? — Mais, milord, je n’en sais rien : seulement, lorsque vous nous envoyâtes par Empson, à la porte de Chiffinch, l’ordre de nous emparer, à tout prix et à tout risque, de la jeune personne, vous disiez que vous seriez ici aussitôt que vous pourriez vous débarrasser du roi. — Me débarrasser du roi, misérable ! qu’est-ce qu’une pareille manière de parler ? — C’est Empson qui s’en est servi, milord, comme venant de Votre Grâce. — Il y a bien des choses que Ma Grâce peut dire, mais qu’il ne convient pas à des bouches comme les vôtres de répéter, » répliqua le duc avec hauteur ; mais aussitôt il reprit le ton de la familiarité, car son humeur était aussi capricieuse que ses goûts. « Mais je comprends où tu en veux venir : d’abord, intelligent comme tu l’es, tu aurais dû savoir ce que j’étais devenu depuis que je t’avais envoyé mes ordres de chez Chiffinch ; et ensuite ta valeur voudrait sonner une nouvelle fanfare pour ton habile retraite, lorsque tu laissas ton camarade entre les mains des Philistins. — Votre Grâce considérera, s’il lui plaît, que je n’ai battu en retraite que pour conserver le bagage[2]. — Quoi ! jouez-vous aux calembourgs avec moi ? Sachez donc que le plus grand imbécile d’une paroisse serait fustigé s’il essayait de faire passer un misérable quolibet pour une bonne plaisanterie devant des portefaix et des cochers de fiacres. — Et pourtant, j’ai entendu Votre Grâce se permettre des jeux de mots. — Impertinent Jerningham, congédie ta mémoire, ou impose-lui plus de discrétion, autrement elle pourra nuire à ton avancement dans le monde. Tu peux m’avoir vu, dans un moment de caprice, jouer à la balle, embrasser une servante, avaler un pot d’ale, ou croquer une rôtie au fromage ; mais est-il convenable que tu te rappelles de semblables folies ? N’en parlons plus. Dis-moi donc : comment diable ce grand échalas, cet imbécile de Jerkin, a-t-il pu se laisser passer une lame d’épée à travers le corps par un véritable rustre tel que ce Peveril ? — Je prie Votre Grâce de croire que ce Corydon n’est pas si novice : j’ai vu le commencement du combat, et si j’excepte une seule main, je n’ai jamais vu personne qui maniât une épée avec autant d’aplomb, de grâce et d’aisance. — Vraiment ! » dit le duc en tirant sa propre rapière, « je ne m’en serais pas douté ; je suis un peu rouillé, et ma lame a besoin de prendre l’air. Peveril est un nom de marque : autant vaut aller à Barns-Elms, ou derrière Montagu-House, avec lui qu’avec un autre ; son père passe aussi pour avoir été du complot. Le public regarderait cette action de ma part comme convenable à un bon protestant. J’ai besoin de faire quelque chose pour soutenir ma réputation dans la Cité, afin qu’on me pardonne de ne pas assister aux prières et aux sermons ; mais votre Laërte n’est pas libre de ses mouvements pour le quart d’heure, et je suppose que son imbécile d’antagoniste est mort ou mourant. — Au contraire, milord, il en reviendra : la lame n’a heureusement pas touché les parties vitales. — Au diable ses parties vitales ! Dites-lui de différer son rétablissement, sinon je le tuerai tout de bon, moi. — J’en préviendrai son médecin ; la précaution sera tout aussi bonne. — Préviens-le ; et dis-lui qu’il vaudrait mieux pour lui d’être sur son propre lit de mort, que de guérir son malade avant que je le lui permette. Quant au jeune drôle, nous devons, à tout prix, empêcher qu’il ne soit relâché maintenant. — Il n’y a pas de risque qu’il le soit : j’ai ouï dire que quelques-uns des témoins ordinaires ont déjà jeté leurs filets sur lui, à propos de quelques affaires qui se sont passées dans le Nord, et qu’on doit le transférer à la Tour, tant pour ce motif qu’à cause de certaines lettres de la comtesse de Derby ; du moins le bruit en court. — Qu’il aille donc à la Tour, et qu’il en sorte comme il pourra. Quand vous apprendrez qu’on l’y tient, que le sot batailleur se rétablisse aussi vite que le chirurgien et lui pourront s’accorder à le vouloir. »

Le duc, après avoir ainsi parlé, fit deux ou trois tours dans l’appartement, et parut plongé dans de profondes réflexions. Le confident attendit patiemment le résultat de ses méditations, sachant bien que de tels accès, durant lesquels l’esprit de son maître se portait exclusivement sur un seul objet, n’étaient jamais d’assez longue durée pour mettre sa patience à une bien rude épreuve.

En effet, après un silence de sept ou huit minutes, le duc prenant sur sa toilette une large bourse de soie qui semblait remplie d’or : « Jerningham, dit-il, tu es un coquin fidèle, et il serait mal de ne pas te chérir. J’ai battu à la paume le roi qui m’en avait défié. L’honneur me suffit à moi ; mais ce sera toi, mon garçon, qui profiteras de mes gains. »

Jerningham empocha la bourse avec des remercîments convenables.

« Jerningham, continua le duc, je sais que vous me blâmez de changer si souvent mes projets ; et, sur mon âme, je vous ai entendu débiter de si belles choses à ce sujet, que j’ai fini par être de votre opinion : voilà deux ou trois heures que je m’en veux de n’avoir pas constamment un seul et unique objet en vue, comme je le ferai, sans doute, quand l’âge, » ajouta-t-il en se touchant le front, « aura trop rouillé cette girouette pour qu’elle puisse encore tourner à tous les vents. Mais à présent que je suis fort et actif, qu’elle tourne comme celle du grand mât qui apprend au pilote de quel côté il doit diriger sa course, et quand elle marque la mienne, songe que je dois suivre la fortune, et non la contrôler dans sa marche. — Je ne puis rien comprendre à tout cela, sinon que Votre Grâce a changé certaines mesures qu’elle avait arrêtées, et croit avoir eu raison de le faire. — Vous en jugerez vous-même : j’ai vu la duchesse de Portsmouth… Vous tressaillez d’étonnement. C’est la vérité, de par le ciel ! je l’ai vue, et d’ennemis implacables que nous étions, nous sommes devenus amis jurés. Le traité entre de si hautes et si grandes puissances contenait plusieurs articles importants ; en outre j’avais affaire à un véritable négociateur français : de sorte que vous conviendrez qu’une absence de quelques heures était tout juste ce qu’il fallait pour arranger nos affaires diplomatiques. — Votre Grâce m’étonne. Le plan de Christian pour supplanter la grande dame est donc entièrement abandonné ? Je croyais que vous aviez seulement voulu avoir chez vous la belle destinée à lui succéder, afin de conduire vous-même la chose. — J’oublie ce que je voulais alors, sauf l’intention où j’étais de l’empêcher de me duper comme elle a dupé notre bonhomme de roi ; et je persiste dans cette résolution, puisque vous me faites penser à la demoiselle. Mais, pendant que nous jouions à la paume, j’avais reçu de la duchesse un billet plein de contrition. Je l’allai voir, et elle me parut une Niobé parfaite. Sur mon âme, en dépit des yeux rouges, des joues humides de larmes, et des cheveux épars, il y a, après tout, Jerningham, des femmes qui, comme disent les poètes, sont belles encore dans l’affliction. Elle m’en avoua la cause, et avec tant d’humilité, tant de repentir, en se mettant tellement à ma merci, elle, la plus orgueilleuse de toute la cour, qu’il m’aurait fallu avoir un cœur d’airain pour lui résister. Bref, Chiffinch, dans un accès d’ivrognerie, avait babillé et mis le jeune Saville dans le secret de notre intrigue. Savilie nous joua un tour diabolique, et informa la duchesse de tout, par un exprès qui, heureusement, arriva trop tard sur le marché ; elle apprit aussi, car c’est un démon qui reçoit avis de tout, qu’il y avait eu quelques brouilleries entre le maître et moi à propos de cette nouvelle Philis, et que c’était moi qui probablement attraperais l’oiseau, comme il est aisé de le croire lorsqu’on nous regarde tous deux. Il faut que ce soit Empson qui ait chanté tout cela aux oreilles de la duchesse. Croyant entrevoir comment nous pourrions, elle et moi, faire chasser nos chiens ensemble, elle me supplia de rompre le projet de Christian, et de dérober la petite aux yeux du roi, surtout si elle était vraiment aussi parfaite qu’elle l’avait entendu dire. — Et Votre Grâce a promis de travailler à soutenir une influence qu’elle a si souvent voulu détruire ? — Oui, Jerningham ; car j’arrivais tout aussi bien à mon but lorsqu’elle semblait avouer qu’elle était en mon pouvoir, et me criait merci. Puis, remarque donc, peu m’importe par quelle échelle je monterai pour entrer dans le cabinet du roi : celle de Portsmouth est déjà placée ; mieux vaut s’en servir que la jeter à terre pour en placer une autre : je hais toute peine inutile. — Et Christian ? — Peut aller au diable comme un âne plein de suffisance. Un plaisir de cette complication d’intrigue, c’est de me venger de ce maraud qui s’est cru si essentiel, que, sur mon âme ! il est entré de force chez moi, et m’a sermonné comme un écolier. À tous les diables donc cet impudent, ce coquin froid et hypocrite ! S’il murmure, je lui ferai fendre le nez aussi large que celui de Coventry. Dites-moi, le colonel est-il venu ? — Je l’attends à chaque instant, milord. — Envoyez-le-moi dès qu’il arrivera. Eh bien ! pourquoi me regardez-vous avec cet air ébahi ? Que voulez-vous donc ? — Vos ordres, milord, relativement à la jeune personne. — Corbleu ! je l’avais complètement oubliée. Est-elle bien en larmes ?… extrêmement affligée ? — Elle ne prend pas les choses aussi violemment que j’ai vu d’autres demoiselles les prendre ; mais pour une indignation vive, ferme et concentrée, je n’ai jamais rien vu de pareil. — Eh bien ! nous la laisserons se calmer. Je n’affronterai pas tout de suite l’affliction d’une seconde belle. Je suis pour quelque temps las des yeux rouges et gros, ainsi que des traits gonflés. Je dois d’ailleurs ménager mes moyens de consolation. Allez, et envoyez-moi le colonel. — Votre Grâce me permettra-t-elle une autre question ? — Demandez-moi ce qu’il vous plaira, Jerningham, et ensuite allez-vous-en. — Votre Grâce résolu d’abandonner Christian : puis-je demander ce que devient le royaume de Man ? — Oublié, aussi vrai que j’ai une âme de chrétien ! aussi totalement oublié que si jamais je n’avais formé ce projet d’ambition royale. Diable ! il s’agit de rattacher les fils rompus de cette intrigue. Pourtant ce n’est qu’un misérable roc qui ne vaut pas la peine que je me suis donnée pour lui ! Et quant au mot royaume, il sonne bien en vérité, mais au fond, je pourrais aussi bien mettre à mon chapeau une plume de chapon et l’appeler un panache. En outre, à présent que j’y pense, il ne serait guère honorable d’enlever ainsi ce petit royaume aux Derby. J’ai gagné mille pièces d’or au jeune comte la dernière fois qu’il était ici, et j’ai souffert qu’il se présentât à la cour pendu à mon côté. Je doute que le revenu total de son royaume vaille le double de cette somme. S’il était ici, je parviendrais bien à lui gagner aussi son île, et avec moins de peine qu’il ne m’en faudrait pour suivre les ennuyeuses intrigues de Christian. — S’il peut m’être permis d’exprimer ma pensée, je vous dirai, milord, que, si vous êtes parfois susceptible de changer d’opinion, il n’existe pas d’homme en Angleterre qui puisse en donner d’aussi bonnes raisons que vous. — Je le pense aussi, Jerningham, et peut-être est-ce une raison pour moi de changer si souvent. On aime à justifier sa conduite et à trouver de bons motifs d’avoir fait ce qu’on avait envie de faire. Maintenant, encore une fois, va-t’en. Un moment ! écoute-moi, écoute bien : j’aurais besoin de quelques pièces d’or. Tu peux me rendre la bourse que je t’ai donnée, et je te ferai un mandat pour même somme, avec l’intérêt de deux ans, sur le vieux Jacob Doublefee. — Comme il plaira à Votre Grâce, » répliqua Jerningham, toute sa provision de complaisance ne suffisant qu’à peine pour cacher la mortification qu’il éprouvait d’échanger contre un bon à long terme, et sur un homme qu’il savait par expérience ne pas toujours faire honneur à sa signature, le contenu brillant de la bourse qu’il avait déjà mise dans sa poche. Il fit en secret, mais solennellement, le vœu que l’intérêt seul de deux années ne compenserait pas le changement fait contre son gré dans la forme de la récompense.

Le confident peu satisfait, se retirant enfin, rencontra en haut du grand escalier Christian lui-même, qui, usant de la liberté d’un ancien ami de la maison, se dirigeait, sans prendre la peine de se faire annoncer, vers l’appartement du duc. Jerningham, conjecturant que sa visite en ce moment critique ne serait rien moins qu’agréable et viendrait fort mal à propos, tâcha de le congédier, en lui assurant que le duc était indisposé et dans sa chambre à coucher ; il parla même assez haut pour que son maître pût l’entendre et profitât, si bon lui semblait, de l’excuse alléguée en son nom, en se retirant dans sa chambre à coucher comme dans un dernier retranchement où les verrous le protégeraient contre les fâcheux.

Mais loin d’adopter un stratagème auquel il avait eu recours en maintes occasions semblables, afin d’éviter les personnes qui venaient le trouver quoiqu’à une heure convenue et pour des affaires d’importance, Buckingham appela à haute voix du fond de son appartement, et ordonna à son chambellan d’introduire tout de suite son bon ami M. Christian, le réprimandant de ce qu’il avait hésité un instant à le faire.

« Oh ! » pensa Jerningham en lui-même, « si Christian connaissait le duc aussi bien que moi, il braverait la fureur d’un lion, comme le courageux apprenti de Londres, plutôt que de se hasarder à paraître en ce moment devant mon maître, qui est présentement d’une humeur presque aussi dangereuse. »

Il introduisit alors Christian chez le duc, et eut soin de se placer à la porte de manière à tout entendre.



  1. Of en anglais, a, devant les noms propres de nobles, un emploi analogue à celui de la préposition de en français : Of-Alley signifie l’allée ou le passage De.
  2. Il y a dans le texte baggage, qui veut dire aussi fille. C’est un jeu de mots intraduisible. a. m.