Dirigée par MM. Meillet et Vendryes
IV
M. L. Sjoestedt
docteur ès lettres
directeur d’études a l’école des hautes études
Phonétique
d’un parler irlandais
de Kerry
Paris
Librairie Ernest Leroux
P. 39, l. 4, lire : çαnɪ꞉ᵊs (cheannuigheas)...
P. 39, l. 5, lire : çαnɪ꞉ʃ (cheannuighis)...
P. 57, l. 3, lire : (geaitire)...
P. 101, l. 4 de la fin, lire : mʹäλⁱrʹ...
P. 101, l. 3 de la fin, lire : lʲaᴜ̃s...
P. 102, l. 14, lire : ʃäλⁱkʹ...
P. 113, l. 22, lire : « petite partie »...
Dirigée par MM. Meillet et Vendryes
IV
M. L. Sjoestedt
docteur ès lettres
directeur d’études a l’école des hautes études
Phonétique
d’un parler irlandais
de Kerry
Librairie Ernest Leroux
28, rue Bonaparte, Paris
1931
En hommage à
S’écartant d’une tradition déjà établie par plusieurs monographies consacrées à d’autres parlers, on s’est efforcé ici de se tenir à un point de vue rigoureusement descriptif. On s’est interdit toute citation de formes anciennes, toute classification fondée sur l’origine des phonèmes, toute allusion aux tendances historiques qui expliquent les formes actuelles du parler. Non qu’il soit toujours possible de distinguer le diachronique du synchronique : ce n’est certainement pas le cas dans un dialecte où, comme dans le nôtre, l’évolution linguistique d’une génération à l’autre est sur plus d’un point sensible ; où de constants flottements entre la prononciation près de disparaître et celle qui tend à l’emporter nous font saisir en quelque sorte sur le fait les tendances (dissimilation, svarabhakti, etc.) qui travaillent le parler. Il a fallu tenir compte de celles-ci, dans la mesure où elles sont actuelles ; en revanche on a fait, autant que possible, abstraction des phénomènes analogues qui, tout en ayant laissé leur trace dans la langue, ne sont plus générateurs de formes et de phonèmes nouveaux et appartiennent par conséquent au domaine de la phonétique historique.
Il a semblé qu’une telle méthode, en rejetant dans l’ombre ce qui, dans le parler, est la continuation historique du passé, permettait d’en mettre mieux en lumière l’originalité actuelle, qui réside moins dans chacun des phonèmes, étudié en soi, que dans l’ensemble du système qui en règle les rapports et la répartition.
En donnant, à côté de chaque exemple cité, à défaut de la forme ancienne, la transcription en orthographe usuelle, on a pensé rendre possibles les comparaisons avec les autres monographies publiées et avec les états antérieurs de la langue, et pallier ainsi un des inconvénients du parti pris adopté.
Cette étude est une description phonétique d’un parler irlandais de Kerry, parlé dans la baronnie de Corcoguiney et observé par moi principalement dans la paroisse de Dunquin.
Les éléments de cette étude ont été réunis au cours de plusieurs séjours, d’une durée totale d’environ huit mois, effectués entre 1925 et 1929 dans la paroisse de Dunquin (à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Dingle) et dans l’île Blasket, qui en dépend, à l’exception d’une semaine passée à Cora Ghráig (Paróiste Mórdhach), à une vingtaine de kilomètres au nord de Dunquin, sur la côte, et de quelques excursions dans d’autres paroisses de langue gaélique depuis Dingle, jusqu’à Clogan (an Leitir Iubhach). J’ai signalé en passant quelques particularités locales, là où j’ai eu l’occasion de les noter, mais n’ai pas tenté d’enquête de géographie linguistique.
La population de cette région est composée de petits dermiers et de pêcheurs, qui entretiennent peu de relations avec l’extérieur, en dehors des visites à la petite ville où l’anglais est parlé couramment, quoique bon nombre d’habitants y comprennent l’irlandais, et de la correspondance avec les parents émigrés en Amérique. Il faut ajouter, depuis ces dernières années, les visites d’étudiants venus apprendre l’irlandais (visites encore très exceptionnelles au moment de mon premier séjour). L’irlandais est la seule langue usitée à Dunquin, quoique la plupart des jeunes gens comprennent l’anglais qu’ils peuvent parler plus ou moins. La plupart des vieillards ne parlent pas du tout l’anglais. La situation est sensiblement la même dans Paróiste Mórdhach et dans les paroisses qui s’étendent entre deux.
Dunquin même est une paroisse d’environ 450 habitants, dont plus d’une centaine habitent l’île Blasket. Les mariages entre les gens de l’île et ceux de la côte, entre les gens de Dunquin et ceux des paroisses limitrophes, sont fréquents. Les enfants d’une même paroisse se rencontrent, tous les jours, à l’école communale, où l’enseignement est donné en irlandais par un instituteur originaire de la paroisse, sauf pendant les heures consacrées à l’étude de l’anglais.
Les habitants de ces paroisses gaéliques sont aussi accueillants que courtois envers les étrangers : ceux-ci, les premières semaines passées, peuvent facilement se mêler à leur vie et à leurs conversations ; aussi ai-je eu l’occasion d’écouter un grand nombre de sujets des deux sexes et de tout âge : je ne mentionnerai ici que ceux avec qui j’ai travaillé, qui m’ont fourni de textes, ou avec lesquels je me suis trouvée plus particulièrement en relations.
Tout d’abord mes hôtes de Dunquin : Seán O Caosaidhe, environ 50 ans (âge actuel) ; sa femme Cáit Ní Chaosaidhe, née dans l’île, 43 ans, son père Micheál O Caosaidhe, sa mère Máire, née dans une paroisse voisine (Paróiste Márthain), l’un et l’autre âgés de plus de 70 ans.
Liam O Caomhánaigh et sa femme Cáit, âgés l’un et l’autre d’une quarantaine d’années, tous deux nés à Dunquin ; Seán O Caomhánaigh et sa femme Máire Seosamh (née dans Paróiste an Fhirtéaraigh au nord de Dunquin) l’un et l’autre âgés de plus de 70 ans. Les cinq enfants de cette même maison.
Dans l’île Blasket ; mes hôtes : Micheál O Catháin, qui aurait aujourd’hui environ 55 ans. Sa femme Máire, 47 ans ; leurs quatre enfants, échelonnés de 22 à 8 ans. An Rí « le Roi » de l’île, qui aurait aujourd’hui 72 ans. Son fils Seán, 45 ans, environ. Tomás O Criothain, poète et conteur, 72 ans. Peig Sayers, née à Dunquin, 59 ans, qui possède un des répertoires de folklore les plus riches de la région. Son fils, Micheál, environ 30 ans. Sa fille Eibhlin, environ 22 ans.
Cette liste serait trop longue si je devais nommer tous ceux qui m’ont facilité par leur obligeance d’abord l’apprentissage de la langue, puis la réunion des éléments de cette étude. Je tiens cependant à dire en terminant tout ce que je dois à M. Seán O Caomhánaigh, né à Dunquin, qui aujourd’hui enseigne à Dublin sa langue natale. Il fut pour moi, dès mon arrivée dans la paroisse, un professeur dévoué et bénévole, puis un sujet d’observation d’une inlassable patience, enfin un co-enquêteur qui mit à ma disposition sa connaissance des gens et des choses de la région. Je ne puis dire combien sa collaboration m’a été précieuse dans mon enquête.
J’ai grand plaisir à remercier MM. J. Vendryes, A. Sommerfelt et E. Benveniste qui ont bien voulu lire cet ouvrage en manuscrit ou en épreuves. Je dois beaucoup à leurs observations. MM. O. Bergin et Th. O’Rahilly ont vu une première rédaction du chapitre des diphthongues. Qu’ils soient aussi remerciés de leurs critiques.
- Finck (F. N.), Die Araner Mundart, 1899.
- Henebry (Rev. Richard), The sounds of Munster Irish, 1898.
- Ó Maille (Thomas), Urlabhraigheacht agus graiméar na Gaedhilge, 1927.
- Ó Searcaigh (Séamus), Foghraidheacht Ghaedhilge an Tuaiscirt, 1926.
- Quiggin (Edmund C.), A dialect of Donegal, 1906.
- Sommerfelt (Alf), The dialect of Torr, Co. Donegal, 1922.
- Sommerfelt (Alf), South Armagh Irish (Norsk Tidsskrift for Sprogvidenskap), 1929.
Sans vouloir tenter une bibliographie des articles intéressant la phonétique descriptive de l’irlandais, il faut cependant signaler :
- Loth (Joseph), L’accent dans l’irlandais de Munster (Revue de Phonétique, 3, 317).
- Van Hamel (A. G.), De accentuatie van het Munster Iersch (Mededeelingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen. 61, Série A, nº 9, Amsterdam).
- Sommerfelt (Alf), Munster Vowels and Consonants (Proceedings of the Royal Irish Academy, 1927).