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Pierrot et sa Conscience/VII

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VII



Une petite femme, déshabillée en libellule, en maillot de soie bleue, avec des ailes azurées qui scintillaient derrière ses épaules, se faufilait, appétissante et verveuse, la bouche fraîche, dans les groupes, parmi le

fouillis de couleurs, le tumulte d’accoutrements, en quête d’un gommeux qui lui payât ses ailes de gaze et un souper.

Paradoxes excessifs, vie à outrance, sabbat, galop, chamade, gaîté au paroxysme, plaisir à outrance, tu crois ça, ma chère ? Soupera-t-on ? Soupera-t-on pas ?

C’est la foire aux amours.

Le reste — quoi ? le reste ? — était composé des chicards, des ollas podridas, des masques vêtus, sans goût, de défroques de théâtre. La petite blonde en libellule causait avec un ver luisant qui disait des bêtises. La libellule, excitante, endiablée, se moquait de lui, et, désignant sa lanterne éteinte :

— Ce n’est pas assez, mon petit ver luisant, d’avoir une queue, il faut encore qu’elle éclaire.