Pierrot et sa Conscience/XIV

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XIV



Pierrot et sa Conscience, la tête basse, ayant le souvenir des délicieuses nuits du temps où ils étaient jeunes, se disant qu’ils avaient vu, depuis qu’ils étaient sortis du cercueil, beaucoup de femmes, mais aucune qui eût un amour autre que celui de l’or, même de l’argent, reprirent, à pied, le chemin du cimetière Montmartre.

Beaucoup de chocs aujourd’hui, presque jamais d’étincelles. Pierrot s’était ruiné pour ses maîtresses, mais du moins elles étaient folles avec lui qui était fou, et ni l’amoureux ni l’amoureuse n’avaient acheté du trois pour cent.

Les temps sont sérieux.

À l’aube, dont les rayons éclairaient sur les toits les tuyaux innombrables des cheminées de Paris, tous deux, fatigués de la nuit, rentrèrent dans leur caveau.

Félicien Champsaur
Félicien Champsaur
tandis qu’ils se recouchaient sous leur linceul mortuaire, côte à côte :

La joie est bien lugubre. Nous n’avons trouvé qu’une femme qui réalisât le rêve, et, comme tout idéal, nous n’avons pu l’étreindre. Nous aurions mieux fait, compagnon, de ne pas vouloir l’impossible, et, comptant parmi les morts, de rester chez nous.

FIN
FIN