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Poèmes (Canora, 1905)/Quand tu dors

La bibliothèque libre.
(p. 21-22).

TENDRESSES D’ENFANT

I

QUAND TU DORS

 
Quand tu dors, par les nuits d’été,
Par les nuits tièdes et sereines,
Enfant, ton rêve est emporté,
Parfois, vers un monde enchanté,
Bercé d’amoureuses haleines.

De son rayon mystérieux,
Pâlissant la voûte étoilée,
La lune, sur tes blonds cheveux,
Pose un diadème radieux
Et ton âme prend sa volée…

Et, dans les infinis d’azur,
Mon rêve rencontre ton rêve,
Devant ton regard jeune et pur,
De mon cœur monte un aveu sûr
Qui par l’éther plane et s’élève…


Je chante en te donnant la main,
Et toi, tu m’écoutes rêveuse.
Et parfois, ton baiser divin
Ranime l’espoir en mon sein.
Sous nos pieds pâlit Bêtégeuse.

Et vers l’infini nous courons,
Nos deux rêves ne sont qu’une âme,
Mais hélas ! Ce que nous rêvons
Pâlit sous les premiers rayons
Ainsi qu’une tremblante flamme…

Et longtemps, malgré le soleil,
Tu restes les paupières closes,
Sentant fuir ton heureux sommeil
Sans bien discerner, au réveil,
Les parfums de ton rêve et les parfums des roses.