Poèmes antiques et modernes/Le Trappiste

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Poèmes antiques et modernes, Texte établi par Edmond Estève, Hachette (p. 196-207).


LE TRAPPISTE[1]

poème


Titre : O1-O3, P2, Le Trapiste — O1-O3, la note au titre manque ; P2, A, Journal des Débats B-D, Moniteur

Épigraphe : O1-O3, Je suis devenu étranger à mes frères parce que le zèle de votre maison m’a dévoré, et que les outrages de ceux qui vous insultaient sont tombés sur moi (Ps. c. LXVIII, v. 8).


C’était une des nuits qui des feux de l’Espagne
Par des froids bienfaisants consolent la campagne ;
L’ombre était transparente, et le lac argenté
Brillait à l’horizon sous un voile enchanté ;

Une lune immobile éclairait les vallées.
Où des citronniers verts serpentent les allées ;
Des milliers de soleils, sans offenser les yeux,
Tels qu’une poudre d’or, semaient l’azur des cieux,
Et les monts inclinés, verdoyante ceinture
Qu’en cercles inégaux enchaîna la nature.
De leurs dômes en fleurs étalaient la beauté,
Revêtus d’un manteau bleuâtre et velouté[2].
Mais aucun n’égalait, dans sa magnificence,
Le Mont Serrât[3], paré de toute sa puissance[4] :
Quand des nuages blancs sur son dos arrondi
Roulaient leurs flots chassés par le vent du midi[5],
Les brisant de son front, comme un nageur habile,
Le géant semblait fuir sous ce rideau mobile ;
Tantôt un piton noir, seul dans le firmament,
Tel qu’un fantôme énorme, arrivait lentement ;
Tantôt un bois riant, sur une roche agreste.
S’éclairait, suspendu comme une île céleste.
Puis enfin, des vapeurs délivrant ses contours,
Comme une forteresse au milieu de ses tours,
Sortait le pic immense : il semblait à ses plaines
Des vents frais de la nuit partager les haleines ;
Et l’orage indécis, murmurant à ses pieds.
Pendait encor d’en haut sur les monts effrayés.


En spectacles pompeux la nature est féconde :
Mais l’homme a des pensers bien plus grands que le monde.
Quelquefois tout un peuple endormi dans ses maux
S’éveille, et, saisissant le glaive des hameaux,
Maudissant la révolte impure et tortueuse[6].
Élève tout à coup sa voix majestueuse :
Il redemande à Dieu ses autels profanés,
Il appelle à grands cris ses Rois emprisonnés[7] ;
Comme un tigre, il arrache, il emporte sa chaîne ;
Il s’élève, il grandit, il s’étend comme un chêne[8],
Et de ses mille bras il couvre en liberté
Les sillons paternels du sol qui l’a porté.
Ainsi, terre indocile, à ton Roi seul constante,
Vendée, où la chaumière est encore une tente,
Ainsi de ton Bocage aux détours meurtriers[9]
Sortirent en priant les paysans guerriers :
Ainsi, se relevant, l’infatigable Espagne
Fait sortir des héros du creux de la montagne.



Sur des rochers, non loin de ces antres sacrés,
Où Pelage appela les Goths désespérés[10],
D’où sort toujours la gloire, et qui gardent encore,
Hélas ! les os français mêlés à ceux du More,
Au-dessus de la nue, au-dessus des torrents.
Viennent de s’assembler les montagnards errants.
La pourpre du réseau dont leur front s’environne

Forme autour des cheveux une mâle couronne,
Et la corde légère, avec des nœuds puissants.
S’est tressée en sandale à leurs pieds bondissants.
Le silence est profond dans la foule attentive ;
Car la hache pesante, avec la flamme active,
D’un chêne que cent ans n’ont pas su protéger
Ont fait pour leur prière un autel passager.



Là ce chef dont le nom sème au loin l’épouvante[11]
Dépose devant Dieu son oraison fervente ;
Triomphateur sans pompe, il va d’une humble voix
Chanter le Te Deum sous le dôme des bois.
Est-ce un guerrier farouche ? est-ce un pieux apôtre ?

Sous la robe de l’un il a les traits de l’autre :
Il est prêtre, et, pourtant, promptement irrité.
Il est soldat aussi, mais plein d’austérité ;
Son front est triste et pâle, et son œil intrépide :
Son bras frappe et bénit, son langage est rapide,
Il passe dans la foule et ne s’y mêle pas[12] ;
Un pain noir et grossier compose ses repas ;
Il parle, on obéit ; on tremble s’il commande.
Et nul sur son destin ne tente une demande[13].
Le Trappiste est son nom : ce terrible inconnu[14],
Sorti jadis du monde, au monde est revenu ;
Car, soulevant l’oubli dont ces couvents funèbres
À leurs moines muets imposent les ténèbres,
Il reparut au jour, dans une main la croix,
Dans l’autre, secouant, au nom des anciens Rois,
Ce fouet[15] dont Jésus-Christ, de son bras pacifique.
Du haut des longs degrés du Temple magnifique,
Renversa les vendeurs qui souillaient le saint mur,

Dans les débris épars de leur trafic impur[16].
Soit que la main de Dieu le couvre ou se retire,
Le condamne à la gloire ou l’élève au martyre,
S’il vit, il reviendra sans plainte et sans orgueil,
D’un bras sanglant encore achever son cercueil.
Et reprendre, courbé, l’agriculture austère
Dont il s’est trop longtemps reposé dans la guerre.
Tel un mort, évoqué par de magiques voix,
Envoyé du sépulcre, apparaît pour les Rois,
Marche, prédit, menace, et retourne à sa tombe,
Dont la pierre éternelle en gémissant retombe[17].



Parmi ces montagnards, ces robustes bergers[18].
Aventuriers hardis, chasseurs aux pieds légers.
Qui rangent sous sa loi leur troupe volontaire.
Nul n’a voulu savoir ce qu’il a voulu taire.
Dieu l’inspire et l’envoie, il le dit : c’est assez,
Pourvu que leurs combats leur soient toujours laissés.

Joyeux, ils voyaient donc, sanctifiant leur gloire[19],
Ce prêtre offrir à Dieu leur première victoire.
Pour lui, couvert de l’aube et de l’étole orné.
Devant l’autel agreste il s’était retourné.
Déjà, soldat du Christ, près d’entrer dans la lice.
Il remplissait son cœur des baumes du calice.
Mais des soupirs, des bruits s’élèvent ; un grand cri
L’interrompt ; il s’étonne, et, lui-même attendri,
Voit un jeune inconnu, dont la tête est sanglante,
Traînant jusqu’à l’autel sa marche faible et lente.
Montrant un fer brisé qui soutenait sa main.
Qui défendit sa fuite et fraya son chemin.
C’est un de ces guerriers dont la constante veille
Fait qu’en ses palais d’or la royauté sommeille[20].
Il tombe ; mais il parle, et sa tremblante voix
S’efforce à ce discours entrecoupé trois fois :
« Pour qui donc cet autel au milieu des ténèbres ?
N’y chantez pas, ou bien dites des chants funèbres.
Quel Espagnol ne sait les hymnes du trépas ?
Les nouveaux noms des morts ne vous manqueront pas :
J’apporte sur vos monts de sanglantes nouvelles.
— Quoi ! le Roi n’est-il plus ? disaient les voix fidèles.
— Pleurez. — Il est donc mort ? — Pleurez, il est vivant ! »
Et le jeune martyr, sur un bras se levant,
Tel qu’un gladiateur dont la paupière errante
Cherche le sol qui tourne, et fuit sa main mourante[21] :

« Nos combats sont finis, dit-il, en un seul jour ;
Nos taureaux ont quitté le cirque, et sans retour[22],
Puisque le spectateur à qui s’offrait la lutte
N’a pas daigné lui-même applaudir à leur chute.
Pour vous, si vous savez les secrets du devoir,
Partez, je vais mourir avant de les savoir.
Mais, si vous rencontrez, non loin de ces montagnes,
Des soldats qui vont vite à travers les campagnes,
Qui portent sous leurs bras des fusils renversés[23],
Et passent en silence et leurs fronts abaissés,
Ne les engagez pas à cesser leur retraite ;
Ils vous refuseraient en secouant la tête :
Car ils ont tous besoin, mon père, ainsi que moi[24],
De retremper leur âme aux sources de la foi.
Nul ne sait s’il succombe ou fidèle ou parjure,
Et si le dévoûment ne fut pas une injure.
Vous, habitant sacré du mont silencieux,
Instruit des saintes morts que préfèrent les Cieux,
Jugez-nous et parlez… Vous savez quelle proie
Le peuple osa vouloir dans sa féroce joie ?
Vous le savez, un Roi ne porte pas des fers
Sans que leur bruit s’entende au bout de l’univers.
Nous qui pensions encore, avant l’heure où nous sommes,
Qu’un serment prononcé devait lier les hommes,
Partant avec le jour, qui se levait sur nous
Brillant, mais dont le soir n’est pas venu pour tous,
Au palais, dont le peuple envahissait les portes,
En silence, à grands pas, marchaient nos trois cohortes :
Quand le balcon royal à dos yeux vint s’offrir[25],

Nous l’avons salué, car nous venions mourir[26].
Mais comme à notre voix il n’y paraît personne,
Aux cris des révoltés, à leur tocsin qui sonne,
À leur joie insultante, à leur nombre croissant,
Nous croyons le Roi mort parce qu’il est absent ;
Et, gémissant alors sur de fausses alarmes,
Accusant nos retards, nous répandions des larmes.
Mais un bruit les arrête, et, passé dans nos rangs,
Fait presque de leur mort repentir nos mourants.
Nous n’osons plus frapper, de peur qu’un plomb fidèle
N’aille blesser le Roi dans la foule rebelle.
Déjà, le fer levé, s’avancent ses amis[27],
Par nos bourreaux sanglants à nous tuer admis.
Nous recevons leurs coups longtemps avant d’y croire,
Et notre étonnement nous ôte la victoire.
En retirant vers vous nos rangs irrésolus,
Nous combattions toujours, mais nous ne pleurions plus[28]. »


Il se tut. Il régna, de montagne en montagne,
Un bruit sourd qui semblait un soupir de l’Espagne.
Le Trappiste incliné mit sa main sur ses yeux[29].
On ne sait s’il pleura ; car, tranquille et pieux,
Levant son front creusé par les rides antiques,
Sa voix grave apaisa les bataillons rustiques :
Comme au vent du midi la neige au loin se fond[30],
La rumeur s’éteignit dans un calme profond.
La lune alors plus belle écartait un nuage,
Et du moine héroïque éclairait le visage ;
Troublé sur ses sommets et dans sa profondeur,
Le mont de tous ses bruits déployait la grandeur ;
Aux mots entrecoupés du vainqueur catholique,
Se mêlait d’un torrent la voix mélancolique[31],
Le froissement léger des mélèzes touffus,
D’un combat éloigné les coups longs et confus,
Et des loups affamés les hurlements funèbres[32],
Et le cri des vautours volant dans les ténèbres :



« Frères, il faut mourir ; qu’importe le moment ?
Et si de notre mort le fatal instrument
Est cette main des Rois qui, jadis salutaire,
Touchait pour les guérir les peuples de la terre ;
Quand même, nous brisant sous notre propre effort,
L’arche que nous portons nous donnerait la mort ;
Quand même par nous seuls la couronne sauvée
Écraserait un jour ceux qui l’ont relevée,

Seriez-vous étonnes, et vos fidèles bras
Seraient-ils moins ardents à servir les ingrats ?
Vous seriez-vous flattés qu’on trouvât sur la terre
La palme réservée au martyr volontaire ?
Hommes toujours déçus, j’en appelle à vous tous :
Interrogez vos cœurs, voyez autour de vous ;
Rappelez vos liens, vos premières années,
Et d’un juste coup d’œil sondez nos destinées[33].
Amis, frères, amants, qui vous a donc appris
Qu’un dévoûment jamais dût recevoir son prix ?
Beaucoup semaient le bien d’une main vigilante,
Qui n’ont pu récolter qu’une moisson sanglante.
Si la couche est trompeuse et le foyer pervers,
Qu’avez-vous attendu des Rois de l’univers ?
Ô faiblesse mortelle, ô misère des hommes[34] !
Plaignons notre nature et le siècle où nous sommes
Gémissons en secret sur les fronts couronnés ;
Mais servons-les pour Dieu qui nous les adonnés.
Notre cause est sacrée, et dans les cœurs subsiste.
En vain les Rois s’en vont : la Royauté résiste ;

Son principe est en haut, en haut est son appui ;
Car tout vient du Seigneur, et tout retourne à lui.
Dieu seul est juste, enfants ; sans lui tout est mensonge,
Sans lui le mourant dit : « La vertu n’est qu’un songe. »
Nous allons le prier, et pour le Prince absent[35],
Et pour tous les martyrs dont coule encor le sang.
Je donne cette nuit à vos dernières larmes :
Demain, nous chercherons, à la pointe des armes,
Pour le Roi la couronne, et des tombeaux pour nous. »



Amen, dit l’assemblée en tombant à genoux.


En 1822, à Courbevoie[36].

Dans O3, le poème est suivi d’une longue notice intitulée : Documens sur les Trapistes d’Espagne, qui a disparu des éditions postérieures. On la trouvera à l’Appendice, p. 313.

  1. On a proposé au roi de profiter du temps pour quitter Madrid avec une escorte sûre ; mais l’infortuné prince n’a pu se résoudre à suivre ce conseil.

    Le bruit s’étant répandu parmi les gardes que le roi était emmené hors du palais, prisonnier des cortés, l’ardeur de cette troupe fidèle ne pouvait plus se contenir. Elle résolut de pénétrer jusqu’au palais et de mettre le roi en liberté. Après une charge meurtrière, ils parvinrent sur la place du palais. Ils attendaient impatiemment des ordres ; nul ordre ne fut donné de l’intérieur ! Figurez-vous le palais du roi entouré de ses malheureux gardes, dix pièces de canon braquées contre les portes et les fenêtres, et dix mille personnes, tant miliciens que bandits, poussant des cris épouvantables… Ils ont combattu… Le nombre des gardes échappés (vers l’armée de la Foi) est d’environ trois cents… Le roi a paru au balcon et a salué le peuple.

    Journal des Débats, 15 juillet 1822a.

    a Et non Moniteur, comme le portent par erreur plusieurs éditions. Les événements relatés dans cet extrait remontaient au 7 juillet 1822.

  2. Chateaubriand, Génie, 1er partie, l. V, ch. 12 : Le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres.
  3. Le Mont Serrât est une montagne de la Catalogne, où s’élevait un monastère fréquenté comme lieu de pèlerinage. « On a conduit au fort de Monjoui les religieux du couvent de Montserrat, que l’on a surpris faisant des cartouches pour les insurgés » (Débats du 5 août 1822).
  4. Var : O1-O3, P2, A-C2 Le Mont-Serrat
  5. Var : O2, O3 : Midi
  6. Var : O2, O3, Révolte
  7. Var : O1, rois
  8. Var : O1-O3, P2, A, Il se lève
  9. Var : O1-O3, bocage
  10. Var : O1, D’où les Goths foudroyaient leurs vainqueurs massacrés,
  11. Le héros du poème de Vigny était en 1822 un des chefs les plus populaires du parti royaliste eu Catalogne, et un des meneurs de l’insurrection qui aboutit, grâce à l’intervention française, à la restauration de Ferdinand VII dans ses droits de monarque absolu. Le vicomte de Martignac, dans son Essai historique sur la révolution d’Espagne, Paris, 1832, t. I, p. 598, et Chateaubriand, au ch. XI du Congrès de Vérone, ont tracé le portrait de ce moine soldat. Voici celui qu’en donnait le Moniteur du 15 juin 1832 : « Il se nomme Maragnon, fut lieutenant à la suite du régiment de Murcie. En 1817 son régiment reçut ordre de venir de Calatayud, où il était en garnison, à Barcelone. À son passage à 1erida, il joua, et perdit tout son argent, engagea tout ce qu’il possédait, même ses brevets, et retourna au jeu où il perdit tout encore. Honteux de sa conduite, il déserta et fut se cacher au couvent de la Trappe, où il fut admis. Lors de la suppression de cet ordre, il se rendit en France… Il y a un mois et demi, et au plus deux mois qu’il eu revint… Avant d’entrer au combat, il se met à genoux pour dire ses prières, et se met ensuite à la tête des siens avec une intrépidité extraordinaire. » Les journaux de 1822 et de 1825 sont pleins de détails sur sa personne et sur ses exploits. Vers la fin de novembre 1822, il séjourna à Toulouse, où sa présence fit sensation, et le 1er avril 1823 il eut, à Bayonne, l’honneur d’être présenté au duc d’Angoulême. Outre le poème de Vigny, il inspira quelques pièces de circonstance, entre autres Le Trappiste, élégie héroïque, lue à la Société des Bonnes Lettres dans sa séance du 18 avril 1823, par Ernest de Blosseville (Annales de la Littérature et des Arts, tome XI, 1823), et Don Antonio de Maragnon, par Madame Caroline de M… (Lettres Champenoises, tome XII, 1823).
  12. Var : O1, Il pense, et du tumulte aime à sauver ses pas ;
  13. Byron, Le Corsaire, ch. I, 2, 8, 9 (trad. Pichot) : Mais quel est ce chef ? Son nom est fameux et redouté partout ; ils n’en demandent pas davantage. Il ne se mêle avec eux que pour les commander ; ses paroles sont rares, mais son œil est perçant et sa main est prompte… Les soldats les plus durs de sa troupe trouveraient ses repas trop sévères : le pain le plus noir, les herbes les plus simples, quelquefois le luxe des fruits de l’été, composent tous ses mets… Tels sont ses brefs commandements, telle est sa promptitude : tous obéissent ; il en est peu qui demandent pourquoi… Conrad commande ! qui oserait hésiter ? Cet homme, qui s’entoure de la solitude et du mystère,… dirige et fait trembler le vulgaire… Son noir sourcil [protégeait] un œil de feu… Le soleil avait bruni ses joues ; son front large et pâle était ombragé par les boucles nombreuses de ses noirs cheveux.
  14. Var : O1-O3, P2, Le Trapiste
  15. « La Ruche d’Aquitaine donne les nouvelles suivantes : Une lettre de la Seo d’Urgel… annonce que les royalistes qui assiégeaient les forts… s’en sont emparés par escalade ; le trappiste monta le premier, tenant un crucifix d’un main, et un fouet de l’autre. » (Journal des Débats du 3 juillet 1822.)
  16. Jean, II, 15-16 : La Pâque des Juifs étant proche, Jésus s’en alla à Jérusalem, Et ayant trouvé dans le temple des gens qui vendaient des bœufs, des moutons et des colombes, comme aussi des changeurs qui étaient assis à leurs bureaux, Il fit un fouet avec des cordes et les chassa tous du temple avec les moutons et les bœufs, et il jeta par terre l’argent des changeurs et renversa leurs bureaux ; Et il dit à ceux qui vendaient des colombes : Ôtez tout cela d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.
  17. Souvenir de l’évocation de Samuel par la pythonisse d’Endor en présence du roi Saül (Rois, I, xxviii) : Or Samuel était mort… La femme lui dit [à Saül] : Qui voulez-vous voir ? Il lui répondit : Faites-moi venir Samuel… Samuel dit à Saül : Le Seigneur vous traitera comme je vous l’ai dit de sa part. Il déchirera votre royaume… Demain vous serez avec moi, vous et vos fils.
  18. Var : D, Parmi les montagnards
  19. Var v. 101-102 : O1, Joyeux, ils voyaient donc l’instrument de leur gloire, | Lui-même offrir à Dieu leur première victoire.
  20. Var : O1-O3, Royauté
  21. Byron, Childe Harold, IV, st. 140 (trad. Pichot) : Je vois devant moi le gladiateur étendu sur le sable ; sa tête est appuyée sur sa main ; son mâle regard exprime qu’il consent à mourir… Déjà l’arène tourne autour de lui…
  22. Var : O1-O3, P2, A, Les taureaux
  23. Var : O1-O3, P2, des glaives renversés
  24. Var : O1-O3, mon Père,
  25. Var : O1-O3, le Balcon Royal
  26. Les gardes réunis au Prado étaient entrés dans la ville divisés en trois corps, qui, battus ou découragés, se retirèrent vers le palais et y rejoignirent les deux bataillons de service (Journal des Débats du 15 juillet 1822).
  27. Var : O1, Déjà nos feux éteints nous font voir ses amis
  28. Les Cortès exigeaient que la garde royale se rendit à discrétion : « Les deux bataillons du Palais se soumirent à cette condition, mais les gardes venus du Prado ne purent supporter l’humiliation de se rendre à discrétion. Cette affreuse condition a rendu à ces infortunés le courage du désespoir ; ils se sont ralliés, ont forcé le passage, et traversé le Mançanarez. La cavalerie les a poursuivis jusqu’au village de Bondilla et leur a tué ou blessé 200 hommes : ils en avaient perdu un nombre à peu prés égal dans les rues de Madrid… » — du 8 : « On apprend aujourd’hui que les débris de la Garde se sont reformés, et qu’ils vont se réunir aux royalistes de Siguenza. Les nouvelles de la Catalogne annoncent des succès du Trappiste » (Journal des Débats du 15 juillet 1822).
  29. Var : O1-O3, P2, Le Trapiste
  30. Var : O1, Comme la molle neige au vent du sud se fond,
  31. Var : O1-O3, P2, A, Se mêlaient
  32. Var v. 189-190 : O1, Et le cri des vautours volant dans les ténèbres, | Et réclamant déjà leurs alimens funèbres.
  33. Var : D, sondez vos destinées.
  34. Var v. 215-215 : O1,

    Ô faiblesse mortelle ! ô misère profonde !
    Le poids d’un grand service est trop lourd pour le monde ;
    Qui sait mourir, serait ingrat étant puissant,
    On s’immole plutôt qu’on n’est reconnaissant.
    Tel fuit les malheureux, qui n’a pas craint les armes :
    Le sang coule du cœur plus vite que les larmes.
    Plaignons notre nature et les fronts couronnés ;

    O2, O3, P2, A,

    Ô faiblesse mortelle ! ô misère profonde !
    Le poids d’un grand service est trop lourd pour le monde.
    On s’immole plutôt qu’on n’est reconnaissant,
    D’un élan généreux tant l’attrait est puissant,
    Et tant est fugitif le souvenir des hommes !
    Plaignons notre nature et le siècle où nous sommes :
    Gémissons en secret sur les fronts couronnés ;

  35. Var : 1-O3, P2, A, le prince
  36. Date : O1 (sur la couverture), 7 juillet 1822 O2, O3, la pièce n’est pas datée ; P2 (sur le faux-titre) : Ce poëme a déjà paru en 1822, au mois de juillet (a).

    a La première édition du « Trapiste » a paru au mois d’octobre 1822 (voir le Journal de la Librairie du 19 octobre 1822). La date du 7 juillet 1822, qu’elle porte sur sa couverture, est celle de l’événement historique sur lequel le récit est fondé. Quanta l’allégation des Poèmes de 1826 ; que le poème aurait paru au mois de juillet 1822, c’est évidemment de la part de Vigny une simple erreur de mémoire.