Poésies (Deubel)/04

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Le Beffroi (p. 19-20).


LA VIERGE


Petite vierge, au cœur secret de la maison,
Laisse dans le refuge inviolable et sûr
Des draps que tu marquas d’une avide morsure,
Amour nous accorder son ardente saison.

Laisse ton sexe roux brûler sous sa toison
Et ta chair, enlacée aux bras de la Luxure,
Dans l’ombre d’où transpire un infernal poison,
Panteler sous le feu d’une exquise blessure.


Et lorsqu’au doux sommeil par le soir invitée,
À longs traits tu boiras les rêves enchantés,
Prête au premier mensonge et aux derniers aveux,

Tout entier répandu sur ma large poitrine,
Ton corps s’épanchera, roulé dans tes cheveux,
Comme une source claire au flanc d’une colline.