Poésies (Deubel)/05

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Le Beffroi (p. 23-24).


LA CARESSE


Je boirai tout le sang du baiser sur tes dents,
Je boirai sur ton corps le lait de ta chair blanche
Et mon désir nombreux, en un hymne puissant,
Vibrera sur la lyre étroite de tes hanches.

Et l’ombre de mon corps découplé te couvrant
Comme l’ombre qu’un chêne altièrement épanche,
Je t’asservirai toute en mes bras triomphants
Pour goûter longuement ma virile revanche.


Alors sur la pâleur de tes épaules mates
Et de ta gorge, ainsi qu’un camail ténébreux
Imprégné de parfums subtils et d’aromates,

Tes cheveux glisseront, frères des eaux dormantes,
Et les anges du Mal verront seuls dans nos yeux
Nos âmes dérouler leurs fresques violentes.