Poésies (Deubel)/16
Le Beffroi, (p. 71-72).
LE SOUVENIR
Garde mon souvenir comme un bouquet donné.
Un jour, par le chemin qui mène à mon village
Un bel adolescent viendra, comme un roi mage,
Offrir la douce myrrhe à mon nom nouveau-né.
Un jour, tu souriras à mon front couronné,
Alourdi sous le poids des lauriers et de l’âge,
Et ton cœur dédiera les plus chers paysages
Au repos éternel de notre amour fané.
Alors, à la clarté naïve de ta lampe,
Mes vers te salueront en inclinant leurs hampes
Comme des étendards levés dans le Passé.
Tu fermeras les yeux. Et l’Amour et la Gloire,
Pareils à deux flambeaux veillant un trépassé,
Consacreront mon nom à ta chère mémoire.[1]
- ↑ Ce sonnet a été mis en musique par Edgar Varèse et dédié à Mlle Hermance Meurs.