Poésies (Deubel)/15

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Le Beffroi (p. 67-68).


L’ADIEU


De tes cheveux changeants et de soleil parée,
Loin de l’image d’or et de fange des villes,
Reine qu’un fier courroux hors de sa terre exile
Ainsi tu t’en iras de silence entourée.

Moi le cœur éperdu mais l’âme préparée
À bannir devant tous un regret inutile,
Ma lèvre sur ton nom printanier et futile,
Je te verrai passer comme une heure dorée.


Nul cri ! L’Automne rousse et déchue aux sentiers
Pressera ses tombeaux de porphyre à tes pieds,
Et quand ta forme au loin sera toute fondue

Ô Vierge ! d’un sanglot longuement secoué,
Je dénouerai dans l’ombre et la nuit revenue
Ce que nos mains d’enfants un soir avaient noué.