Poésies (Sainte-Beuve)/Première partie. Avertissement

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AVERTISSEMENT






Après avoir publié mes Poésies successivement et par recueils séparés, à mesure que je les composais, je les avais réunies ensuite en un volume compacte où tout était rassemblé. Il y avait à cela quelque inconvénient ; deux veines très-distinctes en effet s’y trouvaient réunies et un peu trop rapprochées : la veine de Joseph Delorme, ardente, positive, réelle, parfois sensuelle, ou du moins naturelle avant tout dans l’inspiration comme dans l’expression ; la veine des Consolations, plus mystique, plus idéale, plus religieuse et morale, plus élevée peut-être ; mais il résultait de cet assemblage en un seul volume que pour les uns Joseph Delorme semblait trop vif, et pour les autres les Consolations trop mystiques. Le public des deux recueils n’était pas tout à fait le même. Aujourd’hui, après plus de trente ans d’intervalle, sollicité par un bienveillant éditeur de revenir sur ces Poésies de ma jeunesse, j’ai pensé qu’on pouvait en faire deux séries distinctes : Joseph Delorme, augmenté d’une suite, forme la première ; les Consolations et bien des pièces du même ton formeront la seconde.



24 octobre 1860.