Poésies badines et facétieuses/La confession

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LA CONFESSION.

À deux genoux, et le regard baissé,
Un pieux Florentin disait : — « Hélas ! mon Père,
« Je m’accuse d’avoir baisé
« La sainte Vierge… — Expliquez-vous, mon frère,
« Vous avez baisé qui ? — De Dieu l’auguste mère,
« Et je m’en repens bien. — De quelqu’illusion,
« Satan vous a souillé l’imagination.
« Sur nos rêves, souvent, l’esprit malin influe,
« Il excite nos sens, il chasse la pudeur…
« — Ah ! que ma faute est loin de vous être connue !
« Je suis peintre et je peins la sainte Vierge nue ;
« Épris de mon travail, dans un moment d’erreur,
« À la toile, ma main a fait une crevasse
« Juste à l’endroit… et puis… — Bah ! — dit avec humeur
Le très-concis Père Pancrace,
« À quoi bon tous ces vains détours,
« Et pourquoi de grands mots, larder vos sots discours ?
« Dites tout simplement qu’avec la toile à peindre
« Vous vous êtes branlé le vit…
« — Que ne puis-je parler ainsi !
« Mais en ce lieu je ne puis feindre,
Reprend le pénitent, baissant encore le ton ;
« Le crime est bien plus grand, mon Père :
« La toile… hélas !… j’avais posé derrière…
« Un petit garçon !!!… »