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Poésies badines et facétieuses/Le pardon

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LE PARDON.

CONTE.

À son voisin, la gentille Isabelle
Fut se plaindre de son époux,
Qui, toujours lui cherchait querelle.
« Croyez-moi, — dit-il, — vengez-vous. »
Le conseil plut fort à la belle.
Le galant fut choisi pour servir son courroux.
À chaque heure du jour, c’était nouvelle plainte :
Notre couple à l’envi signalait son ardeur.
Mais la colère du vengeur
En moins de huit jours fut éteinte.
De tout on se lasse à la fin.
La belle, que toujours la vengeance aiguillonne,
Six fois fut se plaindre un matin.
« — Oh ! pour le coup, — dit le voisin,
Je suis chrétien, je lui pardonne. »