Poésies badines et facétieuses/Le réveil

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LE RÉVEIL.

CONTE.

N’a pas longtemps qu’avisai Madelon.
Qui reposait sur la verte fougère :
Un doux séphir enflait son cotillon,
Si que je vis presqu’à nu son derrière.
À cet aspect : amour ! — me disæje alors,
Le beau fessier ! la chair blanche et polie !
Que Madelon cache à l’œil de trésors !
Lors m’approchant de la belle endormie ;
Tout bellement la pris entre mes bras,
Et d’une main qu’amour rendait hardie,

Je découvris ses plus secrets appas.
Dormait toujours la gentille pucelle.
Ou le feignait, car n’ouvrait la prunelle ;
Jamais sommeil ne fut plus apparent.
De l’éveiller me prit la fantaisie,
Et me souvins qu’en cas peu différent,
J’avais guéri femelle assez jolie,
De certain mal qu’on nomme pamoison.
Peut-être encore c’est ce mal ; que sait-on
Or, quel malheur ! si telle maladie
Faisait mourir sans secours Madelon !
Sans plus tarder, j’appliquai le remède ;
Prêt il était, et n’avait besoin d’aide :
Du premier coup la tirai du sommeil.
Lors Madelon se frottant la paupière :
Bon gré, — me dit, — vous sais de mon réveil,
Et grand plaisirs vous m’avez fait, compère.
Viendrai dormir tous les jours en ce lieu ;
Puisque si bien savez comme il faut faire,
Pas ne manquez de m’éveiller ! Adieu.