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Poésies complètes de Léopardi (trad. Vernier)/L’infini

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Pour les autres éditions de ce texte, voir L'Infini.

Poésies complètes
Traduction par Valery Vernier.
Librairie centrale (p. 64-65).


XII

L’INFINI.


Toujours elles me furent chères, cette colline solitaire et cette haie qui, sur un si long espace dérobe à mes yeux l’extrême horizon. Assis, et regardant fixement, j’imagine, au-delà de cette clôture, des étendues infinies, des silences surhumains et le calme le plus profond, dont le cœur s’épouvante non sans raison. Écoutant le vent bruire dans ces arbres, je vais comparant à leurs voix cet infini silence ; ainsi, me souvenant de l’éternité, je compare aux époques disparues l’époque présente et le bruit qu’elle fait. Dans cette immensité ma pensée se noie, et il m’est doux de m’anéantir dans cet océan profond.