Poésies de Benserade/À Mademoiselle de Guerchy
À Mademoiselle de Guerchy, luy envoyant la copie d’une Joüissance.
STANCES.
Belle Guerchy, je vous les donne,
Ces vers que vous désirez tant ;
Ils ne sont pas fort beaux, mais pour votre personne,
Qui ne souhaiteroit d’en pouvoir faire autant ?
Au reste, ne trouvez étrange
Mon scrupule, et gardez-vous bien
De dire que ce sont vers à vôtre louange,
Car je vous maintiendrois tout franc qu’il n’en est rien.
Et ne vous faites point de fête
En une telle occasion ;
Ce seroit faire un tour qui seroit malhonnête,
Et qui vous tourneroit à grande confusion.
Il ne faut pas, ne vous déplaise,
S’enrichir d’injustes acquêts :
L’adresse est pour une autre, et seriez-vous bien aise
Que quelqu’un en chemin détroussât vos pacquets ?
Les biens d’autruy ne sont pas vôtres,
Mais comme on est parfois jaloux,
Je m’offre de bon cœur à vous en faire d’autres
Sur le même sujet qui seront tous pour vous.
Qu’est-ce que par vôtre prière
Ne feroit un pauvre garçon ?
Vous n’avez seulement qu’à fournir la matière,
Il vous en coûtera fort peu pour la façon.
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