Poésies de Benserade/Pour la même

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Poésies de Benserade, Texte établi par Octave UzanneLibrairie des bibliophiles (p. 73).



Pour la même qui me fit dire qu’elle avoit la fièvre, et qu’elle ne me pouvoit voir.

SONNET.


Sans vous tâter le poulx, et sans voir au bassin,
Ingrate, je sçay trop ce qui vous rend malade ;
Le quinquina pour vous, est un remède fade ;
Je connois vôtre fièvre, et vôtre médecin.

Vous luy pardonnerez, fût-il vôtre assassin ;
Mais vous ne voulez pas qu’on se le persuade,
Et quand il vous dérobe un soupir, une œillade,
Vous êtes la première à cacher son larcin.

C’est luy qui cause en vous une langueur secrète,
Vainement avec moy vous faites la discrète ;
Mais sur cette langueur, que ne suis-je en repos ?

Que m’importe, que tel ou tel y remédie,
Pourquoy m’embarrasser icy mal à propos
Et de la médecine, et de la maladie ?

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