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Poésies de Catulle/20

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Héguin de Guerle.
Poésies de CatullePanckoucke (p. 33-35).

XX.

MÊME SUJET.


Passant, cette image de peuplier, œuvre informe d’un artiste villageois, c’est la mienne, c’est celle de Priape : je protège contre la main rapace des voleurs cet enclos que tu vois sur la gauche, la chaumière de son pauvre maître et son petit jardin. Au printemps, il me pare d’une couronne de fleurs ; en été, d’une guirlande d’épis dorés par un soleil brûlant ; en automne, de raisins mûrs et de pampres verts ; et d’olives d’un vert pâle pendant les rigueurs de l’hiver. Aussi la chèvre nourrie dans mes pâturages porte à la ville ses mamelles gonflées de lait ; lorsqu’il vend l’agneau engraissé dans mes bergeries, il revient au logis les mains chargées d’argent ; et, ravies aux mugissemens de leur mère, ses tendres génisses vont rougir de leur sang les autels des dieux. Redoute donc, passant, la divinité protectrice de ces lieux, et garde-toi d’y porter la main. Il y va de ton intérêt ; sinon, ton châtiment est prêt : ce phallus rustique te l’infligera. Par Pollux ! dis-tu, de grand cœur ! Oui ; mais, par Pollux ! voici venir le métayer : brandi par son bras vigoureux, ce phallus va, pour toi, se changer en massue.