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Poésies (Rimbaud)/éd. Vanier, 1895/Morts de quatre-vingt-douze

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Pour les autres éditions de ce texte, voir Morts de quatre-vingt-douze.

Poésies complètes, Texte établi par avec préface de Paul Verlaine et notes de l’éditeur, L. Vanier (p. 50).


« Français de soixante-dix, bonapartistes, républicains, souvenez-vous de vos pères en 92, etc…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paul de Cassagnac (Le Pays).


Morts de quatre-vingt-douze et de quatre-vingt-treize,
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes, sous vos sabots, brisiez le joug qui pèse
Sur l’âme et sur le front de toute humanité ;

Hommes extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les cœurs sautaient d’amour sous les haillons,
Ô Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ;

Vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d’Italie,
Ô Million de Christs aux yeux sombres et doux ;

Nous vous laissions dormir avec la République,
Nous, courbés sous les rois comme sous une trique :
— Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous !


3 septembre 1870.