Ils s’étaient rencontrés au sortir du théâtre,
Comme ceci : l’instant de se dire au revoir.
Et depuis, le dimanche et le mercredi soir,
— Ces jours sont de rigueur, qu’il vente ou bien qu’il pleuve —
Bien ganté, l’avocat va passer chez la veuve
Quelques heures au moins, très-régulièrement.
— S’aiment-ils ? S’aiment-ils ? — Oui, sans doute, ils s’aiment tendrement.
Si bien que, quand il sonne à son heure ordinaire,
C’est la veuve — elle a fait la langue à sa portière —
Qui rayonnante accourt et s’empresse d’ouvrir.
— Tiens, c’est vous ! La santé ? Tiens, c’est vous ! La san— Mais la vôtre ? Tiens, c’est vous ! La san — Mais la vô— À ravir !
Et lui, le vieux garçon, timide et respectable,
S’assoit un peu loin d’elle, en extase, à la table
Où la veuve savoure un bol de chocolat.
Et la soirée ainsi se passe, et l’avocat
Songe à son union qu’il dit être prochaine.
Songe-t-il, cependant, qu’ils ont la cinquantaine ?