Premières poésies (Évanturel)/Voyage

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Augustin Côté et Cie (p. 159-160).



VOYAGE



DIS, veux-tu t’en venir avec moi ? Nous irons
N’importe où tu voudras, puisque la terre est ronde.
Promène tes beaux doigts sur la carte du monde,
Et cherche un paradis où nous nous aimerons.


Veux-tu, nous partirons aux premiers jours d’automne,
Avant, petite, avant que les arbres soient nus ?
Nous partirons avant que les froids soient venus,
Pareils à deux voleurs — sans le dire à personne.



On s’enquerra de nous et l’on nous cherchera.
— Où sont-ils ? À la ville où bien à la campagne ?
Je préfère la France, et toi, dis-tu, l’Espagne ?
Eh bien, soit ! en Espagne, allons nous cacher là.


Nous trouverons là-bas un endroit solitaire,
Un gazon que personne encor n’aura foulé ;
Un éden où jamais le soleil n’est voilé.

Ô le rêve bâti dans un jet de lumière !