Premier cri (Verhaeren)

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Œuvres de Émile VerhaerenMercure de FranceIX. Toute la Flandre, II. Les Villes à pignons. Les Plaines (p. 139-140).
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PREMIER CRI


L’aulne et le noisetier

Ont seuls des fleurs en février ;
Elles naissent dans l’infortune
Des jours brouillés et dissolvants :
Leurs grappes jaunes et falotes
Ballottent
Une à une,

Aux quatre vents.


Le long des rameaux nus et gris

Et de la haie et du taillis,
La queue en l’air du roitelet
Saute.
Le fond du bois est violet
Puisque l’hiver est toujours l’hôte

Des matins froids allumés d’or.


Le givre froisse et dûment mord

Ce qui reste de vieux feuillage encor
Aux charmes et aux frênes

Des bourgs lointains et des fermes prochaines.


Mais néanmoins, au coin du bois, près de la route,

On ne sait où, là-haut,
S’écoute

Un chant d’oiseau.