Premier recueil de diverses poésies tant du feu sieur de Sponde que des sieurs Du Perron, de Bertaud, de Porchères et autres, non encor imprimées, recueillies par Raphaël Du Petit Val, 1604/Les Amours/Sonnet VIII

La bibliothèque libre.
, François d'Arbaud de Porchères
Premier recueil de diverses poésiesImprimerie Du Petit Val (p. 10).

VIII.


Ce tresor que j’ay pris avecques tant de peine
Je le veux avec peine encore conserver,
Tardif a reposer, prompt a me relever,
Et tant veiller qu’en fin on ne me le suprenne.

Encor que des mes yeux la garde plus certaine
Aupres de son sejour ne te puisse trouver,
Et qu’il me peut encor en l’absence arriver
Qu’un autre plus prochain me l’empoigne & l’emmaine.

Je ne veux pas pourtant me travailler ainsi,
La seule foy m’asseure & m’oste le soucy :
Et ne changera point pourveu que je ne change.

Il faut tenir bon œil & bon pied sur ce point,
A gaigner un beau bien on gaigne une loüange,
Mais on en gaigne mille à ne le perdre point.