Principes de philosophie zoologique/Seconde argumentation de M. le baron Cuvier

La bibliothèque libre.

SECONDE ARGUMENTATION

DE M. LE BARON CUVIER.

(SÉANCE DU 22 MARS 1830.)

Le jeune écrivain, rédacteur de la partie scientifique dans les Débats, ouvre l’article qu’il a inséré dans le numéro du 23 mars de son journal par les réflexions suivantes :

Beaucoup de personnes se demandent encore ce que l’on entend en histoire naturelle par unité de composition, unité de plan. Il est vrai que ces mots un peu vagues n’avaient jamais été bien définis ; mais ils ne tarderont sans doute pas à l’être, grâce à une circonstance imprévue qui doit forcément amener une explication nette et positive de la part de deux hommes également intéressés à défendre leur opinion. L’un, comme Aristote, appliquant son génie à l’observation des faits, a élevé le monument, que ce grand homme avait fondé, sur des bases jusqu’à présent inébranlables ; l’autre, plein d’imagination, voulant ouvrir des voies nouvelles à la zoologie, a embrassé la nature dans une théorie abstraite et philosophique. Nous les suivrons avec plaisir dans une discussion d’où la vérité doit enfin sortir ; nous nous abstiendrons d’y mêler nos propres réflexions, ne pouvant mieux faire que de mettre sous les yeux de nos lecteurs les pièces de ce procès[1]. Nous sommes persuadés d’ailleurs qu’ils comprendront parfaitement la question après avoir lu le Mémoire suivant que M. Cuvier a lu dans la séance d’aujourd’hui.

CONSIDÉRATIONS SUR L’OS HYOÏDE.

« Notre savant confrère, dans son dernier Mémoire, a commencé par convenir avec une grande loyauté que, par unité de composition, il n’a pas entendu identité de composition, mais seulement analogie, et que sa théorie doit s’appeler plutôt théorie des analogues. Ainsi voilà un grand pas de fait. Ces mots équivoques, et qui ne servaient qu’à embrouiller les idées des commençans, d’unité de composition, d’unité de plan, disparaîtront de l’histoire naturelle ; et quand je n’aurais rendu que ce service à la science, je croirais déjà n’avoir pas perdu mon temps[2].

« Mais notre confrère assure cependant, autant du moins que j’ai pu le comprendre, que sa théorie des analogues est quelque chose de particulier :

« 1o En ce qu’il néglige les formes et les fonctions pour ne s’attacher qu’aux matériaux des organes ;

« 2o En ce que l’analogie réside uniquement dans l’identité des élémens constituans, et que cette analogie ne reconnaît pas de limites.

« Sur le premier point, je n’insisterai pas beaucoup ; peu importerait au fond qu’une doctrine fût nouvelle si elle était fausse : je dirai seulement que je ne connais pas un seul anatomiste, pas un seul qui ait déterminé les organes uniquement par leurs fonctions, encore moins par leurs formes. Certainement personne n’a encore été assez hardi pour dire qu’une main de femme n’est pas une main ; et même, il y a quinze jours, j’aurais cru que personne n’oserait dire qu’une main de femme ne remplit pas les mêmes fonctions qu’une main d’homme ; mais ce sont là de ces assertions qui échappent dans la chaleur de la dispute, et sur lesquels un adversaire de bonne foi doit avoir la générosité de ne pas insister.

« Ce qui est certain, c’est que l’anatomiste contre lequel ont surtout été dirigées les attaques, qu’à la fin il se voit avec tant de regrets obligé de repousser, est un de ceux qui ont eu le plus d’occasions de faire voir que les fonctions du même organe changent selon les circonstances dans lesquelles il est placé ; mais, je le répète, peu importent ces discussions d’amour-propre ; ce qui intéresse les amis de la vérité, c’est de savoir si la théorie, que son auteur nomme des analogues, est universelle comme il le dit, ou si, comme d’autres naturalistes le pensent, il y a des analogies de tout genre, mais qui toutes sont limitées, et quelles sont leurs limites ?

« Mais comment discuter une question, lorsque l’on ne veut pas en poser les termes ?

« À cet égard j’avais fait des demandes nettes et positives. Vous vous attachez aux élémens ! Eh bien, entendez-vous qu’il y ait toujours les mêmes élémens, entendez-vous que ces élémens soient toujours dans le même arrangement mutuel ; enfin, qu’entendez-vous par vos analogies universelles[3] ?

« Si notre confrère avait fait à mes demandes une réponse claire et précise, ce serait un bon point de départ pour notre discussion ; mais dans sa longue déduction il n’y a point répondu, car ce n’est pas répondre de dire que tous les animaux sont le produit d’un même système de composition ; c’est redire la même chose en d’autres termes, et en termes beaucoup plus vagues, beaucoup plus obscurs.

« Il semblerait y avoir une réponse plus positive dans ces paroles, que les animaux résultent d’un assemblage de parties organiques qui se répètent uniformément.

« Mais pressez un peu une pareille réponse ; vous verrez qu’en la prenant à la lettre elle tombe d’elle-même. Qui osera nous dire que la méduse et la girafe, que l’éléphant et l’étoile de mer[4], résultent d’un assemblage de parties organiques qui se répètent uniformément. Certainement ce ne sera pas notre confrère, il est trop instruit ; il connaît trop bien les animaux ; il sait trop bien, non seulement que certaines parties ne se répètent pas avec uniformité, mais qu’une multitude de parties ne se répètent pas du tout.

« Dans un autre endroit encore, il avance que l’analogie ne repose pas sur les organes dans leur totalité, mais sur les matériaux dont les organes sont composés, et il allègue un exemple, celui de l’os hyoïde, d’après lequel, si l’on en juge par les développemens où il entre, il semble donner à entendre que c’est le nombre des parties qui fait sa principale règle. De quelques unes des phrases qui suivent, on pourrait conclure qu’il y ajoute leurs connexions, et en effet, puisque dans le commencement de son Mémoire, il a exclu les fonctions et les formes, il ne reste que les connexions et les nombres. Je ne vois pas un cinquième rapport, une cinquième catégorie, sur laquelle on pourrait imaginer de faire porter cette analogie universelle.

« Eh bien ! puisqu’à défaut de proposition claire, à défaut de règle générale intelligible, je suis obligé de saisir cette théorie, dans les exemples que l’on en donne, je m’empare de celui-ci. Je prends, comme on le dit vulgairement, notre savant confrère sur le terrain même où il s’est placé, et c’est ainsi que je me charge de le prendre, quelqu’autre exemple qu’il veuille choisir.

« Je vais donc examiner l’os hyoïde des divers animaux, et je vais prouver par les faits, comme j’ai annoncé que je le ferai toujours :

« 1o Que l’os hyoïde change de nombre, de parties, d’un genre même à un genre voisin ;

« 2o Qu’il change de connexions ;

« 3o Que de quelque manière que l’on entende les termes vagues employés jusqu’à présent, d’analogie, d’unité de composition, d’unité de plan, on ne peut pas les lui appliquer d’une manière générale ;

« 4o Qu’il y a des animaux, une foule d’animaux, qui n’ont pas la moindre apparence d’os hyoïde, que par conséquent il n’a pas même d’analogie dans son existence.

« Ayant ainsi totalement anéanti à son égard les principes que l’on donne à la fois comme nouveaux et comme universels et dans quelque sens qu’on les applique, je lui ferai l’application d’autres principes, de ceux sur lesquels la zoologie a reposé jusqu’à présent, et sur lesquels elle reposera, j’espère, encore long-temps, et je montrerai :

« 1o Que dans la même classe, l’os hyoïde, bien que variable pour le nombre de ses élémens, est cependant disposé de même par rapport aux parties environnantes ;

« 2o Que d’une classe à l’autre il varie, non plus seulement en composition, mais en dispositions relatives ;

« 3o Que de ces deux ordres de variations et de ses variations de formes combinées, résultent les variations de ses fonctions ;

« 4o Qu’en passant de l’embranchement des vertébrés aux autres embranchemens, il disparaît de manière à ne pas même laisser de trace.

« Ainsi les embranchemens diffèrent les uns des autres par la disparition totale de certains organes.

« Dans chaque embranchement les classes diffèrent par les connexions et la composition des organes de même nature.

« Dans la même classe, les familles et même les genres diffèrent par la composition et par les formes de ses organes seulement.

« Voilà des principes[5] qui ont au moins le mérite de la clarté ; mais ils ont surtout celui de la vérité ; c’est sur eux que reposent, quoi qu’on en dise, la zoologie et l’anatomie comparée. C’est d’après eux qu’a été formé ce grand édifice que l’on nomme le système du règne animal.

« Et toutes les fois que l’on voudra pousser les généralités plus loin, de quelque nom qu’on les décore, de quelque rhétorique qu’on les soutienne, les personnes seules qui ne connaissent point les faits pourront les adopter momentanément sur parole, mais pour voir dissiper leur illusion, dès qu’elles s’occuperont d’en rechercher les preuves.

« Dans mes Mémoires suivans j’en donnerai la démonstration, par rapport à chaque ordre d’organe en particulier.

« Aujourd’hui, comme je l’ai dit, je m’en tiens à l’os hyoïde.

« Pour établir, à son égard, les prétendus nouveaux principes, il faudrait que l’on pût soutenir que les os hyoïdes sont composés des mêmes pièces, qu’ils sont dans les mêmes connexions, qu’ils existent dans tous les animaux. »

L’Académie va juger si de pareilles assertions supporteraient le moindre examen.

M. Cuvier divisera son travail en deux parties : l’os hyoïde dans les animaux qui respirent l’air en nature, l’os hyoïde dans les animaux qui respirent par l’intermédiaire de l’eau. Ces derniers exigeront une discussion préalable sur le sternum.

« Chacun sait que, dans les animaux qui respirent l’air, l’os hyoïde est un appareil suspendu sous la gorge, qui donne en avant des attaches à la langue, qui porte le larynx en arrière et qui a le pharynx au dessus de lui.

« Son nom vient de ce que, dans l’homme, sa partie principale ou son corps est en arc de cercle, comme l’upsilon cursif des Grecs. »

M. Cuvier donne une description exacte de cet os, qu’il examine d’abord dans les singes.

« Le corps de l’os hyoïde des singes varie beaucoup de formes, ce qui ne fait rien à notre discussion ; ses cornes postérieures demeurent à peu près conformées et disposées comme dans l’homme ; les antérieures sont généralement plus longues, mais aussi d’une seule pièce, et même le ligament qui les suspend au rocher ne s’ossifie jamais dans aucune de ses parties, en sorte que les plus vieux singes n’ont jamais ni l’apophyse styloïde, ni l’os séparé qui passe pour le remplacer dans d’autres quadrupèdes.

« Voilà déjà une première différence, à la vérité encore peu importante.

« En voici une plus grande :

« Dans l’alouatte, dont le corps de l’os hyoïde est, comme on sait, renflé en forme de cucurbite, il n’y a ni vestige de cornes antérieures, ni ligament styloïdien, ni rien qui rappelle l’apophyse styloïde ; l’os hyoïde est fixé par d’autres moyens. Comment l’unité de composition et l’analogie se démentent-elles si vite ? Notre réponse, à nous, naturalistes ordinaires, serait bien simple : c’est que l’os hyoïde, prenant, dans l’alouatte, une destination spéciale, y devenant un instrument puissant de la voix, avait besoin d’autres attaches ; la théorie des analogues ne s’en tirera pas si aisément. Mais passons[6]. »

Nous ne pouvons, dit M***, suivre l’auteur dans tous les détails qu’il donne avec une merveilleuse clarté sur d’autres espèces d’animaux.

Après cette interruption, l’argumentation est reprise comme il suit : « on voit donc que, même dans une seule classe, celle des mammifères, le nombre des élémens d’un seul organe, de l’hyoïde, n’a rien de constant ; il y a ce que j’appelle des variations de classes, c’est-à-dire des différences de nombre et des différences bien plus grandes de forme, mais une ressemblance encore presque absolue de connexions.

« Que si nous passons à la classe des oiseaux, c’est tout autre chose ; grand et sensible hiatus[7] !

« Plus de suspension au temporal ; plus de corne postérieure ; un corps dirigé en long, se terminant en arrière en une production allongée, une espèce de queue, sur laquelle repose le larynx, et qui souvent forme un os à part ; deux cornes seulement, formées chacune de deux pièces, s’articulant en dessous, au côté du corps, à l’endroit où il s’articule lui-même avec sa queue, se contournant autour de l’occiput, allant même dans le picvert, jusque dans la base du bec ; et le corps porte en avant un os, ou deux os attachés aux côtés de l’autre, articulés à l’extrémité antérieure de ce corps, et qui forme le squelette de la langue ; car la langue des oiseaux a un squelette osseux dont il n’y avait nulle trace dans les mammifères.

« Pour des yeux communs, pour l’apparence telle que la saisit un bon sens ordinaire, il n’y avait pas à répliquer ; voilà un très grand changement de composition ; un changement assez considérable de connexion. On voit que l’on est passé d’une classe à une autre.

« Qu’a fait notre savant confrère, en désespoir de cause ?

« Il a supposé que l’os hyoïde des oiseaux tirés, d’une part par les muscles de la langue, de l’autre, par le larynx, a éprouvé une rotation sur ses cornes antérieures, et que ses cornes postérieures se sont trouvées par là dirigées en avant, sont devenues les os de la langue.

« Voilà sans doute une culbute possible à concevoir dans un squelette dont les os ne tiennent que par du fil d’archal, et où il n’y a que des os seulement. Mais je le demande à quiconque a la plus légère idée d’anatomie : cela est-il admissible lorsque l’on songe à tous les muscles, à tous les os, à tous les nerfs, à tous les vaisseaux qui s’attachent à l’os hyoïde ! Il faudrait… Mais je m’arrête ! la seule idée effraierait l’imagination. Pour conserver une identité apparente dans le nombre des pièces osseuses, on aurait tout changé dans les connexions et dans les parties molles. Que serait alors devenu le principe de l’unité de plan ? Mais enfin ne préjugeons rien, admettons pour un moment une hypothèse aussi étrange ; voyons si elle nous mènera bien loin. »

(M. Cuvier passe à une troisième classe, aux reptiles[8], et prenant la tortue pour exemple, il réfute, en suivant la même marche, toute idée d’analogie entre l’hyoïde de cet animal et celui des mammifères et des oiseaux. Puis il ajoute :) « les personnes qui admettent une dégradation, une simplification insensible des êtres, principe, pour le dire en passant, absolument contraire à celui de l’identité de composition, et qui cependant s’y allie dans certains esprits, tant il y a de bizarreries dans quelques têtes, vont supposer que les autres sauriens ont les hyoïdes autant ou plus simples que le crocodile ; il n’en est rien.

« Dans les lézards à langue protractile, l’os hyoïde est plus compliqué dans ses formes, plus singulièrement reployé dans ses diverses parties que dans aucun des animaux précédens.

« Tous ces faits sont incontestables ; chacun peut s’en assurer à tout moment ; par quel effort de raisonnement nous fera-t-on croire qu’il y ait identité d’élémens, répétition uniforme, identité de connexions, enfin toutes ces autres expressions que l’on emploie à tour de rôle entre des os hyoïdes dont les uns n’ont que deux pièces, les autres que trois, les autres que quatre, tandis qu’il y en a qui en ont sept, d’autres neuf, et même davantage ? Dans le trionyx, on peut en compter jusqu’à dix-sept et plus. Par quel art parviendra-t-on à nous convaincre qu’il y a identité de connexion entre des os hyoïdes dont les uns se suspendent à une partie de l’os temporal, quand d’autres contournent le crâne et pénètrent jusque dans le bec, et quand d’autres encore restent absolument couchés sous la gorge et comme noyés dans les muscles ? Qu’y verra-t-on autre chose que ce que nous y voyons tous depuis des siècles, une certaine ressemblance de structure de l’organe, ressemblance dont le degré est proportionné aux rapports des animaux entre eux, et des différences déterminées par l’emploi que la nature fait de cet organe, ou si l’on veut éviter toute ombre de recours à des causes finales, des différences qui déterminent cet emploi ?

« Pour nous autres naturalistes ordinaires, ces rapports, ces fonctions, ces différences, s’expliquent très bien, parce qu’ils constituent l’animal ce qu’il est, parce qu’ils s’appellent ou s’excluent les uns les autres.

« Nous comprenons que l’énorme tambour formé par l’os hyoïde de l’alouatte, assujetti par des ligamens et d’une manière presque immobile, à la mâchoire inférieure, n’avait pas besoin d’une attache aussi forte au crâne[9].

« Nous comprenons que les os styloïdiens, longs et mobiles des ruminans ou des solipèdes, devaient avoir des muscles propres qui ne pouvaient pas exister pour l’apophyse styloïde immobile de l’homme.

« Nous comprenons que la langue peu flexible des oiseaux devait pouvoir être portée en avant par un autre mécanisme que celle des quadrupèdes, qui peut se contracter en tous sens ; que leur larynx n’ayant pas de cartilage thyroïde, les cornes postérieures de leur hyoïde pouvaient manquer ; mais nous n’entendrions pas comment, par un mouvement de bascule qui aurait déchiré tous les muscles et tous les vaisseaux, elles seraient allées se loger dans la langue, etc.

« Mais si l’on néglige toutes ces considérations pour ne voir que de prétendues identités, de prétendus analogues, qui, s’il y avait la moindre réalité, réduiraient la nature à une sorte d’esclavage, dans lequel heureusement son auteur est bien loin de l’avoir enchaînée, on n’entend plus rien aux êtres, ni en eux-mêmes ni dans leurs rapports ; le monde lui-même devient une énigme indéchiffrable.

« Je sais bien qu’il est plus commode pour un étudiant en histoire naturelle de croire que tout est un[10], que tout est analogue, que par un être on peut connaître tous les autres ; comme il est plus commode pour un étudiant en médecine de croire que toutes les maladies n’en font qu’une ou deux ; j’avoue même que l’erreur où l’on induirait le premier ne serait pas aussi funeste que l’autre, mais enfin ce serait une erreur ; on lui jetterait devant les yeux un voile qui lui cacherait la véritable nature, et le devoir des savans est au contraire de détourner cet obstacle à la connaissance de la vérité.

« Dans la seconde partie de ce Mémoire, que j’aurai l’honneur de lire incessamment à l’Académie, je traiterai de l’os hyoïde dans les grenouilles, dans les salamandres et dans les poissons, et je montrerai que c’est par des transpositions et des bascules encore plus étranges que celles des oiseaux, que l’on a cru pouvoir y retrouver des identités de nombres, qui, même en admettant toutes les suppositions, n’y seraient point encore.

« Ensuite, je ferai voir que l’os hyoïde manque absolument dans une foule immense d’animaux ; en sorte que, quelque sens que l’on donne à la théorie des analogues, il est impossible d’en faire à son égard une application générale.

« Je répète que c’est avec beaucoup de déplaisir que je me suis vu contraint de rompre un silence auquel j’étais bien résolu, si on n’était venu me forcer dans mes derniers retranchemens ; mais, enfin, les naturalistes auraient le droit de m’accuser, si j’abandonnais une cause si évidente.

« Ce qu’il est surtout essentiel de redire, c’est que ce n’est ni pour m’en tenir aux anciennes idées, ni pour repousser les nouvelles, que j’ai pris cette défensive. Personne, plus que moi, ne pense qu’il y a une infinité de découvertes à faire encore en histoire naturelle. J’ai eu le bonheur d’en faire quelques unes, et j’en ai proclamé un grand nombre faites par d’autres ; mais ce que je pense aussi, c’est que, si quelque chose pouvait empêcher que l’on ne fît, à l’avenir, des découvertes véritables, ce serait de vouloir retenir les esprits dans les limites étroites d’une théorie qui n’est vraie que dans ce qu’elle a d’ancien, et qui n’a de nouveau que l’extension erronée qu’on lui attribue. »

Après la lecture de ce Mémoire qui a excité, au plus haut degré, l’intérêt de l’Académie, la parole a été donnée à M. Geoffroy Saint-Hilaire. Ce savant naturaliste a lu la seconde partie du Mémoire (voy. p. 109) dans lequel il développe sa théorie des analogues. Nous regrettons de ne pouvoir la reproduire aujourd’hui ; nous en dédommagerons prochainement nos lecteurs[11].


N. B. La troisième argumentation de M. le baron Cuvier roulant comme la seconde sur les modifications de l’hyoïde, est du 5 avril 1830. Je ne la reproduis point dans cet opuscule ; je le ferai dans la livraison suivante.

En répondant le 29 à l’écrit du 22 mars, j’ai distingué la question générale de ses faits particuliers ; j’avais déjà traité celle-là dans ma première réplique ci-après, quand je me suis aperçu que des raisons de convenance morale (voyez l’exorde ci-contre) réclamaient l’interruption de notre discussion par plaidoiries verbales. Il me reste donc à traiter des faits particuliers ; et l’on a pu déjà voir, dans une note précédente, que le seul hyoïde classique des oiseaux formera la matière d’un Mémoire à part.

  1. Les argumens qui tendent à la condamnation de mes idées sont presque les seules pièces du procès que l’on ait mises sous les jeux des lecteurs des Débats, et cela était inévitable avec le rédacteur actuel pour la partie des sciences. N’ayant ni les études ni le discernement nécessaires pour entreprendre un extrait, il s’est borné à porter aux ouvriers de l’imprimerie les mémoires qui lui avaient été confiés : on y a puisé selon l’exigence des places laissées disponibles.
  2. Je n’ai fait ni n’ai dû faire aucune concession ; je me suis borné à déclarer inexactes quelques phrases et certaines confusions d’idées qui m’étaient attribuées.
  3. Analogies universelles. Je n’ai rien écrit de semblable : ces termes associés renferment un non-sens.

    Qu’on m’eût demandé une réponse claire et précise en y employant une autre forme, j’eusse répondu de suite : mais au surplus, publier le présent opuscule, c’est avoir accédé à ces demandes nettes et positives.

  4. Cette objection concernant la méduse et la girafe, l’éléphant et l’étoile de mer a causé beaucoup de surprise, et en causera, je crois, davantage en Allemagne. Là on s’occupe d’une certaine philosophie de la nature, dont il ne faudrait peut-être blâmer à Paris que les exagérations. Quoi qu’il en soit, ce n’est point dans le jugement du rapport des êtres placés à de grandes distances les uns des autres, que cette philosophie se serait trompée.

    Comme cette objection est établie, personne que je sache n’y peut prendre intérêt. Qui a jamais dit que les animaux résultent d’un même assemblage de parties organiques se répétant uniformément ? La philosophie allemande a très bien exposé que les parties organiques arrivent en nombre et se compliquent dans la série des âges, ou dans les progressions de l’échelle zoologique, selon l’ordre et en raison directe des divers degrés de l’organisation. On aperçoit une organisation plus simple chez la méduse et l’étoile de mer, animaux que de faibles développemens ont laissés dans les bas degrés de l’échelle, et au contraire une organisation considérable et compliquée chez la girafe et l’éléphant, qu’une action plus prolongée des développemens a portés dans les premiers rangs. Suivez cette action chez une seule espèce, dans laquelle les modes du développement soient à des intervalles marqués par quelque repos. La grenouille dans son état parfait jouit d’une organisation plus considérable en nombre de parties et en puissance vitale que la grenouille dans l’état de tétard : il en est de même du tétard à l’égard de l’œuf d’où il proviendra, et enfin de l’œuf lui-même se troublant sous l’influence solaire ; à l’égard de l’œuf à son premier âge ne consistant qu’en un liquide homogène et transparent.

    Ces faits de développemens successifs par lesquels les animaux croissent en nombre et en complication de parties, doivent à un même principe de formation, de se répéter indéfiniment dans la série zoologique ; voilà les faits que nous disons analogiques, que nous disons se répéter uniformément, que nous cherchons à amener à généralités, à exprimer en philosophie. Mais certes, personne n’a eu dans l’esprit, que si la méduse était, je suppose, composée, comme matériaux, des vingt-quatre lettres de l’alphabet, ces mêmes vingt-quatre lettres arrivaient à point nommé, et se répétaient pour composer la structure de l’éléphant.

    De quelles suppositions, il faut que nous cherchions à nous défendre !

  5. Principe n’est pas synonyme de résultat. Des travaux zoologiques déjà accomplis, il résulte que les animaux sont enfin savamment appréciés dans leurs affinités naturelles. Plus de simplicité dans le nombre et la disposition des parties organiques est le fait de quelques espèces, et au contraire d’autres animaux sont le produit de l’agrégation d’un plus grand nombre d’organes, et d’une coordination plus compliquée : j’ajoute qu’entre les termes extrêmes sont tous les degrés de l’échelle zoologique. Cela observé attentivement fait la base de travaux estimables et, en définitive, des savantes classifications qui ont aidé dans la rédaction du catalogue raisonné des êtres. Cependant, nous parler d’embranchemens, de classes, de familles, de genres et d’espèces, c’est traiter la zoologie sous un point de vue que personne ne conteste. Que font ces faits dans la présente argumentation ? ils lui sont étrangers. Faisons qu’ils ne soient point un voile qui s’oppose à ce qu’on puisse apercevoir la faiblesse des reproches qu’on nous adresse.
  6. SUR L’HYOÏDE DE L’ALOUATTE.

    Mais passons… Je vais au contraire m’arrêter sur ce paragraphe, et j’invite les esprits réfléchis à le faire pareillement avec moi. Les vues qui nous divisent se montrent là très manifestement : à des faits précis, donnons leur explication avec rigueur.

    Long-temps avant les jours de notre controverse, c’est-à-dire, en 1778, la question concernant l’hyoïde de l’alouatte était déjà une chose jugée : ce fut par le plus grand anatomiste de cette époque, le célèbre Camper. Esprit vaste, aussi cultivé que réfléchi, il avait sur les analogies des systèmes organiques un sentiment si vif et si profond, qu’il recherchait avec prédilection tous les cas extraordinaires, où il ne voyait qu’un sujet de problèmes, qu’une occasion d’exercer sa sagacité, employée à ramener de prétendues anomalies à la règle. La publication de l’hyoïde caverneux de l’alouatte, dans le quinzième volume de l’Histoire naturelle, eut cet effet sur lui, et le préoccupa vivement. Vicq d’Azir lui avait montré à Paris, en 1777, deux hyoïdes d’alouatte. De retour en Hollande, il en parcourt toutes les riches collections publiques et particulières ; et, après des recherches long-temps inutiles, il trouve enfin chez M. Klokner un alouatte dans la liqueur, qu’il obtient et qu’il emporte à sa campagne pour l’y aller disséquer sans délai.

    Son travail achevé, il en fit la matière d’une lettre qu’à la date du 15 novembre 1778 il écrivit à Buffon.

    Camper avait été servi dans sa prévision : il ramena facilement toutes les parties de l’hyoïde de l’alouatte à celles de l’hyoïde de l’homme. Déjà, écrivait-il en 1778, étant à Paris chez Vicq d’Azir, j’avais remarqué que la caisse osseuse, quoique très mince, était la base de la langue ; j’y avais même distingué les articulations qui avaient servi aux cornes de cet os : toutefois, je ne comprenais rien de sa situation et de la connexion de ses parties voisines. »

    Le cabinet de la Faculté des sciences de Paris possède deux os hyoïdes d’alouatte entourés de leurs muscles, glandes, membranes, cartilages et des pièces laryngiennes qui s’y attachent ; l’une de ces préparations provient d’un mâle, et l’autre d’une femelle. M. Hyde de Neuville, étant ministre de la marine, les avait fait venir de Cayenne pour notre cabinet de la Faculté des sciences. Je me suis servi de ces préparations pour revoir et comprendre (ces pièces sous les yeux) les dessins et la description que Camper avait envoyés à Buffon ; précieux matériaux qui n’ont été gravés et imprimés qu’en 1789, dans les supplémens, vol. VII. Cinq figures donnant les pièces, les unes vues de face, et les autres de profil, ne laissent rien à désirer, et présentent une détermination comme on la devait attendre du beau talent de Camper, c’est-à-dire, parfaitement exacte. Toutes les parties décrites et figurées sont les mêmes que celles de l’appareil hyoïdien chez l’homme, à la différence près de leur volume respectif Les vues d’analogie du savant anatomiste de la Hollande furent pleinement justifiées. Il a vu que les différences des deux organes analogues tenaient au développement excessif de la partie médiane, dite le corps de l’hyoïde. Chez l’homme, cette partie médiane est creuse, et a la forme d’une capsule plus large que haute : dans l’alouatte, la concavité gagne en profondeur, de façon que la pièce est peu large et s’étend au contraire considérablement sous la langue : c’est une longue bourse osseuse, ou bien, comme l’indique M. Cuvier, une base renflée en forme de cucurbite.

    M. Cuvier, décrivant cet os de la langue de l’alouatte, dans ses Leçons d’anatomie comparée, confirme toutes les recherches et les vues du célèbre Camper. Dans le chapitre sur les os hyoïdes de son ouvrage, tome III, p. 230, mon savant confrère n’est occupé de l’hyoïde des alouattes que « comme présentant une particularité extrêmement remarquable, en ce que ce point sert à expliquer les hurlemens que produisent ces animaux : le corps est comme soufflé pour former la caisse osseuse. Les grandes cornes, existent ; etc. » Cependant M. Cuvier, donnant un plus grand cours à l’esprit de recherches qui avait jusque là guidé Camper, songe à retrouver quelques parties qu’il puisse juger correspondre aux cornes antérieures, lesquelles manquent en effet. Deux petites apophyses qui s’élèvent de chaque côté de la grande ouverture de la caisse sont sans doute, suivant M. Cuvier, le rudiment de ces cornes, qui n’auraient été méconnues que parce qu’elles sont privées d’un des caractères de ces os, leur détachement de la pièce médiane. Je viens aussi de voir ces apophyses. Je ne puis non plus douter de la justesse de la détermination donnée en 1805 ; j’en ai pour motifs d’autres caractères qui sont manifestes : 1o d’être de beaucoup plus longues apophyses dans l’hyoïde des femelles, et 2o de donner attache au ligament et au muscle stylo-hyoïdiens, qui se rendent à la facette styloïdienne du crâne.

    Avant cité les travaux des deux célèbres zootomistes de ce temps, les ayant en outre revus et confirmés, il n’est plus nécessaire que j’insiste sur cette déduction présentée plus haut : comment l’unité de composition et l’analogie se démentent-elle aussi vite ?

    Il est donc quelques vestiges des cornes antérieures. On trouve ainsi, et le ligament et le muscle qui l’accompagne et qui ensemble constituent ce cordon attachant aux côtés du crâne l’appareil hyoïdien. Nous devons encore déclarer inexacte cette autre déduction de l’argumentation, laquelle, plus bas (Voyez pag. 159.), s’exprime comme il suit : « Nous comprenons que l’énorme tambour formé par l’os hyoïde de l’alouatte, assujetti par des ligamens, et d’une manière presque immobile, à la mâchoire inférieure, n’avait pas besoin d’une attache aussi forte au crâne. » Nous n’ignorons pas que des pièces faisant partie de la collection anatomique du Jardin du Roi ont fourni un prétexte à ce dire, mais les prétendus ligamens dont on a argumenté, ont-ils été examinés assez attentivement ? On a vu des préparations desséchées, quand j’ai observé des pièces entières, mobiles, parfaitement conservées dans la liqueur. Des faits que j’ai sous les yeux, il résulte une détermination rigoureuse des parties qui fixent l’hyoïde à la mâchoire inférieure. J’affirme qu’elles ne sont point ligamenteuses : je garantis que ce sont des muscles, et précisément les muscles que l’analogie eût inspiré d’aller chercher en leurs places accoutumées : ainsi, c’est en devant, le génio-hyoïdien, que, dans ses dessins publiés dans les supplémens de Buffon, Camper a désigné par les lettres A G (Voy. Hist. nat. générale et particulière, supp. 7, pl. 27, fig. 1). Sur les flancs sont les mylo-hyoïdiens. Camper a aussi parfaitement fait représenter le muscle décisif pour la question ici agitée, savoir : le stylo-hyoïdien (voy. a B, fig. 3).

    Tous ces faits sont différemment présentés par M. Cuvier : je suis obligé de dire, de quelques uns, qu’ils sont inexactement rapportés. Il devient donc inutile de débattre une explication qui en est la conséquence. Autrement, s’il fallait aller chercher dans cette explication tout ce qu’elle comporte de valeur et de justes conclusions, je serais dans le cas de reproduire les réclamations que j’ai présentées dans la note placée plus haut, page 66. Oui, sans doute, il n’est pas philosophique d’expliquer la production d’un nouveau moyen organique, à cause de nouvelles habitudes, et pour satisfaire à une destination spéciale. Et dans l’espèce, nous en avons une preuve péremptoire ; c’est, a-t-on dit, parce que l’hyoïde de l’alouatte devient un instrument puissant pour la voix, qu’il avait besoin d’autres attaches. Nous venons de voir que ces prétendues nouvelles attaches sont un fait inexact.

    C’est dans ce moment que l’argumentation croit en finir sur les hyoïdes des singes, par ces paroles : la théorie des analogues ne s’en tirera pas si aisément ! Je ne puis m’empêcher de remarquer que ce moment est malheureusement choisi. Il n’y a point de ligamens qui attachent, et il n’était non plus nécessaire qu’il y eût des ligamens pour attacher le corps hyoïdien à la mâchoire inférieure.

    Mais jusqu’à présent nous n’avons encore employé que des observations et des raisonnemens tels que la doctrine aristotélique et les méthodes perfectionnées des derniers anatomistes eussent pu les suggérer ; faisons que la théorie des analogues qui n’a jusqu’à ce moment figuré dans cette note que comme attaquée, y intervienne utilement pour quelque chose.

    Les deux principales différences de l’hyoïde de l’alouatte, comparé à l’hyoïde de l’homme, sur lesquels les travaux de 1778 et de 1805 n’ont pas assez insisté, sont : 1o le volume très considérable du corps de l’appareil, et 2o l’absence des cornes antérieures, ou du moins le fait de leur articulation par synarthrose.

    Sur le premier point, la réponse est simple : le volume des parties devient une circonstance très importante dans chaque espèce à part, car il y règle la fonction en procurant aux organes tout ce qu’ils peuvent acquérir de puissance ; mais c’est là une considération que négligent et doivent négliger les études philosophiques.

    Sur le second point, la théorie des analogues ne saurait se tenir entièrement satisfaite de la remarque, d’ailleurs judicieuse, placée dans les Leçons d’anat. comp. ; il ne suffit pas d’admettre comme un fait certain que l’articulation de la petite corne établie par diarthrose chez l’homme, est transformée en une articulation par synarthrose, à cause de la soudure de cette même corne au corps médian : voici pourquoi. C’est que l’homme lui-même, relativement à son organe hyoïdien, ne réunit point les conditions générales de la classe des mammifères. Or, la théorie des analogues les demande telles partout : ainsi, que le nombre normal des parties soit différent, la théorie des analogues ne peut manquer d’assigner les causes de cette différence.

    Chez l’alouatte, chez l’atèle et même aussi chez ces singes à face hideuse de l’ancien monde, connus sous le nom de babouins, la chaîne styloïdienne ne consiste qu’en un ligament, quand chez les mammifères posant sur leurs quatre pates, elle est formée de trois osselets en série transversale.

    Si la théorie est en défaut dans sa prévision quant à ce nombre de pièces, elle a recours à une autre de ses règles, à un résultat autre et non moins efficace pour une seconde prévision : elle admet qu’une des pièces aura été nourrie aux dépens de sa voisine ; cette règle connue sous le nom de balancement (entre le volume) des organes explique l’hypertrophie d’un des matériaux, par l’atrophie d’un ou de plusieurs autres.

    Qui aura pu fournir à l’énorme accroissement du corps hyoïdien ? nécessairement un sacrifice imposé sur les pièces voisines. Or, celles que leur situation appelle à supporter tous les effets du sacrifice sont nécessairement tous les osselets faisant partie des chaînes styloïdiennes : ces chaînes frappées d’atrophie jusqu’au degré de zéro des molécules osseuses, il ne reste plus que leur périoste ou du tissu cellulaire sous la forme d’un ligament.

    Ainsi, ce que la théorie des analogues ne rencontre point en nombre de parties, selon la prévision dont elle puise le sentiment dans le tableau de ses observations chez la plupart des animaux ; elle le trouve en justifications, en compensations qu’elle sait discerner, en rudimens qui disent le pourquoi et le comment de la disparition de certains matériaux.

  7. Ce n’est point sur ce terrain que je redoute les efforts de l’argumentation. Il est bien vrai qu’il est là un hiatus, c’est-à-dire qu’il existe un hyoïde véritablement spécial à la classe des oiseaux : mais ce fait n’est redit ici qu’après que je l’ai établi dans ma Philosophie anatomique. Ce n’est pas le moment d’ajouter que je ne crois pas avoir rien produit de plus directement utile à la théorie des analogues que mon écrit particulier sur cette matière. Avant mes recherches, on soutenait que la langue des oiseaux était osseuse, ou tout au moins que, pour lui fournir un support, comme la poitrine en trouve un dans la tige vertébrale, il intervenait au profit de la langue, subitement et extraordinairement, chez les oiseaux des osselets, dont il n’y avait rien d’analogue chez les mammifères.

    J’ai été si prolixe dans la précédente note, et j’ai tant à ajouter à mes anciens écrits, devant les étendre à la correction de quelques erreurs, que je me fais un devoir d’arrêter là ces réflexions. Mais c’est pour établir dans un mémoire ex professo tous les faits et les corrections que j’ai accumulés depuis quelques années sur ces premiers travaux de ma jeunesse. Ce mémoire paraîtra dans la livraison qui suivra la publication de cet opuscule.

  8. Les reptiles ne forment point une classe naturelle, surtout de la façon de la classe des oiseaux. J’ai toujours désiré m’expliquer à cet égard, et je me réserve d’écrire sur ce sujet, lequel exigera de fort grands développemens.
  9. J’ai compris les développemens de ce paragraphe parmi ceux de la grande note précédente ; voyez page 152.
  10. Le Discours préliminaire, en la page 27, a répondu à cette partie de l’argumentation.
  11. On n’a point tenu cette promesse : on n’a donné d’extrait ni de ce mémoire, ni de ma lecture du 29 mars ; mais à l’occasion de celle ci, et dans le résumé d’une autre séance académique, on s’est fait l’auxiliaire du Système des différences, en ne voyant dans mes travaux que des considérations par trop abstraites, en montrant de la répugnance pour un principe philosophique, auquel il faudrait croire comme par sentiment, comme à une vérité révélée. D’autres feuilles publiques m’ont traité avec plus de faveur.