Procès-verbal de visite des églises de l’archiprêtré de Saugues

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PROCÈS-VERBAL
DE
VISITE DES ÉGLISES DE L’ARCHIPRÊTRÉ DE SAUGUES
(1650)


L’inventaire sommaire des archives départementales de la Lozère (Archives ecclésiastiques, série G., page 457), relate, à la date de 1650, un procès-verbal de visite des églises de l’archiprêtré de Saugues dressé par François du Puy, curé de Thoras. Ce document dont nous devons communication à M. André, archiviste à Mende, bien que rédigé dans un style assez négligé, n’en est pas moins curieux et rempli de détails intéressants. Il nous fait connaître en effet les églises et chapelles de l’archiprêtré de Saugues, leur état de conservation et de délabrement, les noms des curés et desservants, les objets du culte et soulève de loin en loin un coin du voile qui nous permet d’apprécier les habitudes et les mœurs du clergé rural au milieu du XVIIe siècle.

C’était une obligation pour les évêques de procéder, à certaines époques, à la visite des églises de leur diocèse. Ils avaient non-seulement pour mission d’administrer le sacrement de la Confirmation, d’extirper l’hérésie, les abus et les superstitions, d’enseigner la morale chrétienne, etc. ; mais encore de se faire rendre compte des revenus destinés à la réparation des monuments religieux, d’inspecter les ornements de l’autel et les vases sacrés, de veiller à ce que les églises fussent fournies de livres, croix, calices et autres choses relatives au fonctionnement du culte religieux.

En cas d’empêchements légitimes les évêques avaient la faculté de faire visiter leur diocèse par les grands vicaires ou d’autres visiteurs.

Donc, en l’année 1650, l’évêque de Mende, Sylvestre de Marcillac, dans l’impossibilité d’inspecter lui-même, les paroisses de l’archiprêtré de Saugues, chargea de ce soin François du Puy, curé de Thoras. Celui-ci se mit immédiatement à l’œuvre et rédigea le procès-verbal que nous reproduisons.

A. Lascombe.

« verbal du sieur françois du puy, archiprêtre de saulgues et curé de saint-jean-baptiste, de thoras, du 7 aoust 1650, année saincte.

À monseigneur l’illustrissime Silvestre de Marcillac, évesque et seigneur de Mande, comte du Gevaudan, conseiller du roy et du parlement de Tolose, ou à monsieur Pierre Espanier, son official et vicaire général, et archidiacre de l’église cathédrale de Mande.

Saulgues, — ce 7 aoust 1650, jour de dimanche. L’église dédiée à St Médard, evesque.

Visitant le tabernacle du grand autel, je treuve dedans deux ciboires, l’un de cuivre, plein d’hosties consacrées, l’autre d’argent, vuide. Je mis les hosties consacrées dans le ciboire d’argent.

La chapelle, a costé droit du grand autel, est du sieur de Beauregard. L’autel est dénué et sans nappes. J’y treuve une pierre sacrée que je fis mettre dans la sacristie.

La chapelle de Vendosme, sans nappes, couverte néanmoins d’un tapis.

La chapelle d’Ombret, dénuée ; la chapelle de Benistan, ornée ; la chapelle de la Vernède, ornée ; la chapelle St Joseph, ornée ; la chapelle du Rosaire, bien ornée ; la chapelle du St Esprit aux messieurs de Langlade, bien ornée ; la chapelle St Blaise, bien ornée ; la chapelle de notre Dame de la parroisse, bien ornée.

La chapelle St Claude, hors la ville, fermée.

La chapelle où l’on baptise les enfens de la parroisse est dédiée à St Jean-Baptiste et à St Anthoine, sans nappes, sans marchepied d’autel, mal tenue et tellement commune que bien souvent les asnes qui portent le fruict d’Auvergne, y entrent, à faute de fermer la porte qui regarde la place.

Il y a dans la ville la maison des religieuses urselines et l’hospital St Jacques.

Le sieur curé Jacques Accassat, aagé de 45 ans, ou environ, absent le dict jour, à cause d’un rapt qui fust faict le mesme jour de la vefve du sieur de la Vernède, qui a esté du depuis remise dans sa maison, et, à l’absance dudict curé, je m’adresse au guardien des Capucins de Langeac, qui estoit dans sa maison, qui me promit d’advertir ledict sieur curé comme monseigneur a résolu de convoquer son synode à la prochaine feste de St Luc.

Jean Oseran, chanoine.

Jean Pralon, dict St Just, chanoine et chapelain de St Anthoine.

Jean Bolangier, chanoine, Guillaume Blanquet, chanoine et confesseur. Anthoine Langlade, chanoine, confesseur et chapelain de la chapelle du Villaret-d’Apchier.

Jean Géranton, chanoine et confesseur, tire pension de la cure de Luc.

Jean Vernet, confesseur et chanoine. Louys Anglade, chanoine et confesseur. Jean Cachegros, chanoine et confesseur. Noé Chabanel, prêtre, aagé de 60 ans, ou environ. Geraud Bertiot, vicaire, aagé de 80 ans, ou environ. Il y a quelque temps que j’entendis d’un habitant de Saulgues que, pour le prédicateur, ilz se veulent adresser à l’archevesque de Bourges.

Les Plantas. — Le cemitière ouvert de toutes parts, près d’un si grand passage ; à votre visite généralle fust ordonné qu’il serait fermé.

François Comte, vieux prêtre, la sert. C’est une annece de Saulgues, come Servières.

Thoras — Dépend de l’abbé de la Chaise Dieu, et, depuis vingt ans que je suis curé, je n’ay jamais pu avoir du seigneur prieur aulcun ornement d’autel, pas une nappe, pas un mouchoir. Le mestre autel dédié à St Jean Baptiste est sans tableau. C’est pourquoy je prie votre grandeur faire dresser à monsieur votre official un ordonance pour en avoir un. La confrairie du St Sacrement y a esté instituée l’an 1634 par monseigneur de Marcillac. Il y a aussy la confrairie du Rosaire.

Martin Paio, prêtre, sert de vicaire ; chapelain du chasteau, qui est à tout faire.

Pierre Duran, prêtre, chapelain de St Anthoine.

Vidal Jacques, prêtre vieux. Le voisinage croit qu’il se mesle denouer l’eguilette. Deux personages m’ont bien assuré qu’il la dénouoit, et guérissoit ceux qui éstoient atteins du maléfice. Il faist desrober à l’espoux une cheville qui tient le timon de la charrette et l’aprime avec le couteau, jusques à ce que la dicte cheville entre dans l’anneau de l’espouse, et leur dict qu’il faut que tous deux soient à jun lorsqu’il viendra. Il s’en va le matin, lorsqu’ilz sont à jeun, avec l’estole, et leur plie l’evangile de St Jean autour de cette cheville, qui est dans l’anneau avec de l’eau bénite, et faict mettre cela entre eux le soir qu’ilz se vont coucher, et sont guairis par ce moyen. J’ay souvent exprimé en chere et au prosne la gravité de ce crime, sans nommer personne, et luy ay dict à part que tout le voisinage l’accusoit ; il m’a dict que si je le mettois dans le verbal qu’il me perdrait. C’est pourquoy je supplie vostre grandeur que votre prudence et autorité me conserve. Vous avies interdict ce prestre de vostre diocese à vostre visitte généralle ; mais lorsque vous fustes en Lorraine, Jean Jaques Lefeuvre, votre vicaire général pour lors me le renvoia absous de l’interdiction. Des lors qu’il a de quoy, il demeure toujours hivre. Il est desja vieux et bien difficile de le corriger. Il dérobe l’huile de la lampe de l’autel.

Noé Paschal, prêtre, aagé de 30 ans. Il sert le Chesllar. Il y a une chapelle ruinée, jadis dédiée à St Jacques et St Roc, qui dépend de l’hospital du Puy, près de la meterie du Sauvage, entre les terroirs de St Auban, Chanalleilles et Thoras. Je suis obligé di aller dire messe le jour St Jacques et je ay droict aux bois pour mon chaufage.

Chanalleilles — Dédiée à nostre Dame, dépend du Monastier St Chaffre. Le sieur de la Chorée en est prieur : il a donné à son église un tableau au metre autel, de chesubles et un calice d’argent. Il n’y a point de pavillon pour le St Sacrement, non plus qu’à plusieurs autres églises.

Vidal Brunel, aagé de 70 ans, ou environ, peccata dereliquerunt me sed non noli.

André Charrière, cloitrier et vicaire, et chapelain de St Eutrope, où la pierre sacrée est fendue : mais monseigneur, en sa visitte généralle, permit de s’en servir.

Pierre Fabre, aagé de 80 ans, ou environ, sert la chapelle du Villaret d’Apchier.

Greses. — L’église est dédiée à St Pierre. Le prieur est un religieux des anciens de Pébrac. L’église bien ornée. Il est vray qu’il n’y a point de poile pour le St Sacrement.

Estienne Vigoreux, curé, aagé de 45 ans, ou environ, faict bien sa charge.

Jean Morrel, vicaire, aagé de 30 ans, ou environ, ala chercher des sainctes huilles à St Flour et s’adressa à la propre personne de l’evesque, qui luy dit s’il en vouloit pour tout le diocèse qu’il luy en feroit baillier ; mais il ne en bailla que pour luy.

Venteiolz.[1] — L’église dédiée à St Jean Baptiste. Les dames des Chases en sont prieuses, auxquelles j’ay envoie un billet, par le sieur curé, affin de les supplier de faire paver le cœur, ou de pierre, de bois, comme vostre grandeur avoit ordoné.

Le sieur curé Jean Paie, aagé de 55 ans, ou environ, faict bien sa charge ; 30 s.

Pierre Pélissier, vicaire, aagé de 37 ans, ou environ, tient mal propre son calice et purificatoire. Je fus constraint jetter le purificatoire dernier l’autel. L’on faict dans ceste parroisse des concussions contre des pouvres paisans qui lèvent le disme des dames des Chases.

Prades d’Allier — À St André ornée, hors que les habitz sacerdotaux et calice demeurant ordinairement sur l’autel, ce qui est presque général, comme je diray à la conclusion de mon verbal. Le tabernacle n’est pas bien tenu ; les fons baptismaux sans serrure.

La chapelle Saincte Anne, qui dépend de la maison du curé, n’a point de marchepied d’autel, n’y n’est point pavée.

Le sieur curé Anthoine Gleise, aagé de 32 ans, ou environ, estoit absent le jour de St Laurens, estant alé à une vole de Porcharesses, près Langeac : le cemitière ouvert d’un costé. Le grand autel sert au rosaire, quoy qu’il y aie un autel de Nostre Dame, dénué.

Cubelles. — Les prieuses, les dames des Chases, auxquelles le sieur curé demande assistance pour reculer le maistre autel qui n’a pas assez de jour. L’église est dédiée à St Hilaire, bien ornée et vitrée. Il y a une croix d’argent pour les processions et mortuaires pesant quattre marcs et demy. L’autel du Rosaire bien orné. Il n’y a point de pluvial ni pavillon pour le St Sacrement.

Le sieur curé Vidal Médard, aagé de 48 ans, qui a esté une fois à Rome, et avoit les lettres d’attestation de vostre grandeur, ceste année saincte, pour y retourner ; je reçeus de luy, 20 s.

Jean Pomier, vicaire, sert la chapelle de la maison d’Apchier à Besque. Madame d’Apchier m’a dict de vous prier, de sa part de permettre que le dict vicaire Jean Pomier, d’assurer et donner l’eau baptismale à ses enfens, ce qui ce peut, moyennant qu’ilz portent les dictz enfans à Cubelles : car Besque est dans le diocèse de St Flour.

Il y a un disme au bout de la parroisse, apellé le disme de la luminaire, pour la réparation et fabrique de l’église, de quattre cestiers bled, mesure de Saugues.

Monistrol — Dédié à St Pierre : l’église bien ornée. Il y a deux chapelles l’une du Rosaire, l’autre de St Anthoine.

Le sieur prieur, Jacques de Frétat, religieux de la Chaise-Dieu.

La parroisse a trois annexes Nostre Dame des Tours, qui est à un filz naturel de monsieur d’Apchier.

La chapelle St Martin est à Jacques Accassat, curé de Saugues.

La chapelle St Étienne à Pichot du Puy, annexe à la vicairie.

Le sieur curé Jean de Briges, absent, estant allé aux eaux de Vals, pour guérir d’une grande surdité qu’il est attaint.

Le vicaire Anthoine Laonde, absent, je fus constraint, faisant la visitte, d’envoier le prestre vieux de Croisances, Anthoine Charrière qui m’acompagnoit, à un village bien esloigné, pour porter le St Sacrement à un malade qui s’en alloit mourant. J’ay, du des puis, congédié ce bon prestre vieux, de peur qu’il ne tombât malade, faisant la visitte avec moy, comme il avoit faict autrefois, estant à pied, ne pouvant aller à cheval, et suis esté constraint de fermer ma maison et prendre mon garçon pour penser mon cheval, tous les prestres estans occupés à la levée des dismes ou de leur moisson.

Vabres. — L’église dédiée à St Grégoire, bien ornée. Je treuve au ciboire une seule hostie, avec la moitié d’un autre, consacrée. Les prieurs sont messieurs les chanoines de Marvéjols. Le sieur curé Pierre Planchon, aagé de 27 ans, emprunta des sainctes huiles du curé d’Alleiras, diocèse du Puy.

Blaise Vincens, chapelain d’une chapelle de sa maison, de quinze sous de rente, aagé de quatre vingts ans, ou environ.

Les habitz sacerdotaux sur l’autel du Rosaire : calice, corporaliers purificatoires, mal propres et deschirés.

Jacques Roche, aagé, sert la maison de la Baume.

Vereirolles. — L’église est dédiée à Saincte Magdeleine. Le presbytère n’est point blanchy tout escroulé. Il pleut par toute la nef de l’église ; le cemitière est ouvert de toutes parts : la croix du cemitière, par terre ; la fenestre, a costé gauche de l’autel, trop petite et sans vittres.

Pierre Enjalvin, prieur, n’a que les 4 ministres, (sic) qui se dict religieux de la Chaise Dieu, qui ne recognoist ny archipretre, ny evesque à ce qu’il m’a dict. Vostre grandeur avoit ordonné en sa visitte généralle que ce prieur baillerait au pouvre curé, le plus vieux de vostre diocèse deux cestiers bled sur sa pension, qui n’est que de six cestiers, ce qu’il n’a tenu compte de faire. C’est la cause que j’ay mis dans mon verbal une requeste que ce bon curé présante à vostre grandeur, laquelle il plaira luy appointer.

Ce prieur a un frère pretre de St Prejestz, nommé François Enjalvin, qui va toujours couvert d’armes, et qui fust à Chanac pour vous demander la cure, lorsque ce pouvre vieux estoit malade. C’est un homme dédié à la noblesse.

Sainct Vénérand. — L’église mal ornée et mal vitrée, les habits sacerdotaux sur l’autel continuellement, quoy qu’il y aie une sacristie au dernier l’autel. La lampe ny aisclaire nullement, encore qu’il y aie du revenu annexe.

Le sieur curé Guillaume Roussel, aagé de 45 ans, bien suffisant, qui croit que les archipretres sont trop honnorés de gouter de son vin. Il me présanta dix solz pour le droit de visitte et avoine pour mon cheval, disant qu’au dernier synode nous avoit taxé à cela. Je luy dis qu’il guardat cet argent pour un sargent. Il me dit que monsieur l’official estoit bien aise qu’il soit revenu de Lyon, lorsqu’il alloit à Rome à la relation d’un paisan qui venoit de Mande.

Claude Bret, prestre, aagé de 35 ans, ne quitte guières la sottane, ce qui est rare maintenant entre les prestres.

St Christophle. — L’église mal ornée, les habits sacerdotaux sur l’autel, les fonts baptismaux sans serrure, point de sainctes huiles. Le sieur curé Pierre Trentinac, aagé de 50 ans, ou environ. J’ay receus de luy une pièce de trente sous, pour le droit de ma visite.

Le sieur prieur, Pierre de Combes, aagé de 22 ans, filz d’un président de Riom.

Etienne Amblard, chapelain, aagé de 60 ans, qui emploie sa prêtrise en procés à Tolose, pour récompense de sa bonne vie.

Pierre Barnier, prestre, aagé de 45 ans, vicaire, chapelain de N. D. annexée à la vicairie. La maison d’icelle démolie.

St Prejetz d’Allier. — Le prieur François d’Apchier, de la maison de Monbrun ou de Chalier. L’église mal tenue, et les habits sacerdotaux sur l’autel continuellement. Les purificatoires, noirs. Le Rosaire et l’autel St Anthoine bien tenus, dotée de 6 cestiers bled. Le sieur curé Vidal Hardet, fort bon prestre, aagé de 50 ans, ou environ. Il m’a fait une plaisante plainte, disant qu’il y a de gens qu’il ne veut pas nommer qui se rient de luy lorsqu’il prêche, et, s’ils continuent, il en faira charger mon verbal.

Jacques Jordain, vieux cloitrier, religieux de la Chaise-Dieu, qui resigna Vereirolles à son neveu, Pierre Enjalvin, qui parle si bien, comme j’ay dit au verbal de Vereirolles.

François Enjalvin, son frère, pretre, aagé de 30 ans, ou environ, attaque souvent son curé, va toujours sans sottane, armé de fusils et pistolets.

Jean Planchon, aagé de 60 ans, confesseur. Le curé me promet mes droits.

Croisances. — Est à Mgr. de Mende, La chapelle saincte Anne sert pour l’église de paroisse, l’église Notre Dame étant démolie. Le suspalion (sic) de Saincte Anne, dotée de 4 cestiers bled et 3 charretées foin, appartient au seigneur prieur.

La chapelle St Anthoine, dotée de 6 charetées foing, de 2 jardins et d’un petit champ. Le sieur curé Jean Jordain, aagé de 56 ans, fait de prones si ridicules et sans être prémédités jusque à dire : « le curé de Thoras confesse, vale : il ne fait rien qui vaille. Les archiprestres ne sont que curés comme les autres. » Le pauvre homme ne cognoit point des dignités en l’église. Il fit un autre prosne de Mlle de Tors, disant (lorsquelle entroit dans l’église) ; voilà Mlle de Tors qui se couche la première et se lève la dernière ! animi gracia hœc dixit. Il va toujours sans robe, et souvent au cabaret de l’hostesse. Il m’a promis mes droits de visite : je ne m’en fie pas trop. Je luy demande s’il scavoit des charmes : il me dit qu’il n’en savoit que pour les avinés qui tuent quelquefois les chevaux, et ne disoit autre chose pour guérir la bête que trois fois ihs (Jésus) en principio vives abas (sic) tenant l’oreille droite du cheval, si credere fas est !

Anthoine Charrière, aagé de 85 ans, avoit acoustumé de m’assister aux visites. Je ne l’ay ausé presser cette année ; vostre grandeur me l’avoit accordé pour confesseur, mon vicaire estant souvent occupé à de petites affaires ; je vous supplie me continuer la mesme faculté.

Jacques Plantin, chapelain de Ste Anne, borgne de l’œil du canon[2] aagé de 60 ans, toujours sans sottane et habillé de bureau.

Vaseilles — Qui dépend de la viscomté d’Apchier, bien ornée de calice d’argent, de poile pour le sainct Sacrement. C’est une annexe de Thoras. Le St Sacrement y repose, il y a cemitière qu’on ne peut ouvrir sans le curé de Thoras aux funérailles. Elle est servie maintenant par Pierre Isiler, qui apprent le plein chant à son frère et à sa sœur, et font quelques fois un consert avec les cloches, par récréation. Il n’a point encore en forme ces lettres de regimine ; il m’a prié d’obtenir de votre grandeur les cas réservés : c’est un surveillant.

J’ay reposé à Thoras ce jour Nostre Dame 15 aoust, et le 16 et 17. »


  1. Venteuges.
  2. On sait que les canons de l’église interdisent à un aveugle, ou à celui qui le devient, de célébrer la messe. Quiconque serait dans l’impossibilité de lire dans le missel ne pourrait, sans dispenses, dire la messe. Or, comme les parties les plus importantes de la messe sont comprises dans ce que l’on appelle le canon, et que le missel se trouve à la gauche du célébrant, pendant cette partie principale de la messe, quiconque serait privé de l’œil gauche ne pourrait facilement lire dans le missel à ce moment là. De là est venue l’expression de l’œil du canon.