Projets de trente fontaines pour l’embellissement de la ville de Paris/Planche VI

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PLANCHE VI.



FONTAINE DE L’ESPLANADE DES INVALIDES.


Cette fontaine a été projetée pour tenir lieu de celle qui avait été élevée sur l’esplanade des Invalides en 1804, par l’architecte Trepsat, pour recevoir le fameux Lion de Saint-Marc, et qui est devenue sans intérêt après que les alliés eurent remporté ce souvenir de nos victoires en Italie. Elle fut réédifiée depuis 1815, sur les dessins de Alavoine, et ruinée dans la révolution de 1830. Destinée à occuper le point de jonction des avenues de l’esplanade des Invalides, et à servir de point de vue au monument servant d’asile aux vétérans de notre armée, cette fontaine devait avoir un aspect monumental ; j’ai tâché de le lui donner, sans sortir des données d’un programme qui, indépendamment de son caractère particulier, commandait l’économie dans la dépense, et la conservation du magnifique point de vue dont on jouit du pavillon central de l’hôtel des Invalides. Une colonne d’ordre dorique, posée sur un double piédestal octogone dont les faces sont ornées de bas-reliefs ayant rapport à la figure de l’Abondance qui couronne le monument, m’a semblé remplir l’un des buts proposés : celui de laisser la vue libre de se perdre dans l’espace ; quatre Tritons agenouillés sur des conques marines, et tenant sur leur tête des vasques que remplissent des jets-d’eau sortant de mascarons placés sur les faces principales du piédestal inférieur, m’ont fourni le moyen d’alimenter une riche cascade qui, en se jetant dans le bassin destiné aux besoins publics, donne au monument le caractère de sa destination, tout en procurant à sa base un empâtement convenable ; enfin les matières premières qu’on pourrait employer à sa construction, telles que la fonte de fer, pour les vasques, les figures de ronde bosse, les bas-reliefs et les mascarons, la pierre de Château-Landon, pour les bassins et les parties qui réclament une pierre solide et susceptible de recevoir un beau poli, achèveraient de remplir la tâche que j’ai dû m’imposer.




FONTAINE DE LA PLACE DE L’EUROPE.


Cette fontaine, composée pour occuper un des points les plus élevés de Paris, peut être considérée comme purement hydraulique, tirant presque tout son effet des jets et de l’abondance des eaux. Elle aurait ce triple objet : de pourvoir aux besoins de la population du quartier, d’alimenter d’autres fontaines placées sur un sol plus bas, de former point de vue aux rues de Londres, Berlin, Pétersbourg, Stockholm, Paris, Madrid et Vienne, à la jonction desquelles elle est censée se trouver.

Elle se compose de deux vasques, de trois bassins concentriques formant cascades, et d’une cuve ou récipient commun, dans lequel vient se réunir toute l’eau fournie par le jet qui part du centre de la composition. Entre la première et la troisième cascade, et un peu au-dessus de la seconde, sont quatre figures de Fleuves ou Rivières, posées sur quatre socles ornés, sur leur face principale, de petits bas-reliefs allégoriques ; de l’urne des Fleuves coule une eau abondante qui nourrit la cascade inférieure et lui permet de conserver une certaine prédominance sur les autres. La cuve d’usage est surélevée de deux marches ; autour règne un trottoir qui est garanti par un rang de seize bornes.




FONTAINE SAINT-VINCENT-DE-PAUL.


Cette fontaine, de forme octogone, est, comme la précédente, destinée à occuper l’un des points les plus culminants de la capitale. Elle servirait également à alimenter les fontaines inférieures, et formerait point de vue au boulevard Bonne-Nouvelle. Sa composition est moitié hydraulique, moitié sculpturale, et son effet est pyramidal. Deux vasques supportées, l’une par un groupe d’Enfants, l’autre par quatre Atlas marins, reçoivent, et déversent en nappes, l’eau d’un jet qui part du centre ; cette eau, en tombant du stylobate sur lequel repose cette partie de la composition dans la cuve de distribution, forme cascade. Sur chacun des huit angles du stylobate sont des Monstres marins qui lancent de l’eau dans le réservoir général, et complètent l’effet que j’ai cherché à donner à cette fontaine. Sur les huit pilastres qui portent des Monstres marins sont figurées des plantes marines.