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Prose et Vers/Les lauriers-roses

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Prose et VersAlbert Messein (p. 102-103).

LES LAURIERS-ROSES

Viens. Dans la nocturne vallée
Entends-tu ce bruit si léger
Qu’on dirait l’haleine exhalée
Par les jeunes fleurs d’un verger ?

C’est la chanson des lauriers-roses
Que câline, furtif, le vent
Sous les astres bleus, verts et roses
De ce paysage fervent.

Ils se penchent sur les murmures
Et l’écume d’un ru pierreux
Pour se frôler de leurs ramures.
Et l’on croirait des amoureux

Essayant de se mieux connaître
Par la caresse de leurs voix
Qui fait au cœur mourir et naître
Le désir de nouveaux émois.


Puis voici que jaillit en trilles
L’âme triste d’un rossignol
Auquel répondra, des charmilles,
Le frémissement fou d’un vol.

Verrons-nous dans quelque clairière
Que la lune emplit peu à peu
De surnaturelle lumière
Passer l’aile de l’oiseau bleu ?

Ô mon amante taciturne,
Souris au signe du bonheur,
Avant qu’à l’horizon nocturne
N’éclose l’aurore en sa fleur.

N’écoutons plus les lauriers-roses !
Rentrons avant l’éveil des chiens.
Je te diral d’étranges choses
Dans la paix de la maison. Viens !