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Prose et Vers/Va-t-en ! Vois…

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Prose et VersAlbert Messein (p. 90-91).

Va-t-en ! Vois, la porte est ouverte.
Ton amour me fut doux pourtant.
Mais la campagne est déjà verte
Et les oiseaux sont fous. Va-t-en !

Tu t’es plainte que ta jeunesse
Se flétrissait dans ma maison,
C’est bien. Qu’importe ma détresse ?
Voici la nouvelle saison.

Parcours les routes inconnues
Et cueille de nouvelles fleurs.
Lance vers les bois et les nues
L’appel à de nouveaux bonheurs.

Et tu t’en reviendras peut-être,
Ô la pauvresse que j’aimais,
Croyant voir luire à ma fenêtre
La veilleuse éteinte à jamais.


Mais je serai dans des contrées
Très lointaines, traînant mon deuil,
Et tes pauvres larmes sacrées
Couleront en vain sur mon seuil.

Enfant, telle est faite la vie.
Tu vis de moi, je vis de toi.
L’amour t’a jusqu’ici suivie,
Que te dire ? Quitte mon toit.