Protection des forêts au Canada, 1912/02

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Partie II

Incendies des Forêts et Problème de la
Destruction des Branchages

Le danger créé par les branches constitue le plus grand problème à résoudre pour la protection des forêts contre l’incendie.

Les branchages dans l’exploitation du bois. — Les grandes quantités de matières inflammables qui étaient le résultat de l’ancienne manière d’exploiter les forêts sont sujettes à prendre en feu tôt ou tard. En effet, la plupart des grands incendies ont eu leur origine dans ces masses de branches. Il est presque impossible de contrôler ces incendies pendant la sécheresse et les pertes de vie et de propriétés ont été énormes.

En outre de la destruction du bois marchand sur les terres adjacentes, la seconde pousse de bois sur les terres où l’exploitation forestière a été effectuée se trouve, dans le cas d’une forêt renfermant des arbres d’un âge moyen, retardée par l’incendie pendant une période variant de 50 à 100 années, par suite de la destruction des jeunes rejetons ; naturellement, ceci ne s’applique pas à une forêt où les arbres sont pratiquement tous de dimensions voulues pour être sciés, surtout lorsque l’incendie qui suit une coupe facilite la reproduction, comme la chose est vraie en ce qui concerne le sapin Douglas sur la côte du Pacifique, et en ce qui concerne le pin blanc de l’Ouest dans l’intérieur du pays.

En plusieurs cas, le sol est tellement ravagé par l’incendie et l’érosion qui en résulte qu’il est rendu impropre à la reproduction du bois marchand pendant des générations et peut-être des centaines d’années. Très fréquemment, la composition de la forêt est changée par suite d’un incendie, soit dans une forêt vierge soit dans une forêt dont le bois a été coupé. Tout le monde sait que le tremble, le bouleau ou le pin gris poussent fréquemment à la suite d’un incendie sur les terres déboisées de l’Est du Canada. La rapide extension de l’exploitation forestière dans la nouvelle section augmente continuellement l’étendue du territoire sujet à cette classe de dangers d’incendie.

Les branchages des colons. — Les branchages qui résultent du défrichement par les colons constituent une source de dangers d’incendies presque aussi sérieuse que celle qui provient des branchages de l’exploitation forestière. D’une façon, le danger venant de cette source est plus grand, puisque les branchages des colons doivent être brûlés, au moment où il sera possible de les détruire complètement. Il en résulte que le feu peut plus facilement gagner la forêt et aussi les coupes de bois adjacentes ; ces sortes d’incendies causent généralement des pertes de vie et détruisent les propriétés. Cependant, on a fait de très


LES EFFETS D’UN INCENDIE SUR DES TERRAINS DE MONTAGNE
DANS LE SUD DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE
Tous pareils terrains devraient être protégés, afin d’être ajoutés à la richesse
du pays par la production de coupes successives de bois.

grands progrès, grâce à la législation en ce qui concerne la réglementation

du brûlage des branches par les colons. Le principal point sur lequel il faut attirer l’attention à ce sujet est l’emploi pendant la saison d’été d’une équipe de forestiers suffisamment nombreuse pour faire observer rigoureusement les lois.

Méthodes d’organisation. — La solution du problème de la destruction des débris laissés sur le sol par les exploitants de bois a fait le sujet d’une étude très approfondie tant aux États-Unis qu’au Canada. Étant donné les différences des conditions économiques, la situation est plus avancée actuellement aux États-Unis qu’au Canada. Le Service Forestier des États-Unis a pris les devants sur les terres que possède le Gouvernement Fédéral aux États-Unis, par l’imposition des règlements concernant la destruction des branchages relativement aux ventes de bois de construction dans les forêts nationales des États de l’Ouest. Quant aux terres à bois qui sont la propriété des particuliers et qui renferment les quatre cinquièmes du bois du pays, il s’est fait du progrès en cette direction par l’intermédiaire de règlements établis par les différents états, particulièrement par ceux de New York, de Minnesota et de l’Oregon, et aussi par la coopération volontaire de la part d’associations de propriétaires de terres à bois dans le nord-ouest de la côte du Pacifique comprenant le Western Forestry and Conservation Association. À venir jusqu’à nos jours, cette organisation n’étend pas son action au-delà des états de Washington, de l’Oregon, de l’Idaho, du Minnesota et de la Californie. En plus des patrouilles d’incendie, les organisations comprenant cette Association fournissent de l’aide éclairée pour la surveillance de la destruction des débris ; elle fournit ainsi la plus grande somme d’efficacité et de sûreté possible.

Situation au Canada. — Contrairement à la politique d’imprévoyance qui a prévalu si longtemps aux États-Unis, les Gouvernements Fédéral et Provinciaux du Canada ont sagement retenu la possession de la plus grande partie des terres non arables, et ils ont concédé, du moins pour la plus grande partie seulement, le droit d’abattre les arbres moyennant certaines conditions spéciales. C’est pourquoi la nécessité d’une action volontaire par la formation d’associations d’exploitants de bois n’est pas tout-à-fait aussi urgente qu’aux États-Unis. À l’exception d’un pourcentage relativement minime des terres à bois en la possession des particuliers, la situation se trouve à longueur de temps sous le contrôle des gouvernements Fédéral et Provinciaux relativement à l’émission de nouveaux permis et au renouvellement de ceux qui ont été concédés antérieurement. En certains cas, tout ce qui est requis, c’est la mise en vigueur des dispositions déjà comprises dans ces permis. Ceci est surtout vrai en ce qui concerne les permis accordés par le gouvernement Fédéral, dans lesquels il existe des dispositions concernant la destruction des branchages, mais malheureusement elles n’existent que sur le papier, car leur mise en vigueur n’a pas été suivie rigoureusement. Par suite de ces relâchements, plusieurs permissionnaires se croient investis de droits acquis, qu’il sera probablement difficile d’abolir.

Dans l’Est du Canada, le bois n’est pas tout à fait aussi fourni que sur le versant du Pacifique, et le problème de la destruction des branchages devra être traité d’une façon différente. Les conditions dans la région des Adirondacks de New York, où l’on a déjà fait beaucoup en cette direction, sont très semblables à celles de la région des épinettes, qui couvrent une si grande étendue de l’Est du Canada. On peut apprendre également beaucoup par l’expérience du Minnesota, où les conditions sont semblables à celles qui existent sur une grande étendue des forêts de l’Ontario et du sud-est du Manitoba.

D’un autre côté, les conditions forestières dans l’Alberta et la Colombie-Britannique sont étroitement semblables à celles du Montana, de l’Idaho, de Washington et de l’Oregon, où le problème de la destruction des branchages a fait le sujet de beaucoup de recherches et de discussions. Pour ces raisons, les conditions dans les régions mentionnées sont discutées en détail plus loin dans ce rapport.


Nécessité de la Destruction des Branchages

Bien que les patrouilles, l’usage des pare-étincelles, la surveillance des feux de campement et d’autres précautions semblables, soient nécessaires et continueront de l’être, il serait plus facile d’atteindre la racine du problème, quant à ce qui concerne le danger des branchages, par l’adoption de mesures pour la destruction des débris provenant de l’exploitation des forêts, dans les parties où les dangers d’incendie sont extrêmes. Il faut reconnaître que les conditions varient grandement, et que les mesures à prendre doivent être justifiées par l’intensité du danger d’incendie, et doivent être aussi pratiques, considérées sous le rapport des dépenses.

Dans le passé, lorsque la valeur des arbres était peu élevée, et les profits minimes, par suite de grands approvisionnements et d’une très forte concurrence sur les marchés, les méthodes intensives ne pouvaient pas être employées. Cependant, de nos jours, la valeur du bois a suffisamment augmenté, pour justifier les dépenses qui incombent au propriétaire de bois, en vue de protéger ce qui lui reste d’arbres contre l’incendie ; et jusqu’à un certain point pour protéger les jeunes rejetons, espoir de nouvelles coupes à l’avenir. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne les forêts de bois de pulpe, dans lesquelles il est possible de renouveler les coupes dans une période de temps relativement courte. Cependant, cette considération devrait attirer très fortement l’attention des gouvernements Fédéral et Provinciaux du Canada, qui, heureusement, gardent encore la possession d’une très grande étendue de terres non arables, bonnes seulement à la production du bois. Les gouvernements, mieux que tout autre, peuvent garder la possession des terres pour la production du bois, parce que, pour eux, la question de temps n’est que secondaire, et pour cette raison ils sont intéressés à réserver pour la production des forêts les terres qui sont impropres à la culture agricole.

Les Gouvernements devraient donc prendre un soin tout particulier de la destruction des branchages.

Les exploitants ne sont pas soumis à des conditions onéreuses. — Les conditions que le Gouvernement impose aux exploitants de bois, sur les terres qui lui appartiennent, ne sont pas rigoureuses, puisqu’elles ne sont pas prises en considération, lorsqu’il s’agit de fixer le prix du privilège de la coupe. Ceci est évident quant à ce qui concerne l’émission de nouveaux permis, dont l’exploitant connaît d’avance les conditions, et fait sa soumission en conséquence, rejetant ainsi sur le gouvernement, lorsque la chose a lieu, les dépenses qu’il faut encourir pour la perpétuation de la forêt. Lorsqu’il s’agit de renouveler les permis, antérieurement accordés, il peut y avoir quelques différences d’opinions, mais il importe de se rappeler que la valeur du bois continue à augmenter et que le Gouvernement devrait avoir le bénéfice d’une proportion raisonnable de cette augmentation. De cette manière, il sera nécessaire de rajuster périodiquement les prix d’achat. Il faudra également restreindre la méthode d’abatage afin de perpétuer les forêts. Ces conditions doivent être prises en considération lorsque l’on fixe les paiements à faire.

Destruction des Débris des Conifères et des Bois Durs. — La destruction des branchages, comme mesure préventive contre l’incendie, ne s’applique actuellement qu’aux conifères ou aux espèces appelées arbres toujours verts — les épinettes, les sapins, les pins, les sapins du Canada, etc. — qui contrastent avec les essences à larges feuilles ou les bois durs, tels que l’érable, le hêtre, le bouleau, etc. On ne trouve guère que des conifères dans l’Ouest, dans les états du Nord-Est, des États-Unis et dans l’Est du Canada. Les principales espèces que l’on abat sur une grande étendue sont aussi des conifères. Les bois durs pourrissent plus rapidement que les conifères, de sorte que les débris disparaissent par décomposition beaucoup plus vite. D’un autre côté, le danger d’incendie dans une coupe de bois durs n’est pas du tout comparable à celui d’une coupe de conifères. Il faut aussi se rappeler que, dans une forêt de bois durs, les feuilles mortes qui jonchent le sol constituent un danger d’incendie plus grand que les houppes, bien que celles-ci puissent augmenter l’intensité de l’incendie une fois commencé.

L’ébranchage des houppes des bois durs ne diminuera pas le danger d’un feu de feuilles mortes, bien que la chose soit possible, si le arbres ont été abattus en pleine feuillaison, ou pendant la dernière partie de l’été, ou au commencement de l’automne. Si un tel incendie de feuilles commence dans les bois durs, il est très probable qu’il détruira toute reproduction sur son passage. Un autre point à considérer est que, actuellement, la valeur des bois durs est généralement trop minime pour justifier les dépenses additionnelles qu’exigerait la destruction des branchages. Plusieurs grandes étendues de bois durs ne peuvent être exploitées, même à présent, sans quelques dépenses de ce genre, et nul doute que l’imposition d’une telle exigence aura pour effet non seulement de retarder l’exploitation de ces forêts, mais créera une perte ou au moins réduira très sensiblement les profits que l’on pourrait réaliser sur l’exploitation de ces bois que l’on effectue maintenant dans l’Est des États-Unis et du Canada. Lorsque l’on fait du bois de corde dans les exploitations de bois durs, la question de la destruction des branchages est grandement réduite, sans même tenir compte de la considération financière.

Cependant, comme les bois durs augmentent en valeur, il sera nécessaire d’établir des méthodes de protection contre l’incendie, au moyen d’une meilleure suppression des branchages. Le dépeuplement du bois de construction au pays aura pour effet de hâter l’établissement de ces mesures préventives. L’exemple le plus encourageant sous ce rapport est la vente récente de bois marchand sur le domaine de Biltmore, Caroline du Nord, au prix d’environ $12.00 par acre, tout en réservant la possession du sol. L’enlèvement des arbres devra se faire dans un espace de 20 années. Les diamètres des différents arbres à abattre sont spécifiés, et il est prévu à l’empilement et au brûlage des branches et des débris qui résultent des opérations d’abatage. Les dernières mesures sont adoptées principalement comme précautions préventives contre l’incendie.

Méthodes de Destruction. — Autant que faire se peut, la destruction des branchages devra s’effectuer en même temps que les travaux d’exploitation. Cependant, une neige profonde peut rendre impraticable ce travail. Lorsque l’exploitation se fait pendant l’été et qu’il y a danger d’incendie, on devrait empiler les branchages à mesure que l’on avance dans l’abatage, et attendre à plus tard pour brûler ces débris, par exemple après une pluie ou une légère chute de neige.

En certains cas, une protection suffisante contre l’incendie pourra être obtenue en brûlant les branches de façon à former de grandes bandes brûlées, particulièrement le long des chemin de fer ou des chemin de voitures ; on devra préparer ces coupe-feux de façon à nuire le moins


destruction des branches dans la forêt nationale de bighorn, wyoming

possible aux jeunes arbres. Si l’on établit une patrouille efficace, on

diminue ainsi la nécessité de faire un brûlage général.

Il y a quatre méthodes générales de destruction des branchages et autres débris, qui se ressemblent beaucoup, ce sont : (1) le brûlage ; (2) l’ébranchage ; (3) l’ébranchage et l’empilement ; (4) l’ébranchage et l’éparpillement.

Brûlage. — On peut brûler les branchages tels qu’ils sont éparpillés sur le sol ou bien les brûler après l’ébranchage et l’empilement. Sur la côte nord-ouest du Pacifique, on a trouvé que le brûlage des branches éparpillées sur le sol est ce qu’il y a de plus pratique en certains cas, et ce mode de destruction s’applique surtout dans les endroits où les taillis sont très épais et les arbres presque tous rendus à maturité, car, en pareils cas, le défrichement est complet ; ce qui reste d’arbres ne justifierait pas les dépenses de protection contre l’incendie. Les débris sont laissés éparpillés comme dans l’ancienne méthode d’exploitation forestière ; ils atteignent souvent une épaisseur de 4 à 5 pieds. On peut construire une ligne de protection contre l’incendie en enlevant toutes les matières inflammables sur une large bande. On brûle ensuite cette bande de façon à faire un coupe-feu efficace qui empêchera l’incendie de se répandre dans le bois debout ; mais pour cette opération il faut employer des hommes très versés en de genre de travail, et il faut aussi choisir le temps voulu pour faire ce brûlage. Ce procédé a pour résultat de mettre à nu le sol et de faciliter la reproduction du sapin Douglas, essence que l’on considère de qualité supérieure. Le brûlage des branches éparpillées sur le sol coûte moins cher que l’empilement et le brûlage. On dit que dans les conditions favorables, ce travail peut être fait à raison de $25.00 par année. Il est probable cependant que dans la plupart des cas il coûte de cinq à dix cents par mille pieds de bois. L’empilement et le brûlage sont nécessaires dans les endroits où il reste debout un certain nombre de jeunes arbres non rendus à maturité dont la protection contre l’incendie demande la destruction des matières inflammables.

Cette méthode est très souvent adoptée dans l’exploitation forestière par le service forestier des États-Unis dans les états de l’Ouest. Cependant, elle doit être considérée en premier lieu comme une mesure préventive contre l’incendie, et dans les endroits où l’abatage se fait en hiver, comme dans certaines parties du Minnesota et des Montagnes Rocheuses, dans les États-Unis, on a trouvé que le brûlage des branches à mesure que l’on exploite la forêt est très pratique. Les dépenses occasionnées par l’empilement et le brûlage sont en partie couvertes par une plus grande facilité de la sortie du bois.

Ébranchage. — Les désavantages de brûler les branches surpassent quelquefois les avantages ; pour cette raison, il est souvent nécessaire d’adopter un autre mode de destruction de ces branches, par exemple, dans les Adirondacks, le brûlage des branches est considéré impraticable, en partie à cause des dépenses, et en partie à cause des grands dangers qu’il y a de brûler la surface du sol et par là d’occasionner la perte des jeunes arbres. D’autres considérations sylvicoles entrent aussi en ligne de compte et elles seront discutées plus loin.

Toute la théorie de l’ébranchage consiste en ce que les débris sont mis en contact plus intime avec le sol ; de cette manière, ils absorberont plus facilement l’humidité, sécheront moins en été et se décomposeront plus rapidement que s’ils se trouvaient élevés au-dessus du sol. Si le travail est bien fait, les branchées traitées de cette manière cesseront d’être un danger d’incendie en peu d’années, et se décomposeront en un tiers ou une moitié de moins de temps que si elles se trouvaient élevées au-dessus du sol comme celles qui restent dans les houppes. Après l’ébranchage en question empiler ou éparpiller les branches est conseillé, à moins que ce travail ne coûte trop cher.

Autant qu’on le sache, l’ébranchage des houppes comme mesure protectrice contre l’incendie, soit en Europe, soit en Amérique, a été recommandé pour la première fois par le Docteur B. E. Fernow, en 1890. Il fit cette recommandation dans son rapport à V Adirondack League Club qui venait d’acheter quatre-vingt treize mille acres de forêt vierge dans le montagne des Adirondacks, état de New-York. Cette étendue de forêt avait été achetée à condition que toutes les épinettes de plus de 12 pouces de diamètre seraient réservées sans restriction. Quant à la méthode de l’abatage, l’exposé qui suit, extrait du rapport du Docteur Fernow,[1] offre quelque intérêt à ce sujet :

« Les dangers et les dommages provenant de l’incendie sont augmentés chaque fois que l’on exploite une forêt, principalement si on laisse sur le sol les houppes et les branches qui se dessèchent rapidement et augmentent ainsi l’intensité de l’incendie. Il aurait fallu tenir compte de la destruction appropriée de ces branchages dans les contrées d’exploitation forestière. Par suite de l’absence pareille condition, le Club devrait détruire ces branchages à ses propres dépens.

« On a demandé de brûler les branchages qui restaient. Cette méthode est dispendieuse, et je suis d’avis qu’elle est inutile, au moins d forêts d’épinettes, sous les conditions qui nous occupent. Le danger provient de ce que les houppes, étant soutenues par les branches au-dessus de sol, se dessèchent, restent en cet état et forment ainsi un appât pour l’incendie. En ébranchant les


branches empilées dans le chemin principal des billes,
après la sortie du bois, prêtes à être brûlées

FORÊT NATIONALE DE MISSOULA, MONTANA

houppes et en les laissant tomber sur le sol, on s’attend à ce que ces matériaux restent humides à la suite de la neige qui les couvre pendant l’hiver, et qu’ils se décomposeront bientôt. En outre, on pourrait en retirer quelque chose d’utile pour la fabrication de la pâte à papier qui aurait été perdu autrement. Je recommanderais au moins de mettre à l’essai cette nouvelle méthode. On devrait faire l’ébranchage aussitôt que possible après l’abatage, et il serait peut-être possible de faire des arrangements pour ce travail avec l’entrepreneur de l’exploitation. »

Par suite de difficultés financières, le contrat d’exploitation ne fut pas mis à exécution, et conséquemment les recommandations du Docteur Fernow à l’effet d’ébrancher les houppes restèrent sans effet.

Selon Graves, l’ébranchage des houppes se faisait autrefois d’une façon très étendue dans les exploitations d’épinettes et de sapins des Adirondacks. On adopta d’abord la méthode d’ébrancher seulement le sommet de l’arbre. Cependant, cette méthode laissait encore les houppes supportées au-dessus du sol par les branches inférieures, ce qui retardait la décomposition de ces houppes, et plus tard, on modifia la méthode de manière à y inclure l’ébranchage des branches inférieures, de façon à ce que le tronc et les branches pussent reposer légèrement sur le sol, où la décomposition serait rapide. Les tas de branches étaient foulés à terre par le poids de la neige en hiver ; en cet état, elles absorbaient l’humidité du sol et se décomposaient rapidement ; cette décomposition diminuait de beaucoup le danger d’incendie.

Plus tard, on ajouta à l’ébranchage l’éparpillement des branches. Le meilleur exemple que l’on puisse citer de ce travail se pratiquait sur la propriété du Dr. Seward H. Webb, dans le Parc de Nehasane. Cependant, on ne s’est pas assez occupé d’étendre ces branches de façon à les mettre en contact avec le sol ; les lois de l’État ne l’exigent pas ; mais l’intérêt des propriétaires fonciers semble réclamer cette action, afin que l’on puisse retirer toute la somme de bénéfice qui dérive des dépenses encourues pour l’ébranchage, et qui sont exigées par la loi. La situation telle qu’elle existait dans les Adirondacks sera pleinement discutée plus loin en ce rapport.

Ébranchage et empilement. — Cette méthode améliore celle qui consiste simplement à ébrancher les houppes dans laquelle on ne s’occupe pas de mettre les branches en contact avec le sol ou de les empiler, et conséquemment, un certain nombre de branches se trouvent jetées sur des rochers, des souches ou des troncs d’arbres, et restent ainsi séparées du sol, et de cette manière la décomposition sera retardée de beaucoup. L’ébranchage suivi soit de l’empilement soit de l’éparpillement peut être préférable au brûlage, au point de vue de la sylviculture. Au cours des saisons de sécheresse, comme dans les bois de pins jaunes dans la région des Montagnes Rocheuses, et surtout dans les états du sud, la meilleure et souvent la seule reproduction naît sous les têtes ou les autres branchages. Le sol est ombragé et l’évaporation est retardée par la présence d’une couche de feuilles, de rameaux et de branches. Sous de telles conditions, le brûlage des branches peut faire une différence entre la reproduction et la non reproduction. Le brûlage des branches, à moins que l’on n’en fasse une mesure de protection exigée contre l’incendie, devient ainsi inutile au point de vue de la sylviculture. L’ébranchage et l’éparpillement des branches faciliteront la reproduction de ce genre de forêt, mais nul doute que le danger d’incendie sera augmenté pendant la première année, de sorte que l’on considère qu’il est quelquefois préférable d’élaguer les branches et de les empiler à une certaine distance des arbres sur pied. Cette manière d’agir protège, en cas d’incendie, les arbres rendus à maturité et, en même temps, aide le développement des jeunes rejetons autour des piles de branches, grâce à l’ombragement du sol et à la conservation de l’humidité. Au Parc Manitou, dans le Colorado Central, cette méthode de destruction des branchages a été suivie au coût de 35 à 40 cents par acre. S’il y a déjà un certain montant de reproduction sur le sol, l’empilement sans le brûlage sera préférable, à moins que l’on puisse empiler les branches dans une clairière, de façon à ce que le brûlage ne détruise pas les jeunes plantes.

Ébranchage et éparpillement. — On a discuté cette méthode dans les paragraphes précédents. La somme de branchage, le degré de danger d’incendie et la nécessité d’encourager la reproduction doivent être considérés. On diminue le danger d’incendie par l’empilement ; mais l’éparpillement des branches est préférable au point de vue de la sylviculture. On favorise l’ébranchement et l’éparpillement dans les coupes de seconde croissance, où la somme des débris est relativement minime, et dans les forêts mixtes, où l’on a retiré du bois de corde et du bois de pâte à papier des houppes laissées sur le sol. Dans les endroits où il y a danger d’érosion, ou lorsque la reproduction est exposée à être broutée et piétinée par les animaux, la méthode d’ébranchement et d’éparpillement des branches est aussi préférable à moins que d’autres considérations ne contrebalancent celle-ci.


Destruction des Branchages dans les Forêts Nationales de l’Idaho, du Montana et du Minnesota

Puisque les conditions dans la région des Montagnes Rocheuses du Canada sont pratiquement les mêmes que celles qui existent dans cette partie des États-Unis située au sud de cette région, on cite ci-après en son entier l’exposé du Forestier de District, du district No. 1 des forêts nationales des États-Unis, comprenant le Montana, les Minnesota et le nord de l’Idaho :

« Les seules méthodes de destruction des branches suivies en ce district consistent à empiler les branches en gros tas et à les brûler, à les empiler en lignes et à les brûler, à les brûler éparpillées sur le sol à l’intérieur des lignes d’incendie ou coupe-feux. L’ébranchage et l’éparpillement des branches sans les brûler ne sont pas considérés suffisamment sûrs en cette région ; je pense, cependant, que l’on suit cette méthode dans le sud-ouest. La protection du sol contre la sécheresse provenant de cette méthode est un avantage sans importance et même, en plusieurs cas, c’est un désavantage réel dans les régions où la plupart des bois marchands sont vendus, où les dangers extrêmes d’incendie sont considérés comme un obstacle absolu. Cependant, l’ébranchage est indispensable quelle que soit la méthode en usage, car celle qui consiste à brûler les branches éparpillées ne peut pas être efficace pour détruire les houppes non ébranchées. Les conditions pour lesquelles les trois méthodes conviennent sont les suivantes :

« L’empilement des branches est indispensable chaque fois que l’on veut garder des arbres porte-graines, ou lorsque l’on emploie un système de sélection pour marquer. C’est la méthode la plus dispendieuse des trois, mais la plus pratique ; les frais varient suivant la région. Les exemples suivants serviront à donner quelques idées de ce que l’on peut attendre sous différentes conditions :

« Sur la propriété vendue par la Compagnie A. C. M., dans la forêt de Bitterroot, au Montana, sur laquelle on a abattu trente-sept millions de pieds de pins jaunes de l’ouest, d’après un système de sélection, les dépenses d’empilement des branches se sont montées à $0.424 par mille pieds, mesure de planche, et le coût du brûlage était de $0.067 par mille pieds, mesure de planche, ou un total de $0.488. C’est ce qui a été payé dans la section des pins jaunes.

« Sur la propriété vendue par la Compagnie Eurêka Lumber, dans la forêt « Blackfeet, » au Montana, le coût actuel de l’empilement était de $0.42 par mille pieds, mesure de planche ; le coût du brûlage est inconnu. C’est ce qui a été payé dans la section des sapins mélèzes Douglas de l’ouest.

« Dans la forêt de Kootenai, Montana, le coût moyen de l’empilement des branches a été calculé par le Surveillant à $0.25 par mille pieds, mesure de planche.

« Dans les forêts du Minnesota, Minnesota, ou l’on abat de grandes quantités de pins blancs de l’est et de pins de Norvège, on a entrepris l’empilement des branchages à raison de $0.25 par mille pieds, mesure de planche, et le brûlage à $0.06 par mille pieds, mesure de planche. On estime le coût de l’empilement des branches à $0.18.

« Autant que faire se peut, nous permettons l’adoption de quelque méthode de destruction des branches qui coûte le moins cher. Toutefois, ces méthodes à plus bas prix n’ont pas été suffisamment mises à l’essai, et nos données des frais ne sont pas assez exactes. L’empilement en lignes est praticable, quand l’abatage est complet et s’effectue en lignes, ou lorsque l’on met en réserve des carrés ou des groupes de porte-graines, principalement quand le terrain est en pentes très accentuées. Il impose un minimum de travail additionnel à l’exploitant, car ceux qui tracent les chemins du glissage en pays à pentes escarpées, cordent ordinairement les branches en bon ordre. Ce procédé a l’avantage, en certains cas, de mettre à nu le sol minéral sur toute la superficie, il détruit les broussailles sans valeur sur lesquelles les débris peuvent être empilés. Cependant, il est moins complet que l’empilement, à moins qu’on ne le surveille attentivement, car ceux qui font le travail sont portés à laisser les débris en trop grosses pièces. Le coût d’un tel travail, dans la forêt de Cœur d’Alêne, dans une exploitation de pins blancs de l’ouest, est revenu à environ 10c. par mille pieds, mesure de planche, y compris le brûlage.

« Le brûlage des débris éparpillés, à l’intérieur des lignes coupe-feux suivi en ce district, surtout dans la partie des arsins, où, vu le peu de valeur des produits, l’exploitant ne devrait être tenu qu’à un minimum de frais. On l’applique aussi sur les terres agricoles, qui seront séparées de la forêt aussitôt que les arbres auront été enlevés, et dont nous nous proposons de retirer le plus de profit possible, sans danger réel d’incendie. Les dépenses de ce mode de brûlage varient entre s et 10 cents par mille pieds, mesure de planche. Cette méthode demande que la ligne coupe-feu extérieure soit construite avec soin. On construit cette ligne coupe-feu en nettoyant une bande d’une largeur d’environ une chaînée, et, dans le centre, on brûle à nu la surface, sur une largeur d’environ deux ou trois pieds. En outre, on abat tous les chicots ou souches qui restent debout à proximité dangereuse de la ligne coupe-feu.


Destruction des Branches dans les Forêts Nationales
de l’Oregon et de Washington

Puisque Les conditions forestières en Colombie-Britannique ont beaucoup de similarité avec celles qui existent directement au sud de la frontière, dans les États-Unis, l’extrait suivant a été tiré du rapport du Forestier de District, du district No. 6. Service Forestier des É. U. Ce district renferme les états de l’Oregon et de Washington :

« Le sujet de la destruction des branches dans ce district comte naturellement deux divisions : la destruction des débris éparpillés sur le sol, dans la région où domine le sapin Douglas, et leur brûlage en petites piles dans la région où le pin jaune de l’ouest est l’essence dominante. En cette dernière division il serait peut-être à propos d’ébrancher les houppes et d’éparpiller les branches, lorsque l’on tient à la conservation de l’humidité du sol et à la protection des jeunes plantes, et que le danger d’incendie est peu sérieux.

« Le Service Forestier, contrairement, peut-être, à ce que l’on pouvait en attendre, n’a fait que peu d’essais de brûlage à l’éparpillement. Nos grandes ventes de sapins Douglas ne datent que de deux ou trois ans, conséquemment les superficies déboisées ne sont pas très vastes. Sur les coupes plus anciennes, les branches ont été brûlées à l’éparpillement aux temps favorables ; mais il n’a été tenu aucun compte des frais du travail. En réalité, nous n’en avons qu’une expérience si restreinte que je ne voudrais pas m’aventurer à fournir des chiffres. On s’est toujours proposé de brûler les débris, au temps voulu, dans la forêt de Snoqualmie, où se font les plus grands abatages de sapins Douglas ; mais, jusqu’à présent, ces exploitations ne se sont pas assez développées pour permettre d’agir ainsi. Sur deux des exploitations de cette forêt, les débris ont été brûlés par des incendies qui avaient commencé sur des terres adjacentes, mais qui, tout en détruisant ces branchages, n’occasionnèrent que de légères dépenses à ce Service, et ne causèrent que peu de dommages au bois sur pied. Cependant ces brûlages furent loin d’être parfaits, et les officiers locaux ont conclu que plusieurs autres seront nécessaires, avant que le terrain soit en état de donner naissance à une nouvelle récolte de bois.

« On peut résumer en la manière suivante la théorie et la pratique de la destruction des branchages dans les exploitations de sapins Douglas, destruction pour laquelle nous avons inclus des dispositions dans nos contrats de vente :

« Une ligne coupe-feu de 25 à 35 pieds de largeur est construite autour des débris à brûler et elle sert de barrière aux extrémités de l’étendue à brûler. On commence par abattre tous les chicots sur la place à brûler à proximité de cette ligne coupe-feu et partout où il y en a sur la pièce à brûler, s’ils sont un danger d’incendie. Au temps le plus propice, lorsque les débris peuvent être brûlés sans danger pour les propriétés voisines, on y met le feu, et l’on s’applique à faire un nettoyage aussi efficace que possible.

« Ce dernier point est très important et peut-être le plus difficile à obtenir. Son importance provient de ce que la germination des graines de semence du sapin Douglas demande un sol minéral, et du fait qu’il importe d’avoir le moins possible de matières inflammables sur le sol où repousse une nouvelle forêt.

« On a beaucoup discuté pour savoir si le brûlage des branches devait se faire au printemps ou bien en automne. Il n’y a pas grand danger à brûler les branchages au printemps, car le sol et ce qui recouvre la surface sont encore imbibés de l’humidité provenant de la neige et de la pluie de l’hiver ; et le feu ne se communiquera pas aux endroits que l’on ne cherche pas à nettoyer. Cependant, il y a de nombreux inconvénients à brûler les débris à cette époque de l’année. Il est souvent impossible d’effectuer un brûlage complet, parce que les branches ne sont pas suffisamment sèches. Si l’on n’a pas abattu tous les chicots, sur la superficie exploitée, ils peuvent couver le feu pendant longtemps, et être une source constante de danger durant la saison sèche de la mi-été, alors que le vent peut raviver les flammes. Un chicot, pris en feu le 4 juillet, brûlait encore une semaine avant le jour d’Actions de Grâces ; bien plus, une légère couche de neige tombait au moment où le feu avait été remarqué. Un autre désavantage du brûlage au printemps est que les broussailles se lèveront après que les débris auront été brûlés, et que le sol ne sera pas aussi bien préparé pour recevoir la semence en automne.

« Le brûlage d’automne présente quelques inconvénients, car il est difficile d’allumer le feu au temps voulu. Un retard, afin d’obtenir plus d’humidité, et conséquemment plus de sûreté, peut être prolongé trop longtemps, et jusqu’au point que les débris seront trop humides pour être brûlés. Cependant, si le brûlage est fait au temps voulu, le brûlage d’automne sera plus complet, parce que les débris seront plus secs, et que le brûlage aura pour effet de nettoyer plus proprement le sol, et de laisser le sol minéral en meilleur état pour recevoir la semence au moment de l’égrenage. Les branches ne pousseront pas avant le printemps ; en ce moment les jeunes plantes auront le même avantage que les broussailles et les mauvaises herbes. Si l’on n’a pu abattre tous les chicots, le brûlage d’automne aura pour effet de les consumer, avant le retour de la prochaine saison sèche.

« L’empilement des branchages et leur brûlage en cet état est généralement mis en pratique dans les exploitations de bois du Service Forestier, en la région de pins jaunes de ce district. L’objet principal est la destruction d’autant de branches que possible, et au temps où les arbres sur pied, les jeunes rejetons et les jeunes plantes en souffriront le moins. D’après notre expérience, l’empilement des débris coûte à l’exploitant de 20 à 25 cents, et le brûlage en piles de 4 à 5 cents par mille pieds, mesure de planche. Ces chiffres varient suivant les conditions, et peuvent être beaucoup plus élevés dans les endroits où les arbres sont très branchus et très feuillus. Dans une de nos grandes exploitations de bois d’œuvre, dans la forêt de Whitman, à l’est de l’Oregon, l’empilement d’environ 15,000 pieds, mesure de planche, occupe un homme à la journée. Nous insistons de plus en plus sur un mode de brûlage qui causera le moins de dommage possible aux arbres sur pied. On ne devrait pas brûler les piles, quand il y a quelque danger d’endommager les arbres voisins. Vous pouvez vous rendre facilement compte du désappointement où l’on se trouverait, si, après avoir soigneusement marqué des arbres pour la coupe, choisi un grand nombre pour la reproduction, la protection ou pour une seconde coupe, ils devaient être en dommages par un brûlage imparfait des débris.

« Je vous inclus, à titre de renseignement, une lettre circulaire renfermant des instructions pour l’empilement et le brûlage des branches dans l’exploitation des pins jaunes, laquelle vous sera, j’espère de quelque utilité.

SERVICE FORESTIER DES ÉTATS-UNIS

Instructions Relatives au Brûlage des Branches
sous le Système de Sélection, dans le District
VI

« Dans la plupart des cas où le système de sélection est suivi en ce district, c’est-à-dire dans toute la région des pins jaunes et du bois mixte, à l’est de Cascades, on empile et l’on brûle les branches des exploitations forestières des Forêts Nationales.

« Les instructions suivantes se rapportent aux méthodes d’empilement et de brûlage des branches ; elles ont été émises afin que l’administration des coupes par sélection, trop souvent si mal dirigée, soit conduite de la meilleure manière possible.

« Empilement des Branches. — Le premier pas à faire dans la destruction des branchages consiste à faire de bonnes piles ; pour y parvenir, il faudra suivre les instructions suivantes :

« 1. Il faudra enlever les grandes branches des houppes, de façon à ce que les petites s’entassent bien, lorsqu’elles seront empilées les unes sur les autres.

« 2. On placera les piles aussi loin que possible des arbres de toute sorte mis en réserve, et des groupes porte-graines de toutes espèces.

« 3. Les piles devront être de taille moyenne, c’est-à-dire pas trop grandes pour former un brasier dangereux, ni trop petites, afin qu’elles n’augmentent pas indûment les frais d’empilement et ne couvrent pas inutilement trop d’espace.

« 4. On empilera les débris en ordre, afin qu’ils s’entassent d’une manière compacte ; on demande des piles et non pas des monceaux de branches.

« 5. Ne pas empiler les grosses pièces, ni les grandes branches sans rameaux, car elles ne brûleront pas en entier ; et, si elles sont seulement charbonnées, la décomposition sera plus lente.

Brûlage des Piles. — Le succès de la méthode d’abatage par sélection, tel qu’on la pratique dans la région des pins jaunes, dépend du brûlage efficace des branchages. Si cette opération est mal faite, l’exploitation sera défectueuse au point de vue de la sylviculture, quelque bon que soit le marquage, ou quelque soin que l’on prenne de la protection des porte-graines et des arbres mis en réserve. Si le brûlage des branches n’est pas bien exécuté, nos méthodes d’administration scientifiques de nos forêts seront paralysées et le système d’abatage par sélection ne produira aucun bon résultat.

« Si le brûlage des piles de branches endommage les arbres voisins, et que le feu saute d’une pile à l’autre, tout en grillant la reproduction, et que de temps à autre il s’élance d’une pile dans les têtes d’un groupe de perches ou de jeunes plantes, toutes les dépenses encourues par le Service Forestier pour faire de bons marquages, et par l’acquéreur, pour faire exploiter soigneusement le bois et empiler les branches, sont inutiles.

« Pour brûler les piles tout en endommageant le moins possible la forêt, il faudra observer les points suivants, que le brûlage sera effectué par l’acquéreur, sous la direction du garde forestier, ou directement par le Service Forestier.

« 1. Chaque équipe chargée du brûlage sera composée de quatre ou cinq hommes, qui devront être placés sous la direction d’un contremaître intelligent. Toutes les deux équipes seront sous la surveillance d’un employé des forêts qui sera sur les lieux la plupart du temps pour suivre le progrès du brûlage.

« 2. L’allumage des piles devra se faire par le contremaître ou par quelque membre responsable de l’équipe, qui fera appel à son bon jugement en appliquant la torche.[2] Lorsque les piles brûlent aisément, il ne faudra mettre le feu qu’à toutes les deux, trois, ou quatre piles, quitte à revenir aux autres plus tard, ou même le lendemain ; on évitera ainsi la chaleur intense que produit une suite de piles qui brûlent en même temps, et le danger d’une conflagration sera diminué. Il faudra également tenir compte de la direction du vent par rapport aux arbres mis en réserve, et se servir de la torche avec prudence.

« 3. La plus importante considération dans le brûlage des branches consiste à diminuer, autant que possible, le danger d’incendie qui provient des débris de l’exploitation du bois d’œuvre, afin de causer le moins de dommage possible aux arbres mis en réserve et aux jeunes arbres. Donc, il ne sera pas nécessaire de brûler chaque pile, car, lorsque, par nécessité, une pile quelconque se trouve à proximité des jeunes arbres, il est préférable de la laisser intacte, de crainte de mettre ces arbres en danger. Il n’est pas non plus nécessaire que les débris soient réduits en cendre. Les plus gros morceaux de bois ne sont pas un appât pour le feu ; il suffit de faire brûler les menues branches et les feuilles, et bien que les grosses branches à moitié consumées puissent paraître mal, leur aspect est moins triste que celui de jeunes arbres à demi brûlés et prêts à mourir. Au point de vue sylvicole, il est préférable de voir les piles se consumer lentement que de brûler en un instant, et le surplus de la dépense d’une consommation lente est amplement justifié.

« 4. En général, l’automne est la meilleure saison pour le brûlage des branches dans presque tous les districts. Donc, dans toutes les exploitations, les piles de branches qui ont été accumulées jusqu’à présent devront être brûlées en automne et au commencement de l’hiver. Dans les grandes coupes où l’abattage se continue durant l’hiver, et au commencement du printemps, pour éviter le brûlage d’une grande quantité de piles, pendant la saison sèche, il sera préférable d’en brûler au printemps. En tous cas, lorsqu’il y a une grande quantité de piles à brûler au printemps, il faudra les protéger contre le feu en les entourant de lignes coupe-feux. Com- Commencer les brûlages d’automne dès que les bois sont suffisamment humides, et ceux du printemps aussitôt que les piles sont assez sèches. Les saisons du brûlage sont courtes, et il importe d’en tirer un bon parti.

« 5. Pour réussir dans le brûlage des branches, il faut choisir le moment favorable. Quand la saison est à point, il faut agir promptement et les équipes en charge devront être à leur poste. Il faut tenir compte chaque jour de l’état du temps. Quand il vente fort, ou que la chaleur est intense au milieu du jour, et qu’il y aurait danger pour les jeunes plantes, il faudra retarder le brûlage jusqu’à une meilleure occasion. Bref, il faut user de discernement et choisir les moments les plus favorables, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles ; et, pour arriver à cette fin, il faudra diriger les équipes en charge avec prudence et modération, même au risque d’augmenter les frais de la destruction des branchages. »


La Situation sur les Terres des Particuliers

La loi forestière de l’Oregon ordonne que le brûlage des débris laissés sur les coupes soient faits du 1er  juin ou 1er  octobre, et que ces feux soient retenus sur la propriété de celui qui effectue ce brûlage. Cette loi ne s’applique pas aux terres du gouvernement dans les Forêts Nationales, mais elle régit toutes les terres des particuliers. Le brûlage à l’éparpillement se pratique en grand, en vertu de cette loi, dans les régions de sapins Douglas, sur la côte du Pacifique ; au contraire, le brûlage en piles ou en lignes est en usage dans la région des pins jaunes dans l’est de l’État.

Le Forestier de l’État rapporte que le brûlage à l’éparpillement peut, dans les meilleures conditions, être effectué au prix de 25 cents de l’acre. Cependant, on doute* que ce chiffre comprenne aussi le coût de la construction des lignes coupe-feux.

La situation dans l’état de Washington et dans le nord de l’Idaho ressemble beaucoup à celle de l’Oregon, en ce qui regard la destruction des branchages, sauf qu’il n’y existe pas de loi d’État à ce sujet. Néanmoins, les organisations d’exploitants de bois auront pour effet de protéger les forêts contre l’incendie ; elles comprennent en partie la Western Forestry and Conservation Association. On exploite annuellement de 75,000 à 100,000 acres de bois d’œuvre dans l’état de Washington.


Législation de la Destruction des Branches au Minnesota

Comme dans les Adirondacks et ailleurs, en général, il a fallu une catastrophe pour réveiller le public au Minnesota, lui faire comprendre l’importance d’éliminer le danger des débris d’exploitation forestière, et le faire agir. Le grand incendie de Hinckley, en 1894, où plus de 400 personnes perdirent la vie, fut le premier grand stimulus ; malgré cela les mesures préventives furent lentes à venir. La loi forestière de 1895 décrétait la nomination d’un Commissaire Forestier, mais elle ne renfermait aucune disposition exigeant la destruction des branchages. Néanmoins, le Commissaire Forestier, le Gén. C. C. Andrews, reconnut immédiatement la nécessité d’une telle mesure, et, par son influence, il fut présenté à la législature un projet de loi qui demandait à l’État de faire brûler tous les débris d’exploitation forestière, si les exploitants ne le faisaient pas, avec entente que les frais seraient portés au compte du propriétaire foncier. Mais cette mesure était trop radicale pour le temps, et les exploitants de bois la firent avorter.

En 1902, une leçon de choses fut enseignée par l’adoption au Congrès de la Loi Morris, élaborée par Gifford Pinchot. Elle réglementait l’abatage du bois des terres des Sauvages à Chippewa, Minnesota, y compris la forêt nationale du Minnesota. Cette loi obligeait les exploitants qui abattaient des pins « à brûler ou à enlever une quantité suffisante des houppes et des débris pour prévenir tout danger d’incendie du bois laissé sur pied. » es règlements prescrits en vertu de la loi ont fonctionné avec satisfaction et ont prouvé péremptoirement que la destruction des branches est parfaitement faisable. Ordinairement les débris ont été brûlés en forêt à mesure que les opérations avançaient.

Comme le problème de la destruction des branches n’avait pas été résolu sur les propriétés des particuliers, le grand incendie de Chisholm, en 1908, qui détruisit une immense quantité de branchages, anéantit la ville de Chisholm, ravagea tout un pays et mit en danger la vie de plusieurs personnes, fut une autre leçon. L’effet moral de la Loi Morris n’atteignit pas non plus son but. En conséquence, il fallut adopter en 1 909 une autre loi qui exigeait le brûlage de tous les débris résultant de l’exploitation forestière. Le brûlage était de rigueur, dès que le temps le permettait et avant le premier mai. L’opposition des exploitants, le manque de fonds et la faiblesse des dispositions de la loi, qui ne prescrivaient qu’une méthode arbitraire, pour faire face aux besoins si différents de l’État, furent la cause de sa chute.

La loi de 1909, ayant manqué son but, fut abrogée par l’adoption de la Loi Forestière de 1911. L’article de la loi qui se rapporte à la traction des branches est ainsi conçu ;

« Art. 15. Quand et toutes les fois que le Forestier de l’État jugera qu’il y a ou qu’il peut y avoir danger de commencement et de pro 1 d’incendie par les branchages et débris provenant d’abatages de bois d’œuvre de toutes sortes ou autrement, le Forestier de L’État en notifiera le particulier, la raison


abatis d’arsins après un incendie des débris,
SUR LES PLATEAUX DE PARK RIVER

sociale ou la corporation, qui a abattu ou qui abat lesdits bois d’œuvre, et leur enjoindra de faire disparaître les branchages et les débris en la manière qu’il peut l’exiger. Lorsqu’il y aura impossibilité d’effectuer le brûlage des branches ou des débris sur toute la superficie qui en est couverte, le Forestier de l’État peut obliger le particulier, la raison sociale ou la corporation, qui a abattu le bois, de faire disparaître les branchages et les débris afin de permettre de construire une ligne coupe-feu sûre autour de la superficie qui requiert une telle protection, cette ligne coupe-feu devra être de la largeur et de la nature que pourra accepter le Forestier de l’État.

« Lorsqu’un particulier, une raison sociale ou une corporation auront été notifiés par le Forestier de l’État pour faire disparaître les branchages ou les débris, soit par un brûlage total, soit par la construction d’une ligne coupe-feu capable de protéger la propriété adjacente, et qu’ils manquent de mettre en pratique ces instructions, lesdits particulier, raison sociale ou corporation seront censés coupables d’un délit, et, sur preuve, seront punis d’une amende d’au moins $50.00 et d’au plus $100.00, à part les frais de procédure, pour chaque violation de ces instructions ou pour avoir omis de les mettre à exécution.

« Lorsque ces branches ou ces débris n’auront pas été brûlés, malgré les instructions de ce faire par le Forestier de l’État, celui-ci peut se rendre sur les lieux avec autant d’hommes qu’il jugera nécessaires, et fera brûler ces branches ou ces débris, et les frais de ce chef constitueront une servitude contre cette propriété en la manière que l’on impose les taxes d’amélioration de la propriété, et ces frais constitueront une réclamation valide prima facie qui peut être perçue du particulier, de la raison sociale ou de la corporation qui a abattu les arbres ou le bois dont proviennent lesdites branches ou débris. »

Bien que la loi n’ait été en vigueur que depuis une année, il appert qu’elle atteint son but, grâce, en partie, à son élasticité, et en partie à une plus grande perfection des dispositions qu’elle renferme. Les gardes forestiers sont revêtus du pouvoir d’agir directement, au nom du Forestier de l’État, et ils prescrivent les mesures à prendre en chaque cas, après un examen attentif de toutes les conditions sur les lieux.

L’objet de la destruction des branches est la suppression du danger d’incendie. Les méthodes adoptées ont un triple objet ; (1) L’éloignement du danger immédiat d’incendie ; (2) la protection contre le dommage aux arbres laissés sur la coupe ou le terrain y adjacent ; et (3) sur les terres qui ne sont pas destinées à l’agriculture, la prévention d’un brûlage total de la surface, afin de conserver les jeunes rejetons, les porte-graines sur pied, la couche de surface et le sol lui-même.[3]

Comme dans les Adirondacks, le brûlage est généralement considéré impraticable dans les coupes d’épinettes et de cèdres, et l’ébranchage est le procédé suivi. Dans les coupes de pins, l’empilement et le brûlage sont prescrits sous les conditions ordinaires. Cependant, il faut user de beaucoup de discernement dans l’application du procédé à chaque exploitation, car les conditions diffèrent considérablement.

On peut en général se guider sur les règles suivantes adoptées à une assemblée des gardes de districts, tenue à Bemidji, Minn., le 3 janvier 1912 ;[4]

« (1) Lorsque les arbres sont clairsemés, ou quand la surface du pays est inégale et rocheuse, un brûlage total n’est pas désirable. En pareils cas, il faudra brûler une bande de 150 pieds de largeur autour de chaque lot de branchages et le long des emplacements des voies ferrées." Cette règle est basée sur la théorie que, lorsque les arbres sont clairsemés, leurs branches ne constituent pas un grave danger d’incendie. Un brûlage total entraînera des dépenses inutiles aux exploitants. La seconde partie de cette règle est bassée sur la théorie qu’un pays rocheux ne pouvant servir à l’agriculture devra être réservé à la sylviculture. Le brûlage total aura pour effet de dévorer le peu d’humus répandu sur de pareilles terres, et parfois le sol même, et de détruire toute reproduction du bois de valeur qui peut avoir été laissé, et les graines tombées à terre. Cette règle a pour objet de réduire cette destruction à un minimum Un autre point, dont il faut tenir compte, c’est que les branches non brûlées retardent l’évaporation de l’humidité du sol. La décomposition des débris ajoute aussi à l’humus. Cette règle exige un brûlage total, lorsque les débris d’un épais taillis de bois d’œuvre, même sur une terre non arable, et entourée d’une ligne coupe-feu, seront à l’avenir un danger pour les arbres adjacents, qui ne sont pas destinés à être abattus. Ce brûlage est généralement effectué à mesure que l’abatage avance, afin d’éviter tout dommage au sol, aux jeunes arbres et aux graines de semence.

« (2) Le corollaire suivant est ajouté à la règle qui précède : Quand un brûlage total n’est pas nécessaire, en outre d’une ligne coupe-feu d’au moins 150 pieds de largeur, qu’il faudra brûler autour d’une telle étendue de débris, une bande d’au moins 150 pieds de largeur devra être brûlée de chaque côté de l’emplacement de toute voie ferrée qui traverse la superficie couverte de débris. Cette règle est surtout applicable à tous les chemins de fer d’exploitation forestière, et elle aura son importance non seulement en ce qui regarde la propreté des emplacements des voies ferrées, vu qu’il y aura diminution de danger d’incendie par les locomotives, mais elle servira aussi de ligne de défense pour combattre les incendies.

« (3) Lorsque le terrain déboisé est destiné au défrichement et à la culture agricole immédiate, l’empilement et le brûlage sont désirables." En tout cas, un brûlage total sera ordinairement effectué sur pareils terrains. Il est préférable qu’il soit fait sous la surveillance des employés forestiers, et pendant un temps déterminé. Cette mesure a son importance, car plusieurs incendies de forêt ont eu pour origine le brûlage des branchages sur les terres agricoles, lorsque le temps n’était pas favorable.

« (4) Quand les exploitants ont reçu permission de retarder le brûlage jusqu’au printemps, au temps de la fonte ou après la fonte des neiges il faudra choisir un temps où le feu ne courra pas librement à la surface du sol.

« Un nombre suffisant d’hommes devront être toujours disponibles, afin que l’on puisse en toute sûreté empêcher le feu de se propager. Le choix du temps pour le brûlage, lorsque le feu ne courra pas sur le sol a un double objet : quand le feu se répand sur le sol, le danger de sa propagation est accru. D’un autre côté le feu qui s’étend ainsi endommage toute végétation de valeur qui peut exister, ainsi que les graines de semence et même la couche d’humus de surface.

« (5) En empilant des débris à brûler, il faut avoir soin de ne pas mettre les piles trop près des arbres verts, jeunes ou vieux qui peuvent avoir été laissés sur pied. En ce faisant, on évitera tout dommage aux arbres au temps du brûlage. Cette règle devra surtout être suivie en ce qui regarde les arbres adultes laissés pour la reproduction de l’espèce le même soin devra être apporté à l’égard des jeunes qui ont été laissés debout sur la coupe.

« (6) Chaque fois que les circonstances le permettront, les brûlages nécessaires devront se faire pendant l’hiver, à mesure que les abatages avancent. Ce brûlage d’hiver, à mesure que les opérations progressent, assure la bonne destruction des débris, et ne laisse à l’exploitant aucune occasion de négliger le travail. En outre, c’est habituellement la méthode la moins dispendieuse d’obtenir une destruction efficace. De plus, quand beaucoup de débris restent à brûler jusqu’au printemps, il arrive ordinairement que la neige disparaît rapidement et qu’elle est suivie d’une période de sécheresse. C’est pourquoi, si le travail du brûlage n’est pas commencé et poussé activement, à mesure que les circonstances le permettront, on aura lieu de craindre les incendies. Pour cette raison, il sera quelquefois nécessaire d’arrêter les brûlages avant qu’ils ne soient complétés. En conséquence, les étendues couvertes de matières inflammables constituent un danger pendant la saison des incendies, lequel n’existerait pas, si ces débris avaient été brûlées à la suite des abatages.

« Les six règles susmentionnées s’appliquent principalement aux débris des pineraies. Les règles 4 et 5 concernent toute espèce de débris à brûler. Les règles qui suivent s’appliquent, en chaque cas, aux essences et aux espèces y dénommées :

« (7) Lorsque l’exploitation est effectuée dans une forêt d’épinettes et de cèdres, chaque houppe devra être ébranchée séparément, de manière que chaque branche repose directement sur le sol. Une raison d’être de cette méthode est que ces espèces poussent ordinairement dans les marais, où leur décomposition est plus rapide. Les branches qui reposent sur le sol ont le même degré d’humidité. Elles ne sont pas si résineuses, et pourrissent plus vite que celles des pins, et en conséquence elles ne sont pas si dangereuses. Si les grandes houppes que l’on trouve ordinairement dans les coupes d’épinettes et de cèdres, tenues loin du sol par leurs branches, sont laissées intactes, elles se dessèchent, restent ainsi des années, et sont un appât pour l’incendie. Dans les forêts d’épinettes et de cèdres il y a habituellement beaucoup de jeunes arbres sains, dont la taille est inférieure à celle du bois marchand qui sont souvent très rapprochés les uns des autres, après que le grand bois a été enlevé. Le Service Forestier s’applique à protéger ces arbres de valeur. L’empilement et le brûlage ne pourront pas, la plupart du temps, être effectués sans leur causer des dommages graves. En outre, si le brûlage qui est exigé n’a pas été fait en hiver, le feu pourra se communiquer à la tourbe sur laquelle les épinettes et les cèdres poussent souvent. Toutes choses égales, une autre raison qui milite en faveur de l’ébranchage au lieu du brûlage, dans la destruction de ce genre de débris (même si les épinettes sont sur les terres élevées), est que l’empilement et le brûlage sont relativement plus coûteux que ces mêmes opérations dans les coupes de pins. Donc, il coûte moins cher d’ébrancher simplement que d’ébrancher, d’empiler et de brûler. Lorsque deux méthodes de destruction d’égale efficacité sont applicables aux débris d’une coupe donnée, le Service ordonne celle qui est la moins dispendieuse. L’obstacle qui s’oppose à un bon ébranchage des houppes est le fait que la plupart des opérations d’ébranchage des épinettes de pulpe de la taille des traverses, des poteaux et des perches de cèdre sont faites à la pièce ; c’est-à-dire que les journaliers reçoivent un prix fixe par corde de bois de pulpe, et par pièce pour les objets de cèdre. Ils se nourrissent, fournissent leurs outils, et ont toute liberté de faire le plus ou le moins de travail qu’ils veulent par jour. Donc, tout ce qui tend à retarder le nombre de cordes ou de pièces qu’un homme à la pièce peut faire dans sa journée, et qui ne lui rapporte rien, est, autant que possible, jeté de côté. Jusqu’à présent on n’a rien arrangé pour payer à un homme à la pièce quelque chose pour l’ébranchage des houppes. Il sera difficile d’arriver à quelque chose de sérieux sous ce rapport, avant que l’on ait augmenté le prix payé par pièce. D’un autre côté, il a été quelquefois nécessaire de permettre aux exploitants de construire une ligne coupe-feu sûre, d’au moins 150 pieds de largeur, autour des coupes et le long de l’emplacement de la voie ferrée. Puisque la loi de la destruction des débris est généralement bien comprise maintenant, chaque exploitant devrait se faire un devoir de la mettre en vigueur l’hiver prochain.

« (8) On devrait détruire les débris des bois durs à mesure que les travaux d’exploitation avancent, ou tracer des lignes garde-feux efficaces autour des étendues couvertes de débris. Les forêts de bois durs au Minnesota poussent sur des terres propices à l’agriculture quand elles ne sont pas trop rocheuses. Donc, les débris i travaux d’exploitation seront tôt ou tard brûlés permettre de défricher le sol. La règle ci-dessus a été formulée pour empêcher l’incendie de s’étendre au-delà des débris à brûler et conserver le reste du bois d’œuvre.



houppe d’épinette non ébranchée


houppe bien ébranchée, abattage récent,
PARC DE BRANDRETH, RÉSERVE DES ADIRONDACKS

  1. Rapport du Chef de la Division Forestière pendant L’année 1890, page 221, Département de l’Agriculture des États-Unis.
  2. Un surveillant de brûlage a inventé une torche commode pour l’allumage des piles de branches. C’est un léger tube de 2 pouces de diamètre et de 18 pouces de longueur, muni d’une capsule détachable à l’une des extrémités, qui s’emboîte dans fourreau de 30 pouces de longueur et de ⅜ ou ⅝ de pouce de diamètre. Une mèche de coton de même dimension passe par le petit tube, son extrémité inférieure est recourbée en forme convenable. Le grand tube fait l’office de réservoir et peut contenir une pinte de pétrole.
  3. Premier rapport annuel du Forestière de l’état du Minnesota, 1911, page 67 et 69.
  4. Premier rapport annuel du Forestier de l’étal du Minnesota, 1911, pages 67 et 69.