Protection des forêts au Canada, 1912/03

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Partie III

Loi de l’ébranchage des Houppes dans
les Adirondacks

Cette discussion est insérée dans ce rapport parce qu’elle a beaucoup de rapprochement avec la destruction des branchages dans l’est du Canada.

Après les désastreux incendies, qui ont ravagé les montagnes des Adirondacks, en 1908, l’opinion publique était beaucoup agitée dans l’état de New York, et l’on conclut que les lois relatives à la protection des forêts contre l’incendie n’étaient pas suffisamment efficaces. En conséquence, le Commissaire Whipple, de la State Forest, Fish and Game Commission, convoqua une conférence des différents propriétaires fonciers, exploitants de bois et autres qui s’intéressent aux Adirondacks, pour étudier ce problème.

Les exploitants de bois ne retirent de la région des Adirondacks qu’un faible pourcentage de ce que vaut pour le public le bois d’œuvre qu’elle produit. La quantité de bois que l’exploitant forestier vend un dollar, rapporte, peut-être, à ceux qui en fabriquent divers objets, de dix à vingt dollars. Il est donc clair que la conservation et la perpétuation de la forêt est pour le public d’un intérêt dix fois supérieur à celui de l’exploitant de bois.

Il est probable aussi que la région des Adirondacks est plus recherchée pour fins de récréation et de santé, par un plus grand nombre de personnes, que toute autre partie d’égale étendue au Canada ou aux États-Unis. Les instances de ces grandes et puissantes influences, appuyées des désirs de ceux qui ne s’y intéressent qu’au point de vue commercial, rendent indispensable un changement radical.

Dès l’origine, on s’est rendu compte que non seulement plusieurs incendies ont pris naissance dans les vieilles coupes, mais on a trouvé qu’il est également beaucoup plus difficile de les éteindre, vu l’accumulation des débris, que ceux qui commencent dans la forêt vierge. La présence, chaque année, d’un grand nombre de chasseurs, pêcheurs et autres, qui se rendent en cette région pour leur plaisir ou leur santé, fait que l’existence d’une grande quantité de matières inflammables dans les bois est beaucoup plus dangereuse que dans les circonstances ordinaires.

Bien que le brûlage des débris qui proviennent de la coupe du bois d’œuvre ou de celle du bois de pâte à papier soit faisable et très désirable, quand les coupes sont encombrées de branchages, et qu’il existe un plus grand danger d’incendie, les frais qu’entraînent ces brûlages ont été trouvés excessifs par les propriétaires particuliers de terres à bois. On a tenu compte aussi du danger de brûler l’humus de la surface, en plus de la destruction des jeunes rejetons et des arbres arrivés à maturité. On abat pendant l’été, c’est pour cela que le brûlage des branchages est rendu tout à fait impossible. Le seul moyen à prendre, si les dépenses d’opération n’étaient pas un obstacle, consisterait à empiler les branches à une certaine distance des arbres sur pied, et à les brûler en automne, après une chute de pluie au de neige ; mais il a fallu abandonner cette méthode par trop dispendieuse.

Après une longue discussion, le comité nommé par la conférence décida que l’ébranchage des houppes des conifères était ce qu’il y avait de mieux à faire, pour diminuer le danger d’incendie dans les futures coupes. Donc, le comité, où étaient fortement représentés les intérêts des exploitants de bois, recommanda l’adoption d’une loi qui fut sanctionnée au commencement de l’année 1909, et dont voici la teneur :

« Chaque personne qui, dans les comtés des réserves forestières de l’État, abat ou fait abattre, ou permet d’abattre des conifères pour vente ou autres objets, sera tenue de couper ou de faire couper ou d’ébrancher toutes les branches grandes et petites, à moins que ces arbres ne soient abattus pour être vendus et utilisés avec leurs branches. »

Pendant les quatre étés écoulés depuis l’adoption de cette loi, les conditions atmosphériques ont été telles que le danger d’incendie a été beaucoup moindre qu’en 1908. En outre, les sévères leçons de 1908 et des années antérieures ont contribué à établir une organisation de protection plus efficace contre l’incendie, sous forme de patrouilles spéciales, et d’un système de postes de surveillance dans les montagnes. Le nombre et l’efficacité des postes de surveillance ont été augmentés par la coopération du gouvernement fédéral, en vertu des dispositions de la loi intitulée « Weeks Law » qui prévoit à la coopération avec les états pour la prévention des incendies de forêt dans les bassins des cours d’eau navigables.

Le danger d’incendie a été réduit de beaucoup par l’émission, en 1907, d’une ordonnance par la Public Service Commission de l’état de York, qui exige des locomotives à pétrole pour le service à travers les Adirondacks pendant le jour, entre le 15 avril et le 1er  novembre de chaque année. Naturellement, les pires coupes et les plus considérables dans Les Adirondacks se trouvent le long des chemins de fer, ou seulement à quelques milles de distance, puisque les facilités de la sortit de l’expédition du bois sont les plus importants pour déterminer si financièrement parlant, l’exploitation peut être entreprise. Les étincelles qui s’échappent des locomotives à charbon rendent ces coupes très dangereuses vu la facilité avec laquelle elles prennent feu. L’usage de pare-étincelles et d’autres appareils protecteurs contre l’incendie n’a pas donné une protection efficace dans les cas difficiles. C’est pourquoi, l’émission de cette ordonnance par la Public Service Commission a fait disparaître presque totalement la plus grande source de dangers d’incendie dans la région des Adirondacks . Cependant, bien que le danger d’incendie ait diminué sous ce rapport, et que l’impression de la sévère leçon de 1908 se soit effacée avec le temps, et que le public ait cessé de réclamer des réformes efficaces, les exploitants ont gémi sous le poids des nouvelles dépenses que leur impose la loi. Ils ont souffert aussi des inconvénients des exigences des nouvelles méthodes d’exploitation que leur imposent les règlements de l’État. Un tel état de choses a eu pour effet de soulever graduellement des protestations contre la loi, de la part de plusieurs de ceux qui l’avaient acceptée sans murmurer, en 1909, de peur de mesures plus rigoureuses, vu l’exaspération du public en ce moment-là. Il est possible aussi que le mécontentement des propriétaires de coupes de bois se soit accentué par la crainte que la loi de l’ébranchage des houppes ne fût un premier pas vers des règlements plus restrictifs, de la part de l’état, sur l’industrie de l’exploitation forestière.

À la suite de l’opposition à la loi et des récriminations formulées contre sa mise en vigueur, trois audiences furent tenues pendant la semaine du 30 septembre 1912, par le Surintendant des forêts de l’État, qui représentait la Commission de la Conservation de l’État. Ces audiences eurent lieu à Watertown, au lac Saranac et à Glens Falls, N. Y. ; et des discussions roulèrent sur toutes les phases de la situation. Elles ont donné l’occasion de constater qu’il existait une grande diversité d’opinions sur le mérite de la loi et sur la solidité de la théorie fondamentale qui lui sert de base. On s’est aperçu aussi que plusieurs exploitants s’opposaient beaucoup à la loi, au point de vue théorique et pratique, que d’autres la défendaient énergiquement, et qu’une autre partie soutenait que la loi n’avait pas encore été en vigueur assez longtemps pour donner lieu de l’abroger ou de la modifier, et qu’il importait de la maintenir en opération plus longtemps, avant qu’aucune action adverse n’eût été justifiable.

À ces audiences, on a remarqué que plusieurs des arguments avancés pour ou contre la loi reposaient sur des opinions personnelles, et que leurs auteurs ne s’étaient pas donné la peine de porter assez d’attention aux résultats sur place. En conséquence, on prit les dispositions voulues pour effectuer une investigation sur les lieux pas le Forestier de l’État, F. A. Gaylord, accompagné d’un certain nombre des principaux exploitants de bois ou de leurs représentants. Grâce à la bienveillance de C. R. Pettis, surintendant des forêts de l’État, l’auteur de ce rapport fut invité à accompagner les investigatures, en sa qualité de représentant de la Commission de la Conservation du Canada. En outre, T. W. Dwight accompagnait les investigateurs en sa qualité de représentant de la division Forestière du ministère de l’Intérieur. Il me fait plaisir d’exprimer ici ma reconnaissance envers Messieurs Gaylord et Dwight, et W. C. Bagg, forestier de Finch, Pruyn and Company, qui exploitent le bois de pulpe dans les Adirondacks, pour les opinions émises et discutées et pour les recommandations faites par eux, et dont j’ai tiré partie en préparant ce rapport.

Les investigateurs consacrèrent la semaine du 28 octobre à examiner attentivement les résultats de l’ébranchage des houppes sur un certain nombre de coupes de bois, en différents endroits des Adirondacks. Ces résultats seront discutés plus loin en ce rapport. Il convient de se rappeler que l’ébranchage effectué avant 1909 était entièrement volontaire, en partie pour diminuer le danger d’incendie, et en partie pour, améliorer l’apparence de la forêt et faciliter sa transformation en parcs Les examens qui ont été faits ont porté sur les parties des Adirondack qui sont couvertes d’épinettes. Au cours des dernières années, ce sont surtout des épinettes et des baumiers qui ont été abattus. Les pin s blancs primitifs de cette partie ont été coupés, en grande partie, depuis plusieurs années, et les jeunes, laissés lors des premiers abatages, ont été glanés à différentes reprises au cours des années dernières. Les investigateurs n’ont pas examiné la région des pins blancs qui couvrent le versant de l’est des Adirondacks. Toutefois, on ne s’attend pas à beaucoup d’objections à l’ébranchage des houppes en cette région. Ce sont les exploitants d’épinettes et de baumiers qui s’opposent le plus à l’ébranchage des houppes. On dit, par ailleurs, que les plus fortes oppositions sont formulées plutôt par les exploitants de bois de pulpe que par ceux qui abattent le bois de sciage. Il ne faut pas non plus conclure que tous ceux-ci sont opposés à la loi, car tel n’est pas le cas.

Afin de rendre compréhensible toute la situation, on a résumé ci-après les principales objections soulevées par tous ceux qui s’opposent à la loi, et ce n’est pas nécessairement un exposé de l’opinion d’un particulier quelconque.


Résumé des Objections. — Les incendies des houppes ébranchées brûlent plus profondément, avec plus de force et plus vite que ceux qui se déclarent dans les houppes non ébranchées ; l’ébranchage ne favorise pas sensiblement la décomposition des débris, et, en conséquence, il n’a aucune efficacité comme mesure préventive contre l’incendie. L’ébranchage nuit plus à la croissance des jeunes arbres présents ou futurs, et à ce qui reste des vieux arbres, que les houppes non ébranchées, et les profits qui en dérivent ne sont pas proportionnés aux dépenses encourues par les exploitants et les propriétaires fonciers.


Résumé des Conclusions. — Un sommaire des conclusions est donné ci-après, avant l’exposé de la discussion :

1. L’augmentation du prix du bois d’œuvre rend indispensable la protection des forêts contre l’incendie, au point de vue du marchand de bois. À mesure que la réserve de bois diminue, cette protection devient encore plus essentielle au public et surtout aux personnes et aux hommes d’affaires qui dépendent directement de la fabrication des produits forestiers.

2. Les débris de l’abatage constituent le plus grave danger d’incendie.

3. La destruction des branchages est un mode pratique et faisable de diminuer le danger d’incendie ; néanmoins, il ne vient qu’après la patrouille.

4. La méthode de destruction des branchages à suivre, en certains cas particuliers, ne peut être déterminée que par une considération spéciale de toutes les conditions environnantes. Il importe que les administrateurs jouissent d’une certaine latitude dans l’exercice de leurs fonctions.

5. Le moyen le plus efficace de réduire le danger d’incendie est de brûler les branchages, quand ce procédé est faisable au point de vue des dépenses et de la sylviculture.

6. Lorsque le brûlage des houppes ne peut se faire, pour une raison quelconque, l’ébranchage des houppes devrait être pratiqué. Une fois ce travail effectué, les moyens financiers et les considérations sylvicoles devront être examinés, pour savoir s’il faudra empiler ou éparpiller les branches, ou les laisser telles qu’elles sont. Il peut être quelquefois possible de remplacer l’ébranchage par quelques autres mesures préventives, telles que la construction de lignes garde-feux, etc.

7. L’ébranchage des houppes augmente de beaucoup la quantité des débris qui reposent sur le sol ou forment des piles absorbant et retenant l’humidité ; le temps de la décomposition est ainsi diminué d’un tiers à une moitié. Ce procédé de décomposition réduit le danger d’incendie, provenant des débris, en raison direct de sa rapidité et de son degré de perfection. Après l’ébranchage, il faudrait empiler ou éparpiller les branches, mais, par suite des dépenses qu’entraîne ce travail, la chose est considérée impraticable dans les Adirondacks. Le même obstacle se rencontre dans une grande partie de l’est du Canada, avec cette différence que le permis accordé par le gouvernement exige la destruction des branches, et qu’une réduction est donnée sur les droits à payer.

8. Une utilisation plus complète du bois diminue l’efficacité de l’ébranchage des houppes comme mesure protectrice contre l’incendie. En d’autres mots, l’ébranchage est beaucoup plus nécessaire dans une exploitation de haute futaie, car elle y réduira plus le danger d’incendie que dans les exploitations de bois de pulpe, dans lesquelles une plus grande quantité des branches sera mise en contact avec le sol.

9. Les avantages qui découlent de l’ébranchage des houppes excèdent de beaucoup les dommages subis par le sol, la reproduction ou les vieux arbres.

10. L’ébranchage des houppes jusqu’à un diamètre de trois pouces diminue le coût de ce travail ; cette modification a sa raison d’être dans les sections où le danger d’incendie n’est pas très sérieux, et où les dépenses sont une des raisons déterminantes.[1]

11. Au Canada, la question de la destruction des branches et des mesures préventives contre l’incendie, devrait être prise plus au sérieux que dans le passé, par tous ceux qui y sont intéressés. On devrait en tenir compte lors de l’émission des nouveaux permis par les gouvernements fédéral et provinciaux, et au temps du renouvellement des permis en existence.

12. La patrouille est l’élément le plus important dans tout plan de protection contre l’incendie. Elle est indispensable, quelles que soient les autres méthodes adoptées. Pour qu’une patrouille puisse être efficace, il faut couper dans la forêt des routes, des sentiers, y installer des téléphones, des postes de surveillance, et d’autres améliorations permanentes d’un caractère semblable.


Discussion

Les raisons pour et contre la loi de l’ébranchage des houppes, et les conclusions qui découlent de l’inspection sur place, mentionnées plus haut, peuvent être discutées ensemble avec le plus d’avantage. Comme question de commodité, cette discussion sur l’effet de la loi de l’ébranchage fies houppes peut être divisée en quatre parties générales, savoir :


Reste de deux grandes houppes d’épinette, dix ans après l’ébranchage
La plupart des houppes de cette coupe ont entièrement disparu.
PARK DE NEHASAME, ADIRONDACKS
(Obligeance de la N. Y. Public Service Commission.)


houppes non ébranchées, petit lac tupper, coupe de whitney, réserve des Adirondacks.
Le feu passa sur ces houppes, dévora les branches supérieures et atteignit les baumiers debout avoisinant.

(1) Danger d’Incendie

(a) Prévention
(b) Extinction

(2) Effet sur la Future Forêt

(a) Reproductions présente et future

(3) Effet sur le Reste de la Vieille Forêt

(4) Effet sur le Coût de l’Exploitation.


(1) Effet quant au Danger d’Incendie

Ceux qui s’opposent à la loi soutiennent que l’ébranchage augmente le danger d’incendie au lieu de le diminuer, au moins pendant les premières années, et qu’un incendie des houppes ébranchées brûle avec plus de force et de rapidité, et qu’il est plus difficile à combattre qu’un incendie de houppes non ébranchées. Quelques-uns ont même prétendu sérieusement que les houppes non ébranchées se décomposent plus rapidement que les autres, puisque les branches suspendues en l’air sont plus exposées à l’action des intempéries que celles étendues sur le sol.


(1-a) Prévention d’Incendie

En ce qui regarde la prévention et l’extinction de l’incendie, la rapidité relative de la décomposition des débris est fondamentale. Toute la théorie des lois ou des règlements qui exigent l’ébranchage des houppes se base sur le fait que les débris sont mis en contact plus intime avec le sol, ce qui facilitera leur décomposition en réduisant à une période de temps beaucoup plus courte l’existence de cette partie du danger d’incendie provenant des coupes.

Reste à savoir si l’ébranchage met en contact avec le sol plus de débris qu’autrement. Quelques-uns des adversaires de la loi soutiennent le contraire sur ce point, tout en admettant que les branches se décomposeront plus vite sur la terre que dans l’air. Naturellement, si l’on peut soutenir cette opinion, la dépense qu’entraîne la mise en vigueur de la loi ne serait pas justifiée, et cette loi devrait être ou abrogée ou modifiée de manière à la rendre efficace.


Rapidité de la Décomposition. — Quant à la rapidité relative de la décomposition toute l’expérience et la théorie démontrent que les branches se décomposent plus rapidement sur le sol que dans l’air. Il s’ensuit qu’en autant que l’ébranchage tend à mettre les débris en contact plus immédiat avec le sol, la décomposition sera plus rapide que si les houppes eussent été laissées avec leurs branches et soutenues au-dessus de terre par les branches inférieures. Il est également vrai que les dépenses qu’entraînent l’ébranchage des houppes sont en partie perdues, si on laisse des branches soutenues au-dessus de terre par des pierres, ou des souches ou des troncs. Ceci arrive souvent, lorsque, pour construire les chemins du glissage, on jette de côté les branches sans tenir compte de la théorie de la loi de l’ébranchage, ou sans désir intelligent de retirer le plus grand profit possible des dépenses qu’exige l’observance de la loi.

On peut constater l’inefficacité partielle de l’ébranchage des houppes par suite de cette négligence pour les branches individuelles dont on fait des piles. Lorsque des pierres, des souches ou des troncs empêchent ces branches de toucher au sol, elles ne se décomposent pas plus vite que lorsqu’elles restent attachées au tronc.

D’un autre côté, les grands tas de branches, bien que ne touchant pas au sol, parce qu’elles ont été empilées sur des pierres, des souches des troncs d’arbres ou d’autres objets, se massent peu à peu par le poids des neiges répétées, et finissent par devenir si compacts qu’ils retiennent l’humidité qui aide à la décomposition. Cette pourriture s’opère plus rapidement dans une forêt mixte que dans une forêt d’épinettes et de baumiers seulement, puisque les feuilles qui tombent des essences dures ou à large feuilles couvrent bientôt le dessus de ces piles et empêchent la neige de pénétrer à travers les branches. De cette façon, le poids de la neige est de beaucoup plus grand, et il force les branches plus menues de l’intérieur des piles à se resserrer, de manière à retenir une partie de l’humidité qui s’infiltre nécessairement du sommet de ces piles. C’est ainsi que pénètre à l’intérieur l’élément qui, aidé de la chaleur et de l’air, est indispensable à la naissance des champignons qui favorisent grandement la décomposition. Lorsque ces tas de branches reposent directement sur le sol, l’humidité y entre par en bas et par en haut ; il s’ensuit que la décomposition avance plus vite.

Tout le monde admet, d’un autre côté, que les éléments essentiels à la décomposition — la chaleur, l’humidité et l’air — s’allient plus facilement à la surface du sol qu’au-dessus de la terre. Les piquets de clôture et les poteaux de télégraphe pourrissent rapidement au point où ils sont plantés en terre. Les bois de chauffage, de pulpe, de billes de sciage, sont toujours soulevés de terre par des patins pour les empêcher de pourrir, s’ils doivent rester quelque temps dans les bois. Les exploitants de bois ont toujours soin d’empêcher leurs traîneaux de toucher au sol, pendant la saison de l’année où ils ne sont pas en usage, afin de les préserver de la décomposition. Le même principe s’applique avec autant de justesse à la destruction des branches qu’à autre chose, et il est certes difficile de croire que l’on ait sérieusement fait objection à la loi de l’ébranchage des houppes.

Donc l’ébranchage des houppes met en contact avec le sol une plus grande partie des débris que l’absence d’ébranchage, dans l’exploitation ordinaire des forêts, où l’on n’utilise pas une grande partie des houppes, on ne pourrait en douter, car la différence sautera aux yeux du premier venu. Cependant, il faut se rappeler que dans les Adirondacks une grande partie des exploitations forestières consiste dans l’abatage du bois de pulpe et que l’on utilise les houppes jusqu’à un diamètre de quatre à cinq pouces en moyenne. De cette manière, les cimes au lieu d’être laissées dans le bois jusqu’à un diamètre de huit à dix pouces, comme la chose se pratique dans l’exploitation des bois d’œuvre, sont ébranchées jusqu’à 75 à 90 pour cent comme partie nécessaire à la sortie de ce bois. Il ne reste donc, sujets à la loi de l’ébranchage, dans les Adirondacks, à l’exception des arbres inserviables et des petits, ébranchées pour les besoins des chemins et des passages des glissoirs, que les houppes au-dessous d’un diamètre de quatre à cinq pouces. On voit par là qu’une loi de l’ébranchage des houppes est moins nécessaire dans une exploitation de bois de pulpe que dans l’abatage du bois d’œuvre, car on utilise une plus grande partie de celui-là. Le danger d’incendie, qui a été la cause de la loi de l’ébranchage des houppes, provenait probablement, en grande partie des débris de l’exploitation du bois de construction, plutôt que de celle du bois de pulpe. C’est ce qui explique pour quelle raison les exploitants de bois de pulpe n’aiment guère la loi.

Si les houppes ne sont pas ébranchées, la masse des débris ne peut se mettre en contact avec le sol, sauf par accident, et lorsque les cimes se brisent en tombant, ou quand un autre arbre tombe par-dessus. La décomposition s’effectuera ainsi d’une manière relativement lente, puisque seules les extrémités des branches inférieures toucheront au sol, et puisqu’il faut plusieurs années pour que les branches inférieures d’une houppe pourrissent assez pour laisser tomber le tronc à terre ou la décomposition sera facilitée. Les branches supérieures et celles de côté résistent jusqu’à la chute de la houppe sur le sol, surtout parmi les grandes cimes dont les branches sont plus fortes. Les houppes plus petites que laissent en arrière les méthodes d’exploitation moderne contiennent un plus grand pourcentage de sève, et se décomposeront, en conséquence, plus rapidement, soit dans l’air, soit sur le sol, que celles plus grandes, sous les mêmes conditions.

D’ailleurs, lorsque les houppes sont ébranchées, les branches doivent être détruites de la même manière que celles de la partie utilisée du tronc. À cette fin, en emploiera ordinairement tantôt l’empilement et tantôt l’éparpillement. Dans l’opération ordinaire, la plupart des branches séparées de la partie utilisée du tronc tombent soit directement à terre, soit en piles qui reposent sur le sol. Ce n’est que la plus petite portion qui restera suspendue en l’air, séparément ou en tas, par les pierres, les souches, ou les troncs. On n’a pas raison de supposer que le pourcentage des branches enlevées des arbres qui ne reposent pas sur le sol, ou des piles qui reposent sur la terre sera plus élevé que celui des branches ôtées de la partie inférieure de l’arbre utilisée pour bois d’œuvre ou de pulpe. C’est plutôt le contraire qui à lieu. Toutefois, il est évident que l’ébranchage de la houppe aura pour résultat d’augmenter sensiblement la somme des branches qui tomberont à terre ou sur les piles reposant sur le sol, et ainsi le danger d’incendie sera diminué par une disparition plus rapide de cette classe de débris.

Tel que mentionné précédemment, il faut aussi reconnaître qu’il y a différents degrés d’efficacité d’ébranchage, comme mesure préventive contre l’incendie ; cela dépend du montant de débris mis en lieu de recevoir l’humidité du sol. La rapidité de la décomposition est aussi déterminée par le montant de l’abatage et l’obscurité après l’exploitation. Lorsque le bois est serré, il y aura une plus grande somme de branches qui formeront plus de piles, celles-ci seront plus hautes et un plus grand nombre de branches resteront en l’air, jetées sur des pierres, des souches ou des troncs, lorsqu’il a fallu tracer des chemins et des passages pour le glissage. D’un autre côté, lorsque l’abatage est moins accentué, c’est le contraire qui a lieu, et en outre, les autres arbres laissés sur pied abriteront le sol, et l’aideront à retenir l’humidité et par là hâteront la décomposition.

Cet effet s’observe surtout, lorsque le bois de pulpe est abattu dans une forêt composée de bois durs et d’épinettes. Les bois durs et les plus petites épinettes restent sur pied et fournissent une plus grande somme d’ombrage, et l’humidité du sol est protégée contre l’évaporation rapide. La même chose a lieu dans un bois d’épinettes dont on n’enlève que les plus gros arbres, et où il reste assez de sujets pour empêcher les renversements par le vent et pour ombrager la terre. Lorsque l’abatage est dru, les rejetons repoussent serrés et fournissent de l’ombre qui aide à la décomposition. Quand l’abatage est dru et que les arbres restés debout ne donnent que peu d’ombrage, le sol se dessèche rapidement, et la décomposition s’opère plus lentement.


Zones Visitées. — Les observations nombreuses faites sur les zones visitées corroborent pleinement ces conclusions.

Partout où il y avait de vieilles houppes ébranchées, les branches du côté du sol étaient plus décomposées et les rameaux moins nombreux que du n haut. On a constaté le même effet sur les piles de branches ; là aussi les I anches du côté de la terre disparaissent plus rapidement que celles à l’action desséchante du soleil et


résultat d’un incendie le 20 mai 1911, dans les houppes ébranchées. Abattage de 1909, étant de sperry, coupe de Whitney.
RÉSERVE DES ADIRONDACKS.
Les parties inférieures n’étaient pas desséchées ; les menus matériaux du fond n’ont pas brûlé ni les grandes branches supérieures des piles. Le feu ne brûla pas le fond et ne produisit pas une plus grande chaleur que les houppes non ébranchées. Ceci montre que les feux du printemps dans les houppes ébranchées ne sont pas nécessairement plus chauds que lorsque les houppes ne sont pas ébranchées.


empilement de branches et glissoirs dans une coupe de bois de pulpe sur la coupe de la santa clara lumber Co.
RÉSERVE DES ADIRONDACKS.
Épais bois d’épinettes. Voir la quantité de branches sur le sol. Coupe presque exclusivement composée d’épinettes et de baumiers. Branches empilées le long de la route pour faire place au glissage, mais l’on a négligé d’empiler les branches des houppes.

du vent. Il faut se rappeler, à ce sujet, que le danger d’incendie attribuable

aux branches vient plutôt des petites que des grandes. Ce sont les premières qui se dessèchent aisément et qui conduisent le feu si rapidement dans un temps sec, qu’il est souvent impossible de l’arrêter dans les vieilles coupes.

L’ébranchage dans le parc Nehasane a été effectué il y a 12 ans (1900), conformément au plan préparé pour le Dr . Seward H. Webb, sous la direction de H. S. Graves, maintenant chef du Service Forestier des États-Unis. Cette zone est peut-être le meilleur exemple qui existe sur ce continent des avantages qui découlent de l’ébranchage des houppes. Le travail a été bien fait, et les branchages sont maintenant presque disparus. La reproduction des épinettes et des baumiers a très bonne apparence. C’était une exploitation de bois d’œuvre, et l’on n’enleva que les troncs dont le diamètre à l’extrémité supérieure était d’environ 10 pouces. Les houppes qui avaient jusqu’à un pied de diamètre à l’extrémité inférieure, ont été ébranchées de manière à ce que les branches qui restaient sur le sol ont complètement disparu, ou sont tellement pourries, qu’il est facile de les réduire en morceaux. De cette manière l’incendie est pratiquement impossible, car le bois est trop humide pour brûler dans les conditions ordinaires, le feu n’y prendrait même pas s’il était sec.

Quand, pour une raison quelconque, une houppe n’avait pas été ébranchée, ou lorsque les branches restaient suspendues en l’air sur des pierres, des souches ou des troncs, la décomposition a marché lentement, et ces débris brûleraient encore aujourd’hui. Le Surintendant du parc Nahasane dit qu’en son opinion le danger d’incendie, provenant de l’abatage du bois d’œuvre, avait disparu presque totalement, sur cette étendue de terrain, au bout de huit années.

Sur la coupe du Dr . Webb, effectuée depuis 16 ans (1896), sur laquelle se trouve maintenant la zone de Brandreth, les branches qui avaient été bien empilées sont presque décomposées. Ce qui reste sont les arbres qui n’avaient pas été ébranchés, et les houppes ébranchées qui furent laissées suspendues sur des pierres, des souches ou des troncs. L’ébranchage de cette zone n’avait pas été effectué aussi complètement que l’ébranchage de celle de Nehasane, et pour cette raison la décomposition n’est pas si avancée. Il faut tenir compte de ce point en jugeant l’efficacité de la loi d’ébranchage des houppes, adoptée dans l’état de New York, puisque, comme on l’a indiqué, on n’exige que l’ébranchage ; il n’y a pas obligation de mettre les branches en contact avec le sol. On ne doit pas s’attendre à ce que l’on s’applique à étendre ces matériaux sur la terre comme dans le cas de la zone de Nehasane. Cependant, il est probable qu’une grande partie des débris arriveront à toucher le sol, et de cette manière leur décomposition aura pour résultat d’isoler le reste, de façon à ce qu’il n’y aura plus de grands dangers d’incendie.

Sur l’exploitation de trois années de la Santa Clara Lumber Company, les piles des houppes ébranchées se sont déjà aplaties sensiblement vers le sol, tandis que les houppes non ébranchées se tiennent encore au-dessus de la terre, supportées par les branches, sans apparence de changement, depuis qu’elles ont été abattues.

Sur l’exploitation de 21 années de la même compagnie, les houppes n’avaient pas été ébranchées. Cette opération ne comportait que du bois d’œuvre, et peu de troncs ont été coupés au-dessous de 8 à 10 pouces de diamètre. Plusieurs de ces houppes non ébranchées sont encore en l’air, supportées par les branches. D’un autre côté, plusieurs se sont rapprochées du sol, et d’autres ont disparu complètement. Les houppes couchées à terre ont encore des branches saines sur leur partie supérieure et leurs côtés. Le procédé de décomposition lente laisse sur l’extérieur de chaque rameau une sorte de mousse soyeuse qui attire le feu sur toute la longueur des branches.

On a constaté des états de choses semblables sur d’autres coupes visitées et l’on en a tiré des conclusions similaires. Ces exploitations sont les suivantes :

Sur la zone de Taggart Paper Co., près d’Otter Lake, des coupes ont été faites entre les années 1905 et 1910 ;

Sur la réserve Whitney, il existe des coupes faites il y a 9 ans et des coupes récentes ; on y voit aussi les traces de l’incendie du 20 mai 1911, dans l’ébranchage de 1909, et de celui de la même année dans la coupe non ébranchée de 1907.

Sur la zone de P. X. Blake, près de Joe Indian Pond, l’ébranchage de 1911 ; aussi sur la coupe non ébranchée de 1905 sur le terrain adjacent ;

Sur les ébranchages récents dans la réserve de Brandreth, et sur la zone de la Santa Clara Lumber Company, non spécifiquement mentionnée plus haut.


Conclusions. — Les conditions varient tant, comme on l’a déjà dit, qu’il n’est pas toujours sage de fixer, d’une manière positive, la rapidité avec laquelle les houppes ébranchées ou non ébranchées se décomposeront. On peut dire, cependant, d’une manière générale, que, dans la région des épinettes dans les Adirondacks, les houppes bien ébranchées et étendues sur le sol se décomposeront dans l’espace de 6 à 12 années, mais que les houppes non ébranchées exigeront de 12 à 30 ans pour disparaître. Les éléments qui concourent à la décomposition de ces débris ont déjà été mentionnés. Étant donné les mêmes conditions,


abattage récent sur la coupe de la santa clara Co.,
RÉSERVE DES ADIRONDACKS

Sur le devant empilement de branches. Glissoirs de bois de pulpe à l’arrière plan.
À remarquer aussi que la forêt a été trouée.
Le bois dur, les cèdres et les menus cèdres restent debout.

la décomposition des houppes non ébranchées réclamera au moins deux

fois plus de temps que celles qui ont été ébranchées ; ou peut même dire que ce temps sera trois fois plus long, si les branches des houppes ébranchées ont été mises suffisamment en contact avec le sol. Dans les Adirondacks, on peut dire que les houppes du bois de pulpe qui auront été bien ébranchées seront décomposées après 7 ans, et que les plus sérieux dangers d’incendie de ce chef auront disparu après trois années, grâce à la décomposition des feuilles et des menues branches, et par suite de l’absorption d’humidité de la part des autres débris. Les houppes non ébranchées ne pourrissent, en moyenne qu’après un espace de 18 années, et le danger extrême d’incendie ne sera passé qu’après environ la moitié de ce temps. Dans les coupes de bois d’œuvre, où l’on ne prend que le bois de sciage, le temps nécessaire à la décomposition des houppes ébranchées peut attendre une moyenne de 8 années, et celui de la disparition des houppes non ébranchées, environ 25 années. Ces données ne sont que des calculs très inexacts ; ils donnent simplement un certain aperçu de la décomposition relative sous diverses conditions. On n’a pas eu l’avantage de vérifier suffisamment tous ces chiffres sur place, et l’on devrait continuer les investigations.

Ce qui ressort d’un bon ébranchage des houppes, c’est que le temps d’extrême danger d’incendie est réduit de 8 ou 10 ans à environ 3 années, que la décomposition est presque complète après 7 ou 8 années, et que ce danger n’est plus très sérieux après les trois premières années. L’écart des différentes durées est naturellement plus accentué dans les coupes de bois d’œuvre, et diminue selon le degré d’utilisation des houppes. Comme on l’a dit précédemment, dans les coupes actuelles de bois de pulpe, la quantité de branches enlevées de la partie utilisée du tronc, peut atteindre 90 pour cent du total des branches que portait l’arbre. Il est donc évident que, en moyenne, la décomposition avancera beaucoup plus rapidement, et que le danger d’incendie sera beaucoup moins sérieux après quelques années, lorsque l’on a ébranché de 75 à 90 pour cent des des houppes, comme cela se fait dans les exploitations actuelles, qu’il ne l’était du temps des anciennes méthodes, quand les pourcentages des houppes non ébranchées étaient environ les mêmes que les chiffres susmentionnés. Toute augmentation du pourcentage des houppes ébranchées, soit pour cause d’utilisation d’une plus forte partie du tronc, soit par la mise en vigueur de la loi, aura évidemment pour effet d’accroître la moyenne de la rapidité de la décomposition, et diminuera aussi d’autant le danger d’incendie.

Puisque le danger d’incendie est en proportion directe de la somme des débris, on peut présenter, d’une autre manière, les conclusions cidessus. Dans une exploitation ordinaire de bois d’œuvre, l’ébranchage des houppes réduira la période de décomposition de 25 à 8 années sur 75 à 85 pour cent des débris, pendant que celle de l’extrême danger d’incendie sera diminuée de 10 à 3 années ; cette assertion se base sur le fait que les branches inférieures, qui comprennent de 15 à 25 pour cent des débris, auront été ébranchées lors de la coupe du bois. Dans une exploitation de bois de pulpe l’ébranchage réduira la période de décomposition de 15 à 7 années, sur 10 à 25 pour cent des débris, et la période de l’extrême danger d’incendie sera réduite de 7 à 3 années. Tel que dit précédemment, ces chiffres ne doivent être considérés que comme des généralisations, car ils peuvent subir de grandes variations, par suite des différences dues aux conditions locales, et à la révision des recherches plus minutieuses qui suivront.

Il importe davantage de prendre des mesures contre l’incendie, après que la nouvelle pousse a pris son essor, que pendant les trois ou quatre premières années qui suivent la coupe, puisque le propriétaire a alors en croissance une plus grande valeur, qui devrait être regardée comme les intérêts accumulés sur la capitalisation productive de la terre. Plus cette valeur est élevée, plus le propriétaire devrait avoir à cœur sa protection contre l’incendie, et plus il devrait être disposé à payer une prime modérée d’assurance, sous forme d’une légère augmentation des dépenses d’exploitation, afin de s’assurer une telle protection.


L’ébranchange Considéré Comme Assurance. — Une compagnie d’assurance offrit à une grande compagnie d’exploitation de bois de pulpe dans les Adirondacks une assurance de 2% par année de la valeur du terrain boisé. Cette dernière compagnie fait abattre 80,000 arbres de taille-étalon par an. À 5 cents pièce, l’ébranchage des houppes lui coûterait $4,000, ou un quart d’un centin pour cent sur une évaluation forestière totale de $1,600,000 dans les Adirondacks En tenant compte des pertes causées par les incendies, les dépenses de l’ébranchage des houppes, l’entretien d’une patrouille, la construction de lignes téléphoniques, etc., le coût de la protection contre l’incendie serait encore inférieur à une demie de un pour cent. En conséquence, cette compagnie préféra adopter cette dernière protection, qu’elle considère supérieure à une police d’assurance commerciale.


Possession en Vue de Coupes Successives. — Le fait que les possesseurs particuliers peuvent compter, et comptent sur le maintien des terres à bois, pour la production de coupés successives, est bien démontré dans la région des épinettes des Adirondacks. On a visité une zone sur laquelle le bois avait été abattu il y a 50, 30, et 19 ans, et qui a été peut-être maintenant coupé une quatrième fois. Le montant de bois à pâte que l’on en retirera donnera environ 8 cordes par acre.

Les premières coupes ont sans doute été effectuées suivant un diamètre déterminé, et les jeunes arbres qui poussaient parmi les autres avaient toute facilité de se développer. Aujourd’hui le triage du bois est moins accentué, et le temps qui sépare deux coupes devrait être d’une plus longue durée.


Reste des Sources de Dangers d’Incendie. — Étant donné l’attitude des exploitants et des propriétaires, il importe de noter qu’il a fallu tenir compte d’un grand nombre de débris provenant des anciennes coupes qui ne tombent pas sous la loi actuelle. Les chablis des anciennes coupes, ainsi que les arsins constituent un grand danger d’incendie jusqu’à ce que ces matériaux soient détruits par le feu ou par la décomposition. Ces sources de danger ne sont prévenues que par l’établissement d’un système de patrouille et de postes de surveillance par l’État. Les terres qui appartiennent à l’État, c’est-à-dire environ les deux tiers des soi-disant réserves des Adirondacks, sont suffisamment protégées, puisque, en vertu de la Constitution de l’État, aucune coupe de bois n’y est permise. Elles sont, par décret, mises en dehors de toute intervention des bûcherons ; il est même interdit de toucher aux arsins et aux arbres qui meurent de vétusté.

Il est grandement question d’apporter quelques modifications à cette disposition, afin que les forêts de l’État soient soumises à la culture, et que les dangers d’incendie soient ainsi amoindris. Ces forêts rapporteraient alors un certain revenu à l’État, qui contribuerait à diminuer les dépenses d’administration et de protection. Un tel procédé améliorerait même, à la longue, le caractère et la valeur de la forêt. Il ne faut pas être trop surpris de constater que les propriétaires particuliers de forêts se plaindront d’être tenus de payer plus que leur part de protection contre l’incendie, aussi longtemps que l’État n’aura pas amélioré sa politique forestière. Plusieurs ne reconnaissent pas suffisamment le bénéfice direct que retirent les propriétaires forestiers de l’ébranchage des houppes, sous forme de réduction du danger d’incendie, ni du système de patrouille que l’État entretient dans les Adirondacks à ses propres dépens, pour la protection des terres des particuliers et de celles de l’État. Ces dépenses s’élèvent à plus de $100,000 par année.


(1-b) Extinction des Incendies

On a discuté longuement les difficultés qu’il y a de combattre les incendies dans les coupes, lorsqu’il s’y trouve des houppes ébranchées et d’autres non ébranchées. La plupart des opinions exprimées avaient pour auteurs des hommes qui n’ont jamais contribué à combattre les incendies des houppes ébranchées, et qui ne basaient leurs arguments que sur des théories.


Lutte contre l’Incendie. — Les gardes-forestiers employés par l’État pour combattre les incendies déclarent, pour la plupart, qu’il est plus facile d’éteindre un incendie de houppes ébranchées qu’un incendie de houppes non ébranchées. Dans ce dernier cas, les branches et les autres petites matières inflammables sont élevées de plusieurs pieds au-dessus du sol, de sorte que, lorsqu’elles prennent en feu, et que le temps est sec, l’écorce qui brûle, les rameaux, et les autres matières légères seront emportés par le moindre vent. Si à la sécheresse s’ajoute au grand vent, les flammes, alimentées par les corps tenus en suspens au-dessus du sol, seront emportées au loin. Il se formera une sorte de couronne de feu qui dévorera toute la forêt. Lorsque les houppes ont été ébranchées, les débris se trouvent plus près du sol, et le feu est moins exposé à sauter d’un endroit à l’autre, et les hommes peuvent s’en rapprocher pour le combattre. Il paraît probable aussi que, toutes autres conditions étant égales, un incendie se propagera plus vite dans des houppes non ébranchées que dans des houppes ébranchées, pour les raisons susdites.


Construction de Lignes Coupe-Feux. — On a beaucoup discuté la facilité relative de construire des lignes coupe-feux. Ici, comme en plusieurs autres points discutés, il importe d’établir une distinction claire entre l’exploitation du bois d’eeuvre et celle du bois à pâte. Personne ne saurait nier qu’il n’est pas plus difficile de tracer des lignes coupefeux sur une coupe de bois d’eeuvre, où les houppes n’ont pas été ébranchées, que sur une où elles ont été dépouillées de leurs branches, à cause de la taille de ces houppes, leur enchevêtrement, et la somme d’élagage à faire pour débarrasser le chemin à tracer. Il y a cependant une certaine somme de raison chez ceux qui s’opposent à la loi, quand ils disent que dans l’exploitation du bois à pâte les houppes sont si petites qu’en seul homme peut les manier, et que ce travail peut être effectué plus vite et d’une manière plus satisfaisante que lorsque les houppes ont été ébranchées, parce qu’il faut enlever beaucoup plus de pièces. D’un autre côté, les témoignages des gardes-forestiers, qui étaient les seuls familiarisés avec ce travail, dans les coupes où les houppes avaient été ébranchées, attestent que la construction des lignes coupe-feux y est plus facile. Toutefois la différence ne sera guère sensible dans une exploitation de bois à pâte, où l’on utilise une grande partie des houppes, de sorte que peu de houppes seront trop lourdes pour être maniées par un seul homme. On croit généralement que le feu de houppes non ébranchées traversera plus facilement une ligne coupe-feu.


houpe non ébranchée 21 ans après l’abattage
Ancienne coupe de la Santa Clara Lumber Co.
qui est devenue plus tard la coupe du Collège de Cornell,

réserve des Adirondacks.

À noter jusqu’à quel point elle a résisté à la décomposition.
Le tronc renfermant beaucoup de sève s’est pourri plus rapidement.



houpe non ébranchée 14 années après l’abattage
Ancienne coupe de la Santa Clara Lumber Co. qui est devenue plus tard
la coupe du Collège de Cornell,

réserve des Adirondacks.
Voir jusqu’à quel point cette houppe a résisté à la décomposition.




Intensité des Incendies. — On a allégué que les incendies des houppes ébranchées produit une chaleur plus intense, vu qu’il y a plus de matériaux empilés, et qu’en conséquence ils sont plus difficiles à éteindre. Cette allégation est supportée par le fait qu’un homme, qui veut faire cuire quelque chose ou se chauffer, entasse les matières inflammables au lieu de les éparpiller. Ceci est naturellement vrai, mais, d’un autre côté, celui qui prépare ainsi les matériaux de son feu ne les prend pas dans des piles de branches, mais détache quelques branches sèches du bas d’un arbre debout, ou d’autres qui sont dans les mêmes conditions que les branches des houppes non ébranchées. On se sert même de pareils matériaux pour faire du feu en temps de pluie, car l’intérieur est toujours sec, vu leur exposition à l’air et au soleil. Il est également vrai de dire que si l’on prépare un bûcher et qu’on le laisse ainsi longtemps sans l’allumer, il absorbera bientôt l’humidité du sol, sans compter celle qu’il aura retenue de la pluie et de la neige ; et si le même homme qui l’a préparé veut allumer un feu après une année ou deux, au même endroit, il ne prendra pas les branches dont il avait formé son bûcher, mais il glanera d’autres, comme lorsqu’il avait préparé son premier bûcher.

Néanmoins, pendant les deux ou trois premières années après l’exploitation, alors que les piles se rapprochent de terre, et que les branches absorbent de l’humidité, il est probable qu’un feu de houppes ébranchées sera plus intense que celui de houppes non ébranchées. Mais, on peut aisément en exagérer la différence, surtout dans une exploitation de bois à pâte ou, tel que susdit, la loi de l’ébranchage des houppes s’applique seulement à une proportion de 10 à 25 pour cent du montant total des branches.

À ce sujet, il importe de se rappeler que si un incendie se déclare dans une coupe où les houppes auront été ébranchées, il nettoiera mieux la surface du sol et diminuera ainsi le danger d’un second incendie. Les débris étant empilés davantage brûleront plus complètement que ceux des houppes non ébranchées, dont les branches sont plus éloignées les unes des autres, de sorte que plusieurs échapperont aux flammes. Les adversaires de la loi, se basant sur ce dernier point, soutiennent qu’un incendie de houppes non ébranchées passera sous ces houppes sans les consumer, et qu’au contraire il brûlera avec plus de force dans les débris empilés, et causera plus de dommages au sol et aux arbres sur pied, jeunes et vieux. Les effets sur le sol, sur la reproduction et les arbres plus âgés seront discutés plus loin. Mais, on peut, dès à présent, se rendre compte qu’un feu de houppes non ébranchées ne consumera que les petites branches, et se contentera de noircir les plus grandes, de sorte que ces restes constitueront un danger d’un second incendie presque aussi grand qu’avant. Un second incendie ou des incendies renouvelés sont plus dangereux que le premier, car ils détruisent généralement tous les porte-graines de l’espèce et les jeunes rejetons qui ont échappé au premier ou qui ont poussé dans la suite ; et ainsi le reboisement sera rendu impossible, à moins qu’on ne recoure à la plantation.


(2) Effet sur la Future Forêt

Cette question embrasse la considération de l’effet de l’ébranchage des houppes sur (a) les reproductions présentes et les futures ; sur (6) le sol.


Reproductions Présentes et les Futures. — Les adversaires de la loi soutiennent que l’ébranchage tend à étouffer la reproduction existante, et à empêcher la croissance de nouveaux rejetons, par suite de plus de débris éparpillés sur le sol ou en piles. Notons en passant la contradiction flagrante de ce point avec l’argument discuté déjà sous (i-a), à savoir que l’ébranchage des houppes n’a pas pour effet de mettre beaucoup plus de débris en contact avec le sol, soit à l’éparpillement, soit en piles, et n’en favorise pas la décomposition.

Quant à l’effet de l’ébranchage des houppes sur la reproduction, il faut se rappeler que presque toutes les exploitations dans les Adirondacks consistent à abattre du bois pour en faire de la pulpe et qu’il sera nécessaire, en conséquence, d’ébrancher entre les trois quarts et les neuf dixièmes des branches pour sortir le bois de la forêt. Lorsque le bois d’une coupe est touffu, il est nécessaire d’empiler une grande partie des branches, afin de tracer des chemins pour la sortie des troncs. L’empilement additionnel d’un dixième ou d’un quart des branches, qui proviennent de l’ébranchage des houppes, ne peut étouffer la végétation actuelle ni guère empêcher la reproduction des jeunes rejetons. Ordinairement les piles de branches ne couvrent pas plus de 3 à 15 pour cent du sol. Elles ne nuisent donc pas sérieusement à la végétation présente ou future. D’un autre côté, ces grandes piles rendent même service, car les têtes des arbres qui pousseront autour ne s’enchevêtreront pas au temps de la maturité.

Si les arbres d’une coupe ne sont pas serrés, et que l’empilement pas nécessaire, l’ébranchage des petites branches qui restent dans lippes, après la sortie du bois à pâte, formera sur le sol une couche si mince, qu’elle ne nuira pas sérieusement ni aux nouvelles plantes ni à qui peuvent être déjà sur le sol. Au contraire, la présence des branches sur la terre favorisera même la reproduction, pourvu qu’elles ne forment pas une couche trop épaisse. L’épinette demande un sol humide, et la présence d’une légère quantité de branches contribuera à entretenir l’humidité.

Il est vrai que dans les taillis serrés les branchages peuvent former une couche si épaisse que la végétation éprouvera de la difficulté, mais, en pareils cas, il suffira de brûler au moins les plus grandes piles plutôt que de négliger l’ébranchage des houppes. Comme on l’a dit précédemment, la différence est trop peu sensible, dans une exploitation de bois à pâte pour se faire sentir sur la végétation. Cette différence sera beaucoup plus accentuée dans l’exploitation du bois d’œuvre, mais encore ici l’extrême danger d’incendie, par suite des houppes non ébranchées, défend l’abandon de l’ébranchage de ces têtes.

On a allégué que l’ébranchage des houppes a pour résultat d’augmenter l’intensité des incendies, et, en conséquence, de détruire une plus grande quantité de la nouvelle reproduction. Ceci est peut-être vrai pendant les deux ou trois premières années, mais c’est le contraire qui aura lieu, passé ce temps ; en tous cas, la différence ne saurait être sensible sur la reproduction, puisque les incendies de surface, même les plus légers, détruisent toutes les jeunes pousses.

C’est un fait que les plantes d’épinettes prennent naissance le plus souvent autour des vieux troncs. Quelquefois on a trouvé des rangs de jeunes épinettes, dont la semence avait germé sur le haut de troncs en décomposition ; une fois ceux-ci disparus les racines atteignent le sol et ainsi les jeunes arbres s’établissent sur une base permanente. À ce point de vue on peut avancer que l’ébranchage des houppes facilite la reproduction naturelle, puisque les troncs ébranchés se décomposeront et formeront une couche favorable à la germination des graines d’épinettes, beaucoup plus rapidement que si les houppes n’avaient pas été ébranchées. Au contraire, les troncs des houppes non ébranchées resteront suspendus en l’air pendant plusieurs années, jusqu’à ce que les branches inférieures soient assez pourries pour que le tronc tombe à terre, où il se décompose rapidement et forme une couche de mousse.

On ne saurait donner trop d’attention à la reproduction, puisque, à la longue, la mise à l’épreuve de tout système d’administration forestière consiste à savoir en combien de temps il est possible de reconstituer une nouvelle forêt sur les régions déboisées. Il ne faut pas toutefois perdre de vue que le point fondamental à cette fin est la protection contre l’incendie. Si cette protection n’est pas assurée, toutes les autres mesures relatives à la reconstitution de la forêt seront inutiles. La perpétuation de la forêt par un usage éclairé révèle l’habileté du forestier pratique sur l’ancien bûcheron.


Effet sur le Sol. — L’effet de l’incendie sur le sol est d’une importance particulière, par suite de son influence sur le reboisement de la forêt. Les incendies du sol des Adirondacks ont eu pour résultat, soit un changement notable dans la composition de la forêt, soit une stérilité complète pendant un temps indéfini, par suite de la destruction des éléments de la fertilité et par l’érosion de ce qui reste du sol minéral. En général, la plantation est nécessaire, si l’on veut obtenir une forêt des essences précieuses sur un brûlé, surtout s’il y a eu incendies répétés, car les porte-graines auront été détruits.

Les adversaires de la loi de l’ébranchage des houppes soutiennent que cette opération tend à accroître la force de l’incendie et la destruction du sol minéral. Ce sujet a déjà été discuté en partie, et l’on a conclu que l’ébranchage a pour effet de produire un meilleur brûlage et un feu plus intense, surtout s’il survient pendant les deux ou trois premières années qui suivent la coupe. Cependant, il ne s’ensuit pas nécessairement que le danger de destruction du sol soit suffisamment grand, lorsque les houppes sont ébranchées, pour fournir un argument irréfutable contre la loi. Si un incendie se déclare après une période de sécheresse, il détruira tout, qu’il y ait eu ébranchage des houppes ou non. Les vastes étendues recouvertes de houppes non ébranchées, dévorées par les incendies de 1903 et de 1908, dans les Adirondacks, en sont une preuve irrécusable. En pareil temps, non seulement les branches, mais aussi l’épaisse couche de végétaux décomposés, ou terreau, seront sèches comme des allumettes, et tout incendie qui éclate alors brûle aussi le sol. Si les branches n’ont pas été brûlées antérieurement, le feu dévorera la terre de surface, et l’ébranchage et le non ébranchage des houppes n’y changeront rien.

On a visité le brûlis du 20 mai 1911, près de Sperry Pond, dans la réserve de Whitney, où les houppes avaient été ébranchées en 1909. L’état des choses en cet endroit a démontré que, lorsqu’il survient des incendies au printemps, le fond des piles de branches de houppes reste plus longtemps humide que dans les endroits où les houppes n’ont pas été ébranchées. On a trouvé au fond de ces piles des menues branches non brûlées ; cela prouve que l’humidité provenant de la neige ou de la pluie s’était conservée plus longtemps que si les mêmes débris avaient été exposés à l’influence de l’air et du soleil.

Donc, on peut conclure, à bon droit, qu’au printemps, un incendie des houppes ébranchées n’endommagera pas le sol autant que celui qui éclate dans une coupe où les houppes n’ont pas été ébranchées, car en ce dernier cas, l’action de soleil et du vent aura desséché la surface. Plus tard, ce sera peut-être l’inverse ; mais, comme on l’a fait remarquer, lorsque les piles des houppes ébranchées seront desséchées, le terreau sera également sec et brûlera facilement, indépendamment de l’intensité du feu de surface.

Effet sur le Reste de l’Ancienne Forêt

Les considérations déjà discutées quant à l’intensité relative des incendies dans les houppes ébranchées et dans celles non ébranchées sont aussi les facteurs qui gouvernent ici. Il se peut qu’un incendie, qui éclate dans une coupe où les houppes ont été ébranchées, pendant les deux ou trois années qui suivent la coupe du bois d’œuvre, détruise plus des anciens arbres restés sur pied qu’un feu de houppes non ébranchées. En ce cas, l’intensité de l’incendie dépendra du plus ou moins de branches empilées près de ces arbres. Toutefois, on croit qu’il n’y aura pas grande différence dans une exploitation de bois à pâte, puisque l’on enlève de 75 à 90 pour cent des branches, et un incendie en ces coupes sera assez intense pour détruire tout ce qui restera d’arbres sur pied près des piles, indépendamment des 10 à 25 pour cent des têtes qui restent, ébranchées ou non. D’un autre côté, après les trois premières années, le danger d’incendie, provenant des houppes ébranchées, est de beaucoup moindre, par suite de la décomposition et de plus d’humidité, lorsque les débris sont répandus sur le sol ou empilés. Après 7 ou 8 ans, le danger aura presque totalement disparu, si les houppes ont été ébranchées, mais il sera encore très sérieux si ces têtes ont été laissées avec leurs branches. Le pourcentage des branches restées, saines, lorsque les houppes auront été ébranchées, sera quantité si négligeable que le danger de ce côté ne sera pas sérieux, et que, advenant un incendie, il pourra être éteint facilement.


Effet sur le Coût des Exploitations

Les objections réellement fondamentales que les exploitants de bois opposent à la loi de l’ébranchage des houppes sont : les frais additionnels, le désagrément des inspections que font les officiers de l’État, et le dérangement des méthodes de la manipulation du bois. Ces hommes soutiennent que les bons résultats qui en découlent ne valent pas les dépenses qu’ils entraînent. Tel qu’on l’a dit plus haut, quelques exploitants prétendent que l’ébranchage des houppes est une perte, et que, s’ils en avaient la liberté, ils préféreraient payer à l’État ces frais additionnels et être libérés de l’obligation de cet ébranchage. D’autres allèguent que le même montant d’argent serait dépensé plus utilement de quelque autre manière, par exemple en patrouilles. L’essence du problème consiste alors à savoir si les bénéfices de l’ébranchage des houppes valent les dépenses.


Estimation des Dépenses

Les calculs des exploitants varient grandement à ce sujet ; ils vont de 5 à 50 cents par corde. Les conditions sont aussi considérablement différentes, de sorte que nul calcul exact ne saurait être fait, il faut se tenir aux approximations.

La majorité des données semble montrer que, à conditions égales, les frais additionnels de l’ébranchage des houppes seraient de 10 à 15 cents par corde de bois à pâte. La Santa Clara Lumber Company dit que cet ébranchage lui revient à 15 cents par corde. La Empire State Forest Products Association déclare que cette opération lui coûte de 5 à 10 cents par corde. Les Finch, Pruyn and Company, grands exploitants de bois à pâte dans les Adirondacks, calculent que l’ébranchage des houppes leur coûte de 5 à 15 cents par corde. Graves écrit dans Principles of Handling Woodlands que le coût de l’ébranchage des houppes, au temps des premières exploitations, dans les Adirondacks, était de 12 cents par mille pieds de bois scié, ce qui correspondrait, approximativement à 6 cents par corde. Néanmoins, il importe de considérer qu’il ne s’agit ici que d’exploitation de bois d’œuvre, où l’on n’abattait que les plus gros arbres. C’est pourquoi la somme de branches par unité de mesurage était peu considérable ; au contraire, dans une exploitation de bois à pâte, les arbres, en moyenne, sont plus petits, et la quantité de branches par unité de mesurage est relativement plus forte.

Ces chiffres, à part ceux donnés par Graves, couvrent le coût de l’ébranchage des petits arbres qui ne peuvent être utilisés, mais qui doivent être abattus et ébranchés quand on trace les chemins. Ils couvrent aussi le coût de l’ébranchage des arbres de rebut, dont on ne retire que peu ou pas de profit, mais que la loi ordonne d’ébrancher. Lorsque beaucoup de rebuts et de petits arbres ont été abattus pour faire des routes, il est ajouté des frais supplémentaires pour l’ébranchage, qui peuvent grossir le coût total de tout le travail d’ébranchage jusqu’à environ 25 cents par corde. Mais ce sont là des cas qui sortent de la moyenne.

Feu M. E. G. Joly de Lotbinière, lors de l’assemblée de l’Association Forestière Canadienne, présenta un compte rendu des dépenses qu’il paya pour la destruction des branches dans la région des épinettes de l’Est du Canada. Le résultat des expériences montre que le brûlage des débris coûte environ $ 1.25 par mille pieds, mesure de planche. Le coût de l’ébranchage et de l’empilement égale approximativement la moitié du montant susdit, 62c. par mille pieds ; mais l’ébranchage et l’éparpillement des branches coûtent 31c. par mille pieds. Ce dernier chiffre correspondrait à environ 15c. par corde de bois de pulpe. Toutefois, quand le bois de pulpe est coupé à une limite de 4 à 5 pouces de diamètre à la cime, et quand les branches ne sont pas éparpillées, les dépenses doivent être réduites de beaucoup.

Le Service Forestier des États-Unis a démontré que le coût de la destruction des branches est amoindri sensiblement après une ou deux années d’expérience. Ceci est dû au fait que la destruction des branches devient une partie reconnue des travaux d’exploitation, que les hommes se familiarisent davantage avec le travail, et que les meilleures méthodes sont le fruit de l’habitude. De cette manière, le coût du brûlage des branches, après l’ébranchage et l’empilement, a été réduit du chiffre initial, se montant parfois à $1.00 par mille pieds de bois jusqu’à 10 cents par mille. Le coût moyen de l’empilement et du brûlage des branches, dans plusieurs des exploitations des forêts nationales des états de l’Ouest, est approximativement de 35 cents par mille pieds, ce qui équivaut à environ 18c. par corde.


Usage plus Économique. — L’ébranchage des houppes, exigé par la loi de l’État, sur beaucoup de zones, a pour résultat une plus grande utilisation, grâce à la sortie des forêts d’une plus grande quantité de bois de pulpe qui, autrement, aurait été perdu. Quelques exploitants assurent que le revenu additionnel de ce chef suffit à contrebalancer les dépenses de l’ébranchage des houppes. Il est, assurément, possible d’arriver à une plus grande utilisation du bois, que les houppes soient ébranchées ou non ébranchées. Les exploitants économes ont fait beaucoup de progrès en cette direction.

À ce sujet, il convient de citer l’extrait suivant d’un rapport présenté au Surintendant des forêts de l’État, le 20 décembre 1909, par John W. Stephen, alors Forestier de l’État de New York :

« La somme de bois économisé varie beaucoup avec la nature des opérations ; les opinions sont partagées en ce qui regarde l’économie réalisée dans la construction des glissoirs et du glissage. Un exploitant, calculant le coût de l’ébranchage à une moyenne de 2 ½ cents par pièce, remarque que pour contrebalancer cette dépense il a pu diriger une équipe de glisseurs avec un homme de moins par attelage, et qu’il gagnait incidemment un tronc d’arbre, qui, autrement, aurait été laissé de côté. Il ne pensait pas que le coût additionnel actuel se monterait à plus de 5 cents par mille pieds, mesure de planche. Il était sous l’impression que lorsque l’on prenait une pièce de bois de pulpe de 4 pieds de longueur, le coût de l’ébranchage était complètement contrebalancé par le montant additionnel de bois qu’il gagnait. En outre, sa forêt était laissée dans un meilleur état que sous l’ancien système, et, d’après lui, ce mode d’exploitation diminue sensiblement les dangers d’incendie dans les forêts.

« Une économie remarquable en ce qui regarde l’ébranchage a été réalisée par un autre exploitant qui avait abattu des épinettes pour en faire du bois de sciage ; il apportait à cette exploitation toute l’économie possible. Il sortait les billes avant de faire l’ébranchage ; il ébranchait ensuite les houppes et utilisait celles-ci en bois de pulpe. Dans l’espace de six jours, avec une équipe de huit hommes et un cheval, il retira des houppes ébranchées quatre- vingt dix-sept cordes de bois de pulpe, celui-ci, rendu à la pulperie, était payé $7.00 la corde. Ceci correspond en moyenne à 2 cordes par homme et par jour ; c’est donc une opération très profitable. »


Glissage. — Quelques exploitants assurent et d’autres nient que l’ébranchage des houppes facilite beaucoup les travaux du glissage, parce que les branches ayant été enlevées, il sera plus facile de manœuvrer les troncs. Quelques-uns des amis de la loi disent que cet avantage contrebalance au moins une grande partie des dépenses supplémentaires imposées par la loi.


Écorçage dans les bois. — Quelques exploitants ont l’habitude d’écorcer les billes de bois de pulpe au lieu de transporter le bois avec son écorce jusqu’à la pulperie. Le bois à pâte écorcé se desséchera relativement plus vite et, en conséquence, il sera plus léger et une plus grande quantité par charge pourra être transportée. Un exploitant, assure que l’économie que l’on réalise de cette manière suffit à défrayer les dépenses de l’écorçage. L’écorçage diminue légèrement le volume du bois ; on perd environ une corde par douze. Cependant, cette perte est contrebalancée par un prix plus élevé payé pour ce bois à la scierie.


L’ébranchage limité à trois pouces de diamètre

Si le bois de pulpe est écorcé dans les bois, rien n’empêche de l’utiliser jusqu’à 2 ou 3 pouces de diamètre de la tête. Si cet écorçage était généralement praticable, on croit que le problème de l’ébranchage des houppes serait presque résolu en ce qui regarde une plus forte utilisation, puisqu’il semble qu’il serait inutile d’insister sur l’ébranchage des houppes au-dessous d’un diamètre de trois pouces. On prétend, cependant, que lorsque le bois de pulpe doit être flotté par des cours d’eau rocheux, le coût du transport dans les bois et la perte dans le charriage égaleront le revenu que l’on retire de la vente des petites bûches, de sorte qu’il n’est pas profitable de couper les troncs au-delà de 4 pouces de diamètre. Quelques exploitants prétendent que les petites bûches ne servent qu’à remplir les vides qui restent dans les piles de billes, de sorte que le nombre de cordes, pour lequel il est déboursé de l’argent, n’est pas augmenté sensiblement par l’addition de ces petites bûches. Cette objection peut, jusqu’à un certain point avoir sa raison d’être, mais, en général, elle n’est pas applicable, puisque c’est un fait bien connu qu’il y a moins de vide dans une pile de menu bois que dans une de gros bois. Lorsque l’exploitant est propriétaire d’une pulperie, cette objection tombe d’elle-même, puisque les petites bûches fourniront une grande quantité de bois de pulpe. Mais il sera nécessaire d’écorcer les petites bûches dans la forêt, car les


chablis sur une coupe de 10 pouces de diamètre
réserve des Adirondacks.
La loi de l’état exige qu’aucun abatage ne soit fait si les arbres ont moins de 10 pouces de diamètre sur les terres achetées et dont le propriétaire a le droit d’enlever les billes.
Nulle obligation d’enlever les houppes. Ceci montre les inconvénients qui résultent de l’observation rigoureuse de la limite du diamètre dans les épinettes. Grand danger d’incendie. Neutralisation des bons effets de l’ébranchage ultérieur. Coupe de deux ans.

billes d’un diamètre inférieur à 4 pouces ne peuvent être écorcées à la pulperie.

L’utilisation du bois de pulpe de faible longueur, ajoutée à la pratique de prendre maintenant des billes de 13 pieds de longueur, aura pour effet de tirer parti de beaucoup de bois qui est actuellement gaspillé, et donnera lieu de tailler plus avant dans les houppes qu’on ne le fait. Ce procédé aidera beaucoup à résoudre le problème sous la forme qu’il a été discuté dans le paragraphe précédent. On n’éprouve aucune difficulté à utiliser le bois de faible longueur, la chose se pratique au Canada, mais aux États-Unis, en dépit de l’instance des détailleurs, on ne veut pas en venir là. Toutefois, il est probable que, sous les conditions actuelles, on ne cherchera pas à étendre cette pratique, surtout en ce qui concerne le bois de pulpe, à cause des difficultés que donne le transport du bois d’inégale longueur, avant son arrivée à la pulperie.

Il faut se rappeler que l’adoption de la soi-disant limite de 3 pouces de diamètre, relativement à l’ébranchage des houppes, n’est recommandée que comme une mesure qui peut contribuer à amoindrir les frais excessifs imposés aux exploitants. On admet que le procédé n’aura pas pour effet de produire une décomposition aussi effective que celui de l’ébranchage de toutes les branches, mais on peut certainement soutenir, à bon droit, que l’ébranchage des houppes, au-delà d’un diamètre de 3 pouces, ne vaut pas les frais additionnels imposés au propriétaire particulier.

Un des désavantages de l’ébranchage des houppes, jusqu’à 3 pouces de diamètre, provient de ce que les jeunes plants, abattus dans le traçage des routes, ne seront pas ébranchés, mais jetés pêle-mêle des deux côtés de ces chemins, où ils augmenteront le danger d’incendie, tout en diminuant l’efficacité de ces routes comme lignes coupe-feux.

On peut alléguer que, puisque les exploitants utilisent le bois jusqu’à un diamètre de près de trois pouces, les lois ou les règlements qui exigent l’ébranchage des houppes, sont inutiles. Toutefois, on peut dire que plusieurs exploitants de bois de pulpe n’approchent pas de cette limite, et qu’il est encore nécessaire de prévoir au contrôle de la situation dans les exploitations forestières où une utilisation économique est impossible, à moins d’y ajouter l’industrie de la pulpe. On voit que l’adoption d’une limite de 3 pouces de diamètre dans l’exploitation du bois de pulpe aura pour effet la réalisation d’une plus grande économie.

La difficulté d’administrer la loi de l’ébranchement des houppes, en vertu de la limite des 2 et 3 pouces de diamètre, a donné l’occasion aux exploitants d’exprimer leurs opinions. Quelques-uns préfèrent voir la loi rester telle qu’elle est. Quelques-uns vont jusqu’à dire que la loi, en sa présente forme, préparera elle-même sa chute par sa rigueur. D’un autre côté, ceux qui la défendent, ou croient qu’elle n’a pas encore eu le temps de produire l’effet voulu, admettent que l’obligation d’ébrancher les houppes au-dessus d’un diamètre spécifié, créera des difficultés et des ennuis, et finalement sera plus rigoureuse que la loi actuelle, qui exige l’ébranchage de toutes les branches du tronc principal quelle que soit la grosseur. Néanmoins, quelques-uns demandent le changement pur et simple.

La modification de la loi, qui exige l’ébranchage des houppes au-dessus de la limite de 3 pouces de diamètre, soulagera les exploitants de bois de pulpe d’au moins la moitié, et, en quelques cas, des deux tiers ou plus des frais additionnels que leur impose maintenant la loi. Le plus grand soulagement consistera à faire ébrancher tous les arbres abattus dans le traçage des routes. Les branches des petits arbres au-dessous de 3 pouces de diamètre, ainsi que les branches des houppes des grands arbres au-dessous de la même limite, renferment une plus grande somme de sève, et conséquemment se décomposeront plus rapidement, même sans être ébranchées, que celles de la partie inférieure de l’arbre taillée pour bois d’œuvre ou de pulpe. Ce procédé est aidé par une épaisse chute de neige, qui abaissera vers le sol, en quelques années, les petites branches comprenant les jeunes arbres ou les houppes au-dessous de 3 pouces de diamètre. Nul doute que l’ébranchage de toutes les branches au-dessous de 3 pouces de diamètre contribuera à une décomposition plus rapide ; cependant, d’un autre côté, cette obligation entraîne une dépense additionnelle pour l’exploitant. Cette mesure n’est pas justifiable, car elle ne diminue guère le danger d’incendie, qui peut éclater avant la décomposition des branches inférieures de l’arbre.

Cette question aurait de l’importance au Canada, si l’on adoptait des lois ou des règlements exigeant l’ébranchage des houppes. On croit, généralement, que lorsque l’ébranchage est nécessaire, des lois ou des règlements, qui ordonneraient l’ébranchage des houppes jusqu’à 3 pouces de diamètre, pourraient être administrés avec plus de facilité que la loi actuelle, qui exige l’ébranchage de toutes les houppes quelle que soit leur taille.

Pour qu’une loi puisse être mise en en vigueur, il faut que le peuple comprenne son importance et se montre favorable à l’objet qu’elle se propose d’atteindre. Le public, en général, et les exploitants de bois accepteront plus facilement une loi, qui exige l’ébranchage des houppes jusqu’à 3 pouces de diamètre, que celle qui ordonne l’ébranchage complet, quelle que soit la grosseur de l’arbre. La loi pourrait être administrée sans difficulté, grâce à la nomination d’un nombre suffisant de gardes-forestiers qui se mettront continuellement en rapport avec les exploitants dans les bois, et leur aideront à l’exécuter, sans recourir à l’imposition de pénalités.


Imposition du Coût sur le Consommateur. — Puisque la loi de l’ébranchage des houppes atteint également les exploitants de bois d’œuvre et les exploitants de bois de pulpe dans les Adirondacks, on pourra peut-être supposer qu’avec le temps les frais additionnels seront naturellement comptés au nombre des dépenses totales, et que les prix seront augmentés aux scieries et aux pulperies, et qu’en dernier lieu ce sera le consommateur qui en supportera le fardeau. Cette supposition ne tient cependant pas contre le fait que les prix du bois de pulpe sont déterminés, non pas tant par les exploitants locaux, que par la concurrence d’autres sources d’approvisionnement qui existent ailleurs, principalement au Canada, où l’on n’exige pas l’ébranchage des houppes. On a fait remarquer aussi que le prix du bois de pulpe rendu à la pulperie est fixé par l’industrie du papier, et que le prix du papier est réglé par la concurrence qui existe dans tout le pays, de sorte qu’une affaire locale, telle que la loi de l’ébranchage des houppes dans l’état de New York, n’aura que peu ou point de portée, en ce qui regarde la question de faire payer au consommateur le coût de cet ébranchage. Il est donc probable, au moins pour le présent, que c’est le propriétaire foncier qui devra supporter le fardeau.


Mesures Protectrices sur les Terres du Gouvernement. — Lorsque le gouvernement d’un état, d’une province ou d’un pays tout entier est le propriétaire du sol, le particulier ne peut avoir raison de se plaindre de l’imposition de mesures destinées à la protection et à la perpétuation de la forêt. En effet, il prend nécessairement toutes les conditions en considération, lorsqu’il prépare le montant de sa soumission ou de son offre pour le privilège de l’abatage. En cas de renouvellement des permis, les conditions, nouvelles ou anciennes, sont encore étudiées avec soin, et les prix sont arrangés en conséquence, de sorte que le fardeau des mesures protectrices retombe sur le gouvernement, qui est le premier intéressé à la conservation de la forêt.


Élasticité de l’Application des Exigences de la Loi. — La loi de l’ébranchage des houppes, dans les Adirondacks, est inflexible quant aux mesures à prendre pour diminuer les dangers d’incendie inhérents aux exploitations forestières. On peut, avec beaucoup d’apparence de justice, prétendre que, en certaines circonstances, d’autres mesures, telles que la construction de lignes coupe-feux autour des forêts en exploitation et l’établissement de patrouilles seraient une somme de protection raisonnable. Mais nul officier administrateur n’a la liberté de choisir les moyens qu’il juge à propos pour faire face aux conditions qui évoluent sans cesse. On peut, je crois, attribuer à cette rigidité les plaintes générales formulées maintenant contre la loi.

Bien que le danger d’incendie soit moindre dans quelques régions de l’Est du Canada que dans les Adirondacks, il est plus à craindre en d’autres endroits, et l’on ne croit cependant pas qu’un système de mesures protectrices rigides serait acceptable. Au contraire, les mesures à mettre en vigueur devraient convenir aux conditions locales, en chaque cas. On obtiendra un tel résultat en conférant aux administrateurs compétents le pouvoir discrétionnaire de régler chaque cas selon sa nature. Ce pouvoir discrétionnaire profiterait autant à l’exploitant qu’au propriétaire foncier, puisqu’il interprétera les exigences de la loi suivant l’esprit et non la lettre, tout en conservant aux mesures protectrices leur pleine efficacité. Quand un système de rigueur est imposé, les exigences de la loi n’atteignent que les cas extrêmes et non la moyenne des cas.

Le Minnesota nous donne à ce sujet une bonne leçon : il a converti ses mesures de rigueur, relatives à la destruction des branches, en exigences plus élastiques. On trouvera un bref résumé de cette situation dans une autre partie de ce rapport (Voir page 59 et suivantes.)

  1. Depuis la préparation de ce rapport, la Législature de l’État de New York a modifié la loi de l’ébranchage des houppes, en ce qui regarde la limite des trois pouces de diamètre, ainsi qu’il suit :

    « Toute personne qui, dans l’une quelconque des villes énumérées à l’article 97 de ce chapitre, sauf en la manière indiquée ci-après, abat ou fait abattre, ou permet d’abattre des arbres toujours verts pour vente ou autres fins, tenue d’ébrancher ou de faire ébrancher des lits arbres et de leur cimes, au temps de l’abatage de ces arbres ou au temps que fixera la commission, en la manière prescrite ci-après, toutes les branches, jusqu’à un point où le tronc ou la branche a le plus long diamètre qui n’excède pas trois pouces, à moins que ledit arbre ne soit abattu pour être vendu et utilisé avec les branches y attachées, ou pour usage avec ses branches. »