Proverbes dramatiques/Le Malentendu
LE
MAL-ENTENDU.
PERSONNAGES.
L’ABBESSE.
LA MERE Ste. HELENE, Maîtresse des Pensionnaires.
LA MERE St. BASILE, Portiere, boiteuse.
LE PERE SATURNIN, Cordelier.
Mlle. JULIE, Pensionnaire.
M. FEBRUCIN, Médecin.
LE JARDINIER.
Scène premiere.
Mais, ma sœur, concevez-vous que le Docteur nous abandonne comme cela ?
Je crois, ma sœur, qu’il y a plus de quinze jours qu’il est parti, parce que…
Il y a trois semaines, ma sœur ; il est parti le lendemain du beau sermon du Père Saturnin.
Le lendemain de la fête de l’Ange Gardien, parce que…
Oui, ma sœur.
Chaque fois que l’on sonne, & que je vais ouvrir la porte, je crois toujours que je vais le voir, parce que…
Pourvu qu’il ne soit pas tombé malade ; car nulle part on ne lui fait sûrement de si bon café à la crême que le nôtre.
C’est un homme bien aimable, ma sœur ! parce que…
Oui, & bien savant ! Comme il a guéri cette petite Julie, sans le savoir seulement.
Mais, ma sœur, c’est qu’avec un homme comme cela on n’a pas besoin de l’entendre parler long-temps pour le comprendre ; parce que…
Moi, je crois que si Madame l’Abbesse vouloit, elle seroit bientôt guérie.
Mais comment, ma sœur ? parce que…
Elle a commencé déjà par la diete.
Mais la diette faisoit dépérir la petite Julie, parce que…
Comme elle fait dépérir Madame ; c’étoit le Docteur qui l’avoit ordonné à Julie.
Oui, vous avez raison, & son estomac n’en alloit que plus mal ; parce que…
C’étoit peut-être une préparation.
Cela pourrait bien être, parce que…
En ce cas, nous pourrions traiter Madame de même ; cela me paroît un très-bon remede.
Il fortifie assez promptement ; parce que…
Voilà le Pere Saturnin ; nous allons voir comment il aura trouvé Madame.
Scène II.
Eh bien, Pere Saturnin, comment va Madame, cette après-dîner ?
Elle ne va point. Vous la faites aussi trop jeûner ; rien que du bouillon, pas seulement un coup de vin encore.
Mais, Pere, vous savez bien que dans sa meilleure santé elle en boit fort peu, parce que…
Voilà pourquoi elle est malade.
Nous lui donnons du café à la crême.
Voilà une bonne drogue ! Moi, je la ferois manger.
Il faut savoir si ce sera l’avis du Docteur, parce que…
Je parie que non. Votre Docteur n’aime que la diete, pas pour lui, au moins ; car il dîne fort bien, & il boit de même ; & en cela je le trouve fort raisonnable.
Oh ! sûrement il est bien raisonnable, & il fait bien de se conserver.
C’est un bon diable.
Et un habile homme, parce que…
Pour un habile homme, c’est une autre chose, & si vous voulez que je vous parle vrai, j’en ai plus appris en philosophie qu’il n’en saura jamais ; cela n’empêche pas que je ne l’aime beaucoup, & que je ne sois fort aise de dîner avec lui.
Mais, Pere, la philosophie que vous avez apprise n’est pas, je crois, la médecine.
Cependant, sans elle il n’y a point de médecine.
Il est savant, ma sœur, le Pere, parce que…
Avec la philosophie, on connoît l’action & la réaction, l’athmosphere, les propriétés de l’air, de l’eau, de la terre & du feu.
Je ne comprends pas, ma sœur, comment les hommes ont la tête assez grande pour loger tout cela ; parce que…
Mon frere, qui est apothicaire, m’a dit que le Docteur ne savoit pas la chymie, & fort peu l’anatomie ; mais il ajoute qu’ils sont presque tous aussi peu instruits.
Cela ne fait rien, Pere.
Cela ne fait rien ; mais voilà comme ces Messieurs nous empoisonnent, & puis ils disent que c’est le vert de-gris ; il faut bien en passer par là : cela n’empêche pas que je ne l’aime toujours beaucoup le Docteur. Il boit bien.
Je crois qu’il n’y a rien de plus savant que ce qu’il a fait à cette petite Julie, qui est parfaitement guérie.
Mais c’est vous, ma mère, qui avez inventé de lui faire ronger des os.
J’ai commencé par lui en faire sucer.
Oui ; mais elle a mieux fini, en les rongeant.
Dame, écoutez donc ; quand j’ai vu qu’elle alloit mieux, j’y ai laissé un peu de viande.
C’est la cessation de la diete qui a tout fait, ma Mère, & je vous dis que c’est vous qui l’avez guérie.
Non, non, Pere, il faut être juste ; c’est le Docteur.
Il y a trois semaines qu’il n’est venu ici.
Il est vrai, parce que…
Et ce n’est que depuis quinze jours que cette petite fille ronge des os.
Vous avez raison, Père, parce que…
Le Docteur vous a-t-il écrit de lui en donner ?
Non, vraiment, puisque nous ne savons pas où il est.
Quand même il auroit été ici, il n’auroit jamais ordonné de faire ronger des os à cet enfant.
Pardonnez-moi ; car il avoit dit qu’il lui en feroit prendre dans trois ou quatre jours.
Des os ?
Oui, demandez à la sœur St. Basile, elle y étoit.
Oh, pour cela oui, j’y étois, parce que…
Et vous croyez… Ah, ah, ah, ah, ah !
De quoi riez-vous donc, Pere ?
Du Docteur. Je voudrois le voir. (Il rit.)
Je n’aime pas que vous vous moquiez de lui ; vous riez toujours quand vous êtes ensemble.
Voulez-vous que nous soyons tristes ?
Non pas assurément. Ma sœur, je crois qu’on sonne.
Je vais aller voir, cela seroit trop heureux si c’étoit le Docteur ; parce que…
Scène III.
En vérité, Pere, je n’aime pas que vous parliez comme vous faites du Docteur ; vous pourriez lui ôter la confiance de nos sœurs ; il faudroit en changer, & nous n’en aurions jamais un si bon.
Savez-vous que j’ai plus de confiance en vous, Mere Ste. Helene ?
En moi, Pere ? Allons, ne vous moquez pas.
Je vous jure que je ne me moque pas, & je suis très-content de votre maniere de faire prendre des eaux.
Scène IV.
Eh bien, ma sœur, est-ce là le Docteur ?
Eh ! mon Dieu, non, ma sœur ; c’est le jardinier & ses garçons qui rentrent ; parce que…
Je vous assure que j’ai plus d’impatience de le voir que vous.
Ma sœur, on sonne.
Oh ! pour cette fois-ci, ce pourroit bien être lui ; parce que…
Allez donc, ma sœur.
Allons, allons, parce que…
Scène V.
Pere Saturnin, ne craignez-vous pas, comme moi, que notre sœur St. Basile ne devienne sourde ? Il faut toujours que je l’avertisse quand on sonne.
Eh bien, faites-lui prendre aussi des eaux.
Ne plaisantez donc pas, Pere.
Je ne plaisante pas ; si vous lui en donniez tout le carême, je suis sûr que cela lui feroit du bien.
Pouvez-vous parler comme cela, vous Pere ?
Pourquoi non ? Je parle médecine.
Scène VI.
Ce n’est donc pas encore le Docteur ?
Eh, mon Dieu, non, ma sœur, ce sont les maçons qui reviennent de goûter ; parce que…
Je crains qu’il ne lui soit arrivé quelque malheur.
Ma sœur, Le Doux, qui vient de rentrer, m’a dit qu’il avoit vu une chaise qui arrivoit ; parce que…
Ah ! ma sœur, c’est lui-même : tenez, voilà qu’on sonne.
Ah ! j’entends bien. J’y vais, j’y vais, parce que…
Prenez garde de tomber.
Ne craignez rien ; parce que…
Scène VII.
J’ai toujours peur qu’elle ne se laisse tomber, avec sa vivacité, & qu’elle ne se casse la jambe encore une fois.
Est bien, vous lui donnerez de vos eaux.
Vous dites que vous trouvez ce remede très-bon.
Assurément.
Il ne faut donc pas vous en moquer comme vous faites.
Je ne m’en moque pas.
Pourquoi donc riez-vous ?
Oh ! pour rien.
Scène VIII.
Ma sœur, ce sont les menuisiers, parce que…
Eh bien ?
Je leur ai demandé s’ils avoient vu la chaise du Docteur, ils m’ont dit qu’ils n’avoient rien vu ; parce que…
Ces gens-là ne regardent rien.
Moi, je crois qu’il va arriver ; parce que…
Ma sœur, on sonne.
Hem ?
Je vous dis qu’on sonne.
J’avois bien entendu ; parce que…
Scène IX.
Pere Saturnin.
Eh bien ?
Je n’ose vous dire… j’ai trop peur que vous ne vous moquiez de moi.
Dites donc.
C’est que j’ai envie, si le Docteur n’arrive aujourd’hui, de traiter Madame l’Abbesse comme la petite Julie.
Ah ! vous lui donnerez des os aussi ?
Oui, qu’en pensez-vous ?
Qu’il faudra y laisser un peu plus de chair ; comme elle est plus grande.
Vous le croyez ?
Sûrement, & vous lui ferez boire du vin pur.
Scène X.
Ma sœur, ma sœur, voilà le Docteur ; parce que…
Il va arriver ?
Il me suit ; parce que…
Ma sœur, il faut faire préparer sa chambre.
Je l’ai déjà dit. Tenez, le voilà, ma sœur, parce que…
Ah ! Monsieur le Docteur, nous vous attendions toutes avec bien de l’impatience.
Mesdames, vous me faites bien de l’honneur eur. Bon jour, Pere Saturnin in.
Bon jour, bon jour, Docteur.
Qu’avez-vous donc ? il me semble que vous boîtez.
Mais, vraiment, j’ai pensé être tué é.
On vous a versé ; parce que…
Et dans un endroit aussi uni que ce jardin in.
Vous êtes donc blessé ?
Pas absolument, j’ai une contusion au genou ou, qui m’empêche de marcher er.
Assoyez-vous donc. Il faudroit un fauteuil, ma sœur…
Non, non, je serai fort bien sur cette chaise aise.
Vous avez dîné, Docteur ?
Oh ! je vous en réponds, onds.
Pourquoi donc avons-nous été si long-temps sans vous voir, & sans avoir de vos nouvelles ?
C’est que j’ai toujours cru que j’allois revenir ir, & que les malades m’ont retenus us.
On ne vouloit pas vous laisser aller, je n’en suis pas surpris, vous avez dû guérir bien du monde ?
Ou faire bien des héritiers, n’est-ce pas, Docteur ?
Non pas absolument ent ; j’en ai sauvé la moitié é ; mais avec bien de la peine eine.
Avez-vous beaucoup saigné ?
Pas assez ez ; car sans cela il n’en seroit pas tant mort ort ; mais ces gens-là ne savent pas soutenir la saignée ée.
Ils ont tort.
Comment se portent toutes ces Dames ames ?
Fort bien, il n’y a que Madame l’Abbesse qui a toujours son estomac en mauvais état ; cela va plus mal que jamais.
Elle mange trop de pâtisserie ie, trop de confitures ures ; je lui ai toujours dit it.
Depuis huit jours je l’ai mise à la diete, en vous attendant.
Vous avez bien fait ait.
Oh ! la mère Ste. Helene est un très-grand médecin ! Qu’elle vous dise comment elle a guéri cette petite Julie.
Est-elle guérie ie ?
Mais oui, par vos soins, Monsieur le Docteur, par vos soins ; parce que…
Vous lui avez donc fait observer le régime ime que je lui avois prescrit it ?
Oui ; mais j’ai cru que la diete étoit trop longue pour un enfant ; & comme vous aviez dit que vous lui feriez prendre…
Ah ! des eaux aux ?
Oui, je lui en ai donné.
Mais desquelles elles ? Cela n’est pas indifférent ent.
J’ai commencé par ses os de pigeon.
Mais ce n’est pas là à.
Attendez ; l’effet n’étoit pas assez prompt, je lui ai donné des os de poulet.
Comment ent…
Elle a pris plaisir à les sucer ; mais les os de poularde & de dindon lui ont mieux fait.
Est-il possible ible ?
J’ai passé aux os de mouton, de veau & puis de bœuf, cela a réussi à merveille.
Que dites-vous à cela, Docteur ?
Attendez donc : ensuite j’ai laissé un peu de viande à ces os, & la petite est entièrement rétablie.
Rétablie ie ?
Elle se porte à merveille, & je vais vous la faire descendre, vous allez voir.
Eh bien, Docteur, c’est pourtant vous qui avez fait ce miracle, pendant que vous êtiez en campagne.
Ma sœur, il faudroit avertir Madame l’Abbesse que le Docteur est ici.
J’y vais, ma sœur, parce que…
Moi, je vais chercher Julie.
Scène XI.
Votre surprise me divertit, Docteur.
Mais c’est que jamais on n’a vu de pareilles choses oses.
Écoutez donc, cela peut vous faire un honneur infini.
Guérir des maux d’estomac en suçant des os os !
Pourquoi pas ? Il est vrai qu’il y avoit quelque chose autour de ces os ; & après une diete austere, on est encore trop heureux de les trouver.
Jamais je n’ordonnerai un pareil remede ede.
Et vous aurez tort : il n’y a rien de si bête & de si vieux que la diete seule. A Paris, vous auriez un succès étonnant ; & plus votre conduite seroit contrariée par les autres Médecins, plus on voudroit vous avoir, vous ne sauriez auquel entendre. Croyez-moi, essayez ce moyen sur Madame l’Abbesse, elle le mandera à Paris à ses parents, & votre fortune sera faite.
Je crois que vous avez raison, Pere ere.
Vous ferez un systême nouveau qui sera admiré des gens du monde & de quelques savants, & vous boirez à la santé de ces gens-là avec de bon vin.
C’est qu’il faut trouver un principe ipe.
La médecine n’en a point de certain, convenez-en ; un moyen manque dix fois, cela ne fait point de tort ; le hasard vous seconde une fois, cela suffit pour fonder une réputation.
Pere, vous auriez été un grand Médecin in.
Les voici qui reviennent.
Scène XII.
Monsieur le Docteur, Madame est enchantée de votre retour, & elle vous attend avec impatience, parce que….
Mais c’est que je ne saurois monter chez elle elle…
Je vais l’engager à venir vous trouver, Docteur.
Eh bien oui, dites-lui que pour son mal il n’y a rien de meilleur que l’exercice ice.
Laissez, laissez-moi faire.
Moi, je vais aller chercher un fauteuil pour Madame, & je le mettrai à côté de vous, Monsieur le Docteur, parce que…
Vous ferez fort bien.
Scène XIII.
Tenez, Monsieur le Docteur, voilà notre petite ressuscitée.
Elle a fort bon visage age, & elle n’a point de fievre ievre.
Je vous dis que votre remede lui a fait des merveilles.
Avez-vous de l’appétit, Mademoiselle elle ?
Oh ! Monsieur, je rongerois des os toute la journée ; je trouve cela bien bon !
Cela va très-bien ien.
Vous voyez votre ouvrage, cher Docteur.
Quel âge avez-vous ous ?
Quatorze ans bientôt, Monsieur.
C’est le bon âge âge : elle aura à présent la meilleure santé du monde onde.
Ah ! voilà Madame qui vient avec le Pere.
M’en irai-je, ma chere Mere ?
Non, non.
Vous me faites bien du plaisir de me permettre de rester pour voir Madame.
Il est nécessaire que Madame voie vos miracles, cher Docteur.
Scène XIV.
Tenez, mettez-là le fauteuil, un peu plus avant, auprès du Docteur, fort bien ; en vous remerciant. Allez-vous-en à présent à vos affaires ; parce que…
Eh bien, cher Docteur, vous voyez que je viens vous chercher, & c’est avec bien du plaisir.
L’exercice vous est nécessaire, Madame ame, sans quoi je ne vous aurois pas donné la peine de venir ir.
Vous êtes blessé, Docteur ?
Ce n’est rien du tout out.
Vous courez toujours aussi.
Madame, il le faut bien ien. Mais parlons de votre santé té : comment vous trouvez-vous ous ?
Mais bien foible, Docteur.
Cela vient sûrement de la diete.
Le Père Saturnin croit toujours qu’il faut boire & manger.
Il faut que chacun fasse son métier ier.
Je trouve ce métier-là fort bon, moi.
Ah çà, Madame, voyez un peu comme se porte notre petite malade ade.
Mais elle me paroît bien rétablie.
Julie, approchez donc, que Madame vous voie.
Bon jour, Julie : elle a des couleurs, elle sera fort jolie, n’est-ce pas, Docteur ?
Fort ort.
Embrassez-moi, mon enfant. Elle l’embrasse, & Julie lui baise la main.
Madame a bien de la bonté.
Vous approuvez donc la conduite de notre sœur Ste. Helene ?
De point en point oint.
Je crois que Julie peut s’en aller à présent, Docteur ?
Oui, oui ; attendez ez. Quel est son régime à présent ent ?
Mais toujours le même, Docteur.
Elle ne mange encore avec personne onne ?
Non.
Il faut qu’elle aille au réfectoire oire, & qu’elle reprenne les exercices ices comme à l’ordinaire aire.
J’ai pourtant encore dans ma chambre un bien gros os d’ailloyau à ronger.
Eh bien, jettez-moi tout cela par la fenêtre être.
Entendez-vous, Julie, tout ce que vous dit le Docteur ; parce que…
Oui, oui, ma chere Mere, je n’y manquerai pas.
Faites la révérence à Madame l’Abbesse.
Adieu, adieu, mon cœur : soyez bien sage.
Scène XV.
En vérité, Docteur, j’admire l’effet de votre science.
Madame, cela n’en vaut pas la peine eine.
Mais si je faisois ce remede-là, moi, mon estomac se remettroit peut-être.
Voilà ce que je crois ois, & j’allois vous le proposer er.
Je ne demande pas mieux ; mais je ne comprends pas par quelles raisons, l’usage de sucer ces os peut faire tant de bien.
Cependant rien n’est plus facile ile, & je vais vous l’expliquer er.
J’en serai fort aise.
Ecoutez, vous Pere.
Ah ! je vous en réponds.
Pour moi, j’écoute de toutes mes oreilles ; parce que…
Allons, mes sœurs, un peu de silence.
Vous savez, Madame ame, que la premiere digestion on se fait dans la bouche ouche ?
Oui, Docteur ; parce que la salive est le premier digestif, à ce que vous m’avez dit.
Voyez, ma sœur, comment Madame est savante !
Oh ! je le savois bien, Madame raisonne sur tout à merveilles ; parce que…
Un moment donc, mes sœurs.
En conséquence de ce principe ipe, il faut mêler er, d’une maniere particuliere ere, l’aliment avec la salive ive.
Fort bien.
Et comment le feroit-on mieux qu’en suçant ant la substance des os os ?
Cela est vrai.
Je n’avois jamais pensé à tout cela.
Ni moi non plus ; parce que…
Eh bien, qu’en dites-vous, Pere ?
Fort bien. Mais je l’attends, lorsqu’il reste quelque chose autour des os.
Ah ! m’y voici ci. Après avoir sucé un peu de temps emps, l’estomac s’est accoutumé mé à cette substance ance jointe à la moële des os os.
Sûrement.
Pour le ramener à ses fonctions ordinaires aires, je fais ronger un peu eu ; ces petites parties de chair air pressent les glandes salivaires aires ; ce qui augmente les nouveaux moyens de la digestion on.
Cela est clair.
Que je suis aise d’entendre tout cela ; parce que…
Je parie que la sœur Ste. Helene le savoit déjà.
Madame…
Allons, ma sœur, vous êtes trop modeste.
Je suis comme une religieuse doit être, Madame.
Fort bien. Mais, Docteur, je ne comprends pas quelle substance il peut rester dans un os que l’on a fait bouillir ou rôtir.
Eh ! Madame, les os ne sont pas autre chose qu’une substance ance.
Les os ? je les regarde comme des pierres.
C’est que Madame n’en a jamais vu dans une entiere dissolution.
Comment, on les dissout absolument ?
Oui, Madame ; demandez au Pere ere si ce n’est pas une opération on, ou, pour mieux dire, un procédé de physique ique.
Sûrement.
Vous voyez bien que le Docteur sait la physique. Ah ! mon Dieu, l’habile homme !
Comment, Docteur, on peut amollir les os ?
Oui, Madame, avec la marmitte de Papin in.
C’est donc un grand cuisinier ?
Non, Madame ame ; mais c’étoit un physicien ien.
Scène derniere.
Gare l’eau. (Elle jette un gros os, qui tombe sur la tête de Monsieur Februgin.)
Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce que c’est que cela la ?
Mais, Mademoiselle, qu’est-ce que vous faites donc ?
Ma Mère, je suis l’ordonnance de Monsieur le Docteur.
Etes-vous blessé, Monsieur ?
Non, non, je n’ai que mal à l’oreille, mais bien fort ort.
Mes sœurs, faites entrer le Docteur.
Je vais aller dans ma chambre ambre.
Oui, & si vous m’en croyez, vous boirez un grand coup de vin. Venez, venez.
Ah ! mon Dieu ! quel malheur ! parce que…
Mais dites donc, Julie, vous criez gare l’eau & vous jettez sur le Docteur.
Sans doute, je l’ai visé ; il m’avoit dit : Jettez-moi cela par la fenêtre.
Peut-on faire des choses comme celles-là ? Allons, venez voir le Docteur, & lui demander pardon.
Explication du Proverbe :
95. Le hasard sert mieux que la science.