Quelque six mille proverbes/Proverbes russes
Apparence
Julien, Lanier et Cie, (p. 107-116).
PROVERBES RUSSES
A
- Tout moine ne peut être abbé.
- Abeilles sans reine, ruche perdue.
- Accord vaut mieux qu’argent.
- Où va l’aiguille, le fil suit.
- Il aime, comme le loup aime la brebis.
- Aimer un méchant, c’est se perdre.
- Tout est amer à qui a du fiel dans la bouche.
- On n’est jamais ami par force.
- Pour un ami, sept verstes ne font pas un détour.
- Cherche un ami avec soin ;
L’as-tu trouvé, garde-le bien. - Ton ami te fait un château,
Et ton ennemi, un tombeau. - Au festin et au cabaret, beaucoup d’amis.
- Ne te fie pas à l’amitié d’un bouffon.
- Vécusses-tu un siècle, apprends toujours.
- Le filet pour l’oiseau, l’argent pour l’homme.
- Garde ton argent
Pour le mauvais temps. - Le pain est cher quand l’argent manque.
- Arracher, mais se sauver.
- Sept n’attendent pas un.
- Sois attentif, mais sois discret.
- On ne vit pas longtemps avec l’esprit d’autrui.
- Il couvre le toit d’autrui, et le sien est percé.
- En mains d’autrui, le morceau est toujours gros.
- Il est facile de payer avec l’argent d’autrui.
- Le fardeau est léger sur l’épaule d’autrui.
- Avarice n’est pas bêtise.
B
- N’emporte pas les balayures du logis. (La chronique intime du ménage.)
- La barbe n’amène pas toujours la sagesse.
- Après la bataille, bien des braves.
- Le tombeau redresse un bossu ;
Et le bâton, un méchant. - Sans berger, brebis ne font pas troupeau.
- Qui n’a pas senti le besoin, ne connaît pas le bonheur.
- Besoin n’attend pas le beau temps.
- Ne blâme pas ce que tu ne saurais louer.
- À bois noueux, hache affilée.
- Si tu n’allumes pas le bois, il ne brûlera pas.
- Mieux vaut être boiteux que toujours assis.
- À force de bonnes, l’enfant est devenu aveugle.
- On tond une brebis, l’autre attend son tour.
C
- La chose casse où elle est mince.
- La rouille ronge le fer ; et les chagrins, le cœur.
- Jeux de chats, pleurs de souris.
- La bande est forte par le chef.
- Cher, mais bon ; bon marché, mais gâté.
- Cheval mal nourri, ne va pas loin.
- Le cheval ne vaut pas l’avoine.
- Chien hargneux, proie de loup.
- Par le poil on nomme le chien.
- Chien sournois
Mord en tapinois. - À un même clou
Tu ne pendras pas tout. - Commerce sans intelligence, argent au hasard.
- Plus tu conduis loin le voyageur,
Plus tu verseras de pleurs. - Il a visé un corbeau, et tué une vache.
- Vieux corbeau
Ne croasse pas à faux.
- Si tu as saisi la corde, ne dis pas que les forces te manquent.
- Tu recevras une corde, et tu rendras une courroie.
- Ne mets pas un couteau dans la main d’un furieux.
- Cuillère sèche déchire la bouche.
- Ce n’est pas le champ qui nourrit, c’est la culture.
D
- Le beau moment d’une dette, c’est quand on la paie.
- Où il y en a deux, qu’un troisième ne vienne.
- Ce que Dieu a mouillé, il peut le sécher.
- Il fait bon disputer quand on a des témoins.
- Sur un lit mollet, on peut dormir durement.
E
- Ne descends pas dans l’eau sans connaître le gué.
- Économie vaut mieux que profit.
- Mieux vaut de l’eau chez l’ami,
Qu’hydromel chez l’ennemi. - Ensemble, querelles ; séparés, supplice. (Nec tecum possum vivere, nec sine te.)
- Bête épouvantée, court plus loin.
- L’été recueille, et l’hiver mange.
- Une année n’a pas deux étés.
- En été prépare le traîneau,
Et en hiver le chariot.
F
- La faux a rencontré une pierre.
- Qui se réjouit de voir venir la fête, est ivre avant le jour.
- Suis le fil, tu atteindras le peloton.
- La fille est bonne si la mère la loue.
- Parole flatteuse,
Plus que bâton dangereuse. - Veau qui flatte, tette deux mères.
- Tirer sur une pierre, c’est perdre ses flèches.
- Plus on avance dans la forêt, plus le bois est grand.
- À génisse qui frappe de la tête,
Dieu ne donnera pas de cornes. - On ne sème ni ne plante les fous,
Ils croissent d’eux-mêmes. - Un chemin pour qui fuit,
Et cent, pour qui le poursuit.
G–L
- En cueillant grain à grain, tu empliras ton panier.
- On vous reçoit selon l’habit,
Et l’on vous reconduit selon l’esprit.
- La langue est sans os, on la tourne comme on veut.
- Le limaçon vient, quand arrivera-t-il ?
- Louange, pour un sot,
Vaut mieux que cadeau. - Apprivoise le loup, il rêvera toujours au bois.
- On ne bat pas le loup parce qu’il est gris,
Mais parce qu’il a mangé la brebis. - Cheval sur ses gardes ne sera pas mangé du loup.
- Malheur aux brebis quand le loup est leur gardien.
- Loup affamé brise le loquet.
M
- Mains blanches aiment le travail d’autrui.
- Une main perd l’autre, un pied fait lever l’autre.
- Le malheur est voisin de la sottise.
- Tel donne à manger avec le cuilleron, qui crève les yeux avec la spatule.
- Mange ou ne mange pas,
On te le comptera pour un repas. - Le maréchal forge des pinces pour ne pas se brûler.
- La vieillesse est plus sage que la jeunesse,
Mais le matin est plus sage que le soir. - Un grand merci ne se met pas en poche.
- Mesure dix fois, mais ne coupe qu’une.
- Un petit mot
Peut briser les os. - On ne joue pas avec ce qui fait mourir.
- Prépare-toi à mourir, mais ne renvoie pas tes semailles.
- On ne meurt pas deux fois, mais on ne l’échappe pas une.
O–P
- Ne touche pas à l’ouvrage de ton journalier, mais ne t’en éloigne pas.
- Pain en voyage, n’est pas fardeau.
- Sans plat, sans pain, nulle bonne compagnie.
- Veux-tu manger du pain, ne reste pas assis sur le four.
- Avec un morceau de pain
On trouve le paradis sous un sapin. - Il est toujours fête pour un paresseux.
- En parlant peu, tu entends davantage.
- As-tu donné parole ? tiens-la ;
Ne l’as-tu pas donnée ? tiens bon. - Parole n’est pas flèche
Et n’en perce que mieux. - Patiente, Cosaque, tu deviendras hetman.
- Plutôt pauvre (et libre), que riche et serf.
- Une bouchée pour un pauvre est un grand morceau.
- L’orgueil va au pauvre, comme la selle à une vache.
- Pauvreté n’ôte ni l’esprit ni l’honneur.
- Pitié pour le crime, c’est cruauté contre la vertu.
- Plaider pour une bagatelle,
C’est perdre plus qu’elle ne vaut. - Ne lutte pas contre un homme fort,
Ne plaide pas contre un riche. - Si l’enfant ne pleure pas,
La mère ne le comprend pas. - Si tu ne prêtes pas, inimitié ;
Si tu prêtes, procès éternel. - Prière et service, Dieu et le prince récompenseront.
- Ne crache pas dans le puits, il peut se faire que tu en boives.
- Ne te tiens pas à la queue, si tu as lâché la crinière.
Q–S
- Rassasié n’entend pas affamé.
- Telle vie, telle réputation.
- La rivière est basse, mais les bords sont hauts.
- Avec une cuillère on ne tarit pas la rivière.
- On ne peut saisir tout ce qui flotte sur la rivière.
- Fais asseoir le serf à ta table, il mettra les pieds dessus.
- Appelle frère un serf, il voudra s’appeler père.
- Quoi qu’on mette dans le sac, le serf le porte.
- Bon silence vaut mieux que mauvaise dispute.
- La pierre qu’un sot a jetée dans la mer,
Cent sages ne l’en retireront point. - Théodora est grande, mais elle est sotte.
- Tu ne partageras pas ce que tu auras trouvé en la compagnie d’un sot.
- Qui se sauve du soleil, aura toujours froid.
- Il n’y a pas deux messes pour un sourd.
T–V
- À bonne tête, cent mains.
- Tête sans esprit, tête de statue.
- Tonneau sans fond, tu ne rempliras pas.
- Si le tonnerre n’éclate pas,
Le paysan ne fait pas le signe de la croix. - À grand vaisseau, grand voyage.
- À dire la vérité, on perd l’amitié.
- Passer la vie, n’est pas traverser une plaine.
- Tu ne traverseras pas la vie sans quelque accroc.
- Visite rare, aimable convive.
- N’achète pas la maison, mais achète le voisin.
- L’œil le voit bien, mais la dent ne l’a pas.
- Qui vole, pèche une fois ;
Qui est volé, pèche dix. - Le voleur ne vole pas toujours, mais prends-y toujours garde.
- Épargner le voleur, c’est perdre l’honnête homme.