Questions d’art et de littérature/19

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Calmann Lévy, éditeur (Œuvres complètes de George Sandp. 257-268).



XIX

BOUQUETS DE MARGUERITES
PAR
CHARLES PONCY


Séduit par les lieds de Goethe, Charles Poncy, après en avoir traduit et imité quelques-uns, a laissé courir sa fantaisie dans ce livre. Il a composé une série de pièces qu’on peut, qu’on doit lire, comme un poëme complet. C’est une heureuse idée qu’il a eue de rattacher ainsi chaque perle au collier, et c’est grâce à ce procédé qu’on peut lire son volume sans interruption et sans fatigue, comme on lit un beau roman de cœur. En général, quelque belles que soient les pièces d’un recueil de poésies, l’absence de lien entre elles produit une lassitude étrange. On n’a pas plus tôt pris goût à un sujet qu’il faut passer à un autre. Et il en coûte d’entrer ainsi à chaque page dans un nouveau point de vue pour les yeux, l’esprit ou l’imagination. C’est peut-être ce qui explique la défaveur où est tombée la poésie proprement dite dans la consommation publique. Ces élans isolés, cette prodigalité descriptive, ces rêveries vagues que chacun s’est cru en droit de rimer, sont devenus à la longue ou monotones, ou chatoyants à l’excès.

L’esprit positif du moment veut que la pensée se fixe et s’individualise. On a tant écrit, on a tant lu d’œuvres où la forme l’emporte sur le fond, qu’on en est fort rassasié. La forme a gagné à cet abus. Elle s’est répandue, elle est devenue accessible à un très-grand nombre d’adeptes. Il faut en savoir gré aux maîtres, car c’est là un progrès réel. Mais enfin, nous avons tous bu comme des éponges à ces sources abondantes, et voilà que nous n’avons plus soif.

Pourquoi s’est-on moins lassé du roman et du théâtre, malgré l’abus qu’on a fait aussi de cette denrée ? C’est que, bon ou mauvais, le roman, dans les livres ou sur la scène, est une histoire de l’homme. Impossible ou vraisemblable, intéressant ou révoltant, c’est quelque chose qui veut ressembler ou qui ressemble à sa vie, et chacun de nous lit cela, un peu comme les malades qui cherchent l’analyse et la description de leurs maux réels ou imaginaires dans les livres de médecine.

Le poëte purement lyrique est un type trop isolé et souvent insaisissable. Ce n’est plus personne, parce que c’est trop tout le monde. Il admire le ciel, les fleurs, les étoiles ; nous pouvons tous en faire autant. Il les chante parfois mieux que nous ne saurions les chanter ; soit ! Mais nous avons tous, à tort ou à raison, la prétention de sentir les beautés de la nature, et cette faculté, si répandue, ne nous semble plus constituer une puissance particulière suffisante pour exciter notre curiosité blasée, pour éveiller notre sympathie avare ou paresseuse.

Qui donc lirait aujourd’hui, avec le respect et l’intérêt qu’elles méritent, les Méditations, les Harmonies, les Odes et Ballades, toutes ces belles choses qui nous ont passionnés hier, si elles nous apparaissaient pour la première fois après les innombrables imitations de l’école ? Sans doute, les lettrés y reconnaîtraient la main des maîtres ; mais le public, hélas ! ne voudrait peut-être pas savoir que cela existe. Il dirait brutalement au volume : « Description, que me veux-tu ? Rêverie, où veux-tu que je prenne le temps de te suivre ? Extase, où veux-tu que je trouve l’état de rame où je peux te ressentir ? Méditation, sur quels sujets prétends-tu que je m’absorbe ? » Pauvre public que nous sommes, nous vivons trop, nous n’avons plus le loisir d’exister !

Et les poëtes, les maîtres eux-mêmes, pourraient-ils recommencer leur phase de pur lyrisme ? Non ! ils sont hommes comme nous, ils vivent, ils s’agitent, ils souffrent ou réfléchissent, ils ne rêvent plus. C’est ce qui est arrivé à Charles Poncy. À son insu peut-être, et sans grande préméditation, il a fait, d’un recueil de poésies détachées, une histoire individuelle. Une passion a dominé son caprice. Elle a commencé avec l’œuvre par un sentiment vif, jeune et riant. Elle est devenue une ivresse, puis elle s’est faite violente, douloureuse, désespérée. Chaque phase de cette passion est devenue un chant du poëme, un chapitre du roman, un acte du drame. Fiction de poète, ou douleur d’homme, peu importe : le cri de l’âme s’est exhalé, et le volume de vers, c’est l’histoire saisissante d’un cœur brisé.

J’ai dit un roman et un drame. C’est plutôt un drame ; un drame à deux personnages, rendu par un monologue ardent, passionné, hardi dans le délire du bonheur et de la colère, souvent admirable, toujours vrai, et tout à fait déchirant à la fm. En un mot, et c’est une chose rare, on est ému jusqu’au fond des entrailles en fermant ce livre au titre modeste et quelque peu sournois, et on songe moins à dire : « Voilà de beaux vers, » qu’à s’écrier : « Voilà une terrible passion ! »

Il faudrait en faire l’analyse ; mais c’est froid, une analyse en prose. C’est impuissant à communiquer l’émotion que, cette fois, la forme sait tirer du sujet. J’aime mieux en indiquera la hâte le résumé, en prenant quelques vers un peu partout et comme au hasard, mais en suivant, dans l’ordre des divers morceaux, la progression de la passion sentie. On se fera au moins une idée de cette manière nouvelle, qui est un immense progrès dans le talent de Poncy, et je crois que le meilleur éloge à lui donner n’est pas tant d’approuver que de prouver.

Dans la première partie :

Qu’as-tu, mon pauvre cœur ? Quoi donc t’oppresse ainsi l
    Quelle vie étrange et nouvelle !
Pourquoi tant de langueur, de trouble et de souci ?
Quoi ! l’avoir vue à peine et te rendre à merci,
Esclave d’un amour avant qu’il se révèle !


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Enfant, quand sous mon toit je te dis de me suivre,
Tu réponds qu’il te faut la liberté pour vivre !
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Comme la fleur des bois que mon jardin abrite,
Sous mon toit, sur mon sein, fleuris, ô Marguerite !
Comme elle, à mes baisers, fleurira ta beauté.
Viens, le cœur vit d’amour plus que de liberté !

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Maintenant nous avons du bonheur jusqu’à l’aube,
Jusqu’à l’heure où le jour à tes yeux me dérobe,
Et que le long des murs je fuis comme un voleur.

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
… Vous rêviez d’amour lorsque je vous vis ;
Alors vos beaux yeux dont l’éclat m’inspire.
Levés sur les miens, semblèrent me dire :
« Suis-moi, mon poëte, » et je vous suivis.


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Depuis ce beau jour, enfant, je vous aime
Autant qu’ici-bas cœur peut aimer.


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Ô muses ! vous m’avez fait un destin bien doux :
J’ai des ailes aux pieds, la vie en moi palpite !


Dans la deuxième partie :


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Oh ! si je la perdais, l’ange de mes tendresses !
Dont le sourire d’or éclaire tout en moi !
Quelque heureux que je sois, toujours à mes ivresses
       Se mêle cet effroi !


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Ô dieux, qui savez tout ! si l’amour qui m’engage
Doit être un jour trahi · · · · · · · · · · · · · · ·

Oh ! oui, je le déplore ; oui, j’ai mal fait sans doute
D’écrire un jour plus tôt que vous ne l’attendiez ;

Ma lettre impatiente a dévoré la route,
Ainsi que l’eussent fait et mon cœur et mes pieds !
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Vos doigts crispés l’ont mise en lambeaux sans la lire :
C’est moi, moi tout entier qu’ainsi vous déchiriez.
Puis, votre cœur injuste, hélas ! jusqu’au délire,
M’a maudit !… Qui m’eût dit que vous me maudiriez !


Maudissez-moi toujours, je vous ai trop aimée.
Et mes pleurs en font foi ! Vous m’en punissez bien :
Mais toute la rigueur dont vous êtes armée
Prouvera votre tort encor plus que le mien.


Vous le voulez ! adieu ! vous n’avez plus d’amant.
Hélas ! c’est donc bien doux de trahir un serment ?
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Si quelque amour nouveau vers d’autres bras m’entraîne,
Je veux qu’on puisse dire, en voyant cette chaîne :
Ce cœur, qu’on croyait libre, appartient à quelqu’un !


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Arrière, arrière, amour, désir inassouvi,
Songe-creux dévorant, bulle qu’un souffle crève.
Mon cœur, que tu brisas, t’oublie enfin · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


Qu’as-tu donc fait pour être ainsi repoussé d’elle,
       Ô mon naïf et noble amour ?
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


Il n’est plus de retour possible vers cette ange !
        Du haut de mon rêve enchanté,
Je suis tombé mourant dans les pleurs et la fange.
Mais Dieu, que j’oubliais, m’en retire et m’en venge.
Elle a brisé mon cœur : il brise sa beauté.

Vainement sa prière invoque le Dieu juste,
       Dieu n’exauce pas les ingrats.
Il a mis, comme im ver dans le cœur de l’arbuste,
Le remords dans son sein, et mon amour robuste
Contre son désespoir ne lui tend plus les bras.


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Te voilà laide enfin, laide, ô ma bien-aimée,
Autant que je suis triste, autant que je suis las !


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Oh ! cet amour sans fin dont je brûle pour elle.
Ne pouvez-vous, Seigneur, de mon cœur l’arracher ?


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Oubliez donc, Seigneur, que j’allais la maudire ;
N’exaucez pas mon vœu, laissez-moi mon tourment.


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Je n’ai de goût à rien. Je ne vis que d’amour.
Oh ! dans mon sein brisé, qui le chante ou le pleure,
Que ne peut-il mourir avant que je ne meure,
Ce poëme éternel, ce poëme d’un jour !


Ainsi, l’aimer sans fin, voilà ma destinée ;
Il faut à mes poumons l’air qu’elle a respiré.
Quand je ne la vois pas, le soir, tout éploré,
Je dis comme Titus : J’ai perdu ma journée !


Ô ma jeunesse en fleur, effeuillée en ses bras !
Oh ! ses baisers que m’ont volé de plus habiles !
Et vous, âpres soucis, désespoirs immobiles.
D’où vient qu’aussi le temps ne vous emporte pas !


Idéal, idéal ! homicide chimère !
Dans la foule pour toi j’ai toujours vécu seul ;
Seul comme je l’étais dans le sein de ma mère,
Comme je le serai bientôt dans un linceul.


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
— Ton secret, je l’ai su, sans doute avant de naître,
Mais jamais dans un homme il ne s’est incarné.
Si ce n’est qu’au tombeau que je dois te connaître,
Idéal, idéal, pourquoi donc suis-je né ?


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Quel oiseau de malheur plane ainsi sur nos têtes ?
Quel vent effeuille, ô Dieu ! les roses de nos fêtes ?
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Pourquoi tant de sueurs, pourquoi tant de misères ?
Tant d’affreux désespoirs, tant d’immondes ulcères,
Tant de pervers instincts, et tant d’affliction ?
Pourquoi le mal, enfin ? dans ton œuvre immortelle.
En est-ce ainsi partout ? ou la terre n’est-elle
Rien que l’arrière-faix de la création ?
Comment l’aimerons-nous, puisqu’il faut qu’à chaque heure.
Nous pleurions sur quelqu’un, ou que sur nous on pleure ?
Qui de nous, désormais, la truelle à la main.
Viendra pour l’avenir bâtir sur cette argile.
Si le sol sous nos pieds est toujours plus fragile,
Si l’œuvre et l’ouvrier n’ont pas de lendemain ?


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Sa victoire sur moi fut complète, absolue,
Tout ce qui n’était pas elle fut oublié ;
Et dès que mon amour pour reine l’eut élue,
Mon sort, docile esclave, à son sort fut lié.
A ses divins baisers je suspendis mes lèvres ;
Mais je ne croyais pas qu’une telle liqueur
Put allumer en moi de si terribles fièvres
Ni que ce feu si doux pût consumer mon cœur.


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Un jour, tout cet amour, en ime étrange haine
S’est transformé : pourquoi ? · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Non, non ! ce n’est pas moi ! j’en atteste mes larmes !
Mon dégoût de la vie et mon long désespoir,

Le culte douloureux que je voue à ses charmes,
Et le trouble mortel que j’éprouve à la voir.


J’ai vainement cherché le mot de ce mystère ;
Mon cœur n’a rien trouvé qu’il dût se reprocher.
Oh ! cet affreux néant des choses de la terre
Prouve bien qu’à Dieu seul l’homme doit s’attacher !


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Poëte malgré moi, je sais qu’à ses merveilles
Je ne puis pas fermer mes yeux et mes oreilles,
Que cet adieu n’est pas absolu ; mais je sens
Qu’elles n’ont plus pour moi des attraits si puissants,
Et qu’il faut qu’à mon cœur un cœur aimé réponde,
Pour qu’il s’enthousiasme au spectacle du monde.
L’homme seul ne vit pas t Dans son isolement
Comme dans un cachot il s’éteint lentement.
Si robuste qu’on soit, la solitude tue,
Et la création n’est plus qu’une statue.
Qu’en froid admirateur nous allons visiter,
Mais que notre cœur mort ne sent plus palpiter.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


J’accomplis à cette heure un sacrifice immense.
Il le faut ! Cette lutte engendrait la démence !…
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Si mon amour s’était en haine transformé,
J’aurais beaucoup haï, car j’ai beaucoup aimé !


J’ai préféré toujours vous aimer, ô mon angel
Mais en moi cet amour se modifie et change :
Dieu l’apaise et l’empreint d’une chaste douceur ;
Vous étiez mon amante, et vous serez ma sœur.


Il est bien difficile que de si courts fragments communiquent l’émotion du livre. Ils donnent pourtant ridée du fond et de la forme. Disciple des lyriques modernes, Poncy s’est assimilé les qualités et les défauts de cette brillante école dans la première phase de son talent ; mais chacune de ses publications atteste un combat contre lui-même.

Porté à l’abus des images et au clinquant de la forme, chaque pas de sa muse a été une victoire disputée à la fantaisie par la volonté du vrai et l’amour du beau. Son horizon rétrospectif s’est agrandi, et il nous paraît certain que, dans ces derniers temps, sans déserter le culte des romantiques, il a compris mieux qu’il n’avait encore fait les richesses du passé. Peutêtre a-t-il relu le doux Pétrarque avec attendrissement ; peut-être a-t-il médité avec effroi et douleur sur l’amour du misanthrope Alceste ; peut-être s’est-il senti grandir et brûler en s’essayant à traduire les chants de la jeunesse de Goethe ; peut-être encore n’a-t-il rien fait de tout cela ; peut-être a-t-il tout simplement ressenti les douleurs qu’il exprime. Mais alors nos grands classiques d’autrefois sont donc bien vrais, puisque l’émotion vraie donne à la couleur des vers que j’ai cités un air de vague parenté avec leur manière, qu’on ne s’attendait certes pas à trouver dans celle du romantique et méridional Poncy.

Il n’est pas besoin de rappeler désormais que Poncy est né ouvrier ; qu’il a été privé d’éducation première ; qu’il n’a appris qu’à manier la truelle, et qu’il a tout deviné, tout découvert, tout inventé dans sa propre poésie avant de savoir lire, c’est-à-dire juger, comparer et apprécier. Aujourd’hui, c’est un lettré qui n’a plus besoin d’excuses et qui ne s’abrite plus derrière son titre de maçon pour réclamer l’indulgence.

On peut être sévère avec lui. Il connaît et manie la langue comme n’importe quel ciseleur littéraire. C’est tout au plus s’il aurait le droit, en abordant le public parisien, de demander grâce pour cet accent de la Méditerranée qui laisse parfois son empreinte sur quelques rimes plus fidèles pour l’œil que pour l’oreille. Parfois aussi la musique de ses chants paraît un peu dure, un peu ronflante, et la recherche des images sent le voisinage de l’Italie, la terre du concetto.

Défauts et qualités, tout a son cachet et sa valeur dans ce talent vigoureux et jeune qui a devant lui, nous le croyons, un grand avenir. Cette voix restera sur les rivages du Midi comme un écho des brises et des tempêtes d’une mer à la fois riante et fougueuse. Que ses compatriotes soient fiers de l’entendre, car Poncy eût marché plus vite comme renommée au centre des arts et du mouvement des idées ; mais son âme eût peut-être perdu de son énergie et de sa simplicité ; et pour être laborieux, son essor ne sera que plus vaste.

Un travail manuel, âpre et absorbant, a retardé sans doute les progrès de son art. Un peu plus de doux loisir lui était dû par la providence humaine, mais il vaincra tout avec l’aide de Dieu, avec ou sans celle des hommes. Il est de la vraie race des poètes, dont le destin est de grandir dans la souffrance.

Nohant, 29 décembre 1854.