Quo vadis/Chapitre XXI

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Quo vadis (s. d. (avant 1936))
Traduction par Ely Halpérine-Kaminski.
Flammarion (p. 153-160).

Chapitre XXI.

À la vue de Lygie, le sang bouillonna dans les veines du jeune patricien. Il oublia la foule, le vieillard, les étranges événements dont il venait d’entendre le récit, et il ne vit plus qu’elle seule. Enfin, après tant d’efforts, de si longs jours d’inquiétude, de lutte, de chagrin, il l’avait retrouvée ! Pour la première fois, il comprit que la joie peut vous assaillir comme une bête féroce, vous étreindre la poitrine à vous étouffer. Lui, qui toujours avait pensé qu’il était du devoir de la Fortune de satisfaire tous ses désirs, il en croyait à peine ses propres yeux et doutait de son bonheur. Sans ce doute, son naturel fougueux l’eût peut-être entraîné à quelque acte téméraire ; il voulut d’abord se convaincre que ce n’était pas là une suite de ces prodiges dont il avait la tête remplie et qu’il ne rêvait pas. Mais aucune erreur n’était possible : il voyait Lygie et n’était séparé d’elle que par une vingtaine de pas. Elle se tenait en pleine lumière et il pouvait la contempler tout à son aise. Son capuchon avait glissé et sa chevelure s’était dénouée ; ses lèvres étaient entrouvertes, ses yeux fixés sur l’Apôtre, sa figure tout attention et extase. Sous son manteau de laine sombre, elle avait l’aspect d’une fille du peuple ; mais jamais Vinicius ne l’avait vue plus belle, et, malgré son émotion, il fut frappé du contraste offert par ce vêtement d’esclave et la noblesse de cette admirable tête patricienne. Il fut enveloppé, ainsi que d’une flamme, d’un amour ardent, invincible, auquel se mêlaient la tristesse, l’adoration, le respect et le désir. À sa vue, tout son être se désaltérait, comme on désaltère à la source vivifiante une longue soif accablante. Aux côtés de l’hercule lygien, elle lui parut rapetissée, presque une enfant. Il lui parut aussi qu’elle avait maigri. Elle avait le teint transparent et lui faisait l’effet d’une fleur ou d’une âme. Et son désir croissait encore de la posséder, elle si différente des femmes qu’il avait vues ou possédées en Orient et à Rome. Il sentait que, pour elle, il les sacrifierait toutes, et avec elles Rome et le monde entier.

Il fut demeuré perdu dans cette contemplation, si Chilon ne l’eût tiré par le pan de son manteau, de crainte qu’il se laissât aller à quelque imprudence. Cependant, les chrétiens reprirent leurs prières et leurs chants. L’hymne Maranatha s’éleva, puis le grand Apôtre baptisa avec l’eau de la fontaine ceux que les prêtres lui amenaient et qui étaient prêts pour le baptême. Il semblait à Vinicius que cette nuit ne finirait jamais. Il lui tardait de suivre Lygie et de l’enlever soit en route, soit de sa demeure.

Enfin, quelques fidèles sortirent du cimetière. Chilon murmura :

— Sortons aussi, seigneur, et postons-nous devant la porte, car nous n’avons pas relevé nos capuchons et l’on nous regarde.

Il disait vrai. Quand, aux premières paroles de l’Apôtre, tous les assistants avaient retiré leurs capuchons afin de mieux entendre, Vinicius et ses compagnons ne les avaient point imités. Le conseil de Chilon était donc sage. Postés à l’endroit propice, ils pourraient examiner tous ceux qui allaient sortir, et il ne leur serait pas difficile de reconnaître Ursus à sa stature.

— Nous les suivrons, — dit Chilon ; — nous verrons où ils entrent, et demain, ou plutôt aujourd’hui même, seigneur, tu cerneras avec tes esclaves toutes les issues de sa maison et tu t’empareras d’elle.

— Non, — répliqua Vinicius.

— Que veux-tu donc faire, seigneur ?

— Nous entrerons derrière elle dans la maison et nous l’enlèverons sur-le-champ. Tu t’y es engagé, Croton ?

— Oui, — répondit le laniste ; — et je consens à devenir ton esclave si je ne casse les reins à ce buffle qui la garde.

Chilon jura par tous les dieux qu’il ne fallait point agir ainsi. Croton ne les avait accompagnés que pour les défendre, au cas où on les eût reconnus, mais non pour enlever la jeune fille. S’ils tentaient, à eux deux, de s’emparer d’elle, ils risquaient la mort et, qui plus est, elle pouvait leur échapper : elle se cacherait ailleurs, ou même quitterait Rome. Que feraient-ils alors ? Pourquoi ne pas agir à coup sûr ? Pourquoi s’exposer et compromettre le sort de l’entreprise ?

Bien qu’il dût faire les plus grands efforts pour ne pas saisir Lygie dans ses bras, en plein cimetière, Vinicius comprit que le Grec avait raison, et peut-être eût-il prêté l’oreille à ses observations si Croton n’eût été aussi impatient de tenir la récompense promise.

— Seigneur, ordonne à ce vieux bouc de se taire, — dit-il, — ou permets-moi de laisser tomber mon poing sur son crâne. À Buxentum, un jour que Lucius Saturnius m’y avait mandé pour les jeux, sept gladiateurs ivres m’ont attaqué dans une taverne, et pas un ne s’en est tiré les côtes intactes. Je ne prétends pas qu’il faille saisir la jeune fille sur-le-champ, au beau milieu de la foule, ce qui nous ferait jeter des pierres dans les jambes ; mais, dès qu’elle sera chez elle, je l’enlèverai et la porterai où tu voudras.

Stimulé par ces paroles, Vinicius approuva :

— Cela se fera ainsi, par Hercule ! Demain, nous pourrions ne pas la trouver chez elle, et si nous donnions l’alarme parmi les chrétiens, ils se hâteraient de la cacher ailleurs.

— Ce Lygien me paraît terriblement robuste, — gémit Chilon.

— Ce n’est pas toi qu’on charge de lui tenir les mains, — répliqua Croton.

Il leur fallut cependant attendre encore longtemps ; les coqs avaient déjà chanté pour annoncer le petit jour, quand Ursus et Lygie sortirent, en compagnie de quelques personnes. Parmi elles, Chilon crut reconnaître le grand Apôtre, escorté d’un autre vieillard, bien plus petit de taille, de deux femmes âgées et d’un jeune garçon, une lanterne à la main. Derrière ce petit groupe marchait une foule d’environ deux cents chrétiens, auxquels se mêlèrent Vinicius, Croton et Chilon.

— Oui, seigneur, — dit Chilon, — ta jeune fille est puissamment protégée. C’est lui, le grand Apôtre, qui est avec elle ! Tiens, vois ces gens qui s’agenouillent devant lui.

En effet, ceux qui les croisaient se mettaient à genoux. Mais Vinicius ne s’en préoccupait point. Sans quitter Lygie des yeux, il ne songeait qu’à son enlèvement. Habitué, à la guerre, à user de toutes sortes de ruses, il élaborait son plan dans sa tête avec toute la décision d’un guerrier. Il sentait que l’entreprise était difficile, mais il savait aussi que souvent une attaque audacieuse est couronnée de succès.

La route étant longue, il avait aussi le temps de songer à l’abîme creusé entre lui et Lygie par cette étrange religion qu’elle professait. Il comprenait à présent le pourquoi de ce qui s’était passé. Il avait assez de perspicacité pour cela. Jusqu’alors, il n’avait pas connu vraiment Lygie ; voyant en elle la plus délicieuse jeune fille, il s’était enflammé de passion. À présent, il s’apercevait que cette religion avait fait d’elle un être différent des autres femmes et qu’il était illusoire d’espérer qu’elle s’enflammerait à son tour et céderait à la séduction des richesses et du luxe. Il comprenait enfin — ce que lui et Pétrone n’avaient pas compris jusqu’alors — que cette nouvelle religion infusait dans l’âme ce quelque chose qui était inconnu dans le monde où il vivait ; que, si même Lygie l’aimait, elle ne lui sacrifierait aucune de ses vérités chrétiennes ; que, s’il existait pour elle une joie, elle ne ressemblait en rien à celles poursuivies par lui, par Pétrone, la cour de César, et Rome entière. Toute femme, parmi celles qu’il connaissait, pouvait devenir sa maîtresse : cette chrétienne ne pouvait devenir que sa victime.

Ces pensées provoquaient chez lui une douleur aiguë et de la colère, et en même temps il sentait toute l’impuissance de cette colère. L’enlèvement de Lygie se présentait à lui comme une chose toute naturelle : il était presque assuré qu’il pourrait s’emparer d’elle, mais il était non moins certain que, devant cette doctrine, sa personne, son courage et sa puissance n’étaient rien et ne lui serviraient de rien. Ce tribun de la Rome guerrière, convaincu de la force du glaive et du bras qui avaient conquis l’univers et le subjugueraient toujours, s’apercevait pour la première fois que, hors de cette puissance, il pouvait en exister une autre et, avec étonnement, il se demandait : « Mais qu’est-ce donc ? »

Il ne pouvait y trouver une réponse claire : dans sa tête passaient seulement le cimetière, la foule compacte, et Lygie écoutant de toute son âme le récit du vieillard sur le supplice, la mort et la résurrection de l’Homme-Dieu, Rédempteur du monde, qui avait promis à tous le bonheur par-delà le Styx.

Tout cela, comme un chaos, se heurtait dans le cerveau de Vinicius.

Il fut ramené à la réalité par les lamentations de Chilon : on l’avait chargé de retrouver Lygie, et, au prix de maints dangers, il l’avait découverte et montrée. Que pouvait-il de plus ? S’était-il donc chargé de l’enlever ? Et qui pouvait demander une chose semblable à un estropié, privé de deux doigts, âgé, ayant consacré toute sa vie aux spéculations philosophiques, à la science et à la vertu ? Qu’adviendrait-il de lui si un seigneur aussi puissant que l’était Vinicius allait subir un échec au moment décisif ? Certes, les dieux doivent veiller sur leurs élus ; mais n’arrive-t-il pas que les dieux jouent à la balle au lieu de s’inquiéter de ce qui se passe dans l’univers ? La Fortune, on le sait, a les yeux bandés, de sorte que, n’y voyant rien au grand jour, elle y voit moins encore la nuit. Et alors, s’il arrivait quelque chose ? Si cet ours lygien jetait sur le noble Vinicius une meule, une grosse amphore pleine de vin, sinon d’eau, ce qui serait pire encore, qui garantirait alors au pauvre Chilon de ne pas trouver le châtiment à la place de la récompense ? Et cependant, pauvre sage, il s’était attaché au noble Vinicius comme Aristote à Alexandre de Macédoine. Si du moins le généreux Vinicius lui donnait la bourse qu’il avait, en sortant de chez lui, serrée dans sa ceinture, il aurait, en cas de malheur, de quoi trouver assistance et se gagner les chrétiens eux-mêmes. Oh ! pourquoi négliger les conseils d’un vieillard, conseils suggérés par la raison et l’expérience ?

À ces paroles, Vinicius tira la bourse de sa ceinture et la jeta à Chilon :

— Prends et tais-toi !

Le Grec sentit se réveiller son courage en proportion du poids de la bourse.

— Tout mon espoir, — dit-il, — réside dans ce que Hercule ou Thésée accomplissaient des exploits plus grands encore. Et qu’est donc mon très intime ami Croton, sinon un Hercule ? Quant à toi, digne seigneur, je ne te qualifierai pas de demi-dieu, mais de dieu tout entier, et tu n’oublieras pas ton humble et fidèle serviteur, dont il faudra prendre souci de temps à autre. Car, une fois plongé dans ses livres, lui-même oublie tout le reste… Un jardinet, une maisonnette, même avec le plus petit portique où trouver le frais en été, serait digne d’un dispensateur comme toi. Pendant ce temps, j’admirerai de loin vos exploits héroïques, j’appellerai sur vos têtes la bénédiction de Zeus et, au besoin, je ferai tant de bruit que la moitié de Rome se réveillera et volera à votre aide… Quel satané chemin ! On ne peut avancer ! L’huile de ma lanterne est à bout. Si Croton, qui est aussi noble que fort, voulait me prendre dans ses bras et me porter jusqu’à l’entrée de la ville, on pourrait voir d’abord avec quelle facilité il pourra emporter la jeune fille ; ensuite, il agirait comme Énée, et enfin il s’attirerait les faveurs de tous les dieux bons, au point d’être absolument certain de réussir dans son entreprise.

— Je préférerais traîner une charogne de bouc, crevée de la peste depuis un mois, — répondit le laniste. — Mais, si tu me donnais la bourse que vient de te jeter le digne tribun, je te porterais tout de même.

— Casse-toi plutôt un orteil, — répliqua le Grec. — Alors, c’est ainsi que tu as profité de l’enseignement de ce vénérable vieillard qui a montré la pauvreté et la pitié comme les deux plus grandes vertus ?… Ne t’a-t-il pas dit clairement d’avoir de l’amour pour moi ? Jamais, je le vois bien, je ne ferai de toi même un mauvais chrétien ; le soleil entrerait plus facilement à travers les murs de la prison Mamertine que la vérité dans ton crâne d’hippopotame.

Croton, doué de la force d’un fauve, ne l’était pas du tout de sentiments d’humanité.

— Ne crains rien, — dit-il, — je ne me ferai pas chrétien ; je ne veux pas perdre mon gagne-pain.

— Oui, mais si seulement les premiers éléments de la philosophie t’étaient familiers, tu saurais que l’or n’est que vanité !

— Viens-y donc, avec ta philosophie. Moi, je n’aurais qu’à te donner un coup de tête dans le ventre pour voir qui de nous deux aurait le dessus.

— Un bœuf aurait pu en dire autant à Aristote, — grommela Chilon.

L’aube commençait à répandre une lueur grisâtre et colorait d’une teinte pâle la crête des murs. Les arbres qui bordaient le chemin, les bâtiments et les monuments funéraires disséminés çà et là émergeaient peu à peu de l’ombre. La route ne semblait plus aussi déserte. Les maraîchers, conduisant leurs ânes et leurs mulets chargés de légumes, se hâtaient d’arriver pour l’ouverture des portes ; de loin en loin grinçaient des chariots pleins de viande et de gibier. Un léger brouillard, présage de beau temps, flottait des deux côtés de la route, enveloppant les hommes, qui ressemblaient à des fantômes. Vinicius ne perdait pas de vue la silhouette élancée de Lygie, qui s’argentait à mesure que croissait le jour.

— Seigneur, — disait Chilon, — ce serait t’offenser que d’assigner des bornes à ta générosité ; mais, à présent que tu m’as payé, tu ne peux plus supposer que mes avis soient intéressés ; aussi, je te conseille encore, dès que tu connaîtras la demeure de ta divine Lygie, de retourner chez toi pour y chercher tes esclaves et une litière, et de ne pas écouter Croton, cette trompe d’éléphant dont le principal souci, en voulant enlever seul la jeune fille, est de pressurer ta bourse, comme on pressure un sac à fromage.

— Tu peux compter sur un coup de poing entre les deux omoplates, autant dire que tu es perdu, — gronda Croton.

— Tu peux compter sur une outre de vin de Céphalonie, ce qui veut dire que je continuerai à me bien porter, — riposta le Grec.

Vinicius ne prêtait aucune attention aux paroles de Chilon.

Comme on approchait de la porte, un spectacle étrange s’offrit à leurs regards. L’Apôtre étant passé devant deux soldats, ceux-ci s’agenouillèrent tandis qu’il imposait les mains sur leurs casques de fer, puis les bénissait d’un signe de croix. Jamais encore il n’était venu à l’esprit du jeune patricien que des soldats pussent être chrétiens. Aussi songea-t-il avec étonnement à cette doctrine qui gagnait chaque jour de nouvelles âmes, s’étendait de façon insolite, comme dans une ville incendiée la flamme dévore à chaque minute de nouvelles constructions. C’était la preuve que, si Lygie avait voulu fuir la ville, elle eût trouvé sur son chemin des sentinelles qui eussent favorisé sa fuite. Il remercia les dieux que cette éventualité ne se fût pas produite.

Après avoir dépassé les terrains vagues situés sous les murs de la ville, les petits groupes de chrétiens commencèrent à se disperser. Maintenant, il fallait suivre Lygie avec plus de précautions, de crainte d’attirer l’attention. Chilon recommençait à se plaindre des blessures et des crampes qu’il avait aux jambes, et il ralentissait de plus en plus sa marche. Vinicius le laissait faire, pensant que le Grec, faible et poltron, ne pouvait plus lui être d’une grande utilité. Il lui permit même de s’en aller s’il le voulait ; mais l’honorable sage hésitait. Retenu par la prudence, il était poussé par la curiosité. Il continua donc à les suivre et les rejoignit même pour les avertir que le vieillard qui accompagnait l’Apôtre pourrait bien être Glaucos lui-même, malgré qu’il l’eût cru plus grand.

Ils cheminèrent ainsi longtemps encore, jusqu’au Transtévère, et le soleil allait se lever lorsque le groupe dont Lygie faisait partie se divisa. L’Apôtre, la vieille femme et le jeune garçon prirent au long du fleuve, tandis que l’autre vieillard, Ursus et Lygie gagnaient une ruelle étroite pour entrer, cent pas plus loin, dans le vestibule d’une maison où l’on voyait deux boutiques, l’une d’un marchand d’olives, l’autre d’un marchand de volailles.

Chilon, qui suivait Vinicius et Croton à cinquante pas environ, s’arrêta brusquement, se colla au mur et les appela à voix basse.

Ils revinrent vers lui, afin de se concerter.

— Va voir, — lui enjoignit Vinicius, — si cette maison n’a pas une seconde issue sur une autre rue.

Chilon, qui, l’instant d’avant, se plaignait de blessures aux pieds, détala aussi vite que s’il eût été chaussé des ailes de Mercure et revint promptement.

— Non, — dit-il, — il n’y a pas d’autre issue.

Puis, les mains jointes :

— Au nom de Jupiter, d’Apollon, de Vesta, de Cybèle, d’Isis et d’Osiris, au nom de Mithra, de Baal et de tous les dieux de l’Orient et de l’Occident, je t’en conjure, seigneur, abandonne ce projet… Écoute-moi…

Mais il s’interrompit soudain en constatant que le visage de Vinicius était pâle d’émotion et que ses yeux étincelaient comme les prunelles d’un loup. Rien qu’à le voir, on comprenait que nulle chose au monde ne l’arrêterait dans son entreprise. Croton se mit à refouler de l’air dans sa poitrine herculéenne et à balancer de droite et de gauche son crâne rudimentaire, comme font les ours en cage. D’ailleurs, ses traits ne trahissaient aucune inquiétude.

— J’entrerai le premier, — dit-il.

— Tu me suivras, — répliqua Vinicius d’un ton impératif.

Aussitôt ils disparurent dans le sombre vestibule.

Chilon s’était élancé vers l’angle de la ruelle la plus proche ; de là, il guettait ce qui allait se passer.